Uraniborg
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Uraniborg (parfois orthographié Uranieborg ou Uranienborg) est le nom donné au palais et à l'observatoire de l'astronome danois Tycho Brahé situés sur l'île de Ven, dans le détroit du Sund (cette île aujourd'hui suédoise appartenait à l'époque au Danemark). Le palais était dédié à Uranie, la Muse de l'astronomie, Uraniborg signifiant « Le palais d'Uranie ». Il était à l'époque considéré comme le plus important observatoire d'Europe.
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[modifier] Histoire et construction
En 1576, de retour dans son pays natal après un voyage qui l'avait conduit de Francfort à Venise, Tycho Brahé avait semble-t-il décidé de quitter le Danemark pour s'installer à Bâle et y construire un observatoire. Le roi Frédéric II de Danemark, ami des sciences, que les premiers travaux de Brahé avait impressionné, offrit à ce dernier une petite île nommée Ven (Hven à l'époque), ainsi qu'une pension annuelle, afin de conserver à ses cotés son scientifique le plus éminent. Brahé détenait en outre l'autorité suprême sur Ven et percevait des revenus sur le travail des habitants de l'île, qu'il administra d'ailleurs comme un véritable dictateur. Le roi fera également construire à ses propres frais le palais, que Brahé baptisera Uraniborg, à charge ensuite pour ce dernier d'en payer les frais d'entretien et de fonctionnement. La construction s'échelonnera entre 1576 et 1580.
Le palais est construit sur le point le plus élevé de l'île, situé à environ 45 mètres au-dessus du niveau de la mer. Bien que relativement petit (le bâtiment principal mesurait environ 15 mètres de coté), ce luxueux palais richement décoré de peintures et de statues comprenait également les ateliers de construction des instruments inventés par Brahé, une imprimerie et un moulin à papier destinés à la publication de ses travaux, un laboratoire d'alchimie et des jardins agrémentés de nombreuses variétés d'herbes et de plantes. Des médicaments étaient semble-t-il également préparés au palais à partir de ces plantes. La structure du bâtiment sur plusieurs niveaux, ainsi que les nombreuses fenêtres très larges, les tours et les balcons, tenaient lieu d'observatoire astronomique. Le tout était ceint d'une muraille de 100 mètres de cotés environ.
Uraniborg devint rapidement un centre scientifique important et réputé, attirant les étudiants et les astronomes de toute l'Europe, Brahé ayant semble-t-il compté jusqu'à quarante collaborateurs simultanément. Peu de temps après le début de ses travaux de recherche, Brahé trouva son palais trop exigu pour contenir tous ses instruments, et le sol sablonneux sur lequel le palais était construit semblait trop peu stable par rapport à la précision recherchée pour ses mesures. Il fit donc construire en 1584 à 75 mètres environ du coté sud d'Uraniborg un observatoire astronomique enterré appelé Stjerneborg (« Palais des étoiles ») ; les instruments y sont installés dans des chambres souterraines dont seuls les toits, ou coupoles, dépassent du sol. Cet ensemble est constitué de multiples petites tours dont les fondations s'enfoncent profondément dans le sol jusqu'à atteindre la roche solide et stable. Les toits émergeants du sol pouvaient être ouverts voire même totalement démontés pour permettre les observations.
[modifier] Instruments et observations
L'observatoire ayant été construit plus de vingt ans avant l'invention de la lunette astronomique, les observations y furent menées sans l'aide d'aucun instrument optique. Avec l'aide de ses assistants et bénéficiant d'instruments qu'il ne cesse d'améliorer lui-même, il parvient cependant à mesurer la position des astres avec une précision encore jamais atteinte.
Les instruments conçus par Brahé étaient très imposants : de 2 à 2,5 mètres pour les plus grands, il les décrira plus tard dans son ouvrage Astronomiae instauratae Mechanicae, publié en 1598. Parmi ceux-ci, il fabrique des horloges graduées à la seconde, dont l’une qui mesure près d’un mètre de diamètre et qui possède 1 200 dents. Il est assisté dans sa tache par une équipe de vingt à trente collaborateurs s’occupant des observations ou des calculs.
L'ensemble de ces observations donnera entre autres naissance au catalogue d'étoiles le plus précis et complet de l'époque. Recensant 1005 étoiles avec une précision de l'ordre de la minute d'arc, il servira notamment de base à l'Uranometria de Johann Bayer publié en 1603. Johannes Kepler sera le premier à publier l'ensemble des observations de Brahé à Uraniborg sous forme de tables, dans ses Tabulae Rudolphinae en 1627.
Aucun des instruments de l'Uraniborg n'a survécu jusqu'à aujourd'hui, ceux-ci ayant probablement été détruit dans la période qui suivi l'invention de la lunette et du télescope, rendant ainsi les instruments d'observation à l'œil nu de Brahé dépassés et obsolètes.
[modifier] La destruction
Quelques temps après la mort de Frédéric II en 1588, Brahé perd le soutient de son successeur le roi Christian IV, et notamment la pension qui lui avait auparavant été octoyée. Il se révèle également être un bien piètre administrateur, d'une dureté abominable à l'égard des habitants de son île, monopolisant aveuglément les ressources de celle-ci pour Uraniborg. Tombé en disgrâce, il fait banqueroute et est contraint de quitter l'île de Ven et même le Danemark dans son ensemble en 1597.
Très tôt après le départ de Tycho Brahé, Uraniborg et Stjerneborg seront détruits par les habitants de l'île, les pierres étant récupérées pour la construction de divers bâtiments. En 1671, l'Académie des sciences de Paris envoie l'astronome français Jean Picard sur le site pour mesurer la latitude précise de l'observatoire, afin de valider certaines des observations de Brahé. Dans le rapport qu'il fit de son expédition en 1680, Le Voyage d'Uraniborg, Picard remarque avec dépit que seulement 75 ans après l'abandon du site si prestigieux, seule une partie en creux dans le sol permet de situer l'emplacement du Stjerneborg, et d'Uraniborg ne subsistent que des monticules rectilignes marquants l'emplacement des murs d'enceinte. Picard sera d'ailleurs obligé de creuser le sol pour trouver des traces des fondations du palais principal. À propos d'Uraniborg, Picard écrit dans son rapport :
- « Mais outre le déplaisir que j'eux d'être obligé de chercher Uraniborg à Uraniborg même, je ne pus voir sans quelque sorte d'indignation, que ce lieu fameux dont il sera parlé pendant qu'il y aura des astronomes, était rempli de vieilles carcasses d'animaux comme une infâme voirie. »
L'île de Ven est de nos jours située sur le territoire de la commune suédoise de Landskrona. Dans les années 1950, Stjerneborg fit l'objet de fouilles archéologiques qui permirent la restauration de l'observatoire. Celui-ci abrite désormais un musée et un centre multimédia retraçant l'histoire du site et celle de Tycho Brahé. Les jardins du palais font également partie d'un projet de restauration, essayant de retrouver les plantes cultivés à l'époque de Tycho Brahé pour les réimplanter sur le site.
[modifier] Voir aussi
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