Eugène-Auguste d'Aboville

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Auguste Elzéar-Eugène-Napoléon d'Aboville, né à Venise le 6 juillet 1810 et mort à Paris le 12 août 1865, est un amiral français.

Entré le 10 novembre 1825 à l’école d’Angoulême, Eugène-Auguste d’Aboville, bien qu’il n’eût que quinze ans, se distingua par une intelligence précoce, une grande application au travail et la droiture et la fermeté remarquable de son caractère. À sa sortie de l’école d’Angoulême le 23 septembre 1827 comme élève de 2^e classe, il fut promu successivement élève de 1^re classe le 1^er juillet 1829, enseigne de vaisseau le 31 janvier 1832, lieutenant de vaisseau le 12 août 1839, capitaine de vaisseau le 8 mars 1854 et contre-amiral le 9 juillet 1860.

Eugène-Auguste d’Aboville développa rapidement par l’étude et l’observation les nobles qualités qui lui avaient valu l’estime et l’affection de ses condisciples, pour devenir en quelques années l’un des officiers les plus distingués de son corps. Sur tous les bâtiments où il passa successivement, il se fit remarquer par l’exactitude qu’il apportait à l’accomplissement de ses obligations, par son intelligence à les remplir et, en moi-même temps, par son caractère bienveillant, facile et ferme à la fois. Partout il se fit aimer et estimer de ses chefs. Les sympathies de ses camarades ne lui manquèrent pas non plus, et quand, plus tard, il reçut les justes récompenses de services, il eut le rare privilège de n’exciter aucune envie, tant on était convaincu qu’il les avait méritées, et tant elles étaient justifiées, en effet, par son activité incessante et par les actes mémorables de dévouement dont il s’était honoré dans sa carrière.

En 1837, d’Aboville était embarqué comme enseigne de vaisseau sur la corvette la Triomphante, commandée par le capitaine de Péronne, lorsqu’une épidémie de fièvre jaune qui désolait la côte occidentale d’Afrique vint atteindre le brik la Malouine commandé par le lieutenant de vaisseau Pénaud. Y sévissant d’une manière terrible, ce fléau emporta, en quelques jours, trois officiers et les deux tiers de l’équipage de telle sorte qu’il ne restait à bord que quelques hommes plus ou moins valides que la démoralisation atteignait et qu’il s’agissait de sauver. Dans un admirable élan de dévouement et d’humanité, d’Aboville sollicita et obtint l’honneur d’être embarqué sur le bâtiment infecté où sa présence, au milieu de l’équipage démoralisé, fut des plus utiles. Son énergie, jointe à celle du capitaine Pénaud, et sa bonté ranimèrent tous les cœurs et il ne quitta le bâtiment que lorsque les derniers symptômes de l’épidémie eurent disparu. À sa rentrée sur la Triomphante, il fut accueilli par le commandant et les officiers aux acclamations de l’équipage entier qui, heureux de pouvoir saluer heureusement son retour, l’avait regardé, à son départ, comme marchant à une mort presque certaine.

Son activité ne se démentit pas dans les grades supérieurs. Il servit successivement, comme capitaine de frégate ou de vaisseau, dans la Plata en 1850 et 1851, dans la campagne de Crimée, comme commandant du Jean Bart et du Napoléon. En 1856, il partit sur 1’Audacieuse pour une longue campagne en Chine, pendant laquelle il rendit des services signalés. La flottille de bombardement qui agit contre Canton les 28 et 29 décembre 1857 avait été placée sous ses ordres et, quand la ville fut au pouvoir des Français, ce fut encore lui qui fut choisi par le contre-amiral Rigault de Genouilly pour y exercer le commandement supérieur. Cette position présentait les plus sérieuses difficultés, la population étant animée contre les Français des sentiments les plus hostiles. Le moindre incident pouvait exciter une révolte générale tandis que, d’un autre côté, les Français étaient journellement menacés à l’extérieur par les rebelles. Il fallait à la fois beaucoup de fermeté et de mesure dans le commandement supérieur pour conjurer ce double danger et le capitaine de vaisseau d’Aboville s’acquitta très heureusement de cette mission extrêmement délicate, recevant à ce sujet, des ministres de la marine et des affaires étrangères, les témoignages les plus flatteurs de satisfaction.

D’Aboville déploya la même activité dans le grade de contre-amiral : nommé le 9 juillet 1860, il fut désigné deux jours après pour les fonctions de major-général à Cherbourg, ne quittant ce poste que pour prendre le commandement supérieur de la marine à Alger, puis celui de la division du Levant, qu’il exerça pendant deux ans, sans avoir pris un instant de repos. La réputation de capacité dont jouissait depuis longtemps d’Aboville dans la marine lui valut, en 1854, d’être appelé à diriger dix-huit mois l’important bureau des mouvements au ministère de la marine, faisant preuve, dans ce poste, d’une aptitude remarquable. Aussi, lorsque le contre-amiral de La Roncière quitta la haute position de chef d’état-major du ministre, chargé de la première direction, pour le commandement de l’escadre cuirassée de l’Océan, le ministre choisit le contre-amiral d’Aboville comme un des officiers les plus dignes de lui succéder.

Lorsqu’elle fut annoncée dans les ports où on connaissait son noble caractère, comme son intelligence de toutes les choses de la marine, cette nomination y fut accueillie avec la plus vive sympathie. On savait qu’il était éminemment propre à remplir cette haute position, mais les forces de l’amiral d’Aboville étaient épuisées. À peine put-il, dans un dernier et suprême effort de sa volonté, se rendre à Paris, où la confiance du ministre, qui ignorait sa situation, l’avait appelé. Il s’y rendit comme pour mourir à son poste où il s’éteignit, quelques jours plus tard, dans le calme et la sérénité de sa conscience.

L’amiral d'Aboville fut admis comme chevalier dans l’ordre de la Légion d'honneur le 30 avril 1839, nommé officier le 31 décembre 1853 et commandeur le 27 février 1858.

Une rue de Cherbourg porte son nom.