Licenciement boursier
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Un licenciement boursier est un licenciement, dont le corollaire est l'augmentation du cours de l'action de la société qui supprime des emplois. L'expression n'est donc employée que pour les sociétés cotées en bourse.
Ces suppressions d'emplois, lorsqu'elles conduisent à des licenciements, sont qualifiées d'immorales par une certaine catégorie d'hommes politiques, de syndicats et des personnes directement concernées par les licenciements, ce qui a conduit les partis de gauche français à s'interroger sur d'éventuelles mesures de rétorsion lorsque l'entreprise qui supprime des emplois fait des bénéfices. Ceci paraît paradoxal au mouvement altermondialiste dans la mesure où c'est la gauche en grande parti qui en France a permis ce retour de l'actionnaire dans les années 1980.
Cette expression au caractère péjoratif est sujet à controverse car elle laisserait entendre, en plus du sens expliqué au début de ce paragraphe, que des licenciements sont réalisés dans le but d'accroître le cours de bourse de la société, ce qui n'a pas été démontré[1]. Le concept de licenciement boursier reste donc une hypothèse.
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[modifier] Exemple en France
En France, en septembre 1999, la société Michelin a publié des bénéfices semestriels en hausse de 20 %, en même temps qu'elle annonçait 7 500 suppressions d'emplois. Le lendemain, le cours de bourse de l'action a augmenté de 12 %. Cet incident est à l'origine d'une proposition de loi en France visant à empêcher cette pratique. Il y a eu d'autres exemples de cette pratique comme à Danone, Hewlett-Packard, ou Moulinex.
Reste à savoir si la hausse du cours de l'action est liée à l'annonce des très bons résultats (ce qui semble être une proposition raisonnable) ou à l'annonce des suppressions d'emplois...
L'exemple de l'entreprise Michelin est celui auquel on se réfère de manière quasi unanime lorsque l'on veut décrire le phénomène des licenciements boursiers. Ce cas semble confirmer l'idée qu'il ne s'agit que d'une croyance supportée par un phénomène de dissonance cognitive : on oublie de considérer l'annonce des très bons résultats financiers dans l'explication de la hausse du cours de l'action.
[modifier] Perceptions des licenciements boursiers
Dans certains pays, l'image auprès du public de ces licenciements est très mauvaise, elle tend à renforcer la thèse que l'entreprise manque de considération pour ses salariés. Lorsque l'effet sur le cours de bourse est interprété comme leur objectif principal, les licenciements dits boursiers sont parfois assez médiatisés. Les syndicats peuvent utiliser l'argument pour tenter d'améliorer le plan de sauvegarde de l'emploi en demandant une réduction des effectifs licenciés ou une amélioration des conditions faites aux personnes licenciées. Cette perception négative des salariés de ces licenciements est appelée schizophrénie salariale par certains économistes (notamment du courant conventionnaliste ou régulationnistes, comme Frédéric Lordon (Fonds de pension, piège à cons?) ou Thomas Coutrot (L'entreprise néo-libérale, nouvelle utopie capitaliste?). En effet, la pression exercée par la finance provient parfois de l'épargne salariale, ce qui revient à dire que le salariat exerce indirectement une pression sur lui même.
Ce type de licenciement est parfois interprété comme un manque de moralité, notamment lorsque l'entreprise est bénéficiaire et que les dirigeants négligent de donner une information transparente sur les fondements économiques de cette action, tout en conservant de substantiels salaires ou avantages.
[modifier] Justifications économiques
Les suppressions d'emplois correspondent généralement à une volonté des dirigeants de restructurer l'entreprise, afin d'accroître sa performance économique et assurer sa survie dans un monde concurrentiel où les positions de marché sont vite remises en cause.
En ce sens, des licenciements préventifs peuvent éviter la disparition ultérieure de l'entreprise avec suppression de tous ses emplois selon les dirigeants des entreprises.
Les acteurs financiers favorables à cette décision de gestion auraient donc tendance à acheter l'action. L'augmentation de son cours peut également nourrir le mouvement spéculatif. Les acteurs sur le marché, sachant historiquement que l'annonce d'un plan de licenciement fait augmenter le cours de bourse, auront tendance à acheter l'action augmentant ainsi mécaniquement son prix, dans l'optique de la vendre à court terme.