Loterie des lingots d'or
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La loterie des lingots d'or était une célèbre loterie à vocation politique organisée par la « Société des lingots d'or », société créée par décret le 3 août 1850.
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[modifier] Objectifs
Promue par Alexandre Dumas fils et organisée par le préfet de police de Paris, Pierre Carlier, sur la suggestion de l'armateur Jules Langlois, elle avait pour vocation de convoyer cinq mille ouvriers sans travail en Californie. Son ambition réelle était d'évacuer la capitale de ses indésirables, à savoir essentiellement des insurgés contre le nouveau pouvoir mis en place après le coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte, mais aussi des simples indigents.
Les Parisiens sans ressource ayant l'expérience des armes, les anciens de la garde mobile et de la garde républicaine notamment d'une part, et les révolutionnaires et les émeutiers d'autres part, suscitaient particulièrement la méfiance des nouvelles autorités.
Doté d'un gros lot qui consistait en un lingot d'or d'une valeur de 400 000 francs et exposé boulevard Montmartre à Paris, l'argent récupérée par la loterie permit en réalité aux autorités d'envoyer à San Francisco plus de trois mille trois cent chercheurs d'or français, de 1851 à 1853.
[modifier] Organisation
Rêvant d'eldorado californien, les postulants au départ s'inscrivaient sur des registres d'inscription à la préfecture, dans lesquelles cette dernière effectuait arbitrairement le choix des émigrants.
Si la quasi-majorité de ces derniers étaient des Parisiens, un dixième cependant étaient des provinciaux, notamment des personnes désargentées appuyées par des notables locaux, originaires soit de Saint-Servan (depuis rattachée à Saint-Malo), soit du Havre. Cette présence s'explique par le fait que l'appel d'offre pour le transport des émigrants fut attribué en juillet 1851 pour 795 francs par émigrant adulte à un armateur havrais Louis Victor Marziou et que beaucoup de marins malouins en proie à une crise économique locale servait alors sur la flotte havraise.
Arrivés à San Francisco, ceux qui avaient réchappés au passage du cap Horn et à la fièvre jaune déchantaient, puisqu'arrivant bien après la ruée dans une ville inflationniste et onéreuse.
[modifier] Exemple de « gagnants »
Revenue en France, une aventurière, la « Lingot » parisienne Fanny Loviot, a laissé un rarissime témoignage écrit sur cette émigration particulière sous le titre trompeur « Les pirates chinois », paru en 1860 à Paris. Elle y relate le voyage du dixième convoi des lingots d'or, celui de la goélette Indépendance capitaine Allèmes, parti du Havre le 30 mai 1852 et arrivé à San Francisco, le 20 novembre de la même année. La flotte havraise de Marziou étant insuffissante, il fit appel à d'autres armateurs en sous-traitance, comme ici, à Malo, le célèbre créateur de la station dunkerquoise de Malo-les-Bains.
Ce voyage est caractéristique des « lingots » puisque comprenant un bottier servannais ruiné, Louis Miniac (1822-1890), un noble parisien désargenté, Philippe Formey de Saint-Louvent, un émeutier montagnard parisien et une prostituée, Fanny Loviot elle-même. Après avoir heurté un rocher en plein Atlantique, ils firent leur unique escale à Rio, d'où une partie des passagers, tel le couple de Saint-Louvent, décida de ne pas poursuivre le voyage et ne pas passer le Cap Horn.
Bien entendu, arrivés dans une ville inflationniste bien après l'apogée de l'Eldorado, ils ne firent pas fortune, même si certains émigrèrent définitivement en Californie, tel Louis Miniac, devenu tanneur, décèdé en 1890 à San Léandro.
[modifier] Annexes
[modifier] Bibliographie
- Bourset Madeleine, La loterie des lingots d'or.
- Archives de la préfecture de police, de Paris, 2006.
- Le Dour Olivier et Le Clech Grégoire, Les Bretons dans la ruée vers l'or de Californie, 2006, évoquent cet épisode.
- Lemonnier Léon, La ruée vers l'or, NRF, Gallimard, 1944.
- Loviot Fanny, Les pirates chinois, 1860.
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