Histoire des frontières de la Belgique
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La situation géographique de la Belgique dans l’Europe occidentale est particulière. Elle est entourée par quatre états, dont deux importants, l’Allemagne et la France, sans compter la Grande-Bretagne séparée de la Belgique par la mer du Nord. Cette situation privilégiée du point de vue économique, l’est moins si on considère les vicissitudes que cette position a provoqué durant l’histoire. Les frontières actuelles du pays sont fixées depuis longtemps. Mais, si l’on étudie l’histoire de la Belgique depuis son indépendance, on remarque qu’elles ont varié ou auraient pu varier à plusieurs reprises et pendant des durées fort variables. Dans ce deuxième cas, le mot « variation » aurait d’ailleurs plutôt dû être remplacé par « disparition » !
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[modifier] Origine du tracé des frontières de la Belgique
Le tracé des frontière du territoire qu'occupe actuellement la Belgique a lentement émergé au cours de l'histoire. On peut remonter à 1609, quand l'Espagne conclut une trêve de douze ans avec les Provinces-Unies, reconnaissant donc leur indépendance de facto. C'est le territoire compris entre les Provinces-Unies et la France qui deviendra finalement la Belgique. À l'époque cette zone n'est pas unifiée politiquement : l'essentiel des terres constitue certes les Pays-Bas espagnols, mais la principauté de Liège et deux entités mineures, la principauté de Stavelot-Malmedy et le duché de Bouillon échappent à la domination espagnole.
Ce territoire va alors être régulièrement diminué au profit de ses voisins. En 1648, par le traité de Westphalie, la Flandre zélandaise, le Brabant septentrional (qui deviendra le Brabant des États) et Maastricht sont cédé par l'Espagne aux Provinces-Unies, dont elle reconnaît par ailleurs l'indépendance. En 1659, le traité des Pyrénées donne l'Artois (Arras, Hesdin, Saint-Pol sur Ternoise), une partie du Hainaut (Avesnes, Landrecies, Le Quesnoy), Gravelines, Thérouanne, une partie du duché de Luxembourg (Thionville, Montmédy) et quelques enclaves (Philippeville, Mariembourg) à la France et Dunkerque à l'Angleterre. En 1668, le traité d'Aix-la-Chapelle donne à la France de nombreux territoires en Flandre (Bergues, Furnes, Courtrai, Tielt, Menin, Lille, Tournai) et en Hainaut (Ath, enclaves de Binche et de Charleroi). Au traité de Nimègue, la France et l'Espagne pratiquerons un échange de territoire : l'Espagne récupérera Binche, Charleroi, Ath, Tielt et Courtrai, alors que la France acquérera le reste de la Flandre maritime (Saint-Omer, Cassel, Ypres, Roulers), le Cambraisis et des terres en Hainaut (Valenciennes, Le Cateau, Maubeuge). Au traité de Ryswick (1697) et de Lille (1699), la France recevra encore la partie du Tournaisis qu'elle ne possédait pas encore (la rive droite de l'Escaut) et l'enclave de Givet. Au traité d'Utrecht (1713), les Pays-Bas, qui passent aux mains des Autrichiens, doivent céder la partie de la Gueldre qu'elle détenait aux Provinces-Unies (Venlo) et à la Prusse. Par ailleurs, elle récupère des terres en Flandre (Furnes, Roulers, Ypres, Menin) et le Tournaisis. Après la conclusion de ce traité, les Autrichiens, les Français et la principauté de Liège pratiqueront diverses modification de frontières, dont l'effet principal fut de désenclaver le territoire français de Givet.
Quand les Français annexent la Belgique en 1795, son territoire est organisé en départements. En 1815, la Belgique est intégrée dans le royaume des Pays-Bas. Neuf des provinces de ce nouvel État formeront en 1830 la Belgique indépendante. Par rapport aux frontières de l'Ancien Régime, on peut remarquer que le territoire a été diminué à l'Est au profit de la Prusse : Eupen, Malmedy, Bitburg, Schleiden... Par ailleurs, une enclave française (Barbançon) a été récupérée. Enfin, la province de Limbourg rassemble des territoires qui faisaient auparavant partie des Pays-Bas autrichiens et de la principauté de Liège, mais aussi du duché de Juliers, de la Prusse et des Provinces-Unies (notamment Maastricht et une partie des territoires perdus en 1713).
Ces neuf provinces constitueront la Belgique indépendante, mais le traité des XXIV articles (1839) contraindra la Belgique à céder à Guillaume Ier des Pays-Bas la moitié du Luxembourg (le Luxembourg germanophone moins le canton d'Arlon) et du Limbourg (l'est de la Meuse et Maastricht).
[modifier] Les menaces hollandaises
Lors de l’indépendance du pays en 1830, les frontières du pays ne furent pas celles que l’on connaît actuellement. Une fois les Hollandais boutés hors du pays suite à la révolution belge, les frontières furent fixées de telle sorte qu'elles englobaient le Limbourg oriental (à l’Est de la Meuse) et le Luxembourg oriental (actuel Grand-Duché). Un premier traité international entérina cet état de fait. Cependant, en août 1831, peu après la prestation de serment du roi Léopold Ier, les Hollandais attaquèrent le pays dans l’optique évidente de reprendre le sud de leur royaume, ceux-ci, le roi Guillaume en premier, n’ayant pas accepté l’indépendance des Belges. La petite armée belge, encore complètement désorganisée, ne put faire face et le roi fit appel à l’aide des Français. Cette intervention étrangère sauva l’indépendance de la Belgique. Un nouveau traité international fut conclu, cette fois moins favorable à la Belgique. Celui-ci privait la Belgique du Limbourg et du Luxembourg oriental. Cependant, ces territoires furent administrés par la Belgique jusqu’à l’acceptation du traité par les Pays-Bas en 1839.
[modifier] Les Cantons de l’Est
Lors du Congrès de Vienne de 1815, ayant comme but la réorganisation territoriale de l’Europe après l’aventure napoléonienne, les territoires d’Eupen, Malmédy et Saint-Vith furent rattachés à la nouvelle partie rhénane de la Prusse. De plus, le petit village de Moresnet, à l’Est du pays comme les territoires précédents, fut coupé en trois : une partie revint à la Prusse, une autre à la Belgique, et la troisième partie, convoitée par tout le monde à cause des riches mines de zinc se trouvant sur son territoire, fut déclaré territoire neutre en 1816. Ces territoires ne furent rattachés à la Belgique que plus de 100 ans plus tard, à la suite du Traité de Versailles de 1919 qui mettait un terme à la Première Guerre mondiale. Ces territoires furent à nouveau rattachés à l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale. Hitler incorpora même, à titre provisoire, certaines communes périphériques. Actuellement, les territoires d’Eupen et Saint-Vith, appelés les Cantons de l’Est si on tient aussi compte de la ville francophone de Malmédy, forment la Communauté germanophone de Belgique, ayant une certaine autonomie dans l’état fédéral belge.
[modifier] Le Congo
Lorsque l’on étudie le territoire belge, il faut aussi pour être complet, tenir compte des territoires extra européens qui ont été belges ou sous administration belge. Le XIXe siècle fut marqué par l’impérialisme colonial. La Belgique, comme beaucoup d’autres pays européens, a aussi eu sa colonie africaine. Pendant cette période, la superficie du territoire belge fut grandement augmentée lorsque l’on sait que le Congo est 80 fois plus étendu que la Belgique ! L’ambition du roi Léopold II, et cela déjà avant son accession au trône en 1865, était d’apporter à la Belgique des territoires supplémentaires. Sa grande réalisation fut de devenir souverain personnel d’un immense territoire en Afrique centrale, malgré la concurrence des autres pays européens. En effet, toute l’Afrique, à quelques exceptions près, était sous domination étrangère dès la fin du XIXe siècle. Les explorations en Afrique centrale menées par Stanley pour le compte de Léopold II aboutirent en 1885, lors du congrès de Berlin, à la création de l'État indépendant du Congo (EIA), dont la souveraineté fut attribuée à Léopold II et dont l’administration et l’armée étaient constituées principalement par des Belges. Ce n’est qu’en 1908, un an avant la mort de Léopold II, que celui-ci céda le Congo à la Belgique. Le Congo resta belge jusqu’en 1960, date de son accession à l’indépendance dans des circonstances assez difficiles. Outre le Congo, colonie belge, les territoires de l’Urundi et du Rwanda furent placés sous administration de la Belgique après le Traité de Versailles en 1919. Ces deux territoires étaient des colonies allemandes avant la Première Guerre mondiale et l’Allemagne perdit toutes celles-ci en 1919. Le Burundi et le Rwanda devinrent indépendants en 1962.
[modifier] Les menaces françaises
En 1848, de nombreuses révolutions éclatèrent en Europe, et la Belgique fut l’un des rares pays épargnés. Cependant, un groupe de Français républicains voulut exporter leur révolution en Belgique. Ils essayèrent de passer le poste frontière de Risquons-Tous, mais furent facilement rejetés dans leur pays. En 1852, Napoléon III déclara le Second Empire en France. Celui-ci avait des vues expansionnistes comme son illustre oncle. Pendant toute la durée de l’empire (1852-1870), des menaces d'annexion pesèrent sur la Belgique. En 1866, Napoléon III fit réaliser un projet de traité entre la Prusse et la France prévoyant l’annexion de la Belgique par la France en compensation de sa non intervention lors de la guerre austro-prussienne. La France demandait aussi des "compensations" sur la rive gauche du Rhin et l’annexion possible du Luxembourg. Ce traité resta à l’état de projet, mais Bismarck le garda précieusement pour le ressortir au bon moment. Au début de la guerre franco-allemande de 1870, celui-ci divulgua le projet à la presse internationale, ce qui fit très mauvaise impression, surtout envers la Grande-Bretagne, garante de l'indépendance belge. Pendant le début de la guerre de 1870, les hostilités se rapprochèrent fortement des frontières belges. L’armée belge fut mobilisée et le roi Léopold II en pris le commandement. Le point culminant eu lieu début septembre, lors de la bataille de Sedan, ville très proche de la Belgique. Les troupes françaises en déroute faillirent passer sur le territoire belge, poursuivies par l’armée allemande. L’armée d’observation belge postée le long de la frontière sud du pays les en dissuada ainsi que le statut de neutralité du pays.
[modifier] Les deux guerres mondiales
Durant les deux guerres mondiales, le territoire fut à chaque fois occupé par les Allemands. Cependant, la situation territoriale fut chaque fois rétablie après les conflits, avec même un gain territorial après la Première Guerre mondiale.
[modifier] La période récente
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation territoriale belge n’a plus évolué, si l’on excepte la décolonisation au début des années soixante. Maintenant, les craintes ne proviennent plus de l’extérieur mais plutôt de l’intérieur du pays ! Les exigences de plus en plus fortes d’autonomie ou même d’indépendance de la Flandre pourraient venir à bout de la Belgique telle qu’elle existe depuis 1830. De plus, la place des régions deviendra de plus en plus grande dans l’Union européenne, souvent au détriment des "anciens" états-nations.
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