Félix Lepeletier
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Ferdinand Louis Félix Lepeletier de Saint-Fargeau, né le 1er octobre 1767 à Paris, mort le 3 janvier 1837 à Paris, est un révolutionnaire français.
Descendant d'une famille de la noblesse parlementaire, Félix Lepeletier est le frère cadet du conventionnel Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau. Au début de la Révolution française, Félix Lepeletier commence une brillante carrière dans les armes et sert comme aide de camp auprès du prince de Lambesc, parent de Marie-Antoinette et commandant du régiment de cavalerie Royal-Allemand. Le 12 juillet 1789, ce régiment sabre la foule parisienne massée aux Tuileries. Il est possible que Lepeletier ait participé au massacre, encore qu'il s'en soit toujours défendu.
Avec la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, et l'abolition des privilèges, le 4 août, les événements se précipitent. Tandis que la plupart des membres de sa famille émigrent, Félix Lepeletier choisit de rester à Paris auprès de son frère aîné, Michel, un des nobles libéraux les plus engagés dans le processus révolutionnaire. Cependant, les préoccupations de Félix sont alors moins politiques que sentimentales ; beau jeune homme de 23 ans, il est surtout connu dans Paris pour ses frasques amoureuses, que la presse relate en parlant des conquêtes du « blondinet » ou de « l'Alcibiade de la Révolution ». Félix Lepeletier fait la conquête de la sulfureuse Thérésa Cabarrus, épouse du marquis de Fontenay, et on lui prête une aventure avec Joséphine de Beauharnais.
La mort de son frère Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, frappé le 20 janvier 1793 d'un coup de poignard mortel par un ancien garde du corps du roi, alors que la Convention vient de voter en faveur de l'exécution immédiate de Louis XVI, marque une rupture brutale dans la vie de Félix Lepeletier. Héros national, premier « martyr de la liberté », son frère entre au Panthéon de Paris. Étant son plus proche parent, Félix est amené à jouer un rôle important lors des obsèques, puis dans le culte qui est rendu à sa mémoire, dans l'ensemble du territoire national. Grâce à l'aura de son frère défunt, Félix Lepeletier est admis au Club des Jacobins, bien qu'il n'ait pas encore l'âge requis ; en juillet 1793, il rédige et lit l'adresse honorant les mânes de Marat, assassiné comme Michel Lepeletier. Sous la Terreur, bien que noble, Félix n'est guère inquiété et sauve même le château de Saint-Fargeau de la destruction. Entré en politique à la suite de l'assassinat de son frère, dont il rappelle fréquemment le martyr, Félix Lepeletier s'engage d'emblée dans la défense des idéaux jacobins et combat en faveur de la promotion de la démocratie.
Après le 9 thermidor, l'attachement de Lepeletier à l'idéal démocratique ne se dément pas sous la réaction thermidorienne, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration. Compromis dans la conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf, il n'est pas condamné et prend en charge l'éducation des orphelins du Tribun du peuple. En 1799, il est l'une des figures principales du club du Manège. Après le coup d'État du 18 brumaire, qui conduit Bonaparte au pouvoir, la répression s'abat sur les derniers jacobins. Lepeletier est frappé de peines d'exil sous le Consulat, entre 1801 et 1805, quatre années de bannissement, entrecoupées de séjours en prison au Temple. En résidence surveillée, il parvient malgré tout à se rapprocher de la Société des Philadelphes, opposée au régime bonapartiste. Lepeletier bénéficie d'une amnistie lors du sacre de Napoléon. Toutefois, de retour en France, après un an de proscription, il est placé sous surveillance spéciale jusqu'en 1806 et ne dispose ni de liberté d'action ni de liberté de déplacement ; tout séjour dans la capitale lui est interdit ainsi que dans les environs de Paris alors que sa propriété se trouve à Versailles. Il doit donc se retirer en Normandie, où le régime lui offre une place de maire pour le tenir tranquille, loin de la politique ; Lepeletier accepte pour renouer avec le philanthropisme, comme au temps du babouvisme. Au retour des Bourbons, toutefois, Lepeletier refuse de prêter le serment de fidélité au roi demandé à l'ensemble des fonctionnaires et démissionne de ses fonctions.
Quelques mois plus tard, le retour de Napoléon, lors des Cent-Jours, fait espérer à Lepeletier, ainsi qu'à tous les nostalgiques de la Révolution, un « second 10 août ». Élu député à la chambre des représentants, il acclame l'empereur au Champ de Mai et propose même qu'il soit déclaré « sauveur de la patrie ». En « vieux républicain », rejeté dans l'opposition et persécuté par Napoléon sous le Consulat et l'Empire, il affirme faire le sacrifice de ses griefs politiques et personnels contre Napoléon, afin de soustraire la France à une seconde restauration des Bourbons, au joug de l’étranger, en se plaçant derrière l'Empereur.
Lors du retour des Bourbons, Félix Lepeletier est arrêté en juillet 1815 et mis en prison. Libéré, il tente de rejoindre ses terres, où il manque d'être assassiné par une bande de royalistes qui ravage sa propriété en l'attendant. Quand il se rend à Paris pour porter plainte, la police l'arrête une seconde fois, et il est décrété de bannissement. Quittant alors la France, il rejoint la Belgique, où de nombreux révolutionnaires le suivent après le vote de la loi contre les régicides en 1816. Séjournant un temps à Liège, il doit bientôt fuir à travers la Belgique, puis l'Allemagne, où il réside successivement à Aix-la-Chapelle, Cologne, Coblence, Francfort-sur-le-Main. Finalement, en avril 1819, il obtient de pouvoir rentrer en France.
Là, il continue à mener une action politique active, fréquentant les milieux libéraux, notamment ceux de Seine-Inférieure, dans les années 1820, ainsi que les milieux de la charbonnerie, et renouant avec le babouviste Philippe Buonarroti en 1830. Doutant de la possiblité de rétablir la République, depuis l'échec des Cent-Jours, Lepeletier accepte l'idée d'une monarchie constitutionnelle, qui doit son pouvoir au peuple, après la chute des Bourbons en 1830. Mais, déçu par la tournure conservatrice du régime de Louis-Philippe dès la fin de 1830, il s'engage dans l'opposition républicaine et démocrate à la monarchie de Juillet et entre dans des sociétés républicaines. Il semble avoir notamment adhéré à l'Association pour la liberté de la presse. Homme passionné et d'une grande ténacité, il incarne de façon dynamique, malgré l'âge et la maladie, la figure du vétéran de la Grande Révolution jusqu'à sa mort, en 1837.
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