Couleur 3
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Couleur 3 est la troisième station de radio publique de Suisse romande. Elle est spécialisée dans la musique pop-rock. Elle est basée à Lausanne. Ses émissions sont totalement dépourvues de publicité. En France, il est possible de l'écouter en modulation de fréquence (FM) sur Grenoble, Chamonix, Chambéry et Lyon (89.3) ainsi qu'aux environs de la frontière (105,6 principalement ) avec la Suisse et 104.8 près de Bâle et Besançon.. Elle diffuse également en direct sur Internet. Depuis 2005, des podcasts des différentes chroniques et des interviews sont téléchargeables sur le site ou via un logiciel tiers.
Outre Les deux minutes du peuple, Couleur 3 inclut, en plus de sa programmation musicale originale, des chroniques humoristiques et informatives créées par les animateurs de la chaîne : Les caissières, Enfin des bonnes nouvelles, Ils étaient une fois l'homme, Gloria Success, les micro-trottoirs de Duja, La chronique de Grosjean, Tonton Pierrick, Le microsillon du jour, etc...
[modifier] Historique
[modifier] Origines
1980. Le monde changeait. On avait essuyé les premières crises économiques d'après guerre, on découvrait le sida et on commençait à se sentir concerné par la pollution. A Zurich et à Lausanne, les jeunes sortaient dans la rue, parfois de manière violente. On fréquentait les premiers squatts, difficilement tolérés. On avait une fringale de liberté, mais les contraintes, au début des années 1980, étaient encore si nombreuses…
Les moins de 25 ans dansaient encore sur la disco, mais rêvaient d'aller voir et écouter les punks à Londres, alors que la new wave explorait des voies ouvertes par l'arrivée des premiers instruments électroniques. Une modeste scène rock commençait bien à poindre en Suisse romande, en particulier dans les centres autonomes qu'il a fallu arracher à des autorités aussi frileuses que craintives, mais hors les disques (encore en pur vinyle!), les occasions d'écouter de la bonne musique étaient plutôt rares. Dans ce contexte, l'apparition de Couleur 3 fait l'effet d'un miracle et d'un coup de tonnerre.
Au début des années 1980, le paysage radiophonique suisse montrait quelques signes de frémissement. Prospérant à l'ombre du monopole, les radios publiques occupaient bien le terrain. En Suisse romande, on écoutait surtout RSR 1, dont la version en ondes moyennes s'appelait toujours "Sottens". RSR 2, de son côté, peinait à trouver son identité propre. Pour changer un peu, il fallait se tourner vers les radios publiques françaises ou les "périphériques", RTL, Europe No1, qui crachotaient sur les ondes moyennes. Peu de rock à l'antenne; il fallait se brancher le soir sur quelques rares émissions ("Transit" sur RSR 1, par exemple) où guetter un miracle dans les hit-parades
[modifier] L'arrivée des pirates
Toutes ces stations paraissaient bien sages, ce qui fit le lit du succès des premières radios pirates. Pourchassées en Suisse par les PTT, leur aura d'illégalité correspondait bien à leur ton, à leur programmation musicale et à un certain amateurisme bon enfant. Le vrai déclic vint probablement d'Italie, qui connaissait une législation très ouverte en matière de médias électroniques. Le 28 novembre 1979, Roger Schawinski lance Radio 24. Il commence à émettre en direction de Zurich depuis son émetteur italien du Pizzo Groppera. Il sera bientôt fermé, mais Schawinski parvient à réunir 212'000 signatures à sa pétition "pour une radio libre en Suisse" et réunit 5'000 personnes pour une manifestation à Berne en janvier 1980. Du côté de la Suisse romande, on commence à entendre parler du projet de Radio Mont-Blanc, dont l'émetteur serait lui aussi installé en Italie. Et puis, l'éclosion des radios libres en France voisine inquiète aussi. Le candidat Mitterrand n'est-il pas favorable à la libéralisation des ondes?
[modifier] Deux semaines Egale 3
Alors que la SSR se débat une fois encore dans des difficultés financières, Leo Schurmann, son directeur général, flaire le changement et pressent la nécessité d'occuper le terrain avant que la concurrence ne s'en empare. Il lance un concours d'idées. Le seul projet qui aboutit sur le bureau du directeur général de la SSR, est celui de la RSR. Il s'appelle "Egale 3".
"Egale 3", durant les deux semaines allant du 27 avril au 10 mai 1981, à littéralement squatté les ondes de RSR 1 et fait craquer la Suisse romande. Les émetteurs FM du premier programme sont tous réquisitionnés pour l'expérience.
Une équipe, constituée autour de Jean-François Acker, Jean-Charles, Madeleine Caboche et des nouveaux, comme Francis Parel, Daniel Fazan ou Sandra Mamboury se lancent dans cette aventure inédite: diffuser tout un programme destiné en priorité aux jeunes, et non pas l'une ou l'autre simple émission perdue dans la grille. Un programme musical avant tout, qui diffuse la musique du moment, un ton résolument jeune et des informations pas trop pesantes. En 1981, c'est une révolution. Les Romands ont vite compris le slogan d' "Egale 3": …de l'air…, 24 h sur 24
[modifier] 20'000 égale 3
Le facteur dut charrier quelque 20'000 lettres enthousiastes jusqu'à la maison de la Radio, tandis que le téléphone ne cessait de sonner. "C'est là que se situe l'un des phénomènes les plus inattendus de toute cette expérience: jusqu'alors marginalisées, rejetées dans des ghettos radiophoniques mais aussi urbains (…), des musiques qui sont partie prenante du mode de vie (…) d'une imposante partie de notre société ont pu s'exprimer sur une antenne", écrivait Claude Depoisier, dans Radio TV 8 du 21 mai.
Ce succès est atteint pratiquement sans publicité. Les sondages, quelques semaines plus tard, montreront que 36% des Romands de plus de 15 ans ont écouté "Egale 3". Ce succès retentissant fait du bruit jusqu'à Berne, et le 25 août 1981 le Comité central de la SSR entérine l'idée d'introduire des 3e programmes dans les trois régions linguistiques. Mais il faudra encore convaincre le Conseil fédéral.
[modifier] Liste Noire
Pour ne pas trop perdre de temps et profiter du mouvement de sympathie, on décide de poursuivre l'expérience d'Egale 3 là où c'est possible: la nuit.
Liste noire prend possession de l'antenne de minuit à six heures sur RSR 1, jusqu'à sept heures sur RSR 2, et bouscule du coup une tradition qui paraissait alors inamovible: l'hymne national qui clôturait la journée d'émission après le dernier bulletin d'informations de minuit, disparaît… Dès le 21 novembre 1981, ces six heures d'émissions non-stop préparent le terrain à l'apparition prochaine de Couleur 3.
[modifier] Les débuts d'une bonne idée
Les animateurs au cachet sont comme des oiseaux migrateurs: à chaque fin d'été, ils regagnent les studios pour s'informer du sort qui leur est réservé. Sans se faire d'illusion Jean-François Acker demande donc à Bernard Nicod (directeur de la RSR à l'époque - réd.) où en est la trois. - Le principe en a été admis par la Direction générale, lui répond ce dernier. Pourquoi? - J'ai un projet, lance Acker. - Montrez-le moi! Il bluffait, évidemment… Il l'avouait volontiers, comme le rappelait Dominique Traversini dans l'Hebdo du 22 janvier 1982 . Reste que son projet, préparé en trois jours (et nuits…), fait son chemin jusqu'à la Direction générale de la SSR à Berne.
A Lausanne, on espère commencer rapidement: on met sur pied un petit comité, qui comprend outre Jean-François Acker, Jean-Charles, animateur expérimenté qui connaît bien les arcanes de la maison, et Frank Musy pour ce qui touche à l'information.
[modifier] En attendant les Bernois…
Reste trois problèmes - très accessoires - à régler: Couleur 3 n'a pas de personnel et pas d'émetteur, et les aurait-elle qu'il lui faudrait attendre la très officielle autorisation du Conseil fédéral. Un troisième programme n'est en effet pas prévu dans la Loi sur la radio et télévision…
Trouver des collaborateurs n'a pas posé de problème: une avalanche de cassettes aboutira sur les bureaux de la nouvelle direction, 40 personnes seront retenues. Elles n'ont aucune expérience d'antenne, mais elles ont des idées, de l'enthousiasme, et, indispensable, une voix originale. Toutes seront engagées au cachet, c'est-à-dire sans contrat fixe. Le service du personnel de la RSR ne parle que de "salaire d'appoint" qui ne peut pas dépasser 75% d'un plein temps… Elles font leurs premières armes dans "Liste noire" et dans "Transit" sur RSR 1. Puis, comme l'autorisation se fait encore attendre, on les occupe en diffusant "à blanc": on fait les programmes comme pour de vrai, mais ils ne sont pas diffusés. Un bon entraînement, et surtout la certitude de pouvoir commencer très vite une fois le feu vert
[modifier] Couleur 3 sur la télé
En ce qui concerne la diffusion des (futures) émissions, on avait tout d'abord pensé utiliser une partie des émetteurs FM de RSR1, comme dans le cas d'Egale 3. Un pis-aller peu satisfaisant: ce sont finalement les PTT qui viendront à la rescousse, en installant en janvier 1982 un émetteur supplémentaire à La Dôle. La couverture du Bassin lémanique était ainsi assurée en FM stéréo; les Valaisans auront droit aux ondes moyennes, les autres… au fond sonore de la mire TV!
Reste l'aspect politique des choses. A Berne, Leo Schurmann, le directeur de la SSR, se démène pour faire avancer le dossier. Il faut dire que le Conseil fédéral n'est pas trop pressé. En effet, il a dans ses dossiers différentes demandes d'organismes intéressés à prendre en charge un 3e programme radiophonique. Il s'agissait surtout de groupements conservateurs et évangéliques alémaniques, traditionnellement opposés au service public, qu'ils jugent trop à gauche. Le lobbying intensif aboutit le 17 février 1982, avec une autorisation d'essai valable trois ans.
[modifier] Couleur 3 est née à midi
Une semaine plus tard, le 24 février à midi, après une conférence de presse à Lausanne, Leo Schurmann, patron de la SSR, pressait sur le bouton qui lançait sur les ondes le tout premier jingle de Couleur 3. Couleur 3 était née, et désormais, les heures seraient jaunes, blanches, rouges, bleues ou noires. C'est Jean-Charles qui lançait les trois premiers disques. Dans l'ordre Robert Charlebois (Super Baby), Joe Cocker et Santana.
Les réactions sont nombreuses. Ainsi, l'opinion d'un lecteur du "Confédéré", le 7 mai 1982: "Les jeunes sont détériorés par la musique moderne; ils planent à longueur de journée devant leur récepteur. Guère favorisés par leur insertion sociale, ils tendront encore plus vers la drogue et l'inutilité". Ceux à qui Couleur 3 est destinée sont plus positifs.
Les premiers sondages d'écoute paraissent au mois de juin. Les résultats sont très encourageants: en effet, 28% des Romands écoutent Couleur 3 et 69 % d'entre eux sont satisfaits du programme musical.
Dans le même temps, les habitants des zones qui ne sont pas couvertes par l'unique émetteur de la station font circuler des pétitions; des élus s'émeuvent: des Romands sont privés de 3! Une situation qui s'améliorera graduellement au cours des années, avec l'installation de nouveaux émetteurs.
A cette époque, les programmes du soir et de la nuit sont réalisés à Genève par une équipe que dirige Jean-François Acker; ceux de la journée à Lausanne, avec Jean-Charles et son équipe. Frank Musy est responsable de l'information. Cette direction bicéphale n'allait pas sans quelques tiraillements, et à la fin de son premier mandat, début 1983, Jean-Charles laissait toute la place à Jean-François Acker.
[modifier] Les années Acker
Couleur 3 est apparue à un moment clé, de la rencontre d'un marché favorable avec des individualités motivées et créatives. Certes, il y avait la concurrence qu'il fallait anticiper et contrer, et certes il y avait cette frange de la population qui ne se reconnaissait pas dans les programmes "de papa" et qui désertait l'écoute de la radio.
Mais Couleur 3 avait surtout réussi une alchimie qui lui est propre, faite d'impertinence et d'effronterie, de curiosité et surtout d'une grosse louche de rock. Une mayonnaise goûtée avec délices par un public qui a grandi avec la BD et le cinéma, la musique, les fringues, les premiers clubs de rock et qui cultive une tendance à la provoc'. La mouvance jeune prenait une dimension sociale; elle avait ses signes, ses codes et sa musique. Désormais, elle avait aussi sa radio.
[modifier] Le père de la "Trois"
L'artisan de cette réussite, c'est incontestablement Jean-François Acker. S'il fallait mentionner quelqu'un qui a façonné Couleur 3, lui a insufflé son esprit et qui lui a donné son impulsion, c'est bien vers lui qu'il faut se tourner. Jean-François Acker était l'un des pionniers du rock à la Radio Suisse Romande. "Redilemele", au début des années 1970 sur RSR 2, s'adressait à un public de taulards; il diffusait J.J.Cale, les Doors, Janis Joplin… Plus tard, il animera "Transit" dans un esprit, nouveau, très "Rock and Folk". Son charisme, sa capacité à capter l'air du temps , son imagination et son flair pour découvrir les voix et les personnalités ont apporté beaucoup à la chaîne. Jean-François Acker est décédé le 7 novembre 2001. D'une certaine manière, Couleur 3 entre orpheline dans l'âge adulte.
[modifier] Les conditions de la différence
C'est Acker qui fixera les contraintes qu'a accepté librement Couleur 3 et qui la différenciera des autres stations.
Un son qui n'appartient qu'à elle: on doit la reconnaître du premier coup sur la bande FM. Le refus des jeux et de la fausse complicité: lorsque la chaîne a deux billets à distribuer, elle les distribue, même à ceux qui ne peuvent pas donner la date de naissance de Johnny…
Un élément supplémentaire viendra s'y ajouter au fil des années: les chroniques , espace d'expression ouvert aux animateurs qui ne voulaient pas se contenter d'annoncer et de commenter les disques. Les chroniques pouvaient aborder n'importe quel sujet; grave ou léger, on ne connaissait pas les tabous. Certaines ont marqué, comme les parodies de Mermet et Monney.
Elles ont aussi permis l'éclosion de voix, comme celles d'une certaine Lolita. On raconte que des dames de petite vertu se seraient plaintes, du côté de Genève, car cette voix provoquait une certaine mollesse de la part de leurs clients… C'est peut être le plus important, mais c'était peu su: Couleur 3 est une radio de service public . C'est à ce titre qu'elle vit sans publicité, mais c'est surtout pour cela qu'elle a réussi à maintenir un format original qui n'a pu être répété nulle part, malgré de nombreuses tentatives, y compris et surtout dans le secteur privé. Le maître mot, finalement c'est sans doute: "subjectif". Une subjectivité qui à la force d'une proposition, que les auditeurs sont nombreux à suivre.
[modifier] Au nom de la 3
Une fois les années de lancement passées, la "Trois" est sur orbite. Acker décide de partir pour d'autres horizons: "A 38 ans, je me trouve trop jeune pour mettre les pieds sous un bureau en acajou et être le garant de la chaîne. Maintenant que La 3 est reconnue d'utilité publique et qu'elle est positionnée, j'estime avoir terminé ma mission", déclarait-il le 24 mai 1986 à Patricia Bernheim, de 24 Heures. Il sera resté cinq ans à la tête de la "Trois". Sans doute la bonne dose: ses successeurs ne feront pas plus long.
La 3 est solidement implantée au cœur de la mouvance rock en Suisse romande. Qui, parmi les 15-35 ans ignore Couleur 3? Elle contribue à faire découvrir des musiques; elle est la première, par exemple, à proposer de la new wave. Son credo: être en avance d'une mode et s'adresser à des auditeurs curieux et à l'esprit aventureux.
François Benedetti, qui reprend la direction de la chaîne au départ d'Acker en 1987, les décrivait ainsi ces explorateurs: un "public moderne, curieux, qui n'a pas peur d'être bousculé par des propositions musicales audacieuses, qui pense que la culture musicale rock ne s'arrête pas au Top 50, qui a un goût prospectif pour se qui se fait en musique". (Interview d'Alexandre Chatton pour L'Express).
[modifier] Un repère: les repérages
Cette avance musicale se concrétise avec les "Repérages", une pratique ancienne dans la chaîne. Chaque semaine, les programmateurs se réunissent pour choisir les nouveaux titres qui passeront à l'antenne parmi les CDs qui parviennent jour après jour sur leurs bureaux. Parmi ceux-ci, certains deviendront des repérages. Une sélection qui n'a rien à voir avec les contraintes des hit parades, et qui tient de l'originalité, de la qualité d'un titre. Bien des découvertes sont à mettre au crédit de ces repérages. Les Rita Mitsouko, par exemple, qui firent un tabac en leur temps…
Beaucoup de ces titres n'étaient pas, ou mal distribués en Suisse romande: dès 1984, une sélection de repérages étaient édités en CD chaque année: une réussite qui en est à son 13e et... dernier volume. Cette exigence de qualité en termes de programmation ne plaît pas forcément à tout le monde. Ainsi, à la fin 1992, une association de rockers suisse s'émeut de constater que Couleur 3 diffuse une faible proportion de musique estampillée de l'arbalète helvète. Rétive aux quotas, la programmation écarte les préférences nationales et les pressions des maisons de disques pour se concentrer sur une ligne bien définie.
[modifier] Couleur 3, produit d'exportation
Cette rigueur et cette originalité plaisaient en dehors des frontières romandes. Pendant longtemps, DRS, la radio suisse alémanique, reprenait la nuit les programmes de Couleur 3, qui acquit ainsi un gros potentiel d'auditeurs outre-Sarine et en Allemagne du sud. Mais c'est évidemment en France que les fans étaient les plus nombreux . Jurassiens et Haut-Savoyards étaient nombreux à profiter de l'ignorance des ondes, qui passaient les frontières sans s'arrêter. Plus loin, c'était plus difficile. Les premières indications qui montrent que le programme suisse était piraté en France datent de 1984.
Une solution plus "officielle" viendra de Lyon. En 1993, des fans lyonnais de Couleur 3 fondent une société ("Virage") et obtiennent du CSA (le Conseil supérieur de l'audiovisuel, régulateur de l'audiovisuel français) une longueur d'onde. Ils reprennent les programmes de Couleur 3 grâce au satellite et arrosent la deuxième ville de France dès le 10 janvier 1994.
C'est Blaise Duc qui dirige la chaîne à cette époque. Il est évidemment très favorable à cette extension du bassin de diffusion de Couleur 3, qui ne coûte pas un sou aux auditeurs suisses qui payent leur redevance: la société française gagne sa vie en insérant des fenêtres publicitaires, évidemment inaudibles en Suisse. Ca ne sera pas simple, il y aura quelques vicissitudes, y compris l'extinction de l'émetteur pour cause de non-payement de factures.
Les choses s'arrangeront, et aujourd'hui, outre Lyon, Chambéry, Grenoble et Chamonix sont desservies depuis 1996.
[modifier] Des campagnes qui marquent
C'est en 1988 que François Benedetti change - pour la première fois! - la grille des programmes de Couleur 3. Les couleurs cèdent le pas aux Boréales, Virages, Coloriages, Sanguines, Métissages, Poursuites et autres Dégradés. Pour lancer cette nouvelle grille, on fait appel à de faux flics qui parcourent les villes de Suisse romande en grosses voitures américaines. Ils arrêtent celles et ceux qui ne peuvent pas décliner la grille (pour rire, bien sûr). Une opération intitulée "Au nom de la 3".
Blaise Duc, numéro 2 de la chaîne (il deviendra calife à la place du calife en septembre 1993) s'occupe de la promotion et n'affectionne rien plus que de frapper les esprits. Il faut faire d'autant plus fort que les moyens sont limités: en 1990, la campagne des contrepèteries a un succès incroyable, alors que seules une douzaine d'affiches (certes en trois dimensions) sont placardées en Suisse romande.
Ces opérations de séduction sont nécessaires, car on sent poindre des changements dans les attentes du public. Gavés de hits sur les autres radios et à la télévision, il réclame de les entendre sur sa chaîne préférée. La programmation de Couleur s'ouvre légèrement et s'approche de son public.
[modifier] Lorsque le public change
Au cours de la seconde moitié des années 1990, beaucoup de choses ont changé. Une différence lisible dans les statistiques: Couleur 3, qui flirtait depuis longtemps avec les 10% de taux d'écoute, glissait progressivement vers les 6, 5, 4, voire 3.5% en 2000. Le public, apparemment, ne suivait plus.
Comme la grève de La Poste, cette évolution est due à plusieurs facteurs. Si, à ses débuts, Couleur 3 n'avait pas plus d'une demi-douzaine de concurrents, les stations qui broutent les même plates-bandes sont devenues depuis très nombreuses. Réseaux et radios privées françaises, locales suisses, sans compter les possibilités offertes par la diffusion par câble et par satellite. L'internet viendra, lui, un peu plus tard. Une concurrence qui restreindra la part de gâteau du leader.
Même si la plupart de ces stations relèvent d'un format musical du type "Top 50", elles n'en dénotent pas moins de subtiles différences dans leur programmation musicale. Des différences qui correspondent à la diversification des styles musicaux en vogue. Rap, hip hop, trance, goa, latino, world, coexistent, alors que les genres plus anciens se maintiennent ou renaissent: chanson française, pop, reggae, metal sont toujours d'actualité. Problème: tous ces publics se mélangent mal, voire pas du tout. Satisfaire tout le monde avec un seul canal de diffusion relève de la quadrature du cercle. Les fans de rock de la première heure décrochent à l'arrivée de la house et craquent quand le rap se pointe à l'antenne.
Le public a changé au cours des années, la musique aussi. Couleur3 s'est un peu dispersée en poursuivant des auditeurs très différents les uns des autres.
Retour aux sources: depuis janvier 2001, le pop rock revient au centre de la programmation, les amateurs de rap, tance salsa et métal ne sont malgré tout pas oubliés.
En 2007, musicalement parlant, autour d'un esprit pop rock fédérateur, Couleur3 a pour ambition d'être la chaîne de toutes les tendances, et propose ainsi des émissions spécialisées par genre, à l'instar de « Downtown Boogie », « Republik Kalakuta », « Krakoukass », « La Planète Bleue », « Série Z », « Les Métissages », « Let's dance », « Résidence », « Tanger-Glasgow » ou encore « Rockspotting ». A noter que la musique constitue plus de 78% du contenu de la chaîne. Les artistes suisses, quant à eux, représentent plus de 20% de la programmation musicale. Plus que jamais la 3 défend les valeurs du service public en étant en phase avec le monde actuel et les préoccupations d'un auditoire jeune. Elle crée le débat autour de thèmes de société importants et scrute l'actualité, par le biais d'émissions telles que « Tout le monde il est beau », « Que de la radio », « La lutte des classes » ou « Saperlipopette », ainsi qu'à travers des opérations spéciales, à l'image de « Genève-Bamako ». Couleur 3 parle aussi de cinéma (« Brazil »), d'image (« Z'images »), de jeux vidéo, du web, du multimédia (« Pointbarre »), de lecture (« Les griottes »), d'histoire (« 3615 Couleur 3 »), de radio (« 40, Avenue du Temple »), du ciel, du jour et de la nuit.
Entre 2001 et 2006, la durée moyenne d'écoute des Suisses romands âgés de 15 à 34 ans a baissé de plus de 20% pour s'établir à 65 minutes par jour. Dans ce contexte, Couleur 3, qui vise justement cette population, parvient à maintenir et même améliorer légèrement son audience et ses parts de marché, preuve de la justesse de son engagement dans la défense d'une radio où l'audace, la surprise, l'élégance, et l'émotion sont au centre des valeurs.
[modifier] Émissions
[modifier] Les classiques
- Triple Lootz
- Monsieur Mou Monster Show
- Dojo Zen
- Notre pain quotidien
- Les Nuits Q
- Les Heures noires
- Les Heures jaunes
- Les Heures rouges
- Boréales
- Dégradés
- Tropicales
- Rigadin fait des crèpes
- Pop Shop
- Mode d'emploi
- Le cri de l'asphalte
- Les flammes et les amplis d'abord
- Matin Patate
- Atmosphères
...cette liste est incomplète.
[modifier] Diffusées actuellement
- Down town boogie le rendez-vous hip hop
- Série Z la vitrine musicale de la chaîne
- La planète bleue présentée par Yves Blanc
- Tanger Glasgow un voyage musicale
- Saperlipopette
- Que de la Radio
- Les Métissages rencontres électroniques nocturnes
- Brazil l'espace cinéma de la trois
- Rockspotting la salle de rock de la trois.
- Les Griottesdes fictions contées avec soin
- Krakoukass le hard rock fidèle au poste
- 3615 Couleur3les années 80 revisitées
- Session Métissages une expérience de mix radiophonique inédite
- Let's Dance les soirées électro du samedi
- Z'images le magazine de toutes les images
- 40 Ave du Temple les coulisses des/de la radio
- La lutte des classes deux classes s'affrontent sur des questions culturelles
- Tout le monde il est beau la matinale de Couleur 3
- Pointbarre l'émission multimédia de Couleur 3
[modifier] Les chroniques
Depuis ses débuts, Couleur 3 est célèbre pour ses chroniques. Quasiment toutes les chroniques que Couleur3 diffuse sont concoctées à la maison, dans de vieilles marmites qui sentent encore bon les longues soirées.
[modifier] Diffusées actuellement
- Les caissières
- Derrick
- Tonton Pierrick
- Ils étaient une fois l'homme
- Scanner
- Enfin des bonnes nouvelles
- Complètement à l'ouest
- Le microsillon du jour
- La revue de stress
- Gloria Success
- Le mot de passe-passe
- Grosjean
- Tonton Pierrick
[modifier] Les animateurs
[modifier] Les animateurs d'aujourd'hui
- Catherine Fattebert alias Cath-Cath
- Céline O'Clin
- Valérie Paccaud
- Laurence Sherer alias Lolotte
- Stéphane Laurenceau
- Patrick Dujany alias Duja
- Frank Matter alias Roger
- Yann Zitouni
- Philippe Congiusti alias Fifi
- Yves Demay alias Le Prof. Y
- Mathieu Chevrier
- Samuel Vuillermoz
- Yves Zahno
- Mike N'deze alias Dynamike
- Michaël Marquet
[modifier] Voir aussi
[modifier] Article connexe
[modifier] Liens externes
- Site officiel
- Site officiel pour la France
- Le minisite de l'émission Pointbarre
- Le minisite des 25 ans de Couleur 3
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