L'Opéra de quat'sous
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L'Opéra de quat'sous (Die Dreigroschenoper) est une pièce de théâtre musicale écrite en 1928, par le dramaturge Bertolt Brecht et le compositeur Kurt Weill.
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[modifier] Scénario
L'histoire est une adaptation de L'Opéra des gueux (The Beggar's Opera) de John Gay et Johann Christoph Pepusch (1728).
La scène se déroule à Soho, un quartier de Londres en proie à une guerre des gangs. L'action se déroule autour d'une lutte de pouvoir et de concurrence entre deux « hommes d'affaires », le roi des mendiants, Jonathan Jeremiah Peachum, et un dangereux criminel, Mackie le Surineur (Mackie Messer). Le second va épouser Polly Peachum, la fille du premier.
[modifier] Histoire
L'opéra fut créé le 31 août 1928 (générale le 28 août) au théâtre Schiffbauerdamm de Berlin. La distribution était composée, entre autres, de Lotte Lenya, la propre épouse de Kurt Weill et Kurt Gerron. Direction d'orchestre de Theo Mackeben.
L'œuvre connaît un immense succès en Europe: en cinq ans, elle est jouée plus de 10 000 fois et est traduite en 18 langues. Son accueil est plus mitigé à Broadway en 1933.
Un film fut tourné dès 1931 par Pabst, en versions allemande et française avec, dans la version germanique, Lotte Lenya dans le rôle de Jenny; et pour la version française Margo Lion (Jenny), Albert Préjean (Mackie), Florelle (Polly) et Antonin Artaud dans un petit rôle. Brecht qui, au début, avait participé à l'adaptation de sa pièce en scénario, finit pourtant par désavouer le film.
La personnalité du criminel Mackie le Surineur est inspirée à la fois par le Macheath de John Gay, l'histoire de Jack l'éventreur et les poèmes de François Villon. Le style défie directement le public de l'époque en ouvrant une brèche dans le quatrième mur avec ce que Brecht a appelé la distanciation. Par exemple, des slogans sont projetés sur le mur du fond et les acteurs portent parfois des pancartes, ou sortent de la situation dramatique pour s'adresser directement au public. L'interprétation défie les notions conventionnelles de propriété aussi bien que celles du théâtre. Il pose la question rhétorique centrale, « Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? »
Le song d'ouverture, La Complainte de Mackie est devenue un standard de jazz grâce à sa reprise par Louis Armstrong et par Ella Fitzgerald sous le titre Mack the Knife.
Alabama Song qui acquerra une surprenante popularité dans le monde du rock lorsqu'elle sera reprise par le groupe The Doors, n'est pas tiré de l'Opéra de quat'sous comme beaucoup le croient, mais de l'opéra Grandeur et décadence de la ville de Mahagony des mêmes Bertolt Brecht et Kurt Weill.
[modifier] Une optique expressionniste?
Il faut noter que Brecht est un auteur appartenant, ou en tous cas, très influencé par le mouvement expressionniste. Il semble alors évident que cette pièce s'inscrive dans une certaine optique expressionniste, en ce sens principalement que Brecht a la volonté de se détacher de la réalité, pour la critiquer, notamment grâce à des procédés tels que la distanciation brechtienne.
Les adresses au publique y sont donc fréquentes, "cassant" ainsi ce 4ème mur traditionnel entre l'espace scénique, et l'assemblée des spectateurs, incluant ainsi le public dans l'espace de jeu, et favorisant la réaction émotionnelle de celui-ci, si chère aux expressionnistes.
Quant aux mises en abîme (voir mise en abîme), c'est un procédé très largement utilisé par Brecht dans cette oeuvre, car elle lui permettent une fois de plus de mettre à distance la réalité en créant une deuxième instance scénique à l'intérieur de la première: les personnages deviennent spectateurs d'une fiction interne à la fiction première, et cette confusion opérée entre personnage et spectateur pousse le public à s'interroger sur la réalité. En effet, si spectateur et personnage peuvent être si aisément confondus, alors le monde qui m'entoure ne serait-il pas qu'une immense mascarade ?
[modifier] Voir aussi
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