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Gilles de Rais

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Gilles de RaisPortrait du XVIe siècle
Gilles de Rais
Portrait du XVIe siècle

Gilles de Montmorency-Laval, baron de Rais, comte de Brienne, dit Gilles de Rais (ou Gilles de Retz, ou Gilles de Rays), surnommé Barbe-Bleue (né en septembre ou octobre 1404 au château de Machecoul - décédé le 26 octobre 1440 à Nantes), maréchal de France, compagnon de Jeanne d'Arc.

Apparenté à la famille de Laval et de Montmorency, il fut exécuté par pendaison pour meurtres et sorcellerie.
Seigneur de Rais, d’Ingrandes et de Champtocé-sur-Loire, ses immenses revenus, ses alliances avec de grandes familles nobles, sa parenté avec la famille royale de France et la dynastie ducale de Bretagne, firent de lui un des seigneurs les plus en vue de son époque.

Sommaire

[modifier] Un seigneur breton

En 1400, Jeanne de Rais dite Jeanne la Sage (1331-1406), dernière héritière de la famille de Rais, désigna Guy de Laval-Blaison (fils de Guy de Laval dit Brumor de Laval et petit-fils de Foulques de Laval), futur père de Gilles de Rais, comme seul héritier, à l'unique condition qu'il abandonnât pour lui et ses descendants le nom et les armes de Laval, pour prendre les armes et le nom de Rais. Il hérite de ce fait des seigneuries de Machecoul, Saint-Étienne-de-Mer-Morte, Pornic, Princé, Vue, Bouin, qui forment le pays de « Rais » (actuellement Retz).

Guy de Laval-Blaison, après avoir consenti en février 1404 au mariage avec Marie, la fille de Jean de Craon, devient baron de Rais, doyen des barons de Bretagne, titre dont son fils Gilles héritera.

Après la mort de sa mère en 1415 et de son père la même année ou au commencement de l'année 1416, Gilles de Rais est élevé par son grand-père maternel, Jean de Craon, à la réputation sulfureuse.

Après deux fiançailles rompues par la mort prématurée à chaque fois de la fiancée, Gilles de Rais, respectant le contrat de mariage signé le 30 novembre 1420, finit par se marier le 26 juin 1422. Il épouse en l'église Saint-Maurille de Chalonnes-sur-Loire, Catherine de Thouars qu'il aurait prétendument enlevée dans ce but, le 24 avril 1420. Son épouse lui donna une fille, Marie de Laval (1429-1457), qui épousera l'amiral Prigent de Coëtivy puis le maréchal André de Lohéac

[modifier] Un héros de la guerre de Cent Ans

Petit-neveu du connétable Bertrand Du Guesclin — le héros du siècle précédent dans les premières luttes de cette interminable guerre contre les Anglais — Gilles de Rais entreprend une carrière militaire, qui allait se révéler brillante. Il s'illustre d'abord sous les ordres de Jean V de Bretagne en prenant une part active dans les querelles résiduelles de la Guerre de succession de Bretagne entre les Montforts et les Penthièvres (1420).

Il combat ensuite contre les Anglais à partir de 1427 (jusqu'en 1431). Étant passé au service du roi de France Charles VII, il emporta d'assaut, en 1427, le château du Lude, dont il tua le commandant. Il reprit encore aux Anglais la forteresse de Rainefort (Rennefort) et le château de Malicorne-sur-Sarthe, dans le comté du Maine.

1429██ Territoires contrôlés par Henri V d'Angleterre ██ Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne  ██ Territoires contrôlés par le Dauphin Charles ██ Principales batailles  Raid Anglais de 1415  Itinéraire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429
1429

██ Territoires contrôlés par Henri V d'Angleterre

██ Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne

██ Territoires contrôlés par le Dauphin Charles

██ Principales batailles

 
Raid Anglais de 1415
 
Itinéraire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429

Lors de la guerre de Cent Ans, dont il sera un des héros, on le trouve notamment aux côtés de Jeanne d'Arc. En 1429, il fut un des principaux capitaines qui aidèrent Jeanne d'Arc à faire entrer des vivres dans Orléans, et il se distingua à la prise de Jargeau le 12 juin 1429.

Après l'éclatante victoire de Patay, Charles VII est sacré roi de France à Reims le 17 juillet 1429[1], et Gilles de Rais, mandaté « d'aller quérir la Sainte-Ampoule[2] » est nommé maréchal de France par ce dernier en guise de récompense pour ses valeureux services. Il était de plus conseiller et chambellan du roi.

Son échec, avec Jeanne d'Arc, lors du siège de Paris — dû à une trahison de La Trémoille qui a fait se replier l'armée française — entraîne son discrédit auprès de la Cour et l'incite à se retirer sur ses terres et en particulier dans son Château de Tiffauges en Vendée, lieu où se seraient déroulés les crimes dont il fut accusé.

Il se signala, en 1430, à la prise de Melun, et l'année suivante à la levée du siège de Lagny-sur-Marne par les Anglais. En 1436, il commandait avec le maréchal Pierre de Rieux l'avant-garde de l'armée française, sous les ordres du connétable de Richemont. Cette armée étant arrivée devant Sillé-le-Guillaume dans le Maine en présence des Anglais, les deux partis se séparèrent sans combattre.

[modifier] Un patrimoine considérable

Héritier à vingt ans d'un patrimoine considérable, il fut marié à Catherine de Thouars qui lui apporta plusieurs terres en dot. Il devint en 1432 l'un des plus riches seigneurs du royaume après la mort de son aïeul maternel, Jean de Craon, seigneur de la Suze, de Champtocé, d'Ingrande, etc. On évaluait sa fortune à trois cent mille livres de rente, sans compter les profits de ses droits seigneuriaux, les émoluments de ses charges et un mobilier de cent mille écus d'or. Mais il en eut bientôt dissipé la plus grande partie par ses prodigalités, son faste et ses débauches.

Il eut d'abord une garde de 200 hommes à cheval, dépense que les plus grands princes pouvaient à peine soutenir dans ce temps-là, et il traînait en outre à sa suite plus de cinquante individus, chapelains, enfants de chœur, musiciens, pages, serviteurs, etc., la plupart agents ou complices de son libertinage, et tous montés et nourris à ses dépens. Sa chapelle était tapissée de drap d'or et de soie. Les ornements, les vases sacrés étaient d'or et enrichis de pierreries. Il avait aussi un jeu d'orgues qu'il faisait toujours porter devant lui. Ses chapelains, habillés d'écarlate doublé de menu vair et de petit gris, portaient les titres de doyen, de chantre, d'archidiacre, même d'évêque, et il avait de plus député au pape pour obtenir la permission de se faire précéder par un porte-croix. Il donnait à grands frais des représentations de Mystères, les seuls spectacles connus alors. Pour se livrer à ces profusions, il aliéna une partie de ses terres à l'évêque de Nantes, aux chapitres de la cathédrale et de la collégiale de cette ville.
Mais tout cela occasionnait des frais énormes qui l'obligea en 1434, à vendre à Jean V le Sage, duc de Bretagne, les places de Mauléon, Saint-Étienne-de-Mer-Morte, Le Loroux-Bottereau, Pornic et Champtocé.
Six ans jour pour jour après la prise d'Orléans du 8 mai 1429, Gilles de Rais offrit à la ville d'Orléans une série de reconstitutions de la bataille jouée par des centaines d'acteurs nourris, logés et changés à chaque représentation. Ce fut lors de ce « Mystère du siège d'Orléans » dont les représentations durèrent un an, et de ses frais énormes, que les difficultés financières du prince prirent un tour dramatique, sans espoir d'y remédier. Face à cela sa famille fut incitée à lui intenter un procès (qu'elle gagna) afin d'interdire à quiconque d'acheter des terres lui appartenant. Elle obtint un arrêt du parlement de Paris qui défendait au maréchal d'aliéner ses domaines. Le roi n'ayant pas voulu approuver les ventes déjà faites, le duc de Bretagne s'opposa à la publication de ces défenses et refusa d'en donner de semblables dans ses États.
Jean de la Suze, frère de Gilles, et ses cousins André de Lohéac et Guy XIV de Laval, irrités de ce refus, tâchèrent de conserver ces places dans leur maison et résistèrent au duc ; mais ce dernier les reprit et enleva à son gendre Guy XIV de Laval la lieutenance générale de Bretagne pour la confier à Gilles de Rais, avec lequel il consomma tous ses marchés en 1437.

[modifier] Alchimie et magie

Ses ressources ne suffisant pas à Gilles de Retz, ce dernier avait depuis longtemps cherché d'autres moyens pour s'en procurer. Assez instruit pour son siècle, il eut recours à l'alchimie. De prétendus adeptes lui apprirent le secret de fixer les métaux ; mais il manqua le grand œuvre. Dégoûté de l'Art d'Hermès, il se jeta dans la magie. Un Anglais, nommé messire Jean, et un Florentin homosexuel, François Prelati, furent successivement ses maîtres et l'aidèrent dans ses conjurations. On dit qu'il promettait tout au diable, excepté son âme et sa vie. Mais tandis qu'il prodiguait l'encens au démon et qu'il faisait l'aumône en son honneur, il continuait ses exercices pieux avec ses chapelains, alliant ainsi une extrême superstition aux pratiques les plus impies et à la dépravation de mœurs la plus criminelle.

En effet, il semble que ce fut à cette époque qu'il commença d'immoler des enfants, soit pour mettre plus de raffinement dans ses plaisirs abominables, soit pour employer leur sang, leur cœur ou quelques autres parties de leurs corps dans ses charmes diaboliques.[3]

Des parents, des amis de Gilles de Rais comme Princay, ou Roger de Briqueville, ou encore Gilles de Sillé, semblent même avoir été les complices de ses horribles débauches, soit en lui procurant des victimes, soit en maltraitant ou en menaçant les parents pour étouffer leurs plaintes.

[modifier] Un criminel présumé hors du commun

Le blason de Gilles de Rais
Le blason de Gilles de Rais

Dès la Pentecôte 1440, un conflit larvé s'installe entre Gilles de Rais et l'Église, qu'il aurait défiée en reprenant par la force une de ses possessions (Voir liens externes). De ce fait, Gilles de Rais tombe sous la juridiction de l'Église, et permet à celle-ci de lancer parallèlement une procédure pour enquêter sur les rumeurs qui courent à son encontre. Le 13 septembre 1440, Jean de Malestroit, l'évêque de Nantes cite Gilles de Rais à comparaître après avoir recueilli des témoignages et des rumeurs sur les exactions de celui-ci. Il est accusé d'avoir violé, torturé et assassiné 140 enfants, notamment dans le cadre de rites sataniques, durant les huit années précédentes. Les chefs d'accusation sont les plus graves de l'époque : « sodomie, sorcellerie et assassinat ».

Gilles de Rais, manifestement convaincu qu'il est trop puissant pour craindre quoi que ce soit, se laisse capturer. S'ouvre alors l'instruction du procès civil qui va être l'instrument de sa chute. Il est emprisonné dans le château de Nantes tandis que le duc de Bretagne charge son commissaire, Jean de Toucherond, de commencer une enquête. Deux des gens de Gilles de Rais sont arrêtés, Henriet et Étienne Corillaut dit Pontou ou Poitou.

Le procès qui s'ouvre à Nantes le 8 octobre 1440 est très bien préparé et suit une stratégie machiavélique visant à le désarmer. Gilles de Rais a la possibilité de récuser les juges pour partialité à l'ouverture du procès, mais l'acte d'accusation ne fait alors état que d'un acte véniel, ce qui soulage l'accusé qui reconnaît la compétence des juges.

Ce n'est qu'à la deuxième audience, le 13 octobre 1440, que l'acte d'accusation complet est dévoilé, mais il est alors trop tard pour l'accusé de récuser les juges. Gilles de Rais se rend compte qu'il a affaire à un dossier d'accusation très étoffé et que de plus, son incarcération délie les langues. Les témoignages à charge commencent à affluer. Ses valets et ses complices qui l'auraient assisté dans ses crimes, également arrêtés et le voyant sans ressources, se mettent à l'accabler.[4]

Gilles de Rais comprend alors qu'il a été piégé et qu'il ne pourra résister longtemps face à ces accusations. Il s'emporte et se révolte, ce qui entraîne en réaction son excommunication par l'évêque qui préside le procès. Cette excommunication l’effraie et il se résout alors à faire des aveux en échange de la levée de cette sanction, ce qui lui est accordé.

Sa confession, prononcée dans sa prison puis répétée à l'audience du 22 octobre, horrifie l'assistance tant les détails de la cruauté décrite dépassent l'entendement[5].

Le maréchal de Retz s'était en outre rendu coupable du crime de félonie. En effet, après avoir vendu à son suzerain la place de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, il s'en était remis en possession en menaçant le gouverneur d'égorger son frère s'il ne la lui livrait pas.

Le jugement est prononcé le 25 octobre par le tribunal présidé par le procureur et sénéchal de Bretagne, Pierre de l'Hôpital  : Gilles de Rais et ses deux valets sont condamnés à être pendus puis brûlés[6]. À sa demande, le tribunal lui accorde trois faveurs: le jour de l'exécution, les familles des victimes pourront organiser une procession, il sera exécuté avant ses complices et son corps ne sera pas brûlé mais inhumé.

Le lendemain matin, le 26 octobre 1440[7] après une messe à la Cathédrale Saint-Pierre de Nantes, l'exécution est accomplie dans les prairies de l'île de La Biesse (aujourd'hui l'île est rattachée à la berge gauche de la Loire, le gibet avait été dressé à l'endroit de l'actuel Hôtel-Dieu). Tandis que ses valets, Poitou et Henriet, sont laissés sur le bûcher, le corps de Gilles de Rais en est retiré, avant d'être touché par les flammes. Conformément à la requête qu'il avait formulée et qu'on lui avait accordée avant son exécution, son corps est enseveli dans l'église du monastère des Carmes, à Nantes. Ce monastère et le monument funéraire dédié à sa mémoire furent détruits durant la Révolution française.

Ce procès est l'un des tout premiers procès des barons du royaume, qui jusque là étaient maîtres en leur baronnie, et ne relevaient de la justice de personne.

Dans les souterrains du château de La Suze-sur-Sarthe (72), lequel lui a appartenu, auraient ultérieurement été découverts quelques 49 crânes humains. Il est aujourd'hui difficile de se prononcer ni sur la réalité ni le nombre exact des victimes. L'accusation lui a à l'époque reproché 140 meurtres ; il en a avoué 800 sous la torture. Gilles de Rais disposait de ses hommes de main, qui auraient été parfois des anciennes victimes, et auraient servi de rabatteurs. Ils auraient cherché dans un premier temps les enfants livrés à eux-mêmes, sinon ils auraient engagé des enfants à travailler au château (ce qui était un privilège), puis, si les parents demandaient des nouvelles, on leur aurait rétorqué souvent que leur enfant indigne s'était enfui.

Le doute sur la culpabilité de Gilles de Rais a toujours régné, si bien qu'en novembre 1992, un tribunal composé d'anciens ministres, de parlementaires et d'experts s'est réuni au Sénat pour se livrer à une révision du procès de Gilles de Rais, laquelle révision à abouti à son acquittement. Ce jugement n'a qu'une valeur indicative, aucune juridiction constituée n'étant compétente pour réviser un procès du XVe siècle.

Dans son livre « Le procès de Gilles de Rais », paru en 1965, Georges Bataille voit en Gilles de Rais la figure exemplaire d’une époque de la féodalité où la raison balbutiante n’avait pas encore muselé la fête archaïque de la violence : « Sa noblesse a le sens d’une violence ne regardant rien et devant laquelle il n’est rien qui ne cède[8] ».

[modifier] Les spéculations autour de Gilles et de Jeanne

Le fait qu'un criminel présumé de cette ampleur ait côtoyé Jeanne d'Arc, a fait couler beaucoup d'encre chez les écrivains, qui ont fantasmé autour de ce « démon à côté d'un ange ». Les écrits de l'époque ne nous permettent en fait que de faire des spéculations invérifiables sur le relationnel de Gilles et de Jeanne. Il semblerait néanmoins que Gilles de Rais n'ait commencé ses forfaits supposés qu'après l'épopée de Jeanne. Il est probable en revanche que, fidèle à son éducation et à ses habitudes, Gilles de Rais ait eu un tempérament violent lors des campagnes militaires. Si Gilles de Rais a régulièrement manifesté pendant sa vie des comportements de personne influençable et croyante, il était proche du parti de la Trémoille, qui n'était pas admirateur de Jeanne d'Arc. Il demeure donc difficile de spéculer sur les relations entre Gilles et Jeanne.

[modifier] Postérité

Le maréchal de Rais ne laissa qu'une fille, Marie de Laval, mariée deux fois et morte sans enfants en 1458. Son oncle René de Laval hérita de la seigneurie de Retz que sa fille unique, Jeanne de Laval, légua par testament, en 1481, à François II, duc de Bretagne.

[modifier] Notes et références

  1. Il était, ainsi que son frère René de Laval, sire de Laval, l'un des chefs de l'armée qui accompagna le roi à Reims pour y être sacré. Le sire de Laval fut fait comte dans cette occasion, et il est probable que le sire de Retz fut nommé aussi maréchal de France. En l'élevant si jeune à cette dignité, peu prodiguée alors, on ne considéra pas moins son mérite et ses services que sa naissance. Il est certain qu'il était décoré de ce titre au sacre de Charles VII et que ce fut lui qui fut chargé d'apporter la sainte ampoule de l'abbaye Saint-Remi à l'église métropolitaine.
  2. Roland Villeneuve, « Le dictionnaire du Diable », Paris, Omnibus, 1998, page 812
  3. Ses gens attiraient dans ses châteaux par quelques friandises des jeunes filles, mais surtout des jeunes garçons du voisinage, et on ne les en voyait plus sortir. D'autres agents, qui accompagnaient ce seigneur dans ses tournées en Bretagne, persuadaient aux artisans pauvres qui avaient de beaux enfants de les confier au maréchal, qui les admettrait parmi ses pages et se chargerait de leur sort.
  4. Confronté avec ses deux complices, le maréchal de Retz les désavoua pour ses serviteurs et dit qu'il n'avait eu que d'honnêtes gens à son service ; mais la menace de la torture le fit changer de langage, et il confirma leurs déclarations par un aveu général et circonstancié de tous ses crimes.
  5. On frémit d'horreur en lisant les détails obscènes et atroces de cet épouvantable procès, dont l'instruction dura un mois et dont il existe dix manuscrits à la bibliothèque de Paris et un aux archives du château de Nantes. Jamais les tyrans les plus sanguinaires n'ont imaginé de cruautés plus exécrables que celles qu'il mêlait à ses infâmes voluptés. Les innocentes victimes de sa lubricité, âgées de huit ans jusqu'à dix-huit, furent toutes sacrifiées à sa férocité. Le nombre en paraîtra incalculable si l'on considère que ces massacres eurent lieu, presque sans relâche, dans ses châteaux de Machecoul, de Champtocé, de Tiffauges, dans son hôtel de la Suze, à Nantes, et dans la plupart des villes où il passait, et qu'ils durèrent huit ans, suivant ses propres aveux, ou quatorze ans, suivant la déclaration d'un de ses complices... Pour éliminer les traces de ses forfaits, il faisait précipiter les cadavres dans les fosses d'aisances quand il était en voyage ; mais dans ses châteaux, il les brûlait et en jetait les cendres au vent. Malgré ces précautions, on en trouva quarante-six à Champtocé et quatre-vingts à Machecoul.
  6. Michel Guimar, dans ses Annales nantaises, dit que l'évêque de Nantes et le commissaire du grand inquisiteur de France furent au nombre des juges du maréchal. Le fait n'est pas impossible et se trouve peut-être dans le manuscrit de Nantes.
  7. (et non pas le 25 décembre, comme l'ont dit les historiens François-Eudes de Mézeray et Louis Moréri)
  8. Georges Bataille, « Le procès de Gilles de Rais », 1965, p.55

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie et sources

  • Eugène Bossard (Abbé), Gilles de Rais, maréchal de France, dit « Barbe-Bleue », 1404-1440, Paris, 1885. (Réédition : Éditions Jérôme Millon, Préface de François Angelier, 336 p., 1992 et 1997, ISBN 2-905614-72-2)
  • Joris-Karl Huysmans, Là-bas (roman), 1891 (Réédition, LGF - Le Livre de Poche, 412 pages, 1988, ISBN 2-253046-17-5)
  • Joris-Karl Huysmans, La magie en Poitou — Gilles de Rais (1899) (Édition allemande : Magie im Poitou - Gilles de Rais, Éditions Belleville, 1996, ISBN 3-923646-04-6)
  • Salomon Reinach, Gilles de Rais (essai de réhabilitation), dans « Cultes, mythes et religions », 1912
  • Fernand Fleuret (alias Ludovico Hernandez), Le Procès inquisitorial de Gilles de Rais (Barbe-Bleue), avec un essai de réhabilitation, 8 vol., Paris, 1921
  • Arthur Bourdeaut (Abbé), Champtocé, Gilles de Rais et les Ducs de Bretagne, 8 vol., Rennes, 1924
  • Émile Gabory, La Vie et la mort de Gilles de Rais, dit à tort Barbe-Bleue, Librairie Académique Perrin, Paris, 1932
  • Fernand Fleuret, De Gilles de Rais à Guillaume Apollinaire, 239 p., Mercure De France, 1933
  • Albert Brunois, Les échecs de Gilles de Rais dit Barbe Bleue — Discours prononcé à l'ouverture de la Conférence des avocats, le 8 décembre 1945, Imprimerie du Palais, 1946
  • Georges Bordonove, Requiem pour Gilles (roman), 246 p., Julliard, Paris, 1961
  • Georges Bataille, Le procès de Gilles de Rais, Pauvert, 338 p., 1965 (Réédition : 1977, ISBN 2-720201-77-4)
  • Michel Bataille, Gilles de Rais, 312 p., Club des Amis du Livre, Paris, 1966, (Rééditions : Éditions Pygmalion, 1976, puis 1997, ISBN 2-857040-30-X)
  • Jean Benedetti, Gilles de Rais : The authentic bluebeard, 207 p., Éditions P. Davies, Londres, 1971, ISBN 0-432012-15-X
  • Jacques Bressler, Gilles de Rais ou La passion du défi, 211 p., Payot, 1981, ISBN 2-228702-90-0
  • Michel Herubel, Gilles de Rais et le déclin du Moyen Âge, 319 p., Librairie Académique Perrin, Paris, 1982, ISBN 2-262002-47-9
  • Philippe Reliquet, Gilles de Rais, maréchal, monstre et martyr, 283 p., Paris, Belfond, 1982, ISBN 2-71441-46-3
  • Michel Tournier, Gilles et Jeanne (roman), Gallimard, 1983, (Réédition, 1986, ISBN 2-070377-07-5)
  • Mireille Rosello, L’indifférence chez Michel Tournier, José Corti
  • Jean-Marie Parent, Roger Facon, Gilles de Rais et Jacques Cœur — la conspiration des innocents, Éditions Robert Laffont, 1984, ISBN 2-221043-00-6
  • Reginald Hyatte, Laughter for the Devil : The trials of Gilles de Rais, Companion-In-Arms of Joan of Arc, Associated University Press, Londres, 1984, ISBN 0-838631-90-8
  • Gilbert Prouteau, Gilles de Rais ou la gueule du loup, 277 p., Le Rocher, 1992, ISBN 2-268013-22-7
  • Jean Pierre Bayard, Plaidoyer pour Gilles de Rais, maréchal de France, 1404-1440, 257 p., Éditions du Soleil natal, 1992, ISBN 2-905270-50-0
  • T.E. Bossard, Gilles de Rais, Ed. Jean de Bonnot, 1993
  • Michel Herubel, Gilles de Rais ou la Fin d'un monde, 331 p., Éditions J. Picollec, 1993, ISBN 2-864771-20-9
  • Jacques Heers, Gilles de Rais, Editions Perrin, collection Tempus N° 93, Paris, 1994, ISBN 2-262-010-668 (Réédition, 2005, ISBN 2-262-023-263)
  • Martine Le Coz, Gilles de Rais : Ignoble et Chrétien, 143 p., Éditions Opera, 1995, ISBN 2-908068-41-9
  • Hugo Claus, Gilles et la nuit (monologue théâtral), 80 p., Calmann-Levy, 1995, ISBN 2-702124-01-1
  • Michel Meurger, Gilles de Rais et la littérature, (essai), 237 p., Éditions Terre de brume, 2003, ISBN 2-843621-49-6
  • Matei Cazacu, Gilles de Rais, 382 p., Tallandier, Paris, 2005, ISBN 2-847342-27-3
  • « Gilles de Rais », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]
  • Hubert Lampo, Le Diable et la Pucelle, 163 p., Presses universitaires du Septentrion, 2002, ISBN 2-85939-765-5

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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