Laïcité organisée
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En Belgique, l'expression «laïcité organisée» désigne l'ensemble des associations et organismes qui - sur base d'une philosophie généralement athée ou agnostique - regroupe des individus ne se réclamant d'aucune religion.
Dans ce sens, un «laïque» est quelqu'un qui souscrit au principe du «libre examen», c'est-à-dire au rejet de toute vérité révélée.
L'équivalent français seraient les association rationalistes ou de libre-penseurs, mais le degré d'organisation est plus élevé en Belgique en raison de la «pilarisation» (du néerlandais «verzuiling») qui fait que beaucoup d'organismes comme les clubs de scouts, d'autres associations de jeunes, les syndicats et même les mutuelles ont une coloration soit politique (chrétienne/catholique, socialiste ou libérale) soit simplement philosophique (chrétienne ou pas). Il était donc historiquement nécessaire de créér des organisations parallèles à celles du «pilier» catholique.
Actuellement, l'article 181 de la Constitution belge prescrit ce qui suit :
«§ 1er. Les traitements et pensions des ministres des cultes sont à la charge de l'État; les sommes nécessaires pour y faire face sont annuellement portées au budget.
§ 2. Les traitements et pensions des délégués des organisations reconnues par la loi qui offrent une assistance morale selon une conception philosophique non confessionnelle sont à la charge de l'État; les sommes nécessaires pour y faire face sont annuellement portées au budget.»
Au titre du § 1er, sont reconnus le culte catholique, le culte protestant, le culte anglican, le culte orthodoxe, le culte juif et le culte musulman.
Au titre du § 2, la loi du 21 juin 2002 relative au Conseil central des Communautés philosophiques non confessionnelles de Belgique, aux délégués et aux établissements chargés de la gestion des intérêts matériels et financiers des communautés philosophiques non confessionnelles reconnues reconnaît une «communauté philosophique non confessionnelle» par province ainsi qu'au niveau national un «Conseil central laïque» (Centrale Vrijzinnige Raad en néerlandais et Zentraler Freigeistiger Rat en allemand) chapeautant le «Centre d’Action laïque» du côté francophone et l'«Unie Vrijzinnige Verenigingen» du côté néerlandophone.
«Dans le chef-lieu de chaque province, il est établi un établissement de droit public appelé «établissement d’assistance morale du Conseil central laïque», doté de la personnalité juridique et chargé de la gestion des intérêts matériels et financiers de la communauté philosophique non confessionnelle reconnue et des services d’assistance morale reconnus, qui se situent sur le territoire de la province concernée» (article 5 de la loi).
Dans le cadre de ce statut public, il existe un grand nombre d'associations laïques - souvent nettement plus anciennes que le cadre public - qui organisent non seulement l'assistance morale proprement dite, mais aussi des sortes de «rite de passage» comme
- le parrainage (à l'occasion de la naissance d'un enfant)
- la fête de la jeunesse laïque
- le mariage laïque (distinct du mariage civil)
- les funérailles civiles
Ces associations sont bien entendu aussi des lieux de rencontre pour personnes partageant une même conception de la vie et des maisons de la laïcité ont été ouvertes dans de nombreux lieux à cette fin (souvent avec le soutien des autorités communales).
Le budget à charge de l'Etat Belge en 2003 pour ces subventions s'élevait à 9 010 190€ [1].
Bien sûr, des associations «laïques» dans ce sens existent aussi en France et dans de nombreux autres pays. Un statut public assimilant ce type d'organisation à un «culte reconnu» existe notamment en Norvège et en Allemagne. L'organisation norvégienne[1]a même obtenu le droit de célébrer des mariages valables au regard de la loi civile au même titre que les églises reconnues.