Né Jean-Eugène Robert à Blois, il allie plus tard à son patronyme le nom de sa femme, Cécile Églantine Houdin, pour devenir Robert-Houdin.
Après des études au collège d'Orléans, il se rend à Paris où il étudie l'horlogerie, l'électricité et la construction d'automates. Il dépose plusieurs brevets d'inventions. Il est le premier à perfectionner l'ampoule électrique à incandescence. Ses ampoules sont en exposition permanente au musée du château de Blois.
Il répare entre autres le Componium, ancêtre des robots musicaux. Ce travail lui apporte une notoriété certaine et, devenu horloger reconnu, il travaille pour la Maison Destouche. Il dépose en 1837 son premier brevet : un « réveil briquet ». Puis il crée des pendules mystérieuses dont le mécanisme est invisible et enfin ses propres automates. Son « écrivain dessinateur », clou de l'Exposition de 1844, est acheté par le célèbre Barnum et lui ouvre les portes du marchand Alphonse Giroud pour qui il fabrique différents automates.
Il découvre l'illusionnisme dans le recueil d'un bonimenteur dénonçant le chalatanisme, le docteur Carlosbach[1], la science de l'escamotage, ancêtre de la prestidigitation. Remarié après la mort de sa première femme, il entame sa carrière de prestidigitateur.
Un collectionneur, le comte de l'Escalopier, devenu son ami, lui avance la somme nécessaire pour ouvrir un théâtre de magie à Paris. Le 3 juillet 1845 a lieu la première des « Soirées fantastiques de Robert-Houdin », rue de Valois, au Palais-Royal. C'est le succès immédiat. Il y présente des automates magiques comme L'Oranger ou Le Trapéziste et des expériences inédites comme La Bouteille inépuisable ou La Suspension éthéréenne dont la conception et l'exécution envoient aux oubliettes le répertoire désormais désuet de ses prédécesseurs.
En quelques années Robert-Houdin fait fortune. Il laisse son théâtre, qui entre-temps s'est installé boulevard des Italiens, à son beau-frère Hamilton. Robert-Houdin retourne vivre à Blois dans une propriété, « Le Prieuré », dont il truque le jardin grâce à des commandes électromécaniques et des appareils qu'il a inventés pour surprendre ses visiteurs.
En 1888, le théâtre est vendu par ses héritiers à un certain Georges Méliès, lui-même illusionniste qui fonde l'Académie de prestidigitation en 1891. Georges Méliès suit ses traces en inventant les premiers trucages cinématographiques. Enfin, un certain Ehrich Weiss, connaîtra une célébrité mondiale sous son nom de scène, Harry Houdini, pseudonyme qu'il a adopté en hommage à Robert-Houdin.
Robert-Houdin s'intéresse à tout ce qui touche aux sciences, il dépose de nombreux brevets. On lui doit les appareils permettant de mesurer les « touches » des escrimeurs, le taximètre, des appareils électromécaniques de contrôle à distance, certains instruments d’ophtalmologie.
Parallèlement, il publie ses mémoires et révèle ses procédés. Il publie aussi des articles pour La Grande Encyclopédie Larousse.
Éprouvé par le décès d'un de ses fils tué pendant la guerre de 1870, il s'éteint près de Blois en 1871.
Face au château de Blois, on peut visiter la « Maison de la Magie » qui est un musée à l'honneur de Robert-Houdin et de la magie en général.
Mission en Algérie
Le colonel de Neveu, chef du bureau politique à Alger, adjoint du général Randon, le tire de sa semi-retraite pour aller faire une tournée dans la colonie algégrienne, entre octobre et novembre 1856. Il a pour mission de montrer aux Algériens que les marabouts fomenteurs de révoltes dans les villages kabyles n'ont pas plus de pouvoir inspirés de Dieu que lui et qu'ils ne sont que des usurpateurs, de faux-prophètes.
Robert-Houdin raconte : "Il fut convenu que je serai rendu à Alger pour le 27 septembre (1856), jour où devaient commencer les grandes fêtes que la capitale de l'Algérie offre anuellement aux Arabes. Je dois dire aussi que ce qui influença beaucoup ma détermination, ce fut de savoir que la mission (...) avait un caractère quasi politique. (...) On n'ignore pas que le grand nombre des révoltes (...) ont été suscitées par des intrigants qui se disent inspirés par le Prophète, et qui sont regardés par les Arabes comme des envoyés de Dieu sur la terre, pour les délivrer des (...) roumi (chrétiens). Or, ces faux-prophètes, ces saints marabouts qui, en résumé, ne sont pas plus sorciers que moi, et qui le sont encore moins, parviennent cependant à enflammer le fanatisme de leurs coreligionnaires à l'aide de tours de passe-passe (...)" [2]