Pressus
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Chant grégorien |
---|
![]() |
Plain-chant |
Neumes |
(1) Punctum - Virga (2) Clivis - Podatus (3) Scandicus - Climacus - Torculus - Porrectus
♦ Spéciaux: Bivirga - Quilisma - Salicus - Stropha - Trigon - Pressus - Oriscus ♦ Transformés: Liquescence |
Modalité grégorienne |
Répertoire grégorien |
Articles sur la musique sacrée |
Il y a pressus (du latin presso, pressare : presser, serrer) quand dans un groupe, la finale d'un neume est identique à l'initiale du suivant (lequel se prolonge vers le grave).
Graphiquement, le dernier point du premier neume est un peu raccourci (ou parfois, le premier point du second) pour ménager un petit intervalle avant la liaison.
[modifier] Pressus major et minor
La notation vaticane ne distingue pas le pressus autrement que par cette superposition, et tend à baptiser "pressus" toute superposition de ce type. En revanche, les neumes cursifs montrent que la note faisant pressus est nettement différenciée, que ce soit dans la graphie de St Gall où elle correspond à l'extrêmité en forme de tilde, ou dans celle de Laon
où le "tilde" se prolonge en forme de "m" minuscule.
La nomenclature traditionnelle distinguait entre le pressus major et le pressus minor, qui ne sont à vrai dire que deux manière de voir l'articulation. Dans la superposition de deux clivis formant pressus, on peut analyser la situation comme le fait plus volontier St Gall, par une virga suivie d'un pressus major (comprenant la hampe), ou comme le fait presque systématiquement Laon, par une cliva suivie d'un pressus minor.
[modifier] Interprétation rythmique
Le pressus est toujours un temps fort du groupe neumatique dans lequel il apparaît. L’interprétation d’un pressus est en tout état de cause d’allonger la note ainsi doublée. Il ne s’agit pas simplement d’allonger un son, ce qui peut être marqué par des épisèmes ou des lettres complémentaires, mais bien de donner à l’intérieur de cet allongement l’idée d’une articulation. Le pressus doit résoudre une configuration paradoxale : l’unité graphique de chaque neume reflète une unité et un lié dans l’exécution, donc a contrario une distinction d’un neume à l’autre ; alors que la superposition des hauteurs implique une certaine idée de fusion.
La manière de l'interpréter est problématique, et conduit à des interprétations divergentes:
- Pour les recommandations primitives de Solesme (que l'on trouve dans le "paroissien" n°800), le pressus reçoit toujours l'ictus sur sa première note, le pressus lui-même (superposition de deux notes simples) étant simplement un temps double non différencié.
- Dans une interprétation plus conforme à l'étymologie et à la notation cursive, le pressus est rendu par une répercussion faite sur la deuxième note, à la suite d'une première note faible (en tant que finale du neume précédent). La répercussion (similaire à celle des strophae) conduit à un rythme syncopé, l'accent (d'attaque et d'intensité) n'étant mis qu'au deuxième temps de la rencontre.
L'interprétation d'un pressus tombe facilement dans des excès, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Son interprétation rythmique est celle qui correspond à la bonne élocution du mot "véhément":
- Un simple alongement de la syllabe, qui donnerait "veeement" ne marque pas suffisamment la distinction entre les deux neumes.
- Un coup de glotte, qui donnerait "vé-'ément", serait inversement trop brutal.
- La répercution entre les deux syllabes de "véhément", similaire à celle du pressus, doit maintenir l'équilibre entre une idée de séparation des syllabes et d'unité de l'élocution: il n'y a pas d'interruption verbale, mais la deuxième syllabe est marquée par un accent que la première n'a pas.
[modifier] Interprétation mélodique
Quand un pressus de rencontre se situe au-dessus d'un demi-ton, sur une corde Do ou Fa, il est fréquent d'observer des variantes où la première note de la rencontre a baissé d'un demi-ton: au lieu d'un Ré-Do+Do-Si on trouvera ailleurs Ré-Si+Do-Si.
Cette hésitation suggère que la première note du pressus pouvait être marquée d'un certain fléchissement de la voix, avant que la seconde ne soit réaffirmée sur une ligne mélodique plus ferme.
S'il existe un tel effet, il reste du domaine de la nuance. En revanche, cette hésitation confirme l'idée que l'accent naturel du pressus tombe sur la deuxième note. La répercution que cet accent implique est avant tout un accent d'intensité, mais peut également conduire à une variation de tension dans la hauteur, qui correspondrait à cette hésitation dans la transcription mélodique. Cette hésitation mélodique montre aussi a minima qu'il n'est pas possible d'interpréter le pressus comme un simple doublement de la note: il y a une différence perceptible dans le passage de l'une à l'autre, que cette différence soit dans l'intensité ou dans la hauteur.
![]() |
Portail de la musique classique – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la musique classique. |