Keu
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Keu (gallois : Cai ou Cei, latin : Caius ou Gaius) est le nom d'un chevalier de la Table Ronde dans le cycle arthurien. Il fut d'abord frère de lait du Roi Arthur, avant de devenir sénéchal à sa cour à la suite d'une promesse faite par ce dernier à Antor, son père adoptif et père véritable de Keu. Selon les sources considérées, ce personnage est encore désigné comme Kay ou Kai, en jouant sur l'homophonie permise en anglais avec le mot key (clef), car cet objet est l'emblème du chevalier Keu.
En tant que Chevalier de la Table Ronde, Keu est totalement dépourvu des qualités chevaleresques traditionnelles et sert donc souvent de faire-valoir à des personnages plus brillants comme Lancelot, Gauvain ou Perceval. Chez Chrétien de Troyes, le sénéchal Keu n'est toléré à la cour que parce qu'il est frère de lait du roi Arthur mais il y est réputé pour sa violence et son manque de courtoisie. Ainsi, alors que les femmes sont protégées dans tout le royaume, il ose frapper une jeune pucelle devant Perceval qu'il insultera de nombreuses fois. Il finira même par le désarçonner de son cheval dans une bataille provoquée par Keu lui-même de façon toujours très violente et insultante.
Il est le frère préféré du Roi Arthur et plus tard devient sénéchal, en même temps qu'un des premiers chevaliers de la Table ronde. Dans la littérature postérieure, il est connu pour sa mauvaise langue et son comportement de rustre. Pourtant, dans les contes précédents, il faisait partie des premiers personnages à figurer dans l'entourage d'Arthur avec Bedivere, auquel il est souvent associé.
Keu est omniprésent dans la littérature arthurienne mais il est rare qu’il y soit autre chose qu’un repoussoir pour mettre en valeur d'autres personnages. Quoiqu'il le manipule pour servir ses intérêts, sa fidélité à Arthur n’est d'habitude pas mise en doute. Dans le Cycle de la Vulgate, la Post-Vulgate et Le Morte d'Arthur de Thomas Malory, Antor, le père de Keu, adopte l'enfant Arthur en bas âge après que Merlin l’ait enlevé à ses vrais parents, Uther et Ygraine. Antor l’élève avec Keu comme des frères mais la filiation d'Arthur est révélée quand il retire Excalibur de la pierre lors d’un tournoi à Londres. Arthur, servant d’écuyer à Keu fraîchement fait chevalier, perd l'épée de son frère et se sert de celle qui est dans la pierre pour la remplacer. Keu montre encore une fois son opportunisme caractéristique quand il prétend être celui qui a tiré l'épée de la pierre. Cela aurait pu faire de lui le roi des Bretons, mais il finit par se raviser et finit par reconnaître Arthur comme son roi légitime. Il devient un des premiers chevaliers de la Table ronde et sert son frère préféré comme écuyer tout au long de sa vie.
Le père de Keu est appelé Antor dans la littérature ultérieure, mais les contes gallois le nomment Cynyr Barbe-Fourchue. Chrétien de Troyes signale qu'il avait un fils appelé Gronosis, qui s'abandonna au mal, tandis que les Gallois lui donnent un fils et une fille nommés Garanwyn et Celemon. Le roman parlait rarement de la vie amoureuse de Keu, une exception étant Escanor de Girart d'Amiens, qui raconte en détails son amour pour Andrivete de Northumbrie, qu’il doit défendre contre les machinations politiques de son oncle afin que tous deux puissent se marier.
[modifier] Le Cai gallois
Dans la littérature galloise, où il est appelé Cai Hir (Keu le Grand), il est un champion puissant au sang chaud. Dans le roman du Mabinogion Culhwch et Olwen, Bedivere et lui sont deux des six chevaliers désignés pour accompagner Culhwch dans sa recherche (un autre est Gwalchmei, ou Gauvain) et il accomplit des exploits héroïques : il tue le géant Wrnach, il sauve Mabon, le fils de Modron, de sa prison au milieu des eaux et il fait une laisse de chien de la barbe de Dillus le Barbu. On attribue à Cai des possibilités surhumaines dans une grande partie de la littérature galloise. Le poème Pa Gur signale qu'il avait lutté contre un chat monstrueux et les Triades galloises le nomment comme un des « Trois Chevaliers enchanteurs de la Grande-Bretagne », lui attribuant le pouvoir de devenir aussi grand qu'un arbre. Dans Culhwch, Cai est un entêté qui se brouille avec Arthur, parce que celui-ci a écrit une chanson satirique sur sa victoire contre Dillus le Barbu, mais on fait de lui ailleurs le compagnon loyal d'Arthur.
[modifier] Keu dans légende ultérieure
Keu et Bedivere apparaissent dans l’Historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth où ils aident Arthur à battre le Géant du Mont Saint-Michel. Monmouth fait Keu comte d'Anjou et sénéchal d'Arthur, poste qu’il occupe dans la littérature la plus tardive.
Dans l’œuvre de Chrétien de Troyes, Keu présente les caractéristiques qu’on lui donne aujourd’hui couramment. Il garde son caractère coléreux et ardent de la littérature galloise, mais il n’est en gros qu’un vantard incompétent. Chrétien le met en scène comme un railleur et un fauteur de troubles ; un repoussoir qui met en valeur des chevaliers héroïques comme Lancelot, Yvain, ou Gauvain. Dans Yvain ou le Chevalier au lion il ironise sur la courtoisie chevaleresque de Sire Calogrenant, et dans Lancelot ou le Chevalier de la charrette il trompe Arthur lorsque celui-ci lui permet d’essayer de sauver Guenièvre de Méléagant, ce qui aboutit pour lui à une défaite humiliante. Dans Perceval ou le Conte du Graal, Sire Keu se fâche devant la naïveté de Perceval et donne une gifle à une jeune fille qui dit qu'il deviendra le meilleur chevalier de tous les temps, par la suite Perceval la venge en brisant l'épaule de Keu. Wolfram von Eschenbach, qui raconte la même histoire dans son Parzival, dit à son auditoire de ne pas juger Keu trop durement, car ses mots méchants servent en réalité à maintenir l'ordre courtois.
Les spécialistes ont souligné que le caractère méprisant et vantard à l’excès de Keu ne fait jamais de lui un personnage ridicule, un lâche ou un traître, sauf dans le roman du Graal Perlesvaus, où il assassine Lohot le fils d'Arthur et se range parmi les ennemis du roi. Cette œuvre étrange est une exception, cependant, et l’image qu’on donne de Keu va généralement d’une simple cruauté méchante, comme dans le roman d'Yder ou le Iwein d'Hartmann von Aue à un humour ironique et même sympathique, comme dans Durmart le Gallois et Escanor de Girart d’Amiens.
Il est curieux, étant donné qu’on le trouve partout, que la mort de Keu ne soit pas fréquemment traitée. Dans la littérature galloise, on mentionne qu'il a été tué par Gwyddawg et vengé par Arthur. Dans l'œuvre de Geoffroy de Monmouth et Le Morte d'Arthur allitérative, il est tué dans la guerre contre l'Empereur romain Lucius, tandis que le Cycle de la Vulgate le fait mourir en France, également dans une bataille contre les Romains.
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