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Paul Grimault (23 mars 1905 à Neuilly-sur-Seine - 29 mars 1994 au Mesnil-Saint-Denis) est un réalisateur de films d'animation français.
Intéressé par le dessin, la publicité et le cinéma (il est acteur dans l'Atalante de Jean Vigo, et dans le Crime de M. Lange de Jean Renoir), il fait ses classes à l'école des Arts Appliqués dans les années 1920, et réalise son premier dessin animé pour l'Exposition de 1937 : Phénomènes électriques.
Depuis 2002, les organisateurs du Festival de Cannes mettent à l’honneur des DVD, en récompensant les meilleurs titres de l’année. Pour l'édition 2004, le jury a attribué une mention spéciale au classique de l’animation Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault et Jacques Prévert, sorti pour les fêtes de Noël dernières. La restauration de ce film, supervisé par Studiocanal, constitue un événement pour qui s’intéresse aux balbutiements de l’animation en Europe, dans la mesure où ce DVD permet également au public de découvrir des courts-métrages et une interview de Grimault réunis dans La table tournante. Le spectateur peut ainsi apprendre que Grimault a travaillé dans le plus grand studio d’animation d’Europe des années 1940, réalisant tout d’abord des courts-métrages d’une poésie inégalée, pour s’atteler ensuite au long métrage de sa vie, La bergère et le ramoneur. Les suppléments du DVD nous expliquent que la production a confisqué ce film en 1950, avant que Grimault puisse en récupérer une copie en 1976, à laquelle il a adjoint quelques scènes pour le rebaptiser Le Roi et l’Oiseau. La quasi-absence de sortie de films de Grimault entre 1950 et 1980 interroge sur les raisons de la suspension de son activité, lui qui était le seul Européen à pouvoir offrir au concept d’animation une plue value poétique. Studiocanal propose au spectateur des pistes d'éclaircissement de cette énigme, au sein de deux documentaires qui contiennent des omissions et accusations qu’il faut soumettre à contradiction. On y apprend que Grimault a commencé à travailler dans le champ de l’animation en 1936, au sein d’une société dénommée les Gémeaux dont il était le directeur artistique, aux côtés d’André Sarrut auquel il ne consent que le qualificatif de directeur administratif, alors qu’il en était le producteur exécutif. Grimault dénonce la confiscation de La bergère et le ramoneur par Sarrut comme une dépossession insupportable, liée à des accusations de « perfectionnisme » infondées, reconnaissant tout de même que ce conflit l’avait « grillé » dans la profession. Pourtant, contrairement à ce qu’il dit, Grimault avait une part de responsabilité dans la déroute qu’a connu son seul et unique long-métrage. Il faut tout d’abord préciser que la création des Gémeaux par Sarrut et Grimault témoignait d’une volonté commune de développer le cinéma d’animation français. La société les Gémeaux employait environ 150 personnes - animateurs, dessinateurs, décorateurs, monteurs, gouacheurs, traceurs, personnel administratif - qui étaient tous dévoués corps et âme aux projets de Grimault et Sarrut. Après avoir sorti Le voleur de paratonnerres et Le petit soldat, tout le monde s’est mis au travail pour accomplir ce premier long-métrage européen que devait devenir La bergère et le ramoneur. En 1950, après cinq ans de travail acharné et de soutien sans faille de la production, Grimault et Prévert se sont trouvés en grandes difficultés pour boucler leur film. Toutes les scènes étaient prêtes, mais les deux poètes n’arrivaient pas à aboutir, tant ils étaient attachés à tout garder. Malgré la faillite annoncée des Gémeaux, et le fait que ceux qui avaient participé à la création de La bergère et le ramoneur n’étaient plus payés depuis plusieurs mois, Grimault et Prévert ont campé sur leurs positions, ignorant la déception et la détresse de ceux qui les avaient soutenus dans leurs projets, et sabotant du même coup l’avenir du cinéma d’animation français et européen pour une trentaine d’années. Certes, Paul Grimault a pu récupérer une copie de La bergère et le ramoneur en 1976, et créer Le Roi et l’Oiseau avec l’aide de jeunes animateurs très flattés de travailler avec ce monument du cinéma français. Toute l’admiration que suscite ce film sorti en 1980, ne doit pas faire oublier que La bergère et le ramoneur était une œuvre autrement plus novatrice et poétique, que ce soit du fait de la musique de Joseph Kosma, ou du doublage effectué par Pierre Brasseur (l’oiseau), Fernand Ledoux (le roi), Serge Reggiani (le ramoneur) et Anouk Aymé (la bergère), acteurs bien plus féconds que Jean Martin, Pascal Mazzotti, Renaud Marx et Agnès Viala. Outre le déguisement de la réalité opéré dans ce DVD, il n’est fait aucune mention des équipes qui ont participé à la création des courts-métrages produits par les Gémeaux. Les interviews et génériques concernant Le voleur de paratonnerres et Le petit soldat ne citent jamais les dizaines de personnes qui y ont travaillé, comme si Grimault avait fait ses dessins animés tout seul. Les suppléments des DVD permettent de rendre hommage à tous ceux qui participent au dessin d’animation, par des making of sur la production, les effets spéciaux, les décors, les couleurs ou les doublages. Ainsi, par exemple, tout le monde sait aujourd’hui que Shrek n’aurait jamais pu être réalisé sans le producteur de DreamWorks Jeffrey Katzenberg et sans la participation de plusieurs corps de métiers qui ont collaboré à sa complexité. Dans le DVD Le Roi et l’Oiseau, le spectateur est en revanche manipulé, ce d’autant que Grimault et Prévert sont des icônes qui font la fierté de la France, dans ce qu’elle a de poétique et révoltée : la production est considérée comme porteuse d’un pêché originel, car a priori corrompue par des considérations mercantiles ; les équipes des Gémeaux sont ignorées car écrasées par la notoriété des deux principaux auteurs. Le respect dû à leur mémoire ne doit pas occulter le mérite de Sarrut et de ceux des Gémeaux qui ont voulu qu’advienne un cinéma d’animation alternatif à la disneylandisation qui faisait déjà rage en 1950.
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