Jean Armand Mauvillain

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MAUVILLAIN (de), Jean Armand, 1620-1685

Jean Armand de Mauvillain (1620-1685), parfois prénommé Armand Jean, était le médecin et l'ami de Molière. Il aurait été le conseiller de Jean Baptiste Poquelin, dit Molière, pour ses pièces mettant en scène des médecins. Doyen de la Faculté de Médecine de Paris de 1666 à 1668, il avait fait frapper un "jeton de médecine" à son effigie à la fin de ce "décanat".

Un de ces "jetons" a été mis en vente dans les années 1990/1998. La notice publiée par le négociant en numismatique, la Compagnie Générale de Bourse, indique encore que Jean-Armand de Mauvillain était le filleul du Cardinal Armand-Jean de Richelieu :

" 15. F.4516, Fournié N°24, 1668, (Cuivre rouge, ) A/IOAN. ARM. DE. MAVVILAIN. DOYEN Portrait de Jean Armand de Mauvillain avec sous le cou, la signature DU FOUR et la date 1668 R/VERO. LVMINE. COECAT "Il l'a privé de la vraie lumière" Ulysse, habillé en soldat grec, aveuglant d'une torche le cyclope Polyphème G/Du Four

Mauvillain eut pour parrain le Cardinal de Richelieu et fut professeur de botanique et ami de Molière. Il lutta contre les prétentions des chirurgiens à se réunir au sein d'un collegium, contre l'avis de la Faculté. Il soutint aussi l'usage de l'antimoine, sous la forme du vin émétique, contre Blondel. Luttte, vote au parlement (sur l'usage d'un médicament!), refus, procès, saisie des meubles de Blondel. c'est la défaite de celui-ci, représenté sous l'aspect de Polyphème que Mauvillain/Ulysse aveugle sur le revers du jeton [1]"

[1] Source : Compagnie Générale de Bourse

Jean Armand de Mauvillain était le fils de Jean de Mauvillain, chirurgien de Louis XIII puis, à la mort de celui-ci, chirurgien de Gaston d'Orléans jusqu'à sa propre mort.

Molière ayant présenté son médecin au roi Louis XIV, celui-ci lui demanda «Voilà donc votre médecin… Que vous fait-il? ». Ce à quoi Molière répondit : « Sire, nous raisonnons ensemble, il m‘ordonne les remèdes, je ne les fais point… et je guéris »

Molière était assez lié à son ami et médecin. Le 5 février 1669, dans le troisième placet au Roi pour la représentation de Tartuffe, il fit cette demande à Louis XIV :

" Sire,

Un fort honnête médecin, dont j'ai l'honneur d'être le malade, me promet et veut s'obliger par-devant notaire de me faire vivre encore trente années, si je puis lui obtenir une grâce de Votre Majesté. Je lui ai dit, sur sa promesse, que je ne lui demandais pas tant, et que je serais satisfait de lui pourvu qu'il s'obligeât de ne me point tuer. Cette grâce, Sire, est un canonicat de votre chapelle royale de Vincennes, vacant par la mort de...

Oserai-je demander encore cette grâce à Votre Majesté le propre jour de la grande résurrection de Tartuffe, ressuscité par vos bontés? Je suis, par cette première faveur, réconcilié avec les dévots; et je le serais, par cette seconde, avec les médecins. C'est pour moi, sans doute, trop de grâces à la fois; mais peut-être n'en est-ce pas trop pour Votre Majesté; et j'attends, avec un peu d'espérance respectueuse, la réponse de mon placet. "

La preuve de la nomination d'un Mauvillain, chanoine de la chapelle royale de Vincennes n'est pas faite. Pourtant, Voltaire dans "La vie de Molière", avance que le fils de Jean-Armand de Mauvillain en aurait bénéficié :

"Le crédit qu’il avait auprès du roi paraît assez par le canonicat qu’il obtint pour le fils de son médecin. Ce médecin s’appelait Mauvilain. Tout le monde sait qu’étant un jour au dîner du roi: « Vous avez un médecin, dit le roi à Molière, que vous fait-il ? - Sire, répondit Molière, nous causons ensemble; il m’ordonne des remèdes, je ne les fais point, et je guéris. »

En 1669, année de ce placet au roi, un seul fils du Docteur Jean Armand de Mauvillain était susceptible d'obtenir ce canonicat. Il s'agit de Armand Jean de Mauvillain, né en 1651 [2]. Le second Guillaume de Mauvillain qui deviendra avocat et procureur du roi et fera partie des "Gens du Roi" à partir de 1694, est né en 1661, et n'avait donc que 8 ans lors de cette requête de Molière.

Armand Jean de Mauvillain, premier fils de Jean Armand, a fait des études de médecine à la Faculté de Paris dont il fut nommé "Docteur Régent" en 1676. Il disparu le 2 août 1677 au cours de la campagne des Flandres [2]. Il aurait donc pu effectivement profiter de cette charge de chanoine.

[2] Conférence du Docteur Christian Warolin, pharmacien, ancien président et membre de la Société d'Histoire de la Pharmacie, en séance commune à la Société d'Histoire de la Médecine le 24 avril 2004. Cette conférence a été publiée dans la revue "Histoire des Sciences Médicales", organe officiel de la Société Française d'Histoire de la Médecine (Tome XXXIX - N°2 - 2005, ISSN 0440-8888 - Avril-Mai-Juin 2005