Psychanalyse des enfants
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La psychanalyse des enfants, soit la possibilité de faire bénéficier un enfant des bénéfices de la cure psychanalytique, émergea tardivement. Elle influença tant la compréhension, voire la pratique de la psychanalyse de l'adulte que la conception culturelle de l'éducation.
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[modifier] Histoire
[modifier] Prémices
La psychanalyse des enfants sembla d'abord impossible aux psychanalystes. La question n'est pas réellement traitée du temps de Freud sauf dans son récit de la cure du petit Hans, même si celui-ci aborde l'infantile dans l'adulte, théorisant par exemples les stades sexuels précoces. Sandor Ferenczi plus que Freud posera les premières briques d'une interprétation analytique de la vie psychique de l'enfant.
Hermine von Hug-Hellmuth a, la première, pensé l'intérêt du jeu dans la psychanalyse. Elle aborda des questions comme celles de l'analyste se déplaçant chez son patient enfant. Cette psychanalyste reste cependant peu connue, par exemple parce qu'elle publia un livre - soi-disant le journal qu'elle aurait reçu d'une petite fille, mais qu'elle avait en fait écrit elle-même.
Le point décisif viendra cependant plus tard, lors de la controverse entre Anna Freud et Mélanie Klein. Leur débat commence plus tôt, mais deviendra réellement houleux à partir de l'émigration de Sigmund et Anna Freud à Londres, en 1938, ce qui, suite également à la moré du fondateur de la psychanalyse en 1939, provoquera les grandes controverses. Cette controverse est maintenant surmontée sur de nombreux points. Elle représentait les extrêmes d'un débat entre primauté de l'adapation comme but et celle de la valeur de l'intrerpétation comme facteur thérapeutique.
[modifier] Grandes controverses
La psychanalyse des enfants se heurte à la définition même du transfert, soit la réedition de relations infantiles. Ce point central, tant débattu, amène la psychanalyse à réinterroger sa pratique.
Ces grandes controverses ont donc lieu à partir de la fin des années 30 et se poursuivent dans les années 40, au sein de la BPS (British Psychoanalytical Society). Elles commencent sous les bombes et aboutiront à la formation de trois grands groupes.
Mélanie Klein, quant à elle, analysée par Sándor Ferenczi, et s'inspirant également des travaux de Karl Abraham, sera conduite à postuler des positions psychiques très précoces, décelant le nourrisson dans l'enfant à partir de mouvements transférentiels justement très — trop — marqués chez l'enfant. Le deuxième grand groupe se constitue donc des kleiniens.
Enfin, le troisième groupe, les indépendants ou encore middle group, ne prend pas directement parti.
[modifier] Développement
La psychanalyse des enfants sera par la suite vouée à se développer, intéressant par exemple le pédiatre Donald Winnicott . Dans certains services hospitaliers, pédiatres et psychanalystes se mettront à collaborer.
Aujourd'hui la plupart des psychanalystes considèrent comme valable la psychanalyse de l'enfant, par exemple dans leur cursus de formation.
[modifier] Le débat
Anna Freud note quatre points de la psychanalyse classique :
- reconstruction du passé (s'appuyant sur la mémoire du patient) ;
- interprétation des rêves ;
- association libre ;
- interprétation du transfert.
Pour Anna Freud, ces quatre points seraient impossibles dans la psychanalyse de l'enfant. L'enfant est dépendant des parents et ne pourrait développer de transfert. Il faudrait donc modifier la méthode, la mâtinant de pédagogie.
Mélanie Klein réfuta ces quatre points et propose elle, en utilisant le dessin au lieu du rêve, d'appliquer à la psychanalyse des enfants les mêmes principes qu'avec les patients adultes. Il ne s'agit cependant pas de prendre la psychanalyse de l'adulte mais bien d'apprendre à travailler avec l'enfant, ce qui permet la formation d'une complète névrose de transfert.
Cette controverse va de pair avec d'autres différents théoriques. Anna Freud, analysée par son père, sera donc à l'origine de l'annafreudisme , premier grand groupe de la BPS. Ce groupe fut le point de départ de l'egopsychology de par son intérêt envers la fonction d'adaptation du Moi.
[modifier] Buts
La psychanalyse s'intéressa d'abord à l'enfant dans l'adulte. Par exemple Freud théorise des stades de développement psychosexuels et Ferenczi questionne la figure du nourrisson savant. (C'est d'ailleurs Ferenczi qui conseille à Melanie Klein de s'engager dans la psychanalyse des enfants.)
Les psychanalystes précurseurs espéraient pour certains éviter aux futurs adultes la névrose, alors pensée comme le résultat d'une éducation problématique.
L'enjeu de la psychanalyse de l'enfant ne saurait se situer dans l'éducation d'hommes non névrosés. L'analyse des enfants amena une nouvelle compréhension de la différence entre infantile et enfance. Elle produisit de nouvelles théories sur la vie psychique des origines, qu'il s'agisse de la position paranoïde-schizoïde chez Melanie Klein, de la régression environnementale chez Winnicott ou encore du processus originaire chez Piera Aulagnier. Les effets de l'abandon, des séparations précoces ont fait l'objetc d'études de psychanalystes comme René Spitz, en France Myriam David entre autres. La question du rapport de l'enfant à son corps, plaisirs, douleurs et maladies a été particulièrement investiguées par des analystes comme Michel Fain, Léon Kreisler, Michel Soulé dans leur approche psychosomatique.
[modifier] Enfant et infantile
Si la psychanalyse révèle l'infantile dans l'adulte, et questionne la fixation au trauma sexuel, la psychanalyse de l'enfant pose plusieurs questions. Lesquelles ?
[modifier] Psychanalyse d'enfants et d'adultes
Les techniques de la psychanalyse d'enfants sont pour certaines applicables à la psychanalyse de l'adulte, ce sur quoi Ferenczi fonda précocément une part de sa pratique clinique. La conception du jeu en émergea et ne cessa depuis de se développer.
[modifier] Spécificités de l'analyse d'enfant
Comme la psychanalyse de l'adulte, celle de l'enfant pose des questions comme la fréquence de l'interprétation - faut-il par exemple interpréter d'emblée le transfert négatif ? La psychanalyse de l'enfant a cependant sa particularité. Elle soulève des problèmes inédits tels que :
- la connaissance que le psychanalyste a de l'enfant ;
- l'impossibilité d'éviter le contact avec l'entourage ;
- l'inévitable recours à l'encouragement, la pédagogie ;
- la massivité (et la rapidité) des mouvements transférentiels.
La place des parents y est importante. Par exemple les parents seront les auteurs de la demande de psychanalyse et ils devront assurer une partie du respect du cadre.
[modifier] Influences
- La psychanalyse de l'enfant inspirera la psychologie du développement.
- Les théories de psychanalystes, commme Bruno Bettelheim ou, en France, Françoise Dolto pour les plus connues du grand public mais aussi Myriam David, René Spitz, John Bowlby, Margaret Mahler, Esther Bick et bien d'autres inspireront directement ou indirectement des pratiques psychothérapeutiques et éducatives.
- Si la naissance de la psychanalyse de l'adulte rencontre une psychiatrie déjà porteuse de premiers résultats, la psychanalyse de l'enfant émerge au même moment que la psychiatrie de l'enfant.
- En France, en Suisse et en Grande-Bretagne, le développement de la psychanalyse des enfants a généré de grands progrès dans la psychiatrie de l'enfant (pédopsychiatrie), la psychologie et les psychothérapies jusqu'à parfois se confondre l'un l'autre. Tous les domaines de la psychopathologie de l'enfant ont été envisagés, des psychoses infantiles, des autismes, des cas-limites, aux troubles primaires de la relation parents-enfants et des maladies psychosomatiques, en passant par les névroses, les phobies, etc.
Aujourd'hui encore la classification française des maladies mentales, CFTMEA, est parmi les classifications psychiatriques françaises la plus proche de la psychopathologie psychanalytique.
[modifier] Bibliographie
- Sandor Ferenczi, Confusion de langue entre les adultes et l'enfant. Le rêve du nourrisson savant et extraits du journal clinique , avec une préface de G. Harrus-Révidi, Payot-Poche ISBN 2228899186
- Sigmund Freud, Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans : Le Petit Hans(1909), éd. PUF, 2006, ISBN 2130516874
- Anna Freud : Le Traitement psychanalytique des enfants, éd. Presses Universitaires de France, 2002, ISBN 2130527264
- Hermine von Hug-Hellmuth, Essais psychanalytiques, Payot, 1991, ISBN 2228884510
- Ph. Aries, B.Cramer, G. Delaisi de Parserval, R. Diatkine, André Green, M. Khan, et coll : L'enfant, 2001 Folio, essais poche (reprise de la Nouvelle Revue de Psychanalyse 1979)
- René Diatkine avec Janine Simon, La psychanalyse précoce : Le processus analytique chez l'enfant, éd. PUF-Quadrige, 2005, ISBN 2130551009
- Melanie Klein,La psychanalyse des enfants, PUF, 2004 (ISBN 2130544436)
- Serge Lebovici, René Diatkine, Michel Soulé : Nouveau traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent en 4 volumes, éd. PUF-Quadridge, 2004, ISBN 2130545572
- Michel Soulé, Histoire de la psychiatrie infantile, éd. Erès, 2006, ISBN 274920576X
- Léon Kreisler,L'enfant et son corps : études sur la clinique psychosomatique du premier âge, éd. Presses Universitaires de France, 1999, ISBN 2130400183
- Juan Manzano, René Henny, Paul Denis (psychanalyste), et coll., L'interprétation en psychothérapie psychanalytique d'enfants et d'adolescent, éd. Médecin et Hygiène, 1997
- Cléopâtre Athanassiou, L'enfant et la crèche, éd. Césura, Lyon, 2000, ISBN 290570909X
- Claudine Geissmann et Pierre Geissmann, Histoire de la psychanalyse de l'enfant : mouvements, idées, perspectives, Bayard, Paris, 2004