Lucien Goldmann
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Lucien Goldmann (né en 1913 à Botosani, en Roumanie, mort en 1970 à Paris) était un philosophe et sociologue français d'origine juive-roumaine. Il a été Directeur d'Etudes à l'Ecole des Hautes Etudes (1959-1970) et un théoricien marxiste influent.
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[modifier] Sa pensée
Alors que de nombreux parisiens de gauche soutenaient le scientisme marxiste dans les années 50-60, Lucien Goldmann pensait que le marxisme était alors en crise sévère et devait se renouveler pour survivre. Il rejetait la vision marxiste traditionnelle et contestait le mouvement structuraliste. La popularité de ces théories sur la Rive Gauche étaient alors telles que les travaux de Goldmann furent éclipsés, en dépit des avis de Jean Piaget et Alasdair MacIntyre, qui l'appelait "le marxiste le plus fin et le plus intelligent de tous les temps".
Il ne pensait pas que le futur de l'humanité découlait des lois inexorables de l'histoire, mais les voyaient plutôt comme Pascal considérait l'existence de Dieu comme un pari.
Goldmann a écrit dans Le dieu caché que « la révolution, c'est l’engagement des individus dans une action qui comporte le risque, le danger d’échec, l’espoir de réussite, mais dans laquelle on joue sa vie ».
Goldmann apporte une analyse de l'oeuvre littéraire située à la jonction du structuralisme et de l'analyse marxiste, tout en les dépassant. Une oeuvre littéraire est l'expression d'une vision du monde, qui est toujours le fruit d'un groupe d'individus et jamais d'un individu seul. Ceux-ci ont seulement une conscience relative de cette vision du monde. Seuls certains membre privilégiés du groupe ont la faculté de donner une forme et une structure cohérente à la vision du monde à travers leur oeuvre littéraire. L'oeuvre littéraire est donc toujours l'expression de la vision du monde d'un sujet transindividuel. La personalité de l'auteur s'exprime dans sa capacité à la formuler de manière cohérente dans une oeuvre imaginaire. Goldmann confirme la thèse du matérialisme historique : " [...] la littérature et la philosophie sont, sur des plans différents, des expressions d'une vision du monde, et [...] les visions du monde ne sont pas des faits individuels mais des faits sociaux".[1] Et il ajoute : "toute création culturelle est à la fois un phénomène individuel et social et s'insère dans les structures constituées par la personalité du créateur et le groupe social dans lequel ont été élaborés les catégories mentales qui la structurent". [2]
Roland Barthes qualifie l'analyse de Lucien Goldmann dans ses Essais critiques comme étant "la critique la plus féconde [...] que l'on puisse imaginer à partir de l'histoire sociale et politique".[3]
[modifier] Notes et références
[modifier] Œuvres
- Le dieu caché; étude sur la vision tragique dans les Pensées de Pascal et dans le théâtre de Racine. Paris: Gallimard, 1955.
- Recherches dialectiques. Paris: Gallimard, 1959.
- Sciences humaines et philosophie. Suivi de structuralisme génétique et création littéraire. Paris: Gonthier, 1966.
- Pour une sociologie du roman, Towards a Sociology of the Novel. Paris : Gallimard, 1973.
- in Kierkegaard vivant;. Paris: Gallimard, 1966.
- Marxisme et sciences humaines. Paris: Gallimard, 1970.
- Structures mentales et création culturelle. Paris: 10/18 Union Générale d'Editions, 1970.
- Epistémologie et philosophie. Paris: Denoel, 1970.
- Lukacs et Heidegger. Paris: Denoel-Gonthier, 1973.
[modifier] Commentaires de son œuvre
- Cohen, Mitchell, The Wager of Lucien Goldmann: Tragedy, Dialectics, and a Hidden God
- Zima Pierre V., Goldmann; Editions Universitaires 1973
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