Jean-François de La Harpe
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Jean-François de La Harpe, né le 20 novembre 1739 à Paris où il est mort le 11 février 1803, est un écrivain et critique français.
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[modifier] Biographie
Les nombreux détracteurs de La Harpe affirmèrent qu'il était un enfant trouvé qui devait son nom à la rue de Paris où on l'avait découvert. Lui-même déclara en 1790, dans une lettre adressée au Mercure de France, qu'il était issu d'une famille noble du canton de Vaud (Suisse), connue depuis le XIVe siècle. Christopher Todd a pu établir que son père, Jean-François de La Harpe, était bien un officier suisse, ancien capitaine d'artillerie tombé dans le dénuement et dont la mort en 1749 plongea les siens dans une affreuse misère.
Jean-François de La Harpe fut alors pris en charge par les sœurs de la charité de la paroisse Saint-André-des-Arts. Une bourse lui permit d'entrer au Collège d'Harcourt. Il obtint deux années consécutives le prix de rhétorique. Des vers composés contre certains de ses maîtres d'école lui valurent à retardement, en 1760, quelques semaines d'emprisonnement. En 1764, il épousa la fille d'un cafetier, mais ce mariage ne fut pas heureux et les époux se séparèrent bientôt.Il fut le précepteur de Paul Ier, fils de Catherine II, tsarine de Russie.
Dès 1759, il publia des Héroïdes dont l'anticléricalisme fut remarqué par Fréron, qui le dénonça, mais aussi par Voltaire, qui accorda sa protection à leur auteur qu'il tenait en haute estime, lui permettant même de corriger ses vers. Celui-ci fit un séjour à Ferney, où il déroba le manuscrit du deuxième chant de La Guerre de Genève qu'il publia en 1767, année à laquelle il fut reçu à l’Académie de Rouen.
Cet incident, qui fit un certain bruit, n'arrêta pas l'ascension de La Harpe. En 1771, son Éloge de Fénelon, couronné par l'Académie française, donna lieu à l'intervention de l'archevêque de Paris et du Roi et au rétablissement du visa des docteurs en théologie. L'Académie ressentit durement cet épisode, et La Harpe y manqua plusieurs fois son entrée. Voltaire, loin de lui tenir rigueur de son larcin (mais peut-être avaient-ils manigancé l'affaire ensemble) mit tout son poids pour pousser sa candidature, que repousaient le maréchal-duc de Richelieu et l'avocat général Séguier, qui allèrent jusqu'à mettre leur démission dans la balance. Mais, Malesherbes s'étant assuré que le Roi ne mettrait pas son veto à cette élection, La Harpe finit par être élu le 13 mai 1776, à trente-sept ans, au fauteuil que le malheureux Colardeau n'avait pas eu le temps d'occuper.
En 1779, La Harpe remporta, sous le voile de l'anonymat, avant d'y renoncer le prix d'éloquence de l'Académie pour son Éloge de Voltaire. A l'Académie, il abandonna d'Alembert, qui avait pourtant bataillé pour son élection, et se rallia au parti de Buffon, votant pour Bailly contre Condorcet, qui fut élu. Il adopta le parti des piccinistes contre les gluckistes. Enseignant la littérature au Lycée, rédacteur au Mercure de France, La Harpe jouissait alors d'une situation très enviable. Il correspondait régulièrement avec le tsar Paul Ier, qui l'invita plusieurs fois à sa table lorsqu'il visita la France.
La Harpe embrassa passionnément la cause de la Révolution lorsque celle-ci éclata. Il reprit en 1793 la rédaction du Mercure qu'il avait abandonnée, s'occupant de la partie littéraire quand Mallet du Pan avait en charge la partie politique. Malgré son zèle pour les idées nouvelles, ou à cause de celui-ci, il fit un séjour de quatre mois à la prison du Luxembourg en 1794.
Il en ressortit converti (il avait occupé sa détention à traduire les psaumes) et gagné à des opinions beaucoup plus conservatrices. Il se mit à fréquenter avec ostentation les églises et, dans son cours du Lycée, ne cessa d'attaquer violemment les Encyclopédistes. Ces opinions lui valurent d'être proscrit après le 18 fructidor (1797). Il revint en France après le 18 brumaire, fut proscrit de nouveau en 1802 en raison de ses relations avec les milieux royalistes. Il se remaria, mais sa femme demanda le divorce au bout de quelques semaines. Il mourut le 11 février 1803.
[modifier] Œuvre littéraire de La Harpe
La Harpe a été un auteur dramatique abondant (mais non à succès), a composé des vers, de la prose, des compilations (une Histoire générale des voyages en 32 volumes) mais reste surtout connu comme pédagogue et critique littéraire.
[modifier] Œuvres dramatiques
La Harpe a écrit de nombreuses pièces dont la plupart tombèrent et qui sont presque toutes complètement oubliées. Seules Warwick et Philoctète, imitée de Sophocle, eurent un certain succès.
Il faut faire une mention particulière de Mélanie, ou les Vœux forcés, que l'auteur fit imprimer en 1770 mais qui ne fut jouée que le 7 décembre 1791 au Théâtre-Français. Elle reste, selon Jacques Truchet, « la plus curieuse de ses pièces et la plus représentative de l'esprit du temps ». Le sujet – les vœux forcés – pouvait convenir à l'anticléricalisme que La Harpe affichait lorsqu'il composa cette pièce mais beaucoup moins à la censure du temps, ce qui explique qu'elle ne fut jouée qu'après la Révolution. Bien que présentée sous la forme d'une pièce en trois actes et en vers, Mélanie se rapproche du drame qui connaîtra la fortune qu'on sait à la fin du XVIIIe siècle.
Ce rapprochement est d'autant plus piquant que La Harpe a toujours professé le plus grand mépris du drame, qu'il attaque violemment dans sa comédie Molière à la nouvelle salle, écrite pour défendre la Comédie-Française contre les théâtres concurrents.
Par ailleurs, sa Correspondance littéraire, adressée au grand-duc Paul de Russie, est truffée d'anecdotes théâtrales sur les acteurs et les pièces de son temps.
- Le Comte de Warwick (créée au Théâtre français le 7 novembre 1763)
- Timoléon (créée au Théâtre français le 1er août 1764)
- Pharamond (1765)
- Mélanie, ou les Vœux forcés (1770)
- Olinde et Sophronie (1774)
- Menzicoff, ou les Exilés (Fontainebleau, novembre 1775)
- Les Barmécides (créée au Théâtre français le 11 juillet 1778)
- Les Muses rivales, ou l'Apothéose de Voltaire (comédie en 1 acte et en vers libres, créée au Théâtre français le 1er février 1779)
- Jeanne de Naples (créée le 12 décembre 1781)
- Molière à la nouvelle salle, ou les Audiences de Thalie (créée le 12 avril 1782), comédie en un acte et en vers
- Philoctète (créée le 16 juin 1783)
- Coriolan (créée le 2 mars 1784)
- Virginie (créée le 11 juillet 1786)
[modifier] Œuvres critiques
Le principal ouvrage de La Harpe est son Lycée ou Cours de littérature (paru en 1799), qui rassemble en 18 volumes les leçons qu'il avait données pendant douze ans au lycée. C'est un monument de la critique littéraire. Même si certaines parties sont faibles – celle sur les philosophes antiques notamment – tout ce qui est dit sur l'art dramatique, de Corneille à Voltaire, est admirablement pensé et raisonné, même si c'est la pensée et le raisonnement d'un puriste souvent pointilleux. Les passages concernant les auteurs contemporains, dans lesquels La Harpe attaque avec vigueur le parti philosophique, sont souvent d'une grande drôlerie.
- Commentaire sur Racine (1795-1796, publié en 1807)
- De la Guerre déclarée par nos nouveaux tyrans à la raison, à la morale, aux lettres et aux arts (1796)
- Réfutation du livre de l'Esprit d'Helvétius (1797)
- Du Fanatisme dans la langue révolutionnaire, ou de la Persécution suscitée par les barbares du XVIIIe siècle contre la religion chrétienne et ses ministres (1797)
- Le Lycée, ou cours de littérature, 18 vol. (1798-1804)
[modifier] Œuvres diverses
- L'Alétophile ou l'ami de la Vérité (1758)
- Héroïdes nouvelles, précédées d'un essai sur l'héroïde en général (1759)
- Le Philosophe des Alpes, La Gloire (1762) : odes
- La Délivrance de Salerne et la fondation du royaume des Deux-Siciles (1765) : poème
- Mélanges littéraires ou épîtres philosophiques (1765)
- Le Poëte (épître, prix de l'Académie française en 1766)
- Éloge de Charles V (prix de l'Académie française en 1767)
- Des Malheurs de la guerre et des avantages de la paix (discours, prix de l'Académie française en 1767)
- La navigation (1768) : ode
- Éloge de Henri IV (1769)
- Éloge de Fénelon (prix de l'Académie française en 1771)
- Éloge de Racine (1772)
- Éloge de La Fontaine (1774)
- Éloge de Catinat (1775)
- Conseils à un jeune poète (1775)
- Éloge de Voltaire (1780)
- Tangu et Filine, poème érotique (1780)
- Abrégé de l'histoire générale des voyages, 32 vol. (1780)
- Le Pseautier en français, traduction nouvelle, avec des notes... précédée d'un discours sur l'esprit des Livres saints et le style des prophètes (1797)
- Correspondance littéraire adressée au grand-duc de Russie, 4 vol. (1801-1807)
- Le Camaldule (1802)
- Réponse d'un solitaire de La Trappe à la lettre de l'abbé de Rancé (1802)
- Le Triomphe de la religion, ou le Roi martyr (1814) : poème héroïque
- Commentaire sur le théâtre de Voltaire (publié en 1814)
- Prédiction de Cazotte, faite en 1788 (1817)
[modifier] Références
- Émile Faguet, Histoire de la poésie française, tome IX, Paris, 1935
- Gabriel Peignot, Recherches historiques, bibliographiques et littéraires sur La Harpe, 1820
- (en) Christopher Todd, Voltaire's disciple : Jean-François de La Harpe, Londres, 1972
- Jacques Truchet, Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, bibl. de la Pléiade, 1974, vol. II, p. 1488-1492
[modifier] Liens externes
- Ses pièces de théâtre et leurs représentations sur le site CÉSAR
- La prophétie de Cazotte(1817)
- Portrait de Jean François de la Harpe, miniature attribuée à Hall.
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