Jules Barbey d'Aurevilly
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Naissance : | 2 novembre 1808 Saint-Sauveur-le-Vicomte (France) |
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Décès : | 23 avril 1889 Paris (France) |
Fonction : | Écrivain et journaliste |
Jules Amédée Barbey d'Aurevilly, habituellement appelé Jules Barbey d'Aurevilly, né à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche) le 2 novembre 1808 et mort le 23 avril 1889 à Paris est un écrivain français et un journaliste au style polémique. Surnommé le « Connétable des lettres », il contribua à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du XIXe siècle.
Sommaire |
[modifier] Biographie
Issu d'une famille anoblie au XVIIIe siècle, et l’aîné de quatre frères, il est élevé dans un milieu austère, monarchiste, où le salon de sa grand-mère et les contes normands de la servante Jeanne Roussel frappent son imagination ; le romancier s’en souviendra plus tard. Il étudie au collège Stanislas à Paris - où il se lie avec Maurice de Guérin -, puis à la faculté de droit de Caen.
Il rédige sa première nouvelle Le Cachet d’onyx en 1831. En 1833, après avoir obtenu une licence de droit, il retourne à Paris où il mène une existence de dandy. Il écrit plusieurs nouvelles et collabore en tant que journaliste littéraire au Constitutionnel en 1845. De républicain, il devient royaliste et accole « d’Aurevilly » à son nom. En 1847, il fonde l'éphémère Revue du monde catholique, de tendance ultramontaniste. Il défend Balzac et Baudelaire en 1857 mais attaque Les Misérables de Victor Hugo en 1862. En 1871, il s’engage dans la Garde nationale.
Son œuvre la plus lue aujourd'hui est un recueil de nouvelles, Les Diaboliques (1874), histoires de passions et de crimes où les personnages féminins jouent un rôle central. À la suite de la publication de l'ouvrage, un procès lui est intenté pour outrage à la morale publique, mais se conclut par un non-lieu. Il écrit en 1877 un livre satirique sur les Bas-bleus.
Il est enterré à Saint-Sauveur-le-Vicomte.
[modifier] Les Diaboliques
Les Diaboliques, auxquelles on peut ajouter Une Page d'Histoire, sont une sorte de voyage en bateau que le lecteur peut trouver plus ou moins agréable. La plupart du temps, on croit, dans le Rideau cramoisi que la jeune fille meurt. Ce n'est qu'une interprétation parmi d'autres. Il est d'ailleurs généralement admis que tout se passe dans la tête du jeune officier. Ainsi, chaque « Diabolique » révèle plusieurs niveaux de lectures dont la découverte demande au lecteur la plus grande attention. En revanche la condamnation des Diaboliques ne fut pas un canular. On peut noter la suprême élégance de Barbey qui n'a rien dévoilé malgré le malentendu qui rendait cette œuvre sulfureuse alors qu'elle aurait plutôt une prétention comique. Un comique grinçant, toutefois, et teinté de l'amertume latente de celui qui aurait sans doute préféré naître deux générations plus tôt. Lorsqu'il écrit Les Diaboliques, Barbey était de nouveau attaché aux valeurs aristocratiques de sa famille (qu'il avait renié quelques temps). Il s'agit donc, comme il le dit dans sa préface, de l'écrit d'un moraliste, qui fait part d'histoires crues et violentes dans le but qu'elles ne se reproduisent pas. Elles sont, en quelque sorte, l'illustration de cette société de la seconde moitié du XIXe siècle en perpétuelle évolution… au grand désespoir de Barbey, qui préférerait revenir aux valeurs traditionnelles royalistes et religieuses.
Un Prêtre marié
Une des oeuvres phares de l'auteur normand, Un Prêtre marié conte l'histoire tragique de Jean Sombreval, ancien prêtre devenu athée et même marié dans la Paris révolutionnaire, qui va devoir subir la vangeance d'un Dieu moins charitable que jamais. Sombreval, après la mort de sa femme, conçoit une dévotion toute particulière pour sa fille unique, Calixte. Or, comme son nom pouvait l'y prédestiner, Calixte est passionnément chrétienne, à tel point qu'elle est entrée dans l'ordre carmélite, se jurant de ramener son père à la foi. L'intrigue se déroule dans le village originaire de Sombreval, où vont s'affronter l'ensemble des forces issues de la Révolution : catholicisme contre athéisme, aristocrates contre parvenu, passé contre présent. Sombreval a lui seul représente l'esprit de la Révolution, contré par l'ensemble du village arquebouté sur des positions résolument réactionnaires.
Mais l'apparence manichéenne voit sa cohérence renforcée par une complexité en trompe l'oeil, de laquelle l'aspect dualiste sort renforcé à la fin : il y'a la Malgaigne, cette ancienne sorcière revenue dans le giron de Dieu qui éleva Jean et lui annonça très tôt le destin tragique qui serait le sien. Il y'a Néel de Néhou, ce fils d'aristocrate que l'on croirait sorti d'un roman de chevalerie, et que l'amour vain et fou pour Calixte entrainera dans la chute de la famille maudite. Il y'a la Normandie enfin, personnage à part entière dans son catholicisme sans tache, son anti-Révolution intégrale rêvée par Barbey.
Car le roman est sans surprise et la messe est dite, dès les premières pages : l'intérêt n'est pas dans l'action. C'est en effet une démonstration des théories de Joseph de Maistre à laquelle se prête l'auteur normand, sans artifices ni détours. Le monde issu de la Révolution est maudit, sans nuance. Le personnage de Sombreval, extraordinaire de grandeur d'âme et de courage, n'est pas la sombre brute ou le fanatique robespierriste que Barbey aurait pu peindre : cela aurait été trop simple. la critique en aurait perdu de sa force. Bien au contraire, en peignant un personnage grand (dans tous les sens du terme) et profondément modéré (il ne croit pas aux valeurs politiques de la Révolution), c'est pour mieux l'attaquer sur le fondement même de sa pensée : la fin de la transcendance. Issue de l'athéisme, celle-ci retire toute valeur à l'action humaine qui devient donc absurde. Un Prêtre marié trace cette lutte de Sombreval qui a mis Calixte à la place de Dieu et la science à la place de la religion avec une fatalité qu'aucun théorème ne peut expliquer.
Dès lors, le désordre est universel et c'est tout le village qui est emporté dans la chute de Sombreval : la sainte Calixte qui doit assumer les fautes de son père, Néel qui place in fine l'amour de Calixte au dessus de l'amour de Dieu, et même l'aristocratie locale qui voit s'enfuir toute chance de perdurer avec la mort de Néel. Roman de la malédiction totale, Un Prêtre marié fut interdit par une Eglise qui le trouva décidément trop peu catholique. Une contradiction de plus chez un Barbey qui prétendait être le dernier des catholiques, et ignorait absolument la valeur de la charité, lui qui plaçait l'Ordre au dessus de toute chose.
à noter un excellent article de Mona Ozouf dans Les aveux du roman : "Un Prêtre marié, où la Révolution maudite", Paris, Fayard, 2001.
[modifier] Citation
À propos d'Émile Zola et de l'Assommoir : « Cet Hercule souillé qui remue le fumier d'Augias »
[modifier] Anecdote
Un collège de Rouen porte son nom, au 39, boulevard de la Marne.
[modifier] Bibliographie
Œuvres de Barbey d'Aurevilly
- Madame de Gesvres ou l'amour impossible (1836) amour impossible que l'on retrouve dans l'ensorcelée.
- Une vieille maîtresse (1851)
- Pensées détachées
- Propos sur les femmes
- L'ensorcelée (1854), un épisode de la montée royaliste parmi les paysans normands contre la première république
- Chevalier Des Touches (1864)
- Les Prophètes du passé, Éd. critique David Cocksey (2006)
- Les diaboliques dans Wikisource (1874)
Ouvrages consacrés à Barbey d'Aurevilly :
- Octave Uzanne, Barbey d'Aurevilly, 1927
- Jean Canu, Barbey d'Aurevilly, 1945
- Hermann Quéru, Le Dernier grand seigneur : Jules Barbey d'Aurevilly, 1946
- Roger Bésus, Barbey d'Aurevilly, 1958
- Hubert Juin, Barbey d'Aurevilly, 1975
- Jean-Pierre Thiollet, Barbey d'Aurevilly ou le triomphe de l'écriture, 2006
[modifier] Liens externes
- Plusieurs œuvres de Barbey d'Aurevilly : Les Diaboliques, L'ensorcelée, L'amour impossible, Le cachet d'onyx suivi de Léa, et Une histoire sans nom, suivi de Une page d'histoire sur le site de la Bibliothèque électronique du Québec, collection À tous les vents ;
- Site proposant des articles (universitaires / publications... ) et des appels à communication pour les personnes intéressées par Barbey d'Aurevilly
- Biblioweb Une biographie, une bibliographie ainsi que le résumé de quelques œuvres sur le site Biblioweb
- (fr) : Pages de l'Université de Toulouse II consacrées à Barbey d'Aurevilly
- (fr) Ses livres sur Ebooks libres et gratuits
- (fr) Nouvelles en ligne sur la Bibliothèque électronique de Lisieux.
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