La Vie et rien d'autre
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La Vie et rien d'autre est un film français de Bertrand Tavernier, sorti en 1989.
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[modifier] Synopsis
Après la Première Guerre mondiale, le commandant Delaplane (Philippe Noiret) est chargé de recenser les soldats disparus. Il rencontrera sur son chemin deux femmes:
- Irène, une dame du monde exigeante (Sabine Azéma) arrivant dans sa limousine cherchant son mari disparu,
- et Alice, une jeune femme (Pascale Vignal) cherchant son amoureux.
Pour raisons de déontologie, il s'oppose à sa hiérarchie lorsqu'elle lui ordonne de procéder à la sélection de la dépouille du poilu qui sera le soldat inconnu sous l'Arc de triomphe.
[modifier] Fiche technique
- Titre : La Vie et rien d'autre
- Réalisation : Bertrand Tavernier
- Scénario : Jean Cosmos et Bertrand Tavernier
- Production : René Cleitman pour Hachette Première ; Little Bear ; AB Films
- Musique : Oswald d'Andrea
- Photographie : Bruno de Keyzer
- Montage : Armand Psenny
- Décors : Guy-Claude François
- Costumes : Jacqueline Moreau
- Pays d'origine : France
- Format : Couleurs - 2,35:1 - Dolby - 35 mm
- Durée : 135 minutes (2h15)
- Date de sortie : 6 septembre 1989 (France)
[modifier] Distribution
- Philippe Noiret : commandant Delaplane
- Sabine Azéma : Irène de Courtil
- Pascale Vignal : Alice
- François Perrot : Perrin
- Maurice Barrier : Mercadot
- Jean-Pol Dubois : André
- Daniel Russo : lieutenant Trévise
- Michel Duchaussoy : général Villerieux
- Arlette Gilbert : Valentine
- Louis Lyonnet : Valentin
- Charlotte Maury : Cora Mabel
- François Caron : Julien
- Thierry Gimenez : l'adjudant du génie
- Frédérique Meininger : Mme Lebègue
- Pierre Trabaud : Eugène Dilatoire
- Jean-Roger Milo : M. Lebègue
[modifier] La lettre de Delaplane à Irène
Bédarieux, 6 janvier 1922
Irène, très chère Irène,
Votre lettre m'a donné une très grande joie parce qu'elle m'apportait un grand espoir. Enfin vous! Enfin quelques mots me rendaient votre voix, votre regard, l'émouvante silhouette de mes jours et de mes nuits de solitude! Dieu veuille que mon message vous atteigne à New York avant ce grand départ que vous m'annoncez pour le Wisconsin. J'ai eu du mal à le découvrir sur mon globe. Comment vous y retrouverais-je si vous aviez l'imprudence d'aller vous y perdre?
"Nouvelle vie" dites-vous, "nouvelles têtes, nouveau départ". Qu'avez-vous besoin de toute cette nouveauté, vous qui renouvelez si bien toutes choses et notamment le vieux cœur des vieux hommes?
Vous n'avez compris ni mon trouble ni mon silence. Ai-je compris moi-même? J'étais, je suis encore tremblant de mon immense tendresse, et votre véhémence, votre flamme me paralysaient... nuit effrayante dans mon souvenir. Il suffisait que je murmure les trois mots dont vous me lanciez le défi et je me suis tû. Aujourd'hui, je les crie cent fois par jour, de toutes les forces qui me restent, souhaitant qu'ils passent la formidable étendue qui nous sépare: je vous aime, oui je vous aime, à jamais.
Cet aveu vous donnera peut-être à rire après tant de mois de séparation. Il me soulage. Il m'assure que je suis vivant, en paix avec moi-même. Le reste n'est que broutilles.
J'ai pris de grandes résolutions. Par exemple celle de me séparer de l'armée, laquelle d'ailleurs n'a fait aucune difficulté pour me libérer. Et comme je n'ai de goût ni pour les villes, ni pour les cravates, j'ai regagné la terre de mon enfance où je dispose d'une maison de famille entourée de quelques hectares de rocaille et de vignoble.
Je vous offre, sans trop d'illusion, cette royauté dérisoire.
Il est dix heures du soir. L'air sent bon le crottin, la menthe et le caramel parce que j'ai fait tomber du sucre sur ma cuisinière. Demain matin j'irai voir si les sangliers de mon petit bois sont partis pour l'Espagne et je commencerai d'attendre, de vous attendre. J'attends déjà. Je n'attendrai pas plus de cent ans. Mettons cent un ans.
Postcriptum: C'est la dernière fois que je vous importune avec mes chiffres terribles. Mais par comparaison avec le temps mis par les troupes alliées à descendre les Champs Élysées lors du défilé de la Victoire, environ trois heures je crois, j'ai calculé que dans les mêmes conditions de vitesse de marche et de formation réglementaire, le défilé des pauvres morts de cette inexpiable folie n'aurait pas duré moins de onze jours et onze nuits. Pardonnez-moi cette précision accablante.
À vous, ma vie...
[modifier] Lien externe
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