Règle des trois unités
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La règle des trois unités est un ensemble de lois élaborées en France tout au long du XVIIe siècle, formulée explicitement pour la première fois par l'Abbé d'Aubignac. Régentant une bonne part du langage théâtral de l'époque, ces règles devinrent une des caractéristiques de ce qu'on appela plus tard le théâtre classique. Ces règles sont basées sur la notion de vraisemblance.
Sommaire |
[modifier] La vraisemblance
« Il est évident que l'œuvre du poète n’est pas de dire ce qui est arrivé, mais de dire ce qui aurait pu arriver, ce qui était possible selon la nécessité ou la vraisemblance. », La Poétique, Aristote.
Comme la raison doit l’emporter, il est nécessaire, pour de nombreux théoriciens, que les pièces de théâtre montrent des événements vraisemblables. Le vrai est l’objet d’études de l’historien, le vraisemblable est celui du poète et du dramaturge. Boileau souligne même que « le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable ». Cette vraisemblance n’empêche donc pas l’intervention du surnaturel (intervention des dieux, par exemple). Il faut surtout que les personnages agissent conformément à l'image que se fait le spectateur du personnage. Il est, en effet, important de respecter les histoires bien connues du public.
L'importance de cette crédibilité renvoie au but de la tragédie classique. Le théâtre a une fonction moralisatrice. À travers les exemples montrés sur scène, le spectateur doit pouvoir purifier ses mœurs. Mais si la crédibilité n’est pas présente, le spectateur ne pourra s’associer à la purification des passions qu’il voit sur scène. Le spectateur doit être touché. La vraisemblance est ainsi liée à une notion morale.
La règle des trois unités permet au dramaturge d'établir cette vraisemblance. Ce qui conduira Corneille à introduire, dans L'illusion comique, un personnage de magicien pour pouvoir changer plusieurs fois de décors et d'époque sans réellement changer d'endroit. Ainsi les unités de lieu et de temps étaient apparemment respectées : le spectateur pouvait croire aux métamorphoses spatiales et temporelles puisque sur scène elles-mêmes n'étaient qu'illusions.
[modifier] Les trois unités
Boileau résume en vers ces contraintes :
- Qu'en un jour, qu'en un lieu, un seul fait accompli
- Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
- Unité de temps
- L’action ne doit pas dépasser une « révolution de soleil » (Aristote) (de 12 à 30 heures selon les théoriciens)
- Unité de lieu
- Toute l'action doit se dérouler dans un même lieu (un décor de palais pour une tragédie ou un intérieur bourgeois pour une comédie)
- Unité d'action
- Tous les événements doivent être liés et nécessaires. Une intrigue principale doit avoir lieu du début à la fin de la pièce. Les actions accessoires doivent contribuer à l’action principale. L'œuvre ne doit donc contenir qu'une seule intrigue majeure.
[modifier] Rôles de la règle des trois unités
Cette règle avait pour but de ne pas éparpiller l'attention du spectateur avec des détails comme le lieu ou la date, l'autorisant à se concentrer sur l'intrigue pour mieux le toucher et l'édifier. Elle permettait à la fois de respecter la bienséance (et ainsi ne pas choquer le spectateur) et de donner un caractère vraisemblable aux faits représentés.
[modifier] Contestations
Mareschal et Scudéry ne veulent pas de ces "étroites bornes" du lieu, ni de celles du temps, ni de celles de l'action.
Des auteurs comme Pierre Corneille ont pris des libertés dans le respect de ces règles. L'illusion comique, où l'action semble se dérouler en plusieurs lieux et en plus de vingt-quatre heures, en est un bon exemple.
[modifier] Théoricien
- La Ménardière avec une Poétique parue en 1639
- François Hédelin avec sa Pratique du théâtre publiée en 1657
- Pierre Corneille avec le discours sur les trois unités publié en 1660
- Gérard Genette avec l'article «Vraisemblance et motivation» dans son Figures II publié en 1969
Tous les théoriciens s'inspirent d'Aristote.