Tant qu'il y aura des hommes
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Tant qu'il y aura des hommes (From Here to Eternity) est un film américain en noir et blanc de Fred Zinnemann, réalisé en 1953. Ce film a reçu huit Oscars et cinq autres nominations pour des Oscars. Il est désigné par la « Bibliothèque du Congrès » des États-Unis (Library of Congress) comme film « culturellement significatif » et a donné lieu à une série télévisuelle en 1979 aux États-Unis avec Natalie Wood.
Fred Zinnemann, le réalisateur du Train sifflera trois fois (High Noon, 1952) signe ici un film âpre et direct en forme de réquisitoire contre les mœurs brutales et le délabrement moral des institutions militaires. Baignant dans un climat de perplexité morale digne d’un « film noir », la mise en scène de Fred Zinnemann, solide et soignée, s’appuie sur l’efficacité du scénario de Daniel Taradash (tiré du roman éponyme de James Jones, paru en 1952), sur la grisaille mate de son noir et blanc et sur une distribution d’acteurs et actrices riche et judicieuse.
Ce roman est l’un des rares sur la vie à Pearl Harbor au début des années 1940, avec ses garnisons et ses bordels.
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[modifier] Synopsis
1941. Récemment transféré à la caserne de Schofield dans les îles Hawaii, Robert Lee Prewitt (Montgomery Clift), ancien boxeur, est sollicité par le capitaine Holmes pour remonter sur le ring afin de défendre l'honneur du régiment et favoriser la propre promotion du capitaine. Mais Prewitt, qui a rendu un homme aveugle lors d'un précédent combat, refuse et va faire l'objet de constantes brimades et humiliations dans cette base où les déchirements et les rencontres amoureuses vont prendre toute leur symbolique la veille de l'attaque aéronavale japonaise sur Pearl Harbor.
La vie en caserne et les destins entrecroisés des soldats soumis au despotisme des sous-officiers sadiques et à l'indifférence des officiers. Les scènes de la vie militaire se déploient au pire avec ses mesquineries et au meilleur avec ses camaraderies.
[modifier] Commentaire
- Perspectives sociologique et psychologique
Un concentré amplifié de la société civile, la vie militaire est un refuge pour certains et un ascenseur social pour d’autres. Espace clos avec ses propres règles et sa propre justice de la loi martiale et de la cour martiale, la vie militaire est aussi le lieu de l’exploitation et de l’oppression par l’hyper-structuration de toute activité dans l’idéologie du maintien de la loi et de l’ordre.
Pour les uns, la vie militaire est la vie familiale et la structure physique, psychique et sociale qu'ils n'ont pas eue. Pour les autres, la vie militaire est le sentier vers un statut social honorable.
Justice a été rendue finalement par la condamnation du capitaine Holmes, non pas pour abus de pouvoir, mais pour avoir failli au premier devoir de tout officier qui est de veiller au confort et à la sécurité de ses hommes.
Refusant de boxer pour défendre les couleurs de son régiment, le soldat Robert Lee Prewitt (Montgomery Clift), boxeur et premier clairon, est exposé à toutes les brimades, sous l’œil complaisant d’un capitaine incompétent, Dana Holmes (Philip Ober), qui aspire à sa propre promotion par des intrigues de salon et par la victoire de son équipe au championnat régimentaire de boxe.
Le sergent Milton Warden (Burt Lancaster), homme juste, compétent et dévoué à ses hommes, amant de Karen Holmes (Deborah Kerr), l’épouse du capitaine Holmes, admire sans la comprendre l’obstination de Prewitt. L’ancien poids moyen s’attire également la sympathie d’Angelo Maggio (Frank Sinatra), soldat râleur, insubordonné et porté sur la boisson. Interné en camp disciplinaire pour avoir protesté contre les moqueries et les harcèlements du sergent « Fatso (gras double) » James Judson (Ernest Borgnine), Maggio finit par mourir des brutalités que lui inflige son geôlier, le même Judson.
Décidé à venger son ami, Prewitt poignarde Judson au cours d’un duel dans l’arrière-cour d’un bar à soldat. Grièvement blessé, il déserte et se réfugie chez Lorene (Dona Reed), sa maîtresse. Alors que l’aviation japonaise attaque Pearl Harbor, Prewitt tente de rejoindre clandestinement son unité pour combattre parmi ses camarades de fortune et d’infortune, mais il est abattu, par erreur, comme un vulgaire espion, dans la totale confusion après le raid aéronaval.
Film mythique par quelques séquentes fortes, comme le langoureux baiser qu'échangent Burt Lancaster et Deborah Kerr sur la plage durant leur bain de minuit qui en a fait fantasmer plus d'un, le solo de trompette sur l’air de « re-enlisted man » et la sonnerie au mort de Robert Lee Prowitt pour son copain Maggio.
En racontant les destins entrecroisés de quelques soldats sur une base militaire à Honolulu à la veille du bombardement japonais de Pearl Harbour en décembre 1941, Fred Zinnemann – Le Train sifflera trois fois (High Noon), Chacal (The Day of the Jackal), Un homme pour l'éternité (A Man for All Seasons) – emporte le plus gros succès artistique et commercial de sa carrière.
Injustement taxé de « ragoût humaniste » ou stigmatisé pour le classicisme de sa mise en scène, Tant qu'il y aura des hommes fait bien partie de la légende du cinéma hollywoodien. Outre la scène du baiser, le solo de trompette dans la boîte de nuit, le bombardement de Pearl Harbour, le destin absurde du personnage interprété par Montgomery Clift, ou l'épilogue poignant sur le bateau, restent gravés dans toutes les mémoires. Servi par une mise en scène sans faille de Fred Zinnemann, Tant qu'il y aura des hommes est également l'heureux résultat d'une astucieuse distribution à contre-emploi d’acteurs et actrices.
Frank Sinatra n'a peut-être jamais été aussi bouleversant, Ernest Borgnine aussi animal, Burt Lancaster aussi « glamour », Deborah Kerr aussi désirable et Montgomery Clift aussi tourmenté. Le film a remporté huit Oscars en 1953 dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs seconds rôles à Frank Sinatra et Donna Reed.
[modifier] Fiche technique
- Titre français : Tant qu'il y aura des hommes
- Titre original : From Here to Eternity
- Réalisation : Fred Zinnemann
- Scénario : Daniel Taradash, d'après le roman de James Jones
- Musique : George Duning
- Chansons : Paroles de Robert Wells
- Directeurs de la photographie : Burnett Guffey, Floyd Crosby
- Directeur artistique : Cary Odell
- Décorateur : Frank Tuttle
- Costumes : Jean Louis
- Ingénieur du son : Lodge Cunningham
- Monteur : William A. Lyon
- Production et distribution : Columbia Pictures (États-Unis)
- Dates de tournage : De mars à juin 1953
- Tournage extérieur : Hawaii
- Format : Noir et blanc - 1.37:1 - Son monophonique (Western Electric Recording) - 35 mm
- Genre : Drame, film de guerre
- Durée : 118 minutes
- Date de sortie : 25 mars 1954 en France
[modifier] Distribution
- Burt Lancaster : Le sergent Milton Warden
- Montgomery Clift : Robert Lee Prewitt
- Deborah Kerr : Madame Karen Holmes
- Donna Reed : « Lorene », Alma Burke
- Frank Sinatra : Angelo Maggio
- Philip Ober : Le capitaine Dana Holmes
- Mickey Shaughnessy : Le sergent Leva
- Harry Bellaver : Mazzioli
- Ernest Borgnine : « Fatso », le sergent James R. Judson
- Jack Warden : Buckley
- John Dennis : Ike Galovitch
- Merle Travis : Sal Anderson
- Tim Ryan : Pete Karelsen
- Arthur Keegan : Treadwell
- Barbara Morrison : Madame Kipfer
[modifier] Distinctions
- 1953 : Meilleur film au New York Film Critics Circle Awards.
- 1954 : Oscar du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure image, meilleur son, meilleur montage, meilleur acteur dans un second rôle, meilleure actrice dans un second rôle.
[modifier] Liens externes
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