Musée du quai Branly

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le musée du quai branly

Mur végétal conçu par Patrick Blanc installé sur la façade du musée du quai Branly

Le musée du quai Branly ou musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques (civilisations non occidentales) est situé dans le VII^e arrondissement de Paris, à la place qui fut occupée par le ministère du Commerce extérieur. Projet ambitieux et novateur dans son architecture (Jean Nouvel) et son esprit, il a été adopté et porté par Jacques Chirac pour laisser dans la capitale une marque culturelle forte et durable qui lui succédera, à l'image des « Grands Travaux » de François Mitterrand.

Sommaire

1 Historique
- 1.1 Fréquentation
2 Collections
3 Bâtiment
4 Controverses autour de sa création
5 Voir aussi
- 5.1 Articles connexes
- 5.2 Liens externes

[modifier] Historique

Jacques Kerchache, marchand d'art et spécialiste en art africain, essaie dès le début des années 1990 de faire entrer les « arts premiers » (terme qu'il a inventé) au musée du Louvre. En 1990, il signe dans le journal Libération un article sur ce sujet; cette même année, il rencontre Jacques Chirac, alors maire de Paris. Ce dernier, qu'on dit passionné par les arts premiers, est ensuite élu président de la République en 1995. Dès son arrivée à la tête de l'État, il demande l'ouverture d'un département des arts premiers au musée du Louvre. Un an plus tard, il annonce le projet de création d'un nouveau musée, qui rencontre rapidement une opposition, notamment avec une grève des collaborateurs du musée de l'Homme en 1999 qui s'opposent au démantèlement des collections du musée de l'Homme et critiquent la primauté du choix esthétique au détriment des considérations scientifiques.

Un concours d'architecture est lancé en 1999, désignant Jean Nouvel comme architecte.

Ce musée est inauguré le 20 juin 2006 par Jacques Chirac, en présence notamment de son directeur Stéphane Martin, Kofi Annan, Rigoberta Menchú, Paul Okalik, Dominique de Villepin, Lionel Jospin et Jean-Pierre Raffarin. Le musée du quai Branly a le statut d'établissement public administratif. Il est placé sous la triple tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, du ministère de l'Éducation nationale et du ministère délégué à la Recherche .

Le musée est ouvert au public depuis le 23 juin 2006.

[modifier] Fréquentation

Tous les 20 du mois, un point sur la fréquentation du musée permet de voir l'évolution du nombre de visiteur. Après un mois d'ouverture où il y a eu 151 000 visiteurs, la moyenne de visite se situe autour de 125 000 visiteurs par mois.
20 juin 2006 : inauguration du musée.
23 juin 2006 : 8 757 personnes ont fréquenté le musée le jour de son ouverture au public.
20 septembre 2006 : 350 000 personnes ont visité le musée.
19 décembre 2006 : entre le 23 juin et le 10 décembre 2006, plus de 800 000 personnes ont visité le musée; en moins d'un an le musée pourrait atteindre le millionième visiteur.

[modifier] Collections

Le musée réunit les anciennes collections d'ethnologie du musée de l'Homme (abrité par le Palais de Chaillot) et celles du musée national des arts d’Afrique et d'Océanie (installé à la Porte dorée). 300 000 objets ont ainsi été transférés du musée de l'Homme ; 4000 sont exposés.

[modifier] Bâtiment

Bâtiment vu côté quai Branly

L'ensemble occupe une surface de 40 600 m² répartie sur quatre bâtiments capotés, et expose 3 500 objets, sélectionnés dans une collection qui en regroupe 300 000. L'immeuble de cinq étages couvert par un mur végétal de 800 m² a été conçu par l'architecte Jean Nouvel en partie en référence à la tour Eiffel proche comme un pont de 3 200 tonnes (500 000 boulons) sur lequel trente et une cellules multimédias ou plus techniques sont arrimées au-dessus d'un jardin de 18 000 m² conçu par l'architecte-paysagiste Gilles Clément. Ce jardin composé de sentiers, petites collines, chemins dallés de pierres de torrent, bassins propices à la méditation et à la rêverie, sera planté de 178 arbres. Le musée a coûté près de 233 millions d'euros.

Bâtiment

Les quatre bâtiments sont :

le musée lui-même, dont la galerie principale, longue de 200 mètres, comporte plusieurs salles latérales qui sont représentées extérieurement par les boîtes colorées. Le musée comprend également un auditorium, des salles de cours, une salle de lecture, un espace d'exposition temporaire, un restaurant.
le bâtiment Université comprenant une librairie, des bureaux et des ateliers ;
le bâtiment Branly (au niveau du mur végétal de près de 800 m², conçu par Patrick Blanc) qui comprend l'administration du site sur cinq niveaux ;
l'auvent, qui comprend la médiathèque et les réserves.

Un parcours sinusoïdal en faible montée de plusieurs centaines de mètres conduit de la petite entrée du site jusqu'aux collections dans la pénombre.

[modifier] Controverses autour de sa création

La création du musée, le plus grand projet de ce genre dans le Monde fut assez logiquement sujette à quelques controverses avant son ouverture :

Art ou culture ? Avec le transfert d'une bonne partie des pièces exposées précédemment au musée de l'Homme, la question pose à nouveau le rapport entre ce qui relève des arts — et qui a vocation à être exposé dans le musée du quai Branly — et de ce qui relève de la culture.
Qu'est-ce-qu'un art premier ? La notion d'art premier, relativement nouvelle, est elle-même sujette à question, car elle pourrait tendre à faire passer les peuples qui l'ont produit comme primitifs. Cette conception évolutionniste est largement remise en cause aujourd'hui, notamment de la part des anthropologues. Et si au début de la mise en forme du projet la qualification "Musée des Arts Premiers" était parfois avancée, aujourd'hui il semble parfaitement impropre de le dénommer ainsi.
Égalité de représentation pour tous les peuples du monde. Si le musée a vocation d'exposer les productions artistiques des civilisations du monde entier, on constate néanmoins une grande disparité de représentation. Par exemple, l'ouverture de ce musée a suscité au Québec des protestations en raison de la quasi-absence d'œuvres canadiennes. Ainsi, les Inuits du Grand Nord sont représentés par un simple peigne, et les premières nations du Québec, par deux ceintures tissées. (L'abondance d'objets provenant des collections africaines s'explique toutefois par l'histoire des relations entre la France et l'Afrique.)
L'ensemble des critiques se rapportant à la genèse, à la création et au coût de ce musée font l'objet d'un ouvrage très sévère de l'ethnologue Bernard Dupaigne, professeur au Muséum d'histoire naturelle : Le scandale des arts premiers. La véritable histoire du musée du quai Branly, Paris, Mille et une nuits, juin 2006.