Charolaise
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La charolaise est une race bovine spécialisée pour la production de viande, à la robe blanche uniforme.
Elle est originaire des régions de Charolles (Saône-et-Loire) et de Nevers (Nièvre), et est aujourd'hui répandue dans toute la France et sur tous les continents.
La race est très anciennement connue, mais la sélection, avec création de livres généalogiques (herd-book), n'a commencé qu'au XIXe siècle.
Le marché de bestiaux de Saint-Christophe-en-Brionnais (se tenant tous les mercredis après-midi), est chargé de la commercialisation des bêtes en direction de l'Europe entière (plus particuliérement de l'Italie).
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[modifier] Caractéristiques
Les animaux sont de grand format (1 000 à 1 400 kg pour les mâles, 710 à 900 kg pour les femelles), à robe blanche uniforme, parfois légèrement crème.
C'est une race qui a une très bonne conformation bouchère. Elle est appréciée pour la faible teneur en graisse de la carcasse et pour la qualité de sa viande, persillée.
Les vaches sont appréciées pour leurs qualités d'élevage :
- fertilité et prolificité (106 pour 100 mises bas), taux élevé de naissance gemellaires
- bonne production laitière pour l'alimentation des veaux (la meilleure parmi les races à viande)
- très grande vitesse de croissance (jusqu'à 2,5 kg par jour)
- animal rustique, présentant une bonne adaptabilité à des conditions d'élevage variées, notamment un bon indice de prise de poids à partir de fourrages grossiers.
La sélection cherche à améliorer encore l'aptitude au vélage.
[modifier] Population
Le cheptel français de race charolaise comprend environ deux millions de vaches. Elle est présente dans pratiquement toutes les régions de France au nord d’une ligne Bordeaux-Gap, surtout dans sa région d'origine (Bourgogne) ainsi que dans l'Ouest (Vendée).
Exportée très tôt (dès 1879 en Amérique du Sud), on la trouve dans près de soixante-dix pays sur les cinq continents.
[modifier] Histoire
[modifier] Etymologie et légendes
Le nom de la charolaise vient de la bourgade de Charolles et plus largement des bocages du Charolais et du Brionnais entre la Loire et l’Arconce. La race s’est développée à partir de ce terroir mais aucune trace écrite ne permet d’affirmer qu’il s’agit au départ d’une souche locale.
Des légendes soutiennent qu’elle est venue d’Europe centrale avec les grandes invasions. D’autres indiquent qu’elle aurait été amenée dans la région par des maçons lombards venus, à la suite de Guillaume de Volpiano, construire les belles églises romanes du Brionnais et du Clunisois. Quant au révérend du Mesnil, il affirmait en 1891 qu’elle fut découverte en Orient, aux temps des croisades, et ramenée par les comtes de Damas, seigneurs de Semur. Ces trois hypothèses ne semblent reposer sur aucune certitude.
[modifier] La conquête de Paris
On sait, en revanche, que cette race bovine ne sera, des siècles durant, qu’un animal de trait dans une Bourgogne agricole aussi peu productive que les autres régions françaises, pratiquant deux cultures céréalières consécutives suivies d’une jachère alors que les céréales constituent l’essentiel de l’alimentation des ruraux qui forment encore 85% de la population en 1789. Les paysans les plus aisés font travailler des bœufs. Les autres utilisent des vaches qui fournissent également du lait et un veau par an.
Parce qu’ils disposent d’un bocage naturel dont les bailliages diffèrent du reste de la Bourgogne, le Charolais et le Brionnais développent l’élevage bovin dès le XVIIe siècle. En 1747, Émiland Mathieu, un fermier d'Oyé dans le Brionnais, décide de conduire un troupeau de bovins blancs jusqu’au marché aux bestiaux de Poissy en région parisienne alors que, jusque-là, le bétail allait à Lyon. Les bêtes sont convoyées à pied et cheminent dix-sept jours durant en passant par le Nivernais. Mais les voyages forment déjà la jeunesse car la lignée des Mathieu s’installera plus tard à Anlezy, dans l’actuel département de la Nièvre, où un premier enfant portant ce nom est baptisé en 1780. Sur ses nouvelles terres, cette famille démontre rapidement que l’on peut mieux vivre de l’élevage que de la production de céréales en choisissant d’entretenir les prairies naturelles et en semant des plantes fourragères.
[modifier] La conquête des continents
L’essaimage de la race charolaise est lancé, et le 1er avril 1884 est créé le Herd-Book des animaux de la race bovine charolaise améliorée dans la Nièvre et connue sous le nom de race nivernaise. Ce document, édité par "Fay père et fils, imprimeurs de la Préfecture", inscrit 145 animaux dont 124 sont blancs, 18 blanc froment et quatre jaunes. Trois ans plus tard naît à Charolles le Herd-book de la race bovine charolaise pure. Il faudra attendre 1920 pour opérer la fusion des deux livres généalogiques avec une race charolaise à la robe uniformément blanche ou quelques fois crème, sans tache.
Entre-temps, on tentera au cours du XIXe siècle des croisements avec la race anglaise durham en vue d’améliorer la qualité bouchère des bovins. Mais ce croisement produit des animaux moins rustiques, d’un entretien plus coûteux, d’une aptitude au travail en régression, sans compter une viande trop chargée de gras. De ce croisement non réussi, les éleveurs les plus pointus vont toutefois tirer une leçon : sélectionner en race pure les animaux dont la conformation favorise le gain de poids en viande.
Exportée dès le XIXe siècle, la race charolaise a toutefois pu servir dans de nombreux pays à améliorer les performances de races locales, les produits du croisement étant mieux adaptés au climat local, voire à créer de nouvelles races. C'est la cas du charbray aux États-Unis, issu du croisement de charolais avec un zébu (Bos indicus) de race brahmane, et du canchim au Brésil, également par croisement avec le zébu de race indubrazil.
[modifier] Gastronomie
En cuisine, Bernard Loiseau, le célèbre restaurateur de Saulieu, préfèrait la viande d’un bœuf charolais de trois ans, veinée de gras et persillée. "C’est le gras qui nourrit la viande, qui la rend moelleuse, juteuse, savoureuse. Il faut que les viandes soient rassises, qu’elles aient au moins trois semaines de maturation.", affirmait-t-il. Cette qualité est difficile à trouver dans la plupart des boucheries et grandes surfaces en dépit des progrès réalisés dans l’affichage des signes de qualité.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
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