Pierre Chirac
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Pierre Chirac, médecin français, né à Conques en Rouergue (Aveyron), vers 1650, mort en 1732.
Ses parents, peu fortunés, le destinèrent à l'état ecclésiastique. Après avoir fait ses humanités à Rodez, il se rendit en 1678 à Montpellier pour y étudier la théologie. Placé chez un pharmacien en qualité de précepteur, il y puisa le goût de la médecine, et ne tarda pas à s'y distinguer parmi les élèves de l'université. Michel Chicoyneau, qui en était chancelier, lui confia l'éducation de ses enfants. Extrêmement laborieux et très assidu aux leçons publiques des professeurs, Chirac fut bientôt en état d'en donner lui-même de particulières. Revêtu du doctorat en 1683, il obtint une chaire qu'il remplit avec autant de zèle que de succès. Nommé en 1692 médecin de l'armée de Catalogne, commandée par le maréchal de Noailles, il parvint à guérir très promptement et à l'aide de moyens très simples une dysenterie épidémique qui faisait de grands ravages. Il ne quitta ces fonctions que pour occuper celles de médecin du port de Rochefort.
Atteint lui-même de l'épidémie meurtrière qui régnait dans cette ville insalubre, il fut traité selon la méthode qu'il avait indiquée, ce qui n'empêcha pas sa convalescence d'être longue et pénible. Au bout de deux ans, il vint reprendre sa chaire à Montpellier, et le concours des élèves y fut plus nombreux que jamais. Appelé en 1706, par le duc d'Orléans, depuis régent, en Italie et en Espagne (1707), il suivit ce prince dans ses campagnes d'Italie et d'Espagne, revint avec lui à Paris, et fut choisi pour son premier médecin en 1715 ; alors toutes les faveurs, toutes les dignités se succédèrent rapidement. Honoré en 1716 du titre d'associé libre de l'académie des sciences, il remplaça Fagon dans la surintendance du Jardin royal des plantes en 1718 ; reçut des lettres de noblesse en 1728, et devint, en 1731, premier médecin de Louis XV ; mais il ne jouit pas longtemps de cette place ; car il mourut à Marly, en mars de l'année suivante.
Chirac avait une ambition démesurée et une vanité ridicule ; il voulait être l'oracle de la médecine, et, comme il pouvait distribuer des emplois, une foule d'adulateurs encourageaient cette orgueilleuse prétention. Il désirait vivement établir à Paris une académie de médecine, qui devait correspondre avec les médecins de tous les hôpitaux du royaume et des pays étrangers, pour leur proposer des remèdes à éprouver dans les différentes maladies, recueillir soigneusement le résultat de ces expériences, ainsi que les observations fournies par l'ouverture des cadavres, et former, par ce moyen, un corps de médecine fondé sur des faits avérés.
La faculté de Paris, jalouse de ses privilèges, qu'elle crut compromis, fit échouer ce projet utile ; celle de Montpellier, plus souple, adopta, contre le vœu de ses anciens statuts, un autre projet dont ce n'est point ici le lieu de discuter les avantages et les inconvénients. Elle reçut des docteurs médecins-chirurgiens, seulement pendant la vie de Chirac.
Cet homme, dont la réputation s'est soutenue pendant de longues années, n'a pas laissé un seul ouvrage véritablement digne de la postérité :
- Lettre (à M. Régis) sur la structure des cheveux et des poils, Montpellier, 1688, in-12. L'auteur compare la racine de ces filets délicats à celle des plantes bulbeuses, indique leur mode de nutrition, d'accroissement, et les altérations qu'ils éprouvent dans cette singulière maladie, connue sous le nom de Clique polonaise. Placide Soraci, jeune médecin italien, fit imprimer une réponse dans laquelle il réclame la priorité de la découverte que s'était attribuée Chirac ;
- Dissertatio academica, in qua disquiritur an inciibo ferrumrubiginosum, aflirm., Montpellier, 1692, in-12.
- Dissertatio academica, in qua disquiritur an passioni iliacœ globidi plumbei hydraryro prcercndi, Montpellier, 1694, in-12. L'auteur se prononce pour la négative ; il explique assez exactement l'invagination des intestins ;
- De Molucordis, adiersaria analylica, Montpellier, 1698, in-12 ; rapsodie pitoyable sous un titre spécieux ;
- Lettres sur l'apologie de Vieussens, Montpellier, 1698, in-8°. L'illustre anatomiste Raymond Vieussens se flattait d'avoir démontré le premier l'existence d'un acide dans le sang : Chirac revendique cette découverte purement imaginaire ;
- Quœslio medico-chirurgica de vulneribus : ulrum absolula suppuratione, ad promovendam cicatricem, prœsicnl dclergenlia salino aguœ, rcsp. Antoine de Jussieu, Montpellier, 1707, in-12. Les succès que Chirac avait obtenus de l'emploi des eaux de Balaruc, dans la guérison d'une blessure grave du duc d'Orléans, le déterminèrent à publier cette dissertation, qui fut traduite en français sous ce litre : Observations de chirurgie sur la nature et le traitement des plaies, Paris, 1742, in-12, et jointe à l'opuscule de Fizes sur la suppuration des parties molles ;
- Observations sur les incommodités auxquelles sont sujets les équipages des vaisseaux, et de la manière de les traiter. Paris, 1724, in-8°. La thèse de Chirac, sur l'incube ou cauchemar, soutenue par Jean Baptiste de Rosnel, celle sur la passion illaque, et plusieurs autres, ont été traduites et publiées par Bruiner, réunies aux dissertations et consultations de Silva, Paris, 1744, 2 vol. in-12.
Tous les ouvrages de Chirac sont défigurés par un style à la fois incorrect, obscur et recherché ; la plupart de ses théories sont erronées. Ne suffit-il pas de dire qu'il refusait à la peste, à la variole, à la gale même, la propriété contagieuse, et qu'il avait l'art de séduire ses élèves par cette fausse doctrine? On doit encore lui reprocher son injuste mépris pour Hippocrate et Galien.
Il n'aurait aucune parenté avec le président Jacques Chirac.
[modifier] Source
« Pierre Chirac », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]
- Quid des présidents de la république et des candidats par Dominique Frémy-Robert Laffont, 1987.