Estime de soi
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[modifier] Théories
L'expression 'estime de soi décrit un état émotionnel et psychique, réputé nécessaire au bonheur et au bien-être de l'être humain.
L'estime de soi est une composante de l'équilibre psychique des individus, répondant au besoin de reconnaissance par soi-même et par autrui. C'est un élément qui évoque la capacité à s'affirmer, à se regarder en face, d'assumer ses torts et ses regrets, de s'aimer soi-même et ainsi d'avoir confiance en soi.
S'estimer soi-même diffère de l'égoisme ou du narcissisme, et permet à l'individu de voir sa bonne nature de se considérer comme "quelqu'un de bien". L'estime de soi, à l'interface entre monde intérieur et monde extérieur, facilite les relations interpersonnelles, une vie sociale plus harmonieuse, et une meilleure résilience face à l'adversité.
- L'équation de James (1890) : l'estime de soi est égale au rapport entre nos prétentions et nos succès. À noter que dans cette conception, l'estime de soi peut être obtenue de plusieurs manières : soit en diminuant nos prétentions, soit en augmentant nos succès (ou en voyant un succès là où il n'y en a pas), soit en réalisant un équilibre entre les deux facteurs.
- Le miroir social de Cooley (1902) et Mead (1934) : l'estime de soi est la perception de soi construite par l'intériorisation de l'opinion d'autrui à notre égard. Dans cette perspective, les interactions sociales se révèlent donc déterminantes dans la manière dont le sujet va s'évaluer.
- Le locus de contrôle (locus of control) de Rotter (1966) : l'estime de soi se décline en fonction de la croyance de l'individu à être acteur des évènements de sa vie (lieu de contrôle interne) ou victime (lieu de contrôle externe).
- La hiérarchie des besoins de Maslow (1970) : l'estime de soi correspond à une double nécessité pour l'individu : se sentir compétent et être reconnu par autrui.
- Le sentiment d'auto-efficacité de Bandura (2002) : l'estime de soi peut provenir d'auto-évaluations basées sur la compétence personnelle, mais aussi sur la possession de caracteristiques personnelles investies de valeurs positives ou négatives selon la culture (statut social,…). Dans sa perspective, l'estime de soi est multidimensionnelle (travail, vie sociale,…). De plus, il précise qu'il n'y a pas de lien systématique entre le sentiment d'efficacité personnelle et l'estime de soi (p 24-26, 2002). Il existe des domaines qui favorisent ou défavorisent l'estime de soi. Par exemple, quelqu'un s'évaluant mauvais mathématicien mais qui n'accorde pas d'importance à cette activité n'en tire pas de conclusion négative sur sa valeur personnelle. Inversement, une personne peut s'estimer très compétente professionnellement, et en tirer une valeur négative par la nature de l'activité (huissier, tireur d'élite, prostitution,…).
[modifier] Données
- Coopersmith (1967) a montré la non corrélation significative entre l'estime de soi de l'enfant et la fortune, l'éducation ou la profession de ses parents. Le seul facteur influençant fortement l'estime de soi de l'enfant est la qualité de la relation qu'il a avec ses parents.
- Harter (1978) souligne l’aspect vital de l’approbation pour l'estime de soi de l’enfant, à la fois pour encourager certains comportements et comme source d’informations sur l’adéquation de ses performances. Ces renforcements positifs remplissent deux fonctions : ils apportent de la stimulation et de l’affection, de même qu’ils favorisent le processus d’indépendance et de recherche de maîtrise. À noter que la source de cette approbation se modifie avec l'âge de l'enfant : jusqu'à 3 ans, ce dernier accorde plus d'importance à l'avis de ses parents ; puis, peu à peu, c'est l'approbation des pairs qui va être recherchée (avec un paroxysme à l'adolescence).
- Le « rang » de naissance semble également jouer un rôle sur l'estime de soi de l'enfant et du futur adulte : ainsi, les cadets auraient une estime de soi légèrement plus basse que les aînés mais seraient plus populaires et plus à l'aise que ces derniers en société (Miller et Naruyama, 1976). Les aînés, quant à eux, jouissent d'une estime de soi légèrement plus élevée, axée sur la performance, ce qui explique qu'ils connaissent en général une meilleure réussite scolaire (Falbo et Polit, 1986). Naître dans la caste des intouchables n'encourage pas a priori une estime de soi importante, mais le contexte culturel modifie aussi l'estime de soi.
- Concept relatif : L'estime de soi est souvent présenté au grand public comme un remède à la maladie, aux problèmes sociaux, voire au chomage et à la délinquance : des mauvais élèves aux criminels en passant par les membres de groupes « stigmatisés », tous souffriraient d'une estime de soi trop basse. La solution serait donc de les aider à rétablir l'équilibre de leur balance évaluative, bref, d'augmenter leur estime de soi.
Outre que les problèmes sociaux relèvent sans doute d'une conjonction de facteurs intriqués et non d'un seul, une haute estime de soi n'est pas non plus nécessairement un bon présage : dans une étude célèbre, Baumeister, Boden et Smart (1996) suggèrent qu'une haute estime de soi peut être corrélée à des actes de violence ou d'agression en cas de menace du concept de soi, c'est à dire en cas d'atteinte à l'amour-propre.
[modifier] Inégalités de santé, territoire, sentiment de contrôle
Une équipe pluridisciplinaire a étudié les conditions responsables des états de santé différents, dans le cadre d'un projet mené de 2002 à 2005 dans 3 territoires québecquois (urbain, banlieue et rural), offrant des bilans de santé contrastés, .
Comment les inégalités sociales de santé se traduisent-elles dans la santé physique et psychique ? Pourquoi l’état de santé de populations dont le statut socio-économique est comparable, se révèle différent ? Des approches techniques et méthodologiques (démarche empirique, approche territoriale) ont été utilisés, tels le SIG (Système d'information géographique), enquêtes de terrain, entrevues qualitatives (auprès des acteurs), approches quantitatives (enquêtes téléphoniques de 170 questions). Lors de ces dernières auprès d’un échantillon représentatif des populations étudiées,le sentiment de contrôle a été mesuré auprès des répondants et répondantes, à l’aide d’un indice développé par Pearlin et Schooler (1978). C’est un des indicateurs psychosociaux admis comme l'un des plus pertinents pour l’explication du gradient social de santé. Les territoires ont été subdivisés en unités de voisinage. 3 découpages ont été nécessaires : d’abord selon les limites administratives, politiques et religieuses depuis 40 ans, puis selon les données socio-démographiques et socio-économiques et enfin selon des connaissances empiriques. Les territoires choisi sont : 1) le centre ville ,caractérisé par une population vivant avec de faibles revenus, ouvrière 2) la banlieue, classe moyenne, connaissant une dévitalisation et 3) le rural, société traditionnelle, ruralisation. Les écarts les plus flagrants sont constatés entre la banlieue et le centre ville.
[modifier] Concept de « sentiment de contrôle »
Il réfère à la possibilité ressentie par une personne d’avoir un certain pouvoir sur sa vie. L'hypothèse était qu'il existe une relation entre cet indice, les inégalités socio-économiques et celles de santé. C'est une des informations clés pour comprendre la conjugaison des divers éléments qui construisent les inégalités de santé.
[modifier] Résultats
Un lien est démontré entre l’indice du sentiment de contrôle et les inégalités sociales de santé. Dans le centre ville, 24% de la population estime avoir un faible sentiment de contrôle. Il est présent dans la population de plus de 45 ans. Les problèmes sociaux et environnementaux se répercutent sur la santé déclarée. Dans la banlieue, on trouve les taux les plus élevés de sentiment de contrôle. La situation du milieu rural rejoint sensiblement celle de la banlieue où le sentiment de contrôle est le plus fort chez les personnes qui ont une activité rémunérée. A l’intérieur du territoire il existe des inégalités marquées. Le fait de vivre dans un endroit à un impact sur le sentiment de contrôle chez les personnes. Il existe un effet de « contagion » du milieu.
[modifier] Représentations
Ce sont des images qui définissent comment les personnes se représentent le milieu dans lequel ils vivent. Elles jouent un rôle non négligeable dans l’attrait que peut exercer un territoire et influence les expériences psychosociales ( mise en cause de l’estime de soi ).
- Banlieue : représentation positive. Population aisée.
- Milieu rural : représentation positive. C’est un milieu que les personnes ont choisi, population ancrée par les liens familiaux et les liens sociaux semblent très forts.
- Centre ville :2 pôles se distinguent. Un qui cultive une représentation positive du milieu et qui est composé par les personnes qui y travaillent et un autre qui cultive une représentation négative regroupant les personnes qui n’ont pas choisi de vivre là-bas mais qui y sont contraints d’un point de vue économique (coût de vie moins cher qu’ailleurs). Ces derniers ne développent pas un sentiment d’appartenance.
Lors des entrevues qualitatives, une des questions posées était : « Comment en êtes-vous arrivés à vivre ici ? » Elle met en évidence la dimension du choix et l’enquête révèle que dans le milieu rural et dans les banlieues, les personnes s’y trouvaient depuis des générations. Dans certains cas, un écart a été mis en évidence entre le milieu de référence (les aspirations des personnes) et le milieu de vie (la réalité).
[modifier] Eléments de conclusion
Les chercheurs proposent[1] un lien entre le milieu de vie, le sentiment de contrôle et la construction des inégalités sociales de santé en s’appuyant sur des informations qualitatives obtenues lors des entrevues individuelles. Les personnes ont parlé de leur rapport à leur milieu de vie, du sens qu’elles donnent à leur implication dans celui-ci ainsi que de leurs expériences professionnelles et les capacités à surmonter les épreuves. Travailler sur les représentations du milieu peut créer des sentiments d’appartenance et pour changer ces représentations il faudrait améliorer l’apparence de ce milieu. Les personnes les plus fragiles et les plus défavorisés (santé, psychique, sentiment de contrôle) semblent être les hommes de 45 à 65 ans, pour le centre ville et les familles monoparentales, tous territoires confondus (centre ville, banlieue et zone rurale).
[modifier] Références
[modifier] Voir aussi
bilans de santé, santé, psychique, indice, représentations, sentiment de contrôle, inégalités, territoire, bien-être, psychosocial.
[modifier] Critique de l'idéologie de l'estime de soi
L'estime de soi est une notion qui jouit d'une popularité qui n'a d'égale que son obscurité. En effet, comme nous l'avons vu précédemment, il n'y a pas actuellement, parmi les théoriciens, de consensus quant à une définition acceptable de l'estime de soi. Ses partisans, malgré des divergences parfois importantes, s'entendent néanmoins tous sur un point : l'estime de soi se mérite. Soit qu'il s'agisse de gagner un sentiment d'appartenance en se conformant aux exigences du miroir social (Mead, 1934), soit qu'il faille atteindre un objectif particulier pour s'autoriser à bomber le torse (Coopersmith, 1967), soit enfin qu'il convienne de respecter des « piliers » moraux afin que la réalité récompense votre vertu (Branden, 1994). Bref, si l'on veut avoir le privilège de jouir d'une bonne estime de soi, il faut payer, d'une manière ou d'une autre.
[modifier] Quel est le problème ?
Il se situe à deux niveaux :
- À un niveau logique, tout d'abord, parce que l'estime de soi suppose l'évaluation du 'soi', considéré comme une entité stable et définie une fois pour toutes alors qu'à l'évidence il s'agit d'un processus, impermanent par essence. Ainsi, si j'échoue à un examen, je peux penser que je ne suis pas doué pour les études, alors que rien, empiriquement, ne permet d'aboutir à une telle conclusion. Et ce saut logique, erroné, va avoir un retentissement certain sur mes performances futures : puisque je ne suis pas doué pour les études, je ne vais certainement pas réussir cet autre examen non plus, résultat qui viendra confirmer ma croyance de départ, par le jeu pervers des prophéties auto-réalisatrices (Watzlawick, 1988).
- À un niveau psychologique, ensuite, la médaille de l'estime de soi a son revers : si elle augmente lorsque je le « mérite » (en ayant réussi à obtenir l'approbation sociale, à réaliser un projet gratifiant ou à tenir mes engagements), alors elle diminuera lorsque j'ai « fauté » (suite à un rejet social, une mauvaise performance ou une attitude contraire à mon éthique). On voit très vite que l'individu moyen sera sujet toute sa vie à des hauts et des bas incessants dans son « estime de soi », oscillant entre des états de béatitude où il se prend pour un dieu et des moments tragiques, où il se considère comme un ver de terre.
[modifier] Y a-t-il une issue ?
- Oui. À contre-courant de la pensée dominante en psychologie, il existe une alternative à cette « montagne russe » émotionnelle que constitue l'estime de soi : l'arrêt pur et simple de toute évaluation de 'soi', au profit d'une évaluation de ses comportements et de sa satisfaction personnelle (Mills, 2000). Est-ce aussi facile que cela ? Non, ce n'est pas facile, mais c'est en revanche très simple. Albert Ellis, le fondateur de la thérapie « émotivo-cognitivo-comportementale » (Rational-Emotive-Behavior Therapy) a toujours combattu l'idéologie de l'estime de soi, enseignant à ses clients (au sens rogérien du terme) la philosophie de l'acceptation inconditionnelle de soi (Unconditional Self-Acceptance) à l'opposé de toute mesure de la valeur d'un individu. Ellis appelle de manière humoristique la tendance pour le moins « névrotique » des êtres humains à s'auto-évaluer le « complexe de Jéhovah ». Tout commence lorsqu'un individu réalise une bonne performance dans une situation donnée ; c'est à la suite de ce premier constat que le « complexe de Jéhovah » pointe le bout de son nez et conduit ledit individu à une conclusion fallacieuse : puisqu'il a obtenu un bon résultat, lui, en tant qu'être humain, prend de la valeur. Malheureusement pour cet individu, il suffira d'une contre-performance dans le futur pour que le « complexe de Jéhovah » se transforme rapidement en « complexe de ver de terre », autre extrémité, dramatique celle-là, du même continuum axiomatique. Ellis montre que philosophiquement parlant, la notion de valeur d'un être humain ne tient pas trente secondes : en effet, que serait, dans cette perspective, un « bon » être humain et en quoi se distinguerait-il d'un « mauvais » ? Sur quels critères établir la valeur d'un individu ? De telles interrogations parlent d'elles-mêmes et plaident en faveur d'un abandon pur et simple de la question de la valeur d'un être humain. Les êtres humains sont, un point c'est tout. Et la seule chose susceptible d'être évaluée les concernant, ce sont leurs comportements. Il est sans doute utile de mettre en garde contre une confusion très courante en psychologie : la personne n'est pas le comportement. Ce n'est pas parce qu'un individu agit stupidement qu'il est stupide. On retrouve ici toute la pertinence des principes issus de la Sémantique générale, à laquelle Ellis reconnaît d'ailleurs une parenté directe avec ses propres idées.