Maurice Audin
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Maurice Audin (1932-1957) était un mathématicien algérois, assistant de mathématiques à l’université d’Alger, membre du Parti communiste algérien et militant de la cause anticolonialiste. Il est torturé à mort par le lieutenant Charbonnier, un paramilitaire au service de Massu selon l'enquete de l'historien Pierre Vidal-Naquet. Sa mort n'a été reconnue administrativement que le 27 mai 1966. La France n'a cependant toujours pas reconnu les actes de violences commis en son nom durant la guerre d'indépendance algérienne.
[modifier] L'affaire Audin
C'est lors de la bataille d'Alger que Maurice Audin est arrêté à son domicile, le 11 juin 1957, par le lieutenant Philippe Erulin, des parachutistes français du général Massu. Henri Alleg, auteur de La Question, est arrêté au domicile de Maurice Audin un jour après celui-ci. Il sera le dernier à le voir vivant. La trace de ce père de famille de trois enfants est dès lors perdue pour son épouse. Maurice Audin devait présenter sa thèse le 2 décembre 1957.
Il est assassiné sous la torture le 21 juin 1957. L'armée française met tout son zèle pour étouffer l'affaire en montant de toute pièce une pseudo-disparition, jouée par les militaires eux-memes. Selon la thèse officielle Maurice Audin aurait bondi de la jeep qui le transférait d'un lieu de détention. Un acte de décès est établi par le tribunal d’Alger le 1er juin 1963, le jugement devient exécutoire en France le 27 mai 1966.
Sa thèse est soutenue in absentia en décembre 1957, sous la présidence de Laurent Schwartz. La mort de ce jeune intellectuel prometteur choque profondement en France métropolitaine, et plusieurs comités Audin sont montés pour faire la lumière sur l'affaire et sensibiliser l'opinion sur la pratique de la torture à grande échelle en Algérie.
En mai 1958, Pierre Vidal-Naquet écrit, dans la première édition de L'affaire Audin, que l'évasion était impossible et que Maurice Audin était mort au cours d'une séance de tortures. Une enquete judiciaire est menée suite à la plainte de sa femme. Elle fut ensuite transférée à Rennes et se prolongea jusqu'en 1962. Un non lieu est prononcé en avril. L’affaire Audin s’est terminée par un non-lieu, non-lieu encore répété en 2001 suite à la plainte de son épouse pour "séquestration et crimes contre l'humanité". Aucune explication officielle n'a jamais été donnée de sa disparition. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Une place à son nom est inaugurée en 2004 à Paris par le maire socialiste Bertrand Delanoë en plein cœur du 5e arrondissement, au croisement de la rue des Écoles et de la rue Saint-Victor. À Alger, une place du centre-ville porte son nom, où se trouve notamment le siège d'Air Algérie à proximité de l'Université.
[modifier] Divers
L'Association Maurice Audin organise un prix de mathématiques décerné chaque année à deux lauréats, un mathématicien exerçant en Algérie, un mathématicien exerçant en France. Les membres du jury du prix sont, en principe, les présidents en exercice des sociétés savantes de mathématiques, SMF et SMAI, les deux autres membres sont des mathématiciens algériens.
Le peintre Mohammed Khadda a intitulé en 1960 Hommage à Maurice Audin l'une de ses toiles, conservée depuis 1991 au Musée national des Beaux-Arts d'Alger. Le poète Messaour Boulanouar a dédié à sa mémoire l'un de ses longs poèmes.
La mathématicienne Michèle Audin, connut plusieurs agrégatifs pour son livre Géométrie, est la fille de Maurice Audin.
[modifier] Réferences
- Pierre Vidal Naquet, L'Affaire Audin, 1957-1978, éditions de Minuit, 1989 [nouvelle édition augmentée]. ISBN 2707313173
- Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle. ISBN 2738104622
- Henri Alleg, La question. ISBN 2707301758