Pierre du Calvet
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Pierre du Calvet, né à Caussade en 1735, disparu en mer atlantique le 28 mars 1786, commerçant, juge de paix, prisonnier politique et pamphlétaire québécois d'origine française.
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[modifier] Biographie
[modifier] Famille
Né à l'été de 1735 à Caussade dans l'ancienne province française de Guyenne (aujourd'hui dans le département de Tarn-et-Garonne) d'une famille calviniste. Il est l'aîné d'une famille de cinq enfants. Son père, Pierre Calvet, de confession calviniste, fait baptiser ses enfants à l'Église catholique. Il leur transmettra cependant la foi protestante. Sa mère est Anne Boudet.
Un ancêtre, François Calvet, passe à l'échafaud le 23 juin 1563 pour avoir introduit la Réforme à Montauban.
[modifier] Éducation
Très peu de chose est connu de l'éducation de Pierre du Calvet.
[modifier] Émigration en Nouvelle-France
Un cousin par alliance, un monsieur Guireaud, lui fournit le capital nécessaire à l'achat de marchandises qu'il compte échanger en Nouvelle-France. Du Calvet s'embarque pour Québec à bord du navire marchand Le Lion, qui quitte Bordeaux en avril 1758. Son transport fait naufrage à 100 milles de Québec[1]. Sa cargaison perdue, il est forcé de se trouver un emploi à son arrivée dans la capitale du Canada vers la mi-juin.
Pour le compte du gouvernement de la Nouvelle-France, il sera garde-magasin à Miramichi et à Restigouche en Acadie. Il est chargé de pourvoir au besoin de trois à quatre milles Acadiens déportés par le gouvernement britannique en 1755. Il y sera jusqu'à l'automne 1759. À l'été de 1759, il est par la suite chargé de transféré des prisonniers de guerre britanniques à Halifax au côté de l'officier Bourdon. Le lieutenant William Cæsar McCormick lui écrira une lettre d'appréciation datée du 28 août. Le 10 septembre, il lui remet un certificat reconnaissant le traitement humanitaire des prisonniers. Du Calvet se rend par la suite à Montréal après avoir apris, en passant par Québec, que le gouvernment Vaudreuil s'y trouve suite à la capitulation. Il est à nouveau chargé d'une mission en Acadie, cette fois pour recenser la population déportée pour leur venir en aide. De retour, il est envoyé à Sainte-Foy pour la dernière bataille importante entre les armées françaises et anglaises avant la reddition de Montréal le 8 septembre.
Suite à la capitulation du gouvernement de la Nouvelle-France à Montréal le 8 septembre 1760, le lieutenant britannique William Cæsar McCormick recommande du Calvet au Général Jeffrey Amherst. Du Calvet, décide de retourner en Europe et se rend à Québec pour obtenir un passeport. Le gouverneur James Murray demande à du Calvet de retarder son départ pour dénombrer les Acadiens encore en Acadie afin de les faire transporter à Québec. Cette dernière mission humanitaire, qu'il accepte, l'occupe de juillet à octobre 1761. Il semble qu'il ait abandonner son projet de rentrer en France, puisqu'en janvier 1762, il est à Montréal.
[modifier] Commerçant et juge de paix
En janvier 1762, il s'installe à Montréal où il démarre enfin son commerce d'import-export. Il exporte du blé et des pelletries qu'il charge à bord des navires marchands de la compagnie Watson & Rashleigh (Brook Watson et Robert Rashleigh) à destinaison de l'Angleterre et de l'Espagne. Il importe en échange diverses marchandises de l'Europe telles des spiritueux et des produits d'usage domestique.
En 1763, il apprend la mort d'un de ses oncles établit en Caroline du Sud. Il quitte la province de Québec pour Londres à l'été 1764 et n'est de retour chez lui à Montréal qu'en juin 1766.
Le 23 juin 1766, il est nommé juge de paix pour le district de Montréal par le gouverneur Murray. Il quitte à nouveau le Canada pour des affaires commerciales et ne revient qu'en avril 1767, appelé par son devoir de juge de paix.
En 1769, il soumet au nouveau gouverneur Guy Carleton un projet de réforme visant l'uniformisation de l’administration de la justice dans la Province de Québec.
Le 28 octobre 1770, il soumet au secrétaire d'État des Colonies américaines, Wills Hill, comte de Hillsborough, un document intitulé Mémoire sur la forme judiciaire actuelle de la Province de Québec.
Sa dénonciation publique des abus de justice de la part de certains juges parmi ses collègues lui attire à la fois des amis et des ennemis. Ses actions en vue d'une amélioration du système d'administration de la justice sont loués par le Gouverneur Carleton, le procureur général Francis Masères et le juge en chef William Hey. Il se met cependant à dos plusieurs de ses confrères de magistrature, dont le juge John Fraser, Edward Southouse et René-Ovide Hertel de Rouville.
[modifier] Prisonnier politique
Il est fait prisonnier par le gouvernement militaire de Frederick Haldimand sous motif d'une complicité présumée avec les « rebels » des colonies du Sud. Il sera incarcéré pendant 3 ans, du 27 septembre 1780 au 2 mai 1783.
[modifier] Vendetta et mort tragique
Sorti de prison, du Calvet quitte le continent à destination de Londres où il entend faire le procès du gouverneur Haldimand, tout comme l'avaient fait, en 1766, les marchands britanniques de Québec avec le gouverneur Murray. Il fait publier, en mars 1784, un factum juridique intitulé The Case of Peter du Calvet et destiné à faire connaître sa cause à Londres. Il reçoit l'aide de Francis Maseres, ancien procureur général, et Peter Livius, ancien juge en chef, de la Province de Québec, pour la rédaction du factum.
En juillet, il publie son Appel à la justice de l'État, recueil de lettres destiné cette fois à ses compatriotes du Canada.
[modifier] Pensée politique
- Article principal : Pensée politique de Pierre du Calvet
[modifier] Héritage politique
Précurseur du combat plusieurs fois centenaires mené par des citoyens de la Province de Québec pour la reconnaissance de leurs droits politiques à l'intérieur de l'Empire britannique, du Calvet n'en reste pas moins un grand oublié de l'histoire québécoise. Ses actions seront et sont encore largement ignorées par la postérité.
Bien que le procès de Haldimand n'eut jamais lieu, les actions entreprises par du Calvet influencèrent grandement le cours de l'histoire du Québec. Il contribua indubitablement à la mobilisation des citoyens, protestants et catholiques, francophones et anglophones, en vue d'obtenir un régime parlementaire pour la Province of Quebec. En effet, quelques mois après l'arrivée probable des premières copies de son pamphlet politique dans la province, des citoyens de la ville de Québec signent, le 24 novembre 1784, L'humble pétition des sujets anciens et nouveaux de Votre Majesté demandant une chambre d'Assemblée.
Louis-Joseph Papineau évoqua brièvement sa mémoire lors de sa conférence de 1867. Comme bon nombre de personnes de son époque, il connaissait bien l'histoire du procès qu'intenta du Calvet contre le gouverneur Haldimand et il est fort probable qu'il ait lu son Appel à la justice de l'État comme Papineau père l'avait fait.
En 1877, Louis Fréchette lui dédie un poème intitulé Du Calvet dans son recueil La Légende d'un peuple. Relatant en vers le récit de son histoire, il en fait un héros national, le « premier champion de nos luttes civiques ».
[modifier] Redécouverte contemporaine
Pas moins de 202 ans séparent la première publication, à Londres, de Appel à la justice de l’État de sa première réédition, partielle, en 1986 dans l'ouvrage de Pierre du Calvet, Appel à la Justice de l'État de Jean-Paul de Lagrave et Jacques G. Ruelland. Ce n'est que 16 ans plus tard, en 2002, que l'ouvrage est réimprimé intégralement par les Éditions du Septentrion dans Appel à la justice de l'État de Pierre du Calvet, Champion des droits démocratiques au Québec de l'historien Jean-Pierre Boyer.
[modifier] Chronologie
- 1735 - Naissance de Pierre du Calvet à Caussade dans la province de Guyenne.
- 1758 - En avril, il s'embarque pour Québec à partir de Bordeaux.
- 1758 - En juin, il arrive à Québec.
- 1758 - En juillet, il se rend au port de Miramichi.
- 1759 - Le 28 août, il reçoit une lettre du lieutenant britannique William Caesar McCormick le remerciant d'avoir protégé les prisonniers britanniques.
- 1760 - Le 18 janvier, par ordre du Gouverneur de Vaudreuil, il accompange le commandant Boishébert dans une mission visant à connaître l'état de l'Acadie, recenser la population acadienne et leur fournir des vivres.
- 1760 - Le 20 avril, il quitte Montréal avec l'armée de commandant de Lévis qui se rend à Québec pour essayer de reprendre la ville tombée au mains des Britanniques.
- 1760 - Le 16 mai, l'armée du commandant est forcée de lever le siège de Québec.
- 1761 - Le 8 septembre, par ordre du général Murray, du Calvet est envoyé en mission convaincre les Acadiens de s'installer au Canada.
- 1761 - En octobre, il est de retour à Québec; sa mission est accomplie avec succès.
- 1762 - En janvier, il débute un commerce d'import-export à Montréal.
- 1763 - Décès de son oncle en Caroline du Sud et de son père en France.
- 1764 - À l'été, il quitte Québec en direction de la Grande-Bretagne (Greenock, puis Londres).
- 1764 - Le xx XXXX, il quitte Londres pour la France.
- 1766 - En janvier, il quitte la France et retourne à Londres.
- 1766 - Au printemps, il s'embarque pour Québec à bord du General Conway.
- 1766 - En juin, il est de retour à Montréal.
- 1766 - Le 23 juin, le Gouverneur Murray nomme du Calvet juge de paix de la Cour des plaidoyers communs du district de Montréal.
- 1768 - Le 28 juin, le gouverneur quitte le Canada pour l'Angleterre afin d'y subir un procès.
- 1766 - En novembre, il quitte Québec en direction de Londres pour des affaires commerciales.
- 1767 - En avril, il est de retour à Montréal.
- 1767 - Le 13 avril, le Gouverneur Murray est reconnu non-coupable de toutes les charges portées pesant sur lui.
- 1768 - Le 12 avril, Guy Carleton succède officiellement à James Murray au poste de Capitaine général et Gouverneur en chef de l'Amérique du Nord britannique.
- 1769 - Le xx xxxx, il soumet un projet d'uniformisation des systèmes judiciaires français et britannique au gouverneur Carleton.
- 1770 - Le 1 février, le gouverneur Carleton promulgue de nouvelles mesures judiciaires qui ne satisferont pas du Calvet.
- 1770 - Le 4 février, il fait parvenir au gouvernement colonial un document intitulé Mémoire sur l'administration de la justice.
- 1770 - Le 28 octobre, il soumet un document intitulé Mémoire sur la forme judiciaire actuelle de la Province de Québec à Lord Hillsborough, secrétaire d’État des Colonies américaines.
- 1771 - Le 3 octobre, il épouse Marie-Louise, fille de son ami Pierre Jusseaume à la Christ Church de Montréal.
- 1772 - Le 7 juillet, naissance de son premier fils, Jean-Pierre.
- 1772 - Le 31 août, son fils décède.
- 1773 - Le 8 novembre, naissance de son deuxième fils, Jean Dumas.
- 1774 - Le 16 octobre, naissance de son troisième fils, Guy.
- 1774 - En ?décembre?, sa femme, Marie-Louise du Calvet, décède à l'âge de 24 ans.
- 1775 - Le ?11 mai?, son troisième fils, Guy, décède.
- 1775 - Les 7 et 9 octobre, il comparaît devant un jury de neuf commissaires sous l'accusation de sympathiser avec les rebelles. La preuve étant insuffisante, il est relâché.
- 1776 - En avril, il reçoit un des représentants de la délégation envoyée par le Congrès américain.
- 1778 - Le 26 juin, Frederick Haldimand arrive à Québec pour remplacer Guy Carleton au poste de Capitaine général et Gouverneur en chef pour la province.
- 1779 - Le 26 mai, du Calvet produit un réquisitoire prenant à partie les deux juges de la Cour des plaids communs, Edward Southouse et René-Ovide Hertel de Rouville.
- 1779 - James Monk, procureur général, poursuit Du Calvet pour libelle.
- 1780 - Du Calvet, défendu par l'avocat William Dummer Powell, est acquitté.
- 1780 - Le 27 septembre, Du Calvet est arrêté puis incarcéré sans procès sur ordre de Allan Maclean général de brigade.
- 1780 - Le 6 décembre, Haldimand accepte la demande de libération de Du Calvet que lui soumet le conseiller législatif François Lévesque.
- 1783 - Le 2 mai, il sort de prison.
- 1783 - En octobre, à Paris, il rencontre Benjamin Franklin ambassadeur des États-Unis en France.
- 1784 - En mars, The case of Peter Du Calvet [...] est publié à Londres.
- 1784 - En juin, Appel à la justice de l’État [...] est publié à Londres.
- 1785 - En juin, il rencontre Benjamin Franklin une deuxième fois.
- 1785 - Par trois fois durant le mois de septembre, il se présente en personne devant le Congrès continental afin de réclamer la somme qu'il croit lui être dû.
- 1786 - Le 3 mars, le navire espagnol qui doit le transporter à Paris quitte le port de New York.
- 1786 - Le 15 mars, Le navire espagnol périt en mer.
[modifier] Ouvrages
- Mémoire sur l'administration de la justice, Québec, 1770
- Mémoire sur la forme judiciaire actuelle de la Province de Québec, Québec, 1770
- Mémoire en réponse à l'écrit public, de Me Panet, fondé de procuration de Watson & Rasleigh de Londres, demandeurs, contre Pierre du Calvet de Montréal, écuyer, défendeur [...], Québec, 1779
- The case of Peter Du Calvet, esq., of Montreal in the Province of Quebeck, containing, amongst other things worth notice, an account of the long and severe imprisonment he suffered in the said province [...], Londres, mars 1784 (écrit en collaboration avec Francis Masères et Peter Livius)
- Appel à la justice de l’État ; ou recueil de lettres au roi, au prince de Galles, et aux ministres ; avec une lettre à messieurs les Canadiens, ..., Londres, juillet 1784
[modifier] Citations
[modifier] Notes
- ↑ Jean-Pierre Boyer, p. 18
[modifier] Bibliographie
- Jean-Pierre Boyer, Appel à la justice de l'État de Pierre du Calvet, Champion des droits démocratiques au Québec, Les éditions du Septentrion, Québec, 2002, 321 p.
- Pierre Tousignant et Madeleine Dionne-Tousignant, du Calvet, Pierre dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Université de Toronto et Université Laval, 2000
- Annie Saint-Germain, L'héroïsation dans le discours épistolaire et l'autobiographie : le cas de Pierre du Calvet (1735-1786), mémoire de maîtrise, département d'études littéraires, UQUAM, Montréal, 2000, 302 p.
- Jean-Paul de Lagrave et Jacques G. Ruelland, Pierre du Calvet, Appel à la Justice de l'État, (Extraits), Sainte-Foy, Le Griffon d'argile, 1986, 64 p.
- Bernard Andrès, La passion du combat dans les lettres de Pierre du Calvet, dans Érudition et passion dans les écritures intimes, Manon Brunet (dir.), Éditions Nota bene, Québec, 1990, p. 17-27
- Michel Légaré, Pierre du Calvet, l'homme et l'oeuvre, mémoire de maîtrise, Université de Montréal, 1976
- Adélard Gascon, Pierre du Calvet, monographie, thèse de doctorat en philosophie, Université d'Ottawa, 1947, 280 p.
- Benjamin Sulte, Monographie de Pierre du Calvet, dans Mélanges historiques, G. Ducharme Libraire-éditeur, Montréal, vol. 7, 1921, p. 76-98
- Thomas Chapais, Pierre du Calvet, La Presse, 15 juillet, 26 août et 9 septembre 1905
- Pierre Du Calvet en 1785, dans le site Web officiel du Vieux-Montréal
- Correspondence entre Pierre du Calvet et Benjamin Franklin, dans le site Web The Papers of Benjamin Franklin (quatre lettres de Pierre du Calvet adressées à Benjamin Franklin)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Lien externes
- Site Web de l'auberge et du restaurant Pierre du Calvet situé dans le Vieux-Montréal
- Nancy Macina, Pierre du Calvet House, Montreal, tableau, Ward-Nasse Art Gallery