Sœur Juana Inés de la Cruz
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Sœur Juana Inés de la Cruz est une des poètes les plus renommées de la langue castillane.
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[modifier] Biographie
Juana Inés María del Carmen Martínez de Zaragoza Gaxiola de Asbaje y Ramírez de Santillana Odonoju est née dans une petite communauté rurale du Mexique, San Miguel Nepantla, le 12 novembre 1651 et est décédée le 17 avril 1695. Elle est la fille présumée d'un aventurier d'origine basque, Pedro de Asbaje, qui n'a jamais reconnu sa paternité, et d'Isabel Ramírez, propriétaire terrienne qui restera célibataire toute sa vie.
Jeune prodige, Juana Inés affirmera plus tard dans son autobiographie qu'elle a appris à lire dès l'âge de trois ans. Lorsque sa mère la prévient que les femmes n'ont pas le droit d'étudier à l'université, elle fait part de son projet de se déguiser en homme pour accéder au plus haut degré de savoir. Même enfant, elle dévore tous les ouvrages qui tombent sous sa main et se plaît à écrire de la poésie. Sa plus ancienne oeuvre littéraire connue a été rédigée vers l'âge de sept ans. En 1660, elle quitte la campagne pour la grande capitale, Mexico, où elle est rapidement introduite aux cercles des familles importantes de la colonie. En effet, beaucoup sont impressionnés par le talent et la mémoire de cette adolescente qui maîtrise déjà l'art du discours et de la rhétorique. À une époque où la femme savante est considérée négativement, Sor Juana apprend le latin en vingt leçons et s'initie à diverses sciences qui la passionnent comme les mathématiques, la musique, la philosophie, l'astronomie, la théologie.
En 1662, Juana de Asbaje devient dame de compagnie pour la vice-reine du Mexique, la Marquise de Mancera. Son entrée à la cour lui assure un soutien pour faire avancer sa carrière littéraire. Elle compose non seulement de la poésie, mais également des pièces de théâtre et des cantiques destinés à être chantés dans les églises. Juana est jolie, pourtant elle refuse le mariage. Elle espère trouver dans la solitude d'un monastère le temps et le recul nécessaire pour mener une vie consacrée aux arts et aux sciences. Le premier essai de Juana pour se faire admettre au couvent des Carmélites, un ordre religieux particulièrement austère qui demande à ses religieuses de marcher sans souliers et de se soumettre à des pénitences se solde par un échec. Ce n'est qu'en 1669 qu'elle prendra le voile au couvent de Saint Jérôme et deviendra Sor Juana Inés de la Cruz. Malgré son retrait du monde, elle continue de susciter l'admiration de ses contemporains.
L'œuvre de Sor Juana contient de nombreux plaidoyers pour que les femmes reçoivent une bonne éducation et puissent développer leurs capacités intellectuelles. Les autorités religieuses mexicaines n'apprécient guère la présence d'une femme contestataire dans ses rangs. En 1691, la publication d'un texte autobiographique, la célèbre "Réponse à Sœur Philothée de la Croix" jette de l'eau sur le feu. Après de nombreux démêlés avec la justice ecclésiastique, Sor Juana s'éteint en 1695, à l'âge de 45 ans, au cours d'une épidémie de fièvre pestilentielle.
La meilleure biographie de Sor Juana Inés de la Cruz est peut-être celle écrite par Octavio Paz, un écrivain mexicain lauréat du prix Nobel de littérature en 1990 (celle-ci est disponible français tout comme plusieurs traductions de l'œuvre de Sor Juana). Cette biographie a cependant été remise en cause pour ses partis-pris (en particulier ses interprétations psychologiques).
Le débat reste cependant ouvert: Sor Juana Inés de la Cruz fut-elle la première féministe d'Amérique?
[modifier] Bibliographie
[modifier] Œuvres traduites
- Poèmes d'amour et de discrétion, La Délirante, 1987.
- Le Divin Narcisse, Gallimard, 1987.
[modifier] Études
- Marie-Cécile Bénassy-Berling, Humanisme et religion chez Sor Juana Inés de la Cruz, Paris IV, éditions hispaniques, 1982.
- Jean-Michel Wissmer, La Religieuse mexicaine, Metropolis, 2000.
[modifier] Discographie
- Le Phénix du Mexique - Villancicos de Sor Juana de la Cruz mis en musique à Chuquisaca au XVIIIe siècle, K617, 2001.
[modifier] Liens externes
- Site en espagnol avec de nombreux liens
- Sor Juana Inés de la Cruz, américanité et féminisme par Maryse Renaud
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