Ève de Chièvres
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Ève de Chièvres était la fille de Guy de Chièvres, fils de Wauthier qui porta le titre de Pair de Hainaut en 1076, ce qui prouve l'importance du domaine. Guy de Chièvres épousa Ide de Hainaut († 1101), fille de Baudouin II de Hainaut, et mourut en 1127. Leur fille Ève (1115-1180) hérita du domaine. Ainsi la décrivait-on à l'époque :
- A Chierve avoit une pucèle
- Domisons ot nom, moult fut belle
- Ève eut trois maris.
Le premier, Gilles de Chin, est quasi légendaire : c'est lui qui fut vainqueur du célèbre dragon de Wasmes. Il mourut au siège de Roucourt en 1137.
Ève épousa alors son cousin Rasse VI de Gavre qui est lui aussi un des petit-fils de Wauthier de Chièvres. Ils eurent trois enfants. Le fils de l'un d'eux, Rasse VIII, fut un des signataires de la Charte-loi de 1194. Rasse VI mourut aussi lors d'un siège de Roucourt en 1148.
En troisièmes noces, elle s'unit à Nicolas III de Rumigny. Leur fils Nicolas IV est également signataire de la Charte-loi.
À la mort de Nicolas III de Rumigny (entre 1170 et 1175), Ève de Chièvres se retira à l'abbaye de Ghislenghien où elle décéda âgée de 65 ans.
L'abbaye de Ghislenghien, fondée en 1128 par sa tante Ide (épouse de Gossuin II de Mons) eut à plusieurs reprises les faveurs d'Ève de Chièvres. Elle lui fit des donations à la mort de ses maris : une partie de Gibecq et une partie d'Erbisoeul furent ainsi cédées pour le repos de leurs âmes.
Ève ne se contenta pas de ces libéralités envers les religieuses de Ghislenghien. A Chièvres même, elle fit ériger la léproserie, la chapelle Saint-Jean et celle de Notre-Dame-de-la-Fontaine.
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[modifier] Les fondations d'Ève de Chièvres
[modifier] La léproserie ou ladrerie
La léproserie, dont la chapelle est encore visible aujourd'hui, fut probablement fondée par Ève de Chièvres après la mort de Nicolas III de Rumigny (c. 1170).
Au Moyen âge, la seule mesure prophylactique contre la lèpre était d'isoler les malades. C'est au hameau appelé « la Neufville », hors des murs de Chièvres que la léproserie fut construite. On peut en voir la trace dans une bulle du pape Lucius III (1181-1185).
Il s'agissait d'un établissement de bâtiments assez vastes avec chapelle et cimetière, desservi par des religieux. La léproserie était encore en fonction en 1588. Elle fut transformée en ferme dès 1718.
La chapelle aujourd'hui visible est un édifice remarquable, à la nef romane (XIIe siècle) et au chœur gothique à l'axe légèrement décalé.
[modifier] La chapelle Saint-Jean
Elle fut également fondée par Ève de Chièvres dans la seconde moitié du XIIe siècle. Sa dotation fut faite en faveur de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui devint plus tard l'Ordre de Malte. Les biens de la fondation (terres labourables et prairies) étaient gérés par la Commanderie de Piéton.
Il est possible que la chapelle était accompagnée d'une maison et d'une Communauté d'Hospitaliers, mais aucun vestige ne subsiste.
[modifier] La chapelle Notre-Dame-de-la-Fontaine
Non loin du château, au bord d'une fontaine entre l'église et le marché, un sureau abritait une statue de la Vierge à la réputation miraculeuse.
Ève de Chièvres fit placer la statue dans une chapelle qu'elle fit ériger à la même époque.
Un pèlerinage important existait au Moyen âge dont il reste de nos jours la procession, instituée par Ève elle-même.
La Vierge de Chièvres était cause de guérisons miraculeuses de goutte, surdité, cécité, ... La chapelle était également une chapelle de répit où l'on exposait les enfants mort-nés et donc non baptisés. Au premier signe de « vie » (sans doute provoqué par la corruption du corps), on s'empressait de baptiser l'enfant avant de l'inhumer.)
Reconstruite en 1315 puis en 1326, agrandie en 1632, la chapelle Notre-Dame-de-la-Fontaine fut démolie à la Révolution française. Le bâtiment actuel fut érigé à la fin du XIXe siècle à l'initiative de l'abbé Victor Duray.
[modifier] L'hôpital Saint-Nicolas
Cet hôpital a d'abord été dédié à Notre-Dame-de-la-Fontaine. On y nourrissait les veuves, les orphelins, les pauvres et les pèlerins. On y soignait les malades.
Pour couvrir les frais d'exploitation, l'hôpital avait ses ressources propres. L'administration était aux mains de religieux sous l'autorité de l'évêque de Cambrai.
L'hôpital était situé extra burgum antiquum, c'est-à-dire hors des remparts, le long de la route Ath-Mons, aux environs du château d'eau actuel.
Il apparaît sur le plan de Deventer (XVIe siècle).