Bresle
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Longueur | 68 km |
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Débit moyen | 7,2 m3.s-1 mesurés à la ville d'Eu |
Surface du bassin | 748 km2 |
Régime | pluvial océanique |
Se jette dans | la Manche |
Bassin collecteur | |
Pays | France |
Cours d'eau - hydrologie |
La Bresle[1] est un fleuve côtier du nord-ouest de la France, long[2] de 68 km, se jetant dans la Manche au Tréport, dont les eaux poisonneuses voient remonter saumons et truites de mer en grand nombre. Sa vallée verdoyante, moitié normande; moitié picarde, piquetée d'étangs, a longtemps servi de frontière entre des entités politiques puissantes et antagonistes. Aujourd'hui, elle est garante d'une tradition verrière, remontant au Moyen âge, qui en fait le premier pôle mondial du flaconnage de luxe.
Sommaire |
[modifier] Géographie
La Bresle prend sa source à Blargies, commune de l'Oise, à environ 200 mètres d'altitude et s'écoule vers le Nord-ouest à travers le plateau de Formerie jusqu'à sa confluence avec le Liger à Senarpont. Elle prend ensuite la direction Ouest - Nord-ouest, caractéristique des fleuves côtiers de Haute-Normandie. Sa vallée, encaissée dans la craie, dissymétrique, à fond plat, est, en aval, parsemée d'étangs et de marais. Le fleuve se ramifie alors en de nombreux bras (la Teinturerie et la Busine à Eu) avant qu'une partie de son cours ne soit canalisé entre Eu et Le Tréport.
Entre ces deux villes, la Bresle coule dans une large vallée herbeuse, large d'un kilomètre, encadrée de versants raides de 100 mètres de dénivellation, boisés et entaillés par des vallons secs. Cette vallée porte les traces de l'ancien cours du fleuve qui se jetait à Mers-les-Bains jusqu'au Moyen Âge (son ancien estuaire forme aujourd'hui la Prairie sur laquelle est édifiée une majeure partie de la petite ville de la Somme). Au XIIe siècle, la construction d'un canal reliant Eu à la mer provoqua le captage des eaux de la Bresle et amena son embouchure au Tréport.
[modifier] Hydrologie
Son débit, dans le cadre d'un régime typiquement pluvial océanique, ne dépasse pas 8 m³/s à l'embouchure (7,2 m³/s à Eu[3]). Les variations du module sont limitées; à Longroy (bassin versant[4] de 613 km²), pour un débit moyen de 6,02 m³/s, le maximum est atteint en février avec 7,29 m³/s, le minimum en septembre avec 4,73 m³/s[5].
Ses principaux affluents, cours d'eau de faible importance, sont (de l'amont vers l'aval) :
- le Ménillet (6 km) à Aumale en rive droite
- la Méline (10 km) à Vieux-Rouen-sur-Bresle en rive gauche
- le Liger (14 km) à Senarpont en rive droite
- la Fontaine Saint-Pierre (3 km) à Nesle-Normandeuse en rive gauche
- la Vimeuse (17 km) à Gamaches en rive droite
[modifier] Histoire
Depuis longtemps, le cours de la Bresle ( surtout dans sa partie inférieure ) a joué un rôle de frontière naturelle, ainsi il séparait les provinces romaines de Belgique et de Lyonnaise durant l'Antiquité, le comté de Ponthieu et le duché de Normandie lors du Moyen Âge, les généralités et intendances de Rouen et d'Amiens sous l'Ancien Régime. Depuis la Révolution, le fleuve délimite les départements de la Somme et de la Seine-Maritime, autrefois Seine-Inférieure, et ainsi, depuis les années 1950, les régions Picardie et Haute-Normandie.
Alors que l'Empire romain d'occident s'affaiblissait, vers l'an 460, Saint Germain dit l'Ecossais, venu du Cotentin, s'installa sur les bords de la Bresle entre Blangy-sur-Bresle et Aumale, désireux de convertir de nouvelles âmes. Le fleuve séparait encore les provinces de Lyonnaise et de Belgique, le territoire de cette dernière était, à cet endroit du cours, le domaine du franc Chuchobald, connu sous le nom du tyran Hubaud. Celui-ci menaca Saint Germain de mort s'il osait s'aventurer sur ses terres. Faisant fi des paroles du chef barbare, le saint homme franchit la Bresle et pénétra en territoire hostile. Un guerrier d'Hubaud le reconnaissant lui trancha la gorge de laquelle, selon une légende populaire, une blanche colombe sortit. Les habitants de la région récupérèrent le corps du malheureux, l'ensevelirent et un important pélérinage se développa en ces lieux[6].
Si la Bresle n'est plus navigable aujourd'hui, jusqu'au début du XXe siècle des navires de haute mer pouvaient remonter son cours jusqu'à Eu à 4 kilomètres de l'embouchure[7]; le trafic fut particulièrement important durant la Monarchie de Juillet lorsque Louis-Philippe Ier fit du château d'Eu une de ses résidences principales[8]. Le port se localisait près de l'actuel quartier de la gare, à la rencontre de la Bresle et d'un de ses bras, la Busine.
[modifier] Activités économiques
L’activité économique de la vallée de la Bresle (comprise entre Le Tréport et Aumale, soit une cinquantaine de kilomètres) se caractérise par une forte place de l’industrie. C’est en effet la première zone de Haute-Normandie pour la part de l’emploi dans ce secteur, qui regroupe 44% des salariés (en revanche, les activités tertiaires sont insuffisamment développées).
La vallée de la Bresle est surtout connue pour son activité verrière présente depuis le Moyen Âge; les premières mentions de cette dernière remontent à 1402[9]. A l'origine, les verreries se localisaient en lisière de la forêt d'Eu qui assurait l'alimentation en bois nécessaire pour le chauffage des fours et en fougères dont les cendres fournissaient la potasse indispensable à la fusion du sable. Elles étaient la propriété de gentilshommes verriers (le travail du verre étant considéré comme un art noble) qui s'étaient vu accorder ce privilège par les comtes d'Eu. Avec l'arrivée du chemin de fer au XIXe siècle[10] qui acheminait le charbon remplacant le bois, l'industrie du verre se déplaça dans la vallée.
Le pôle verrier de la vallée de la Bresle employait, en 2005, 7 100 personnes et réalisait un chiffre d'affaires de l'ordre de 500 millions d'euros. Il s'agit donc du premier pourvoyeur d'emplois du bassin en représentant plus de 65% des effectifs industriels (13% des effectifs du secteur au niveau national). Les six verriers de la région occupent une position de leader mondial sur le marché du flaconnage et fournissent près de 80% des flacons de parfum de haut de gamme dans le monde. La présence, sur le pôle, de grands groupes comme Saint-Gobain - Desjonquères, Pochet – Le Courval, Saverglass ou Alcan Packaging, qui employaient, toujours en 2005, à eux seuls plus de 4 000 salariés, contribue largement à son dynamisme et à sa renommée. Les plus importantes unités de production sont installées à Mers-les-Bains et Hodeng-au-Bosc[11]. Autour de la fabrication de verre creux (flacons de parfums), des activités connexes se sont développées telles que le parachèvement (finition et décor) et la fabrication des moules (métallurgie).
Les équipements mécaniques, la transformation des métaux, les équipements électriques et électroniques qui sont en recul assez net, la chimie, le caoutchouc et les plastiques ainsi que l’industrie agro-alimentaire constituent les autres sources d’emploi dans le domaine industriel. Les activités agricoles ne sont pas absentes, toutefois il existe une opposition entre la rive picarde qui se consacre davantage aux cultures industrielles (betteraves à sucre, pommes de terre) et la rive normande, plus spécialisée dans l'élevage bocager.
[modifier] Environnement
La Bresle est prisée des pêcheurs et naturalistes en raison de son patrimone piscicole et d'un paysage relativement préservés. Des dizaines d'étangs parsèment le fond de la vallée, lequel est encore localement préservé par un taux important d'enherbement et des linéaires boisés sur les plateaux ou pentes [12]. De nombreux poissons migrateurs considérés comme de bons bioindicateurs viennent encore y frayer, le fleuve est, avec l'Authie, l'un des rares cours d'eau de la Seine au Danemark à encore accueillir le saumon atlantique[13]. Y remontent chaque année de 1000 à 3000 truites de mer[14].. Néanmoins des migrateurs autrefois très communs tels que l'anguille y régressent de manière préoccupante, alors que la pêche à la civelle (jeune anguille) n'y est pas pratiquée[15]. Les impacts environnementaux de l'industrie et de l'urbanisation sont en diminution, mais les impacts de l'agriculture (engrais, pesticides) peuvent ajouter leurs effets aux pollutions des sédiments dus à l'ancienne industrie verrière ou metallurgique.
[modifier] Tourisme
Des musées, consacrés à l'activité verrière, ont été ouverts au public à Eu et à Blangy-sur-Bresle (au manoir des Fontaines). Les visiteurs peuvent découvrir l'histoire du verre et du flaconnage, les différentes étapes du travail du verre (de la matière première jusqu'à l'emballage), les outiles et machines actuels, des collections de flacons de parfum de luxe, et assister régulièrement à des démonstrations de soufflage de verre par des maîtres-verriers.
Le Chemin des étangs permet de parcourir, à pied[16] ou en vélo, la basse vallée de la Bresle entre Eu et Incheville. De nombreuses activités nautiques (voile, planche à voile, canoë...) peuvent être pratiquées sur les nombreux étangs qui jalonnent le cours du petit fleuve.
[modifier] Départements et principales communes traversés
- Oise (60) : Abancourt
- Somme (80) : Senarpont, Gamaches
- Seine-Maritime (76) : Aumale, Vieux-Rouen-sur-Bresle, Blangy-sur-Bresle, Incheville, Eu, Le Tréport.
[modifier] Bibliographie
- J.-C. Lecat, La région industrielle de la Bresle, Etudes normandes, n°222, 3ème trimestre 1969.
- Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, Ed. Bertout, Luneray, 2006 (ISBN 2867436230)
[modifier] Notes et références
- ↑ Avant de porter le nom de Bresle, le fleuve porta ceux de Breitzel, puis de Briselle.
- ↑ Fiche de la Bresle sur le site du SANDRE
- ↑ Voir ce site
- ↑ La superficie totale du bassin versant est de 748 km²
- ↑ Données hydrologiques de la station de Longroy
- ↑ Le sarcophage, ayant contenu les restes de Saint Germain, se trouve dans l'église de Saint-Germain-sur-Bresle. Informations extraites du guide de visite de l'église.
- ↑ Au XVIIIe siècle, le duc de Penthièvre, comte d'Eu, tenta de percer un canal parallèle à celui de la Bresle pour relier directement le château au port du Tréport mais son oeuvre ne fut pas achevée.
- ↑ Voir sur l'histoire de la ville d'Eu.
- ↑ Site sur l'industrie du verre dans la vallée de la Bresle
- ↑ La voie ferrée Paris - Le Tréport, qui emprunte la vallée de la Bresle, fut inaugurée le 1er juillet 1875.
- ↑ L'ensemble des données statistiques sont extraites d'un article du journal - Les Echos - édition du 7 juillet 2005.
- ↑ Le réseau Natura 2000 envisage de classer le cours de la Bresle comme Site d'Importance Communautaire
- ↑ Les dates d’ouverture peuvent en différer pour la rive gauche et la rive droite (projet d'harmonisation porté par le CSP)
- ↑ Voir également ce document sur la richesse halieutique de la Bresle
- ↑ Source : Affaires maritime/DIREN
- ↑ Propositions de randonnées dans la vallée de la Bresle
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