La Toujours Jeune
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La Toujours Jeune est une célèbre partie d'échecs jouée par Adolf Anderssen et Jean Dufresne en 1851.
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[modifier] Contexte
Il y a un an qu'Anderssen est devenu, officieusement, champion du monde des échecs. Depuis le mémorable tournoi de 1851, il ne joue que des parties libres, pratiquant son art avec qui souhaite le confronter. C'est à Berlin que Dufresne, fort joueur allemand, croise le fer avec Anderssen.
À ce moment-là, Anderssen est au meilleur de sa forme, pour le plus grand malheur de Dufresne. (Note : il est possible de voir une animation coup par coup de cette partie à (en) ChessGames.com.)
Adolf Anderssen - Jean Dufresne
Gambit Evans
Berlin, 1852
1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fc4 Fc5 4. b4 Fxb4
Les gambit étaient fort populaires à l'époque, car ils favorisaient l'initiative du joueur qui les mettait en jeu. Aujourd'hui, la théorie échiquéenne a rendu son verdict : face à un adversaire désarmé, un gambit est une arme redoutable, alors que face à un joueur aguerri, elle dessert le joueur qui l'utilise, lui procurant au mieux une nulle. Anderssen, ignorant de ce verdict, met au défi son adversaire.
5. c3 Fa5 6. d4 exd4 7. 0-0 d3
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La suite exacte est 7. ... Cge7. Les blancs profiteront de cette faute pour installer leur dame à un poste stratégique. Il peut sembler à première vue que les blancs ont perdu plusieurs défenseurs, les pions à l'aile dame. Cependant, plusieurs pièces blanches sont actives à leur position de départ, favorisant une attaque rapide. Voyons ce qui s'ensuivra.
8. Db3 Df6 9. e5 Dg6 10. Te1 Cge7 11. Fa3
Les blancs sont parvenus à créer une position offensive impressionnante : trois pièces visent l'aile roi adverse et la tour vise indirectement celui-ci. Les noirs sont réduits à une passivité mortelle.
11. ... b5
Les noirs, conscients de leur passivité, rendent le matériel.
12. Dxb5 Tb8 13. Da4 Fb6 14. Cbd2 Fb7
Les deux camps sont maintenant prêts à lancer leurs forces dans la bataille.
15. Ce4 Df5
Ce dernier coup, inexplicable, ne sert à rien, alors que 15. ... 0-0 était tout indiqué.
16. Fxd3 Dh5 17. Cf6+ gxf6 18. exf6 Tg8
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Qui pourrait croire que ce dernier coup est une faute fatale? Il faudra cinq coups de plus pour comprendre la faute. À la décharge de Dufresne, Anderssen a calculé une excellente, et inattendue, combinaison qui donnera le gain aux blancs, laquelle commence par le coup qui suit.
19. Tad1 !!?
Ce mouvement est à la source d'une polémique qui durera au moins un siècle. Les blancs pouvaient renforcer, de façon décisive, leur attaque par 19. Fe4, alors que le coup retenu pouvait être réfuté par 19. ... Tg4 selon certains analystes. À la décharge d'Anderssen, il faut mentionner qu'il joue avec une pendule et que le temps de réflexion lui est compté.
19. ... Dxf3
Ce coup, évident car le pion g des blancs est cloué, signe la perte des noirs. La magnifique combinaison qui suit réfute le jeu des noirs.
20. Txe7+ Cxe7 21. Dxd7+! Rxd7 22. Ff5++ Re8 23. Fd7+ Rf8 24. Fxe7 mat
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Maintenant, l'utilité du coup 19. ... Tg4 apparaît. En effet, le roi noir avait une case de fuite : g8. Dufresne n'a pas trouvé ce coup salvateur, mais il jouait contre forte partie. Les analystes qui critiquèrent sa décision de ne pas jouer 19. ... Tg4 auraient été bien embêtés de trouver cette suite exacte s'ils s'étaient trouvés dans la même situation.
Maintes analyses ont été publiées pour réfuter la combinaison commençant par 19. Tad1. Cependant, aucune n'est parvenue à clore le sujet, car de nouvelles positions toutes aussi favorables aux blancs apparaissent, lesquelles donnent naissance à d'autres combinaisons, toutes aussi fantastiques. Pour cette raison, face à l'armée des analystes, cette partie est qualifiée de verdoyante ou toujours reverdissante, d'où son nom de « toujours jeune ».
Sachant qu'Anderssen n'a mis au plus qu'une demi-heure pour élaborer la combinaison, il nous faut saluer son génie. Bien sûr, il n'a pas pu calculer toutes les possibilités, mais son intuition profonde et ses énormes capacités combinatoires ont donné naissance à ce joyau.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- (en) Partie commentée à ChessGames.com
[modifier] Source
- Gedeon Barcza, Laszlo Alfody et Jeno Kapu, Les Champions du monde du jeu d'échecs. Tome 1 : De Morphy à Alekhine, Grasset et Europe-Echecs, 1985, trad. Alphonse Grunenwald, p.87-88. ISBN 224633411X
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