Lingbao pai

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L’alchimiste Ge Xuan, patriarche de Lingbao

Lingbao pai 靈寶派 ou École du joyau magique est une importante école taoïste qui s’est constituée entre les Jin orientaux et les Liu-Song. Son canon, le Lingbaojing ^[1], provient d’un corpus assemblé à partir des Han orientaux par les alchimistes, particulièrement ceux de la famille Ge (Ge Xuan, Ge Hong, Ge Chaofu). Elle est également appelée École du mont Gezao ^[2] où se trouve son temple principal. Elle est devenue à partir du VI^e siècle l’un des deux grands courants taoïstes avec Shangqing, puis sous les Song l’une des « Trois montagnes » ^[3], les trois écoles les plus importantes du sud de la Chine. Sous les Yuan, les Trois montagnes se sont unies dans le courant Zhengyi présidé par les Maîtres célestes.

Sommaire

1 Constitution du canon et naissance de l’école
2 Caractéristiques
3 Évolution
4 Notes
5 Voir aussi

[modifier] Constitution du canon et naissance de l’école

La première forme du canon Lingbao est le Texte sacré des cinq talismans du joyau magique ^[4] mentionné dans le canon de l’école Taiping. Il pourrait provenir d’un texte talismanique utilisé par les « magiciens » fangshi ^[5] des Han orientaux, appelé Suprême joyau magique ^[6]. Le Texte sacré des cinq talismans serait ensuite passé à l’alchimiste Ge Xuan ^[7], qui l’aurait répandu dans le royaume de Wu à l’époque des Trois royaumes. A la fin des Jin orientaux, Ge Chaofu ^[8], petit-fils de Ge Hong lui adjoignit de nouveaux textes et produisit un canon composé de cinquante-cinq fascicules. Ge Chaofu est considéré comme le vrai fondateur de l’école, mais la lignée des patriarches remonte à Ge Xuan.

Le taoïsme ancien considère ses textes sacrés comme transmis par des êtres divins. Le Lingbaojing ne fait pas exception. Le Yunji qiqian ^[9] prétend qu’il fut remis à Ge Xuan par trois immortels sur ordre de Laozi alors qu’il pratiquait le dao sur le mont Tiantai.

Sous les Liu-Song (V^e siècle), Lu Xiujing, maître de grand renom réformateur des Maîtres célestes du sud, se pencha sur le canon de Lingbao qu’il refondit en n’en conservant que trente-cinq fascicules. Il codifia également les rituels du courant en s’inspirant des réformes qu’il avait préconisées pour les Maîtres célestes. Son intervention donna une grande impulsion à Lingbao. Au VI^e siècle, Song Wenming ^[10] rédigea un important commentaire du canon, qui fut glosé jusqu’au XV^e siècle.

[modifier] Caractéristiques

Pendant les premiers siècles de son existence, contrairement à son « rival » Shangqing qui propose surtout une pratique individuelle basée sur la méditation, la gymnastique et la récitation du canon, et recrute en majorité dans les milieux aisés, Lingbao a une base plus large et accorde plus d’importance aux rites collectifs et à la communauté des pratiquants. Il doit cette caractéristique en partie à Lu Xiujing, dont le but était de faire retrouver aux différentes écoles la discipline des Cinq boisseaux de riz. Parmi les rituels collectifs, le plus important est le zhai ^[11] ou « jeûne », cérémonie effectivement précédée d’un jeûne collectif et d’une purification, qui de nos jours encore porte la marque des Maîtres célestes et de Lingbao. L’école reste de plus connue pour sa spécialité d’origine, les talismans^[12]. Par ailleurs, Lingbao emprunte à Shangqing le cunshen ^[13], visualisation des divinités contenues à l’intérieur du corps ainsi que les récitations de textes, mais dans une perspective différente. La visualisation ne fait plus partie d’un processus d’alchimie interne, mais devient un moyen de chasser les mauvaises pensées, tout comme la récitation du canon évite de mal parler et l’accomplissement des rituels zhai évite les mauvaises actions. Contribuer au bien commun et aider autrui est aussi important que la sublimation personnelle. Comme pour tous les courants taoïstes apparus après les Han, il est possible d’interpréter certains aspects de Lingbao comme résultant de l'influence du bouddhisme mahayana.

La divinité principale de l’école est comme pour Shangqing le Vénérable des Origines, premier des Trois Purs. Le panthéon comporte également les Cinq empereurs et des dieux qui lui sont propres, comme les Dix sauveurs immortels ^[14], les Empereurs des trois mondes ^[15] ou les Trente-deux empereurs célestes ^[16].

[modifier] Évolution

A partir du VI^e siècle apparaissent de nombreuses branches dont les principales sont : Danyang ^[17], Dongming ^[18], Tongming ^[19], Yuyang ^[20], Yangjing ^[21], Donghua ^[22], Nanchang ^[23]. Sous les Tang, Shangqing, mieux implanté dans l’aristocratie, est plus influent à la cour mais emprunte à Lingbao, entrainant un rapprochement des pratiques. A partir des Song, le nouveau courant Quanzhen devient prédominant dans le nord du pays, mais Lingbao reste l'une des trois écoles les plus importantes du sud. Elle s’uniront sous les Yuan au sein du courant Zhengyi, auquel Linbao est toujours rattaché. Sur l’île de Taiwan, l'école est surtout présente dans le comté de Tainan.