Marcel Petiot
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Marcel André Henri Félix Petiot, dit le Docteur Petiot alias capitaine Valéry (17 janvier 1897 à Auxerre - 25 mai 1946 à Paris) est un médecin français qui fut accusé de meurtres après la découverte à son domicile parisien des restes de vingt-six personnes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
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[modifier] Jeunesse
Né le 17 janvier 1897 à Auxerre, il est le fils d'un fonctionnaire des postes ; son oncle, Gaston Petiot, est professeur de philosophie au collège d'Auxerre.
Dès son enfance, il manifeste des signes de violence, allant jusqu'à étrangler un chat après lui avoir plongé les pattes dans l'eau bouillante ou tirant au revolver sur des chats.
Il est blessé pendant la Première Guerre mondiale d'un éclat de grenade au pied et il est réformé début 1918 pour troubles mentaux et neurasthénie. Avec la facilité d'accès pour les anciens combattants, il finit ses études de médecine en 1921 avec la mention très bien.
En 1922, il ouvre un cabinet médical à Villeneuve-sur-Yonne où il devient rapidement populaire auprès des gens (notamment grâce à des consultations gratuites offertes aux indigents ainsi que des vaccinations gratuites) mais se fait remarquer par ses tendances à la cleptomanie.
Elu maire en 1927, il épouse Georgette Lablais, fille d'un commerçant notable de la ville. En 1931, il est élu conseiller général. Rapidement, il est cité devant les tribunaux pour plusieurs délits : fausses déclarations d'assurance maladie, détournements de fonds, vol d'électricité. Il est finalement révoqué de ses fonctions de maire en 1935 et doit quitter Villeneuve-sur-Yonne.
[modifier] Le cabinet macabre
En 1933, il s'installe à Paris, où il ouvre une clinique au 66, rue Caumartin. En 1936, il est arrêté pour vol à l'étalage à la librairie Gibert, au Quartier Latin ; il échappe à la prison en se faisant reconnaître aliéné mental. Il est alors interné à la Maison de santé d'Ivry.
En mai 1941, il fait l'acquisition d'un hôtel particulier, situé au 21 rue Le Sueur. Il y réalisera d'importants travaux : il fait surélever le mur mitoyen, afin de barrer la vue de la cour et transformer les communs en cabinet médical. Lors de fouilles, la police découvrira une cave complètement aménagée, des doubles-portes, une chambre à gaz dont la porte était équipée d'un judas pour regarder l'agonie de ses victimes, ainsi qu'un puits rempli de chaux vive.
À partir de 1943, il propose à des personnes menacées de poursuites par la Gestapo de les faire passer clandestinement en Argentine ; ces personnes sont convoquées de nuit, rue Le Sueur, avec une valise contenant bijoux, numéraires, argenterie ... sous le nom de « docteur Eugène » il organise ainsi un réseau et recrute des rabatteurs. Les services allemands ayant découvert son réseau, Petiot est arrêté et torturé. Libéré, il se réfugie dans l'Yonne.
Le 9 mars 1944, les pompiers sont alertés par des voisins incommodés depuis plusieurs jours par les odeurs s'échappant d'une cheminée de l'immeuble de la rue Le Sueur. Après avoir appelé Petiot chez lui et vainement attendu son arrivée, ils fracturent une fenêtre et pénètrent dans l'immeuble. Ils sont vite alertés par l'odeur et le ronflement d'une chaudière et, descendant dans la cave, découvrent des corps humains dépecés, prêts à être incinérés dans la chaudière.
Lors de perquisitions, on découvrira cinquante valises et 655 kilos d'objets divers, parmi lesquels un pyjama d'enfant (qui sera reconnu comme étant celui du petit René Kneller, disparu avec ses parents).
[modifier] Arrestation et procès
En fuite, Petiot s'engage dans les Forces Françaises de l'Intérieur sous le nom de "Valéry" ; devenu capitaine, il est affecté à la caserne de Reuilly. Il est arrêté le 31 octobre 1944.
Jugé pour vingt-sept assassinats, il en revendique soixante-trois lors de son procès. Il se défend en proclamant qu'il s'agit de cadavres de collaborateurs et d'Allemands.
Défendu par Maître René Floriot, avocat, il est jugé du 18 mars au 4 avril 1946; malgré une très longue plaidoirie (qui dura six heures) de son avocat, il est condamné à mort et Guillotiné le 25 mai 1946 à la prison de la Santé à Paris. À l'avocat général qui venait de le réveiller pour l'exécution, Petiot lui rétorqua : "Tu me fais chier". Puis plus tard devant la guillotine : "Ça ne va pas être beau". Au magistrat qui lui demanda, au moment de monter à l'échafaud, s'il avait quelque chose à déclarer, il répondra : "Je suis un voyageur qui emporte ses bagages.".
[modifier] Références
- Marcel Petiot, Le Hasard vaincu , Impr. de R. Amiard, 1946
- René Nézondet, Petiot le Possédé, 1950
- Jacques Perry et Jane Chabert, L'Affaire Petiot, Paris : Gallimard, coll. « L'Air du temps », 1951, 303 p. Réédité au moins 6 fois.
- Claude Barret, l'Affaire Petiot, sous-titré « Le crime ne paie pas », Paris : Gallimard, 1958, 192 p.
- Alain Decaux, Les assassins, Libr. Acad. Perrin.
- Paul Gordeaux, le Docteur Petiot, Genève : Éd. Minerva, et Paris : Éd. J'ai lu, coll. « Le crime ne paie pas », 1970, 128 p.
- Jean-Marc Varaut, L'Abominable Docteur Petiot, Paris : Balland, 1974, 275 p. + 8 p. illustrations.
- René Tavernier, Alors rôdait dans l'ombre le docteur Petiot, Paris : Presses de la Cité, 1974, 249 p. + 4 p. illustrations
- Alomée Planel, Docteur Satan ou l'Affaire Petiot, Paris : Robert Laffont, coll. « Les Ombres de l'histoire », 1977, 421 p.
- Marcel Jullian : le Mystère Petiot, avec la collaboration de J. Floran, M.L. Staib, J. Vercken et Ch. Meyer, Monte-Carlo : Éditions n °1, coll. « Les Grandes enquêtes d'Europe 1 », n° 2, 1980, 205 p. + 12 p. de planches
- Jean-François Dominique, l'Affaire Petiot : médecin marron, gestapiste, guillotiné pour au moins vingt-sept assassinats, Paris : Ramsay, 1980, 260 p.
- Jacques Sigot, 1946, le procès de Marcel Petiot : le bon docteur de la rue Le Sueur, Montreuil-Bellay : Éd. CMD, 1995, 76 p.
- Frédérique Césaire, l'Affaire Petiot, 1999
[modifier] Films
- Docteur Petiot (1990), de Christian de Chalonge, avec Michel Serrault dans le rôle principal.
[modifier] Lien externe
- Petiot, le « Docteur Satan » : Ecrit par l'historienne Alix Ducret