Philippe de Sidè
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Philippe de Sidè, homme d'Église et historien grec de la première moitié du Ve siècle.
Philippe, dont le surnom indique qu'il était originaire de Sidè en Pamphylie, apparaît à Constantinople dans le proche entourage de Jean Chrysostome qui l'ordonna diacre. Une lettre de Jean Chrysostome semble même montrer que le patriarche le tenait en amitié. Il brigua trois fois de suite le siège épiscopal de Constantinople, contre Sisinnius en 426, contre Nestorius en 428 et contre Maximien en 431. Bien qu'il eût des partisans, il échoua à chaque tentative et mourut simple prêtre. Nestorius lui aurait interdit de prêcher.
D'après Socrate, il a entrepris une réfutation des traités de l'empereur Julien contre les Chrétiens (un ouvrage dont nous ne connaissons rien) et surtout une vaste Histoire chrétienne (χριστιανικὴ ἱστορία) en 36 livres qui allait de la création du monde jusqu'à son époque.
Socrate nous dit tout le mal qu'il en pense. Il lui reproche des digressions fastidieuses « pour montrer qu'il était versé en toutes sortes de disciplines philosophiques », son style ornementé et ses confusions historiques. Photius , qui ne connaissait plus que 24 livres sur 36, est encore plus dur : « Il est verbeux et il manque de distinction et de grâce, il est même ennuyeux... Il est plus pédant qu'instructif. Il insère à qui mieux mieux dans son récit des détails qui n'ont aucun rapport avec lui, si bien que son ouvrage est moins un récit qu'un amalgame de données hétéroclites..., sa profusion est un défi au bon goût ». Il y a même trouvé la place pour régler ses comptes avec son rival Sisinnius. Socrate trouve que ce qu'il en dit n'est pas répétable.
Ces jugements qui paraissent avoir été partagés, joints aux proportions énormes de l'ouvrage, suffisent peut-être à expliquer sa disparition quasi-complète.
Il n'en reste que quelques traces dans un manuscrit unique et sans grande autorité, le codex Baroccianus gr.142 d'Oxford, qui contient une collection d'extraits divers formant un épitomé d'histoire ecclésiastique qui remonte sans doute au VIIe siècle. Philippe s'y trouve nommé à propos de deux extraits (ou plutôt de deux abrégés d'extraits), l'un concernant l'école catéchétique d'Alexandrie, l'autre Papias de Hiérapolis. Le premier a été imprimé dès 1689 par Dodwell à la suite de ses Dissertationes in Irenaeum... La valeur des renseignements qu'on peut en tirer est médiocre – (voir : Didaskaleion d'Alexandrie et Athénagore d'Athènes). Le second est largement dépendant d'Eusèbe, mais nous rapporte aussi la fameuse tradition – qui a fait couler beaucoup d'encre inutile - du meurtre de saint Jean et de son frère Jacques par les Juifs.
Il faut ajouter, pour être complet, que deux manuscrits au moins (le Bodleianus Miscell. gr. 120 et le Parisinus suppl. gr. 685) donnent un court fragment sur Adam et Ève tiré de cette Histoire chrétienne.
Enfin, Philippe est mêlé à la discussion d'un texte assez mystérieux contenu dans un manuscrit de Vienne et intitulé De Christi Nativitate et de Magis, que les érudits allemands qui en ont débattu citent plus volontiers sous le nom de Religionsgespräch am Hof der Sassaniden. Il s'agit d'une dispute qui aurait eu lieu entre Chrétiens et Persans à la cour d'un roi sassanide ; Philippe y aurait personnellement assisté et un oracle sur l'étoile des Mages serait de sa plume.
Tout cela représente en définitive peu de choses. On peut juger à notre tour, avec Werner Portmann, que Philippe avait beaucoup d'ambitions à la fois comme homme d'église et comme écrivain et qu'il n'a pas plus réussi dans une carrière que dans l'autre.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Socrate, Histoire ecclésiastique - édit. dans Migne, Patrologie grecque, tome 67 – ou édit. G. C. Hansen, Berlin, 1995. - une trad. anglaise en ligne sur le site du Calvin College.
- Le chapitre VII, 27 est consacré à l'œuvre de Philippe ; compléter avec VII, 26, 29 et 36 pour les tentatives de Philippe d'accéder au patriarchat ;
- Photius, Bibliothèque, 35 – édit. René Henry, Les Belles-Lettres (tome 1) - une trad. anglaise en ligne ;
- Le fragment sur le Didaskaleion est traduit en allemand dans : Hansen, G. Chr., édit. : Theodoros Anagnostes Kirchengeschichte, 2e édition, Berlin 1995 (= Die griechischen christlichen Schriftsteller der ersten Jahrhunderte, Neue Folge, 3 ) (ISBN 3-05-002721-5) ;
- Le fragment sur Papias est commodément traduit en français dans l'article de Quasten (ci-dessous) ;
- (en) Ernest Honigmann, Philippus of Side and his Christian History, in : Id. Patristic Studies, Città del Vaticano, 1953 (= Studi e Testi ,173), pp. 82-91 ;
- Quasten J., Initiation aux Pères de l'Eglise, (trad. française), Paris, 1963 – Tome III, 739-742.
- (de) Werner Portmann, article Philippus von Side, in : Biographisch-bibliographisches Kirchenlexikon, VII, Herzberg, 1994 - (ISBN 3-88309-048-4) - version en ligne
- Cet article et le précédent donnent toute la bibliographie utile.
- Hansen, G. C., édit. Anonyme Kirchengeschichte (Gelasius Cyzicenus)..., Berlin, 2002 (= Die griechischen christlichen Schriftsteller der ersten Jahrhunderte, Neue Folge, 9
- (ISBN 3-11-017437-5) - Édition du pseudo-Gélase de Cyzique. Hansen, l'un des meilleurs spécialistes actuels de l'historiographie grecque chrétienne, pense que Philippe est une source de ce texte mal connu.