Henri de Villena
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[modifier] Sa vie
Henri d'Aragon, marquis de Villena, de la Maison de Trastamare, descendant en ligne directe des familles royales castillane et aragonaise (Cuenca, 1384-Madrid, 1434), connu sous le nom de le Nécromancien. Petit-fils naturel d'Henri II de Castille par sa mère, Jeanne (Juana), une fille naturelle dudit Henri II, membre de la Maison d'Aragon du côté paternel, il était encore enfant lorsqu'il perdit ses parents. Son père, Pierre (Pedro), marquis de Villena, fut dépossédé de son marquisat et mourut à la Bataille d'Aljubarrota (14 août 1385).
Restant à la charge de son grand-père, Henri de Villena (ca: Enric de Villena ; es: Enrique de Villena) passa son enfance à la cour d'Henri II, qui l'éleva, puis à celle d'Henri III. Bien qu'il portât le titre de marquis, ce ne fut, comme pour bien d'autres membres de la noblesse aragonaise qui vécurent en Castille, qu'un titre honorifique, sans plus, puisque son père avait perdu le marquisat. Le vrai marquis de Villena était Juan Pacheco. Quant à Henri de Villena, il ne fut que seigneur d'Iñiesta, à partir de 1417.
Sa parenté avec les rois de Castille et d'Aragon fut sans doute pour beaucoup dans ses épousailles avec Marie d'Albornoz (María de Albornoz), seigneur de nombreuses villes. Mais le mariage fut de courte durée, probablement parce que le roi Henri III s'intéressa d'un peu trop près à la jeune femme et chercha le moyen légal de rompre le mariage, en faisant d'Henri le Grand-Maître de l'Ordre de Calatrava (de 1404 à 1414). Quoiqu'il en soit, l'union fut annulée après qu'Henri se fut déclaré impuissant. Tant son mariage que l'annulation de celui-ci ne furent que la conséquence de convenances familiales, car on sait qu'il eut quelques aventures avec des dames de la noblesse, dont l'un des fruits fut sa fille naturelle, Isabelle de Villena, figure littéraire incontournable du Siècle d'Or catalan.
Ce fut un homme de grande culture et de vaste érudition. Henri mit à profit son passage par l'Ordre de Calatrava pour acquérir de nouvelles connaissances, tant en astronomie qu'en théologie et en médecine.
Sa nomination essentiellement politique à l'Ordre de Calatrava souffrit des changements politiques de l'époque, de sorte qu'à la fin de l'année 1406, nombre des moines rassemblés à Calatrava préférèrent don Luis González de Guzmán, et à la mort du monarque protecteur d'Henri de Villena refusèrent de lui obéir et son élection fut annulée. C'est son rival qui fut choisit, après une longue compétition, et qui occupa sa place en 1415.
Henri de Villena se trouvait à Saragosse en 1414 et assista au couronnement de Ferdinand d'Aragon, après quoi il se retira à Valence jusqu'en 1417. Conscient de ses maigres aptitudes pour la guerre ou pour la vie politique, il se consacra à la littérature. Poète et prosateur de renom, il s'exprimait surtout en castillan, mais il pratiqua aussi le catalan. Il écrivit, entre autre, un Art poétique (Arte de trovar, 1433), ainsi que Les douze travaux d'Hercule (Los dotze treballs d'Hèrcules) qu'il offrit au chevalier messire Pierre Pardo (mossèn Pero Pardo), conseiller royal. Joanot Martorell se servit de la dédicace de cette œuvre pour celle qu'il plaça en tête de son Tirant le Blanc.
Atteint d'une fièvre maligne, il mourut à Madrid en décembre 1434. Sa réputation sulfureuse fit que le roi Jean II ordonna alors que l'on brûlât sa bibliothèque, mais fray Lope de Barrientes, évêque de Ségovie, n'obéit pas à l'ordre royal.
[modifier] Son œuvre
Il aborda de nombreux thèmes, car sa vaste culture touchait aussi bien à la médecine qu'à la théologie, à l'astronomie et à la poésie. Mais il se distingua surtout en tant que traducteur de langues diverses. Certaines de ses œuvres furent détruites, et certaines de celles qu'on lui attribue sont de paternité douteuse.
Sa réputation de magicien inspira Juan Ruiz de Alarcón, Fernando de Rojas, José Zorrilla, Francisco de Quevedo et Juan Eugenio Hartzenbusch, qui l'introduisirent dans quelques unes de leurs œuvres. Benito Jerónimo Feijoo lui consacre un long paragraphe dans son Théâtre critique universel (Teatro crítico universal ), tome 6, second discours.
Voici quelques uns de ses ouvrages :
- Littérature
- Art poétique (Arte de trovar ), 1433, dans lequel il introduit en castillan l'art poétique des troubadours.
- Les douze travaux d'Hercules, 1417, (Los dotze treballs d'Hèrcules, qu'il traduit ensuite en castillan : Los doce trabajos de Hércules ).
- Art de découper les viandes (Arte cisoria ), 1423 ?, traité de gastronomie, de caractère allégorique et didactique.
- Astrologie
- L'ange Raziel (Ángel Raziel ), œuvre détruite en autodafé.
- Livre de la peste, (Libro de la peste ), ~1422.
- Traité d'alchimie (Tratado de la alquimia ).
- Traductions
- L'Énéide (La Eneida ), de Virgile , la première traduction dans une langue romane.
- La nouvelle rhétorique de Tullius (La retórica nueva de Tulio ), de Cicéron.
- La Divine Comédie (La Divina Comedia ), de Dante.