Prosper Brugière de Barante
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Amable Guillaume Prosper Brugière, baron de Barante, est un historien, publiciste, et homme politique français, né à Riom (Puy-de-Dôme) le 10 juin 1782 et mort au château de Barante à Dorat (Puy-de-Dôme) le 22 novembre 1866.
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[modifier] Biographie
Issu d'une noble famille auvergnate, Prosper de Barante fut admis à l'École polytechnique en 1798 et débuta sa carière dans l'administration à Carcassonne (1800), où son père, Claude Ignace Brugière de Barante (1745-1814), était le premier préfet de l'Aude. Surnuméraire au ministère de l'Intérieur en 1802, il collabora au Publiciste et à la Décade philosophique, avant d'être admis comme auditeur au Conseil d'État (12 mars 1806).
Envoyé extraordinaire en Espagne (9 août 1806), intendant à Dantzig (8 novembre 1806), il fut chargé d'une mission à Varsovie le 9 décembre de la même année. Nommé sous-préfet de Bressuire (8 juillet 1807), il fut souvent reçu au château de Clisson, à quelques kilomètres de sa résidence, par la marquise de La Rochejacquelein dont il recueillit les souvenirs sur les guerres de Vendée, qu'il publia en 1814 sous le titre de Mémoires de la marquise de La Rochejacquelein.
Nommé préfet de la Vendée le 1er février 1809, il épousa le 26 novembre de la même année la très belle Césarine d'Houdetot (1794-1877), pour qui Charles de Rémusat avait brûlé naguère, et qui était la petite-fille de la comtesse d'Houdetot, l'amie du poète Saint-Lambert. Ils eurent un fils, Prosper Claude Ignace Constant Brugière de Barante (1816-1889), qui sera préfet de l'Ardèche en 1845, député sous le Second Empire et sénateur sous la Troisième République.
La même année, Barante publia anonymement son Tableau de la littérature française au XVIIIe siècle, qui eut de nombreuses éditions et lui valut notamment les plus grands éloges de Mme de Staël : il s'y efforce de relier l'évolution de la littérature à celle des mœurs. Préfet de la Loire-Inférieure le 12 mars 1813, il se maintint à ce poste jusqu'au 20 mars 1815, et donna alors sa démission par respect pour son serment.
En 1810, Barante rencontra, par l'intermédiaire de Suard, dont son père fréquentait le salon, le jeune François Guizot, qui devait devenir l'un de ses meilleurs amis pour le restant de sa vie.
Après la Seconde Restauration, il fut nommé par Louis XVIII conseiller d'État et secrétaire général du ministère de l'Intérieur, et assura même l'intérim du ministre de l'Intérieur jusqu'à l'arrivée du comte de Vaublanc (1815). Il fut alors nommé directeur général des contributions indirectes, fonctions qu'il occupa pendant quelques années.
Élu député le 22 août 1815 dans deux départements, la Loire-Inférieure (79 voix sur 156 votants et 215 inscrits) et le Puy-de-Dôme (145 voix sur 226 votants et 287 inscrits), il siégea avec la minorité libérale dont les chefs étaient Royer-Collard et de Serre. Lors de la séance du 28 novembre, il protesta contre la proposition de Jean-Guillaume Hyde de Neuville tendant à réduire le nombre des tribunaux et à supprimer l'institution royale des juges. Devenu inéligible par suite de l'ordonnance royale du 5 septembre fixant à 40 ans l'âge d'éligibilité, Barante siégea à la Chambre des députés comme commissaire du gouvernement. Le 25 novembre, c'est en cette qualité qu'il soutint la discussion du budget et remit en vigueur la législation sur les contributions indirectes, abrogée sous les Cent-Jours. Il prit la parole dans la discussion de la loi Gouvion-Saint-Cyr sur le recrutement de l'armée, et fit voter le monopole des tabacs.
Élevé à la dignité de pair de France le 5 mars 1819, il continua de défendre ses idées libérales et prit place dans les rangs de l'opposition comme l'un des principaux orateurs des doctrinaires. Il monta à la tribune dans la discussion de la loi destinée à réprimer les crimes et délits commis par voie de presse, pour déclarer qu'à son sens, les articles 6 et 7 de la Charte ne devaient pas être entendus comme donnant à la religion catholique une situation privilégiée.
Le ministère de réaction qui succéda au ministère Decazes le 17 février 1820 élimina Barante du Conseil d'État et lui offrit en compensation l'ambassade du Danemark, qu'il refusa. Il se livra alors entièrement à ses travaux historiques, tout en s'associant, à la Chambre des pairs, à l'opposition de la minorité à tous les ministères de la Restauration à l'exception de celui de Martignac.
Il commença en 1824 la publication de son Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois (1824-1826, 13 vol. in-8). Cet ouvrage, qui eut un grand succès et connut de nombreuses éditions, lui valut d'être élu membre de l'Académie française au fauteuil 33 en 1828. Ouvrage remarquable par ses qualités narratives et de style, caractéristique de l'école historique romantique, il pêche par son manque de recul critique et de rigueur scientifique, qu'avoue d'ailleurs sans détours l'épigraphe : Scribitur ad narrandum non ad probandum (Ce livre est écrit pour raconter une histoire, pas pour la démontrer).
Avec l'avènement de la monarchie de Juillet, Barante vit s'accomplir son idéal politique. Il soutint constamment la majorité ministérielle et fut envoyé comme ambassadeur à Turin en octobre 1830 et à Saint-Pétersbourg en 1835. Il fut fait grand croix de la Légion d'honneur. La Révolution de 1848 l'éloigna définitivement de la vie publique.
[modifier] Œuvres
- Tableau de la littérature au XVIIIe siècle, 1809 ; 8e éd., 1857, in-18
- Traduction des Œuvres dramatiques de Schiller, précédée d'une Notice, 1821, 6 vol. in-8
- Des communes et de l'aristocratie, 1821
- Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1824-1826, 13 vol. in-8 ; 8e éd. 1858, 8 vol. in-12 avec atlas
- Questions constitutionnelles, 1850
- Histoire de la Convention, 1851-1853, 6 vol. in-8
- Histoire du Directoire, 1855, 3 vol. in-8
- Etudes historiques et biographiques, 1857
- Discours, 1861, 2 vol. in-8
- Vie politique de Royer-Collard, 1861
- Mélanges historiques et littéraires
- des brochures politiques
- Souvenirs, publiés par son petit-fils Claude de Barante, Paris, Calmann Lévy, 1890-1897, 6 vol.
[modifier] Références
[modifier] Bibliographie
- Antoine Denis, Amable-Guillaume-Prosper Brugière de Barante (1782-1866) : homme politique, diplomate et historien, Paris, Champion, 2000
[modifier] Source
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, Paris, Dourloton, 1889
- « Prosper Brugière de Barante », dans Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, 2 volumes [détail édition](Wikisource)
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