Antigone le Borgne
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Antigone le Borgne ou Antigonos Monophtalmos, en grec ancien Ἀντίγονος Μονόφθαλμος (384–301), général macédonien, fondateur de la dynastie des Antigonides.
[modifier] Biographie
Antigone Ier était un macédonien de grande famille, général et satrape sous Alexandre le Grand, qui joua un rôle important dans les guerres des Diadoques après la mort d'Alexandre. Il se proclama roi en 306 et fonda la dynastie des Antigonides.
Lieutenant d'Alexandre le Grand, il reçoit à sa mort, en 323, la satrapie de Pamphylie, de Lycie et de Haute-Phrygie. Peu satisfait de ce lot, il entra, avec son fils Démétrios Ier Poliorcète, dans la coalition contre Perdiccas, afin de tenter de reconstituer à son profit l'empire éclaté d’Alexandre, en combattant les autres diadoques, qui s'allient contre lui en 316.
Antigone fut nommé gouverneur de la Grande Phrygie en 333, et lors de la division des provinces qui suivit la mort d'Alexandre en 323, il reçut aussi la Pamphylie et Lycie de Perdiccas, régent de l'empire. Il encourut l'hostilité de Perdiccas en refusant d'aider Eumène à entrer en possession des provinces qui lui avaient été attribuées. Sa vie étant en danger il s'enfuit avec son fils Démétrios en Grèce, où il obtint le soutien d'Antipater, régent de Macédoine (321). Peu après la mort de Perdiccas en 321 entraîna une nouvelle division de l'empire. Antigone se vit confier le commandement de la guerre contre Eumène, qui avait rejoint Perdiccas contre la coalition d'Antipater, d'Antigone, de Ptolémée, de Cratère et des autres généraux. Eumène fut vaincu et forcé de se réfugier dans la forteresse de Nora en Cappadoce, et une nouvelle armée qui marchait pour lui venir en aide fut défaite par Antigone.
Polyperchon succéda à Antipater comme régent de l'empire en 319, au détriment de son fils Cassandre. Antigone résolut de s'instituer le maître de toute l'Asie mineure, et de concert avec Cassandre et Ptolémée d'Égypte, refusa de reconnaître Polyperchon. Il entama des négociations avec Eumène ; mais celui-ci resta fidèle à la maison royale. Réussissant à quitter Nora, il leva une armée, et forma une coalition avec les satrapes des provinces orientales. Antigone livra contre lui deux grandes batailles à Paraitacene en 317 et Gabiene en 316, à la suite desquelles Eumène finit par être livré par trahison à Antigone en Perse et mis à mort (316).
Antigone réclama de nouveau l'autorité sur la plus grande partie de l'Asie, saisit les trésors à Suse et entra à Babylone, dont Séleucos était gouverneur. Séleucos se réfugia auprès de Ptolémée et forma une ligue avec lui, Lysimaque et Cassandre (315) contre Antigone. En 314 Antigone envahit la Syrie, qui dépendait de Ptolémée, et assiégea Tyr pendant plus d'un an. Son fils Démétrios fut défait à la bataille de Gaza par Ptolémée en 312 et perdit la Babylonie.
Après que la guerre se fut continuée avec des fortunes diverses de 315 à 311, on conclut une paix, qui laissait provisoirement à Antigone le gouvernement de l'Asie mineure et de la Syrie. Cet accord fut bien vite violé sous le prétexte que dans certaines des villes grecques libres des garnisons avaient été placées par Antigone, et Ptolémée et Cassandre reprirent contre lui les hostilités. Démétrios Poliorcète, le fils d'Antigone, ravagea les possessions grecques de Cassandre Au début Ptolémée avait exécuté une descente réussie en Asie mineure et dans plusieurs îles de l'archipel ; mais à la fin il fut totalement défait par Démétrios à la bataille navale de Salamine.
Démétrios conquit Chypre en 306. Après sa victoire Antigone prit le titre de roi et accorda à son fils la même dignité, se posant ainsi comme l'héritier d'Alexandre. Il prépara alors une grande armée et une flotte formidable, dont il donna le commandement à Démétrios, et s'empressa d'attaquer Ptolémée dans ses propres possessions. Son invasion de l'Égypte, cependant, fut un échec ; il n'arriva pas à forcer les défenses de Ptolémée et fut obligé de se retirer. Démétrios en 305 essaya de réduire Rhodes, qui avait refusé d'aider Antigone contre l'Égypte. Le siège de Rhodes dura une année et se termina en 304 quand, devant une résistance obstinée, Démétrios fut obligé de signer un traité de paix dans les meilleures conditions qu'il put obtenir.
Les satrapes les plus puissants de l'empire, Cassandre, Séleucos, Ptolémée et Lysimaque, répondirent à la prise du titre royal par Antigone en se proclamant rois eux aussi. Antigone se retrouva bientôt en guerre contre tous les quatre, surtout parce que son territoire avait des frontières communes avec chacun d'eux. Il exigea de Cassandre la soumission sans conditions de la Macédoine. Séleucos, Lysimaque et Ptolémée joignirent leurs forces et l'attaquèrent. Il fut obligé de rappeler de Grèce Démétrios, bien qu'il y eût encore remporté succès sur succès, et se porta contre Lysimaque. L'armée du père et du fils fut défaite par les forces unies de Séleucos et de Lysimaque à la bataille décisive d'Ipsos en 301. Antigone lui-même y trouva la mort, frappé par un javelot dans la quatre-vingt-unième année de son âge. Sa mort mit fin à tous les plans qu'il avait pu avoir de réunir l'empire d'Alexandre. Aucun des vainqueurs ne réclama d'être placé au-dessus des autres, mais ils constituèrent au contraire des royaumes séparés. Le royaume d'Antigone fut divisé, la plus grande partie tombant entre les mains de Lysimaque (quasi-totalité de l'Asie mineure) et de Séleucos(territoires orientaux à L'euphrate et jouxtant les possessions de Lysimaque sur le continent asiatique)
Démétrios s'empara de la Macédoine en 294, et sa famille la conserva, jusqu'à ce qu'elle eût été conquise par la République romaine à la bataille de Pydna en 168.
[modifier] Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article en anglais : « Antigonus I Monophthalmus. »
[modifier] Bibliographie
- Olivier Battistini et Pascal Charvet (dir.), Alexandre le Grand, Histoire et dictionnaire, Laffont, collection « Bouquins », Paris, 2004 (ISBN 222109784X) ;
- Pierre Briant, Antigone le Borgne. Les débuts de sa carrière et les problèmes de l'assemblée macédonienne, Belles Lettres, 1989 (2e édition) (ISBN 225160152X) ;
- (en) N. G. L. Hammond et F. Walbank, A History of Macedonia, vol. 3, 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1988 (ISBN 0198148151) ;
- Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Seuil, collection « Points Histoire », Paris, 2003 (ISBN 202060387X).
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