Maurice Barrès
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Maurice Barrès, né le 19 août 1862 à Charmes et mort le 4 décembre 1923 à Neuilly, est un écrivain et homme politique français, figure de proue du nationalisme français.
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[modifier] Biographie
Maurice Barrès a étudié au lycée de Nancy. Il suit ensuite des études à la Faculté de droit de Nancy (son certificat d'inscription est d'ailleurs affiché dans la salle des professeurs de la Faculté).
[modifier] L'auteur
Sacré "Prince de la Jeunesse", exaltant, dans les trois volumes du Culte du moi (1888-1891), l'individualisme, la recherche des expériences et la satisfaction des sens, Maurice Barrès évolua, peu à peu, vers le nationalisme républicain et le traditionalisme avec l'attachement aux racines et à la terre natale (Les déracinés, 1897). Maurice Barrès est aussi le grand écrivain de la "revanche" (Colette Baudoche, Au service de l'Allemagne).
Maurice Barrès retrace son évolution personnelle dans le texte "Le 2 Novembre en Lorraine". Il y évoque "la terre et les morts", "les grands cimetières où souffle l'esprit", en finit avec l'individualisme forcené de sa jeunesse, développe l'idée que notre "Moi" n'est que "l'éphémère produit de la société", et en vient à la conclusion que "notre raison nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs".
Il fut élu en 1906 à l'Académie française.
On sait qu'il aima, de façon platonique, la poétesse Anna de Noailles, et que cet amour lui inspira "Un Jardin sur l'Oronte".
Barrès voyagea beaucoup, notamment en Grèce d'avril à mai 1900, un périple qu'il retrace dans son récit de voyage Voyage à Sparte (paru en 1906). Il remonta le Nil en décembre 1907-janvier 1908. De ce voyage, on ne connait que quelques notes dans ses Cahiers. Barrès retourne en Orient en mai-juin 1914 : Alexandrie, Beyrouth, Damas, Alep, Antioche, etc. Son récit de voyage Une Enquête aux pays du Levant n'a paru qu'en novembre 1923.
[modifier] L'engagement politique
Parallèlement à sa carrière d'écrivain, Barrès eut une activité politique importante. Élu député boulangiste de Nancy à 27 ans, il se voulait aussi socialiste et siégea à l'extrême-gauche. Il fonda l'éphémère revue nationaliste La Cocarde; il adhéra ensuite à la Ligue des patriotes de Paul Déroulède, et fut antidreyfusard. Alors que le jeune Léon Blum était venu lui rendre visite en espérant le rallier au combat pour la réhabilitation de Dreyfus, il refusa et écrivit un certain nombre d'articles antisémites, affirmant notamment : « Que Dreyfus ait trahi, je le conclus de sa race. »
Proche de Charles Maurras, son cadet mais qui exerca sur lui une réelle fascination , Barrès refusa pourtant d'adhérer aux idées monarchistes tout en marquant, jusqu'à sa mort, sa sympathie pour l'aventure intellectuelle de l'Action française. La plupart des penseurs de la nouvelle école royaliste (Jacques Bainville, Henri Vaugeois, Léon Daudet, Henri Massis, Jacques Maritain, Georges Bernanos, Thierry Maulnier...) reconnurent d'ailleurs leur dette vis-à-vis de Barrès, qui fut l'inspirateur de plusieurs générations d'écrivains (parmi lesquels Montherlant, Malraux, Mauriac, Aragon).
En 1908, un vif duel oratoire l'opposa encore à Jean Jaurès au Parlement, Barrès refusant la panthéonisation d'Émile Zola défendue par Jaurès.
Ami et adversaire politique de Jaurès et des pacifistes à la veille de la Grande Guerre, Barrès vint un des premiers s'incliner avec respect, le 1er août 1914, devant le corps de Jaurès, assassiné la veille par le nationaliste Raoul Villain.
Pendant la Grande Guerre, Barrès fut un acteur important de la propagande de guerre et du « bourrage de crâne ». Il exalta les combats en cours et gagna auprès des pacifistes le surnom de « rossignol des carnages. » Le pacifisme était certes devenu une opinion très minoritaire, et la lutte contre l'Allemagne impériale pangermaniste, « la guerre du droit », avait emporté l'adhésion même d'une majorité des socialistes et des anarchistes. Ses carnets montrent cependant qu'il n'était pas dupe de l'optimisme de commande qu'il affichait dans ses propres articles : ils révèlent des poussées de pessimisme et un fréquent désabusement, parfois à la limite du défaitisme.
Revenant en partie de ses erreurs, Maurice Barrès rendit aussi pendant la Grande Guerre un vibrant hommage aux juifs français dans « Les familles spirituelles de la France » où il les place au côté des traditionalistes, des protestants et des socialistes comme un des quatre éléments du génie national (s'opposant ainsi à Maurras qui en fait les « quatre États confédérés » de l'Anti-France). Il immortalisa la figure du rabbin Bloch, frappé à mort au moment où il tendait un crucifix à un soldat mourant.
Avec un certain nombre de chefs nationalistes et militaires tels Ferdinand Foch, il plaida pour une nouvelle frontière plus sûre sur la rive gauche du Rhin. Le 24 juin 1920, la Chambre des députés adopta son projet visant à instituer une fête nationale de Jeanne d'Arc.
[modifier] La postérité
Maurice Barrès encouragea les débuts littéraires de François Mauriac et de Louis Aragon, et eut de bonnes relations avec le jeune Léon Blum. Pendant la seconde guerre mondiale, son fils, l'écrivain Philippe Barrès, mit sa plume au service de Charles de Gaulle et de la France libre.
L'importance de Maurice Barrès pour toute une génération a été rappelée par l'historien Michel Winock dans son livre Le Siècle des Intellectuels (Seuil, 1995) : la première partie de l'ouvrage a pour titre "Les années Barrès", que suivent "Les années Gide" et "Les années Sartre".
Maurice Barrès et l'occultiste Stanislas de Guaita étaient amis d'enfance. Catholique sans la foi, il était attiré par l'Asie, le soufisme et le chiisme. Il revint toutefois dans ses dernières années à la foi catholique et engagea dans l'Echo de Paris une campagne pour la restauration des églises de France, fortement dégradées depuis les lois de séparation de 1905.
[modifier] Principaux ouvrages
[modifier] Romans
- Le Culte du moi (trilogie romanesque autobiographique)
- Sous l'œil des barbares. – Paris : Lemerre, 1888 Document électronique
- Un homme libre. – Paris : Perrin, 1889 Document électronique
- Le Jardin de Bérénice. – Paris : Perrin, 1891 Document électronique
- L'Ennemi des Lois. – Paris : Perrin, 1893 Document électronique
- Le Roman de l'énergie nationale (trilogie romanesque)
- Les Déracinés. – Paris : Fasquelle, 1897
- L'Appel au soldat. – Paris : Fasquelle, 1897
- Leurs figures. – Paris : Juven, 1902
- Les Bastions de l'Est (trilogie romanesque)
- Au service de l'Allemagne. – Paris : A. Fayard, 1905
- Colette Baudoche. – Paris : Juven, 1909
- Le Génie du Rhin. – Paris : Plon, 1921
- La Colline inspirée. – Paris : Émile Paul, 1913
- Un jardin sur l'Oronte. – Paris : Plon, 1922 Document électronique
[modifier] Théâtre
- Une journée parlementaire, comédie de mœurs en 3 actes. – Paris : Charpentier et Fasquelle, 1894
[modifier] Impressions de voyages
- Du sang, de la volupté, de la mort : Un amateur d'âmes. Voyage en Espagne, Voyage en Italie, etc.. – Paris : Charpentier et Fasquelle, 1894 Document électronique
- Amori et Dolori sacrum. La mort de Venise. – Paris : Juven, 1903
- Le Voyage de Sparte. – Paris : Juven, 1906 Document électronique
- Le Gréco ou le Secret de Tolède. – Paris : Émile-Paul, 1911 Document électronique
- Une enquête aux pays du Levant. – Paris : Plon, 1923.
[modifier] Écrits politiques
- Étude pour la protection des ouvriers français. – Paris : Grande impr. parisienne, 1893 Document électronique
- Scènes et Doctrines du nationalisme – Paris : Juven, 1902
- Les Amitiés françaises. – Paris : Juven, 1903
- La Grande Pitié des églises de France. – Paris : Émile-Paul, 1914
- Une visite à l'armée anglaise. – Paris : Berger-Levrault, 1915 Document électronique
- Les Diverses Familles spirituelles de la France. – Paris : Émile-Paul, 1917 Document électronique
- L'Ame française et la Guerre (chroniques). – Paris : Émile-Paul, 1915-1920
- Faut-il autoriser les congrégations? Les Frères des écoles chrétiennes. – Paris : Plon-Nourrit, 1923 Document électronique
- Souvenirs d'un officier de la Grande armée, par [Jean-Baptiste-Auguste Barrès] ; publiés par Maurice Barrès, son petit-fils. – Paris : Plon-Nourrit, 1923 Document électronique
- La République ou le Roi, Correspondance Barrès-Maurras, Plon 1965.
[modifier] Anthologie
- Quelques cadences. – Paris : Sansot, 1904 Document électronique
[modifier] Documentation
- Albert Thibaudet: La vie de Maurice Barrès. – Paris : Nouvelle Revue Française, 1924
- François Mauriac : La rencontre avec Barrès. – Paris, 1945 (Neuauflage: La Table ronde, 1993; ISBN 2710306093)
- Jean-Marie Domenach: Barrès par lui-même. – Paris : Éditions du Seuil, [1962]
- Zeev Sternhell: Maurice Barrès et le nationalisme français. – Bruxelles : Editions Complexe, 1985
- Emmanuel Godo: Ego scriptor : Maurice Barrès et l'écriture de soi. – Paris : Editions Kimé, 1998; ISBN 2841740994
- Sarah Vajda: Maurice Barrès. – Paris : Flammarion, 2000; ISBN 2080677705
[modifier] Voir aussi
- Action française
- Affaire Dreyfus
- Alsace-Lorraine
- Boulangisme
- Décadentisme
- Paul Déroulède
- Extrême droite
- Guerre franco-prussienne
- Martinisme
- Nationalisme
- Papus
- Patriotisme
- Première Guerre mondiale
- Ernest Renan
- Revanche
- Stanislas de Guaita
[modifier] Article connnexe
- Jeanne d'Arc : naissance d'un mythe (pour le rôle de Maurice Barrès en 1920 dans le projet de loi créant une fête nationale en l'honneur de Jeanne d'Arc).
[modifier] Lien externe
- Huit jours chez M. Renan (1888).
Précédé par José-Maria de Heredia |
Fauteuil 4 de l'Académie française 1906-1923 |
Suivi par Louis Bertrand |
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