Stay-behind en Belgique
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Les réseaux clandestins de l'OTAN pendant la guerre froide, dits Stay-behind, étaient actifs dans la quasi-totalité des pays d'Europe occidentale, dont la Belgique. Révélés en Italie le 24 octobre 1990 par le président du Conseil Giulio Andreotti sous le nom Gladio (Glaive en italien), ces réseaux paramilitaires visaient à se préparer en cas d'invasion soviétique, notamment par le biais de mise en place de réseaux d'évacuation et par l'entraînement à la guerre de partisans. Des caches d'armes à la disposition de ces armées secrètes étaient enfouies un peu partout sur le territoire européen. En Italie, Gladio a été accusé d'avoir participé à la stratégie de la tension, entre autres par le biais d'attentats « false flags » mis sur le dos de l'extrême gauche italienne.
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[modifier] Organisation
En Belgique, deux réseaux existeront dès janvier 1949; le premier dépendant de la Sûreté de l'État, service de renseignement civil, est encadré par la section Training et Communication (STC/MOB) et chargé des réseaux de communications entre la Belgique et ses alliés; le deuxiéme réseau dépend de la section SDRA 8 du service de renseignement militaire belge et il chargé de l'organisation de l'action militaire.
Un troisiéme réseau fut entre 1953 et l'indépendance du Congo belge chargé de favoriser l'exfiltration du gouvernement belge en cas d'invasion vers cette colonie.
Les groupes dépendants dépendants des premiers réseaux resteront actifs jusqu'a la fin des années 1980. C'est le chef du Service général de Renseignement de l'armée belge, le général Raymond Van Calster, qui occupera la présidence du CCA en 1990.
Suite à la révélation de l'existence de Gladio, l'Italie, la Suisse et la Belgique mirent en place des commissions parlementaires. En Belgique, certains soupçonna les tueries du Brabant, dans les années 1980, d'avoir été perpétrées par des membres liées aux réseaux belges stay-behind, qui mêlaient des éléments d'extrême droite aux services secrets militaires (notamment le Service général du Renseignement et de la Sécurité, ou SGR, qui abritait le SDRA8). Depuis, un Comité permanent de contrôle des services de renseignement (« Comité R ») a été créé par la loi du 18 juillet 1991 organique au contrôle des services de police et de renseignement. La même loi a également institué le Comité permanent de contrôle des services de police (« Comité P »). L'Administration de la Sûreté de l'État, service de renseignement civil qui dépend du ministre de la Justice, et le Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGR), service de renseignement militaire qui dépend de l’Etat-major des forces armées, lui-même placé sous l'autorité du ministre de la Défense nationale, sont les deux services belges, désormais régis par la loi de 1998.
[modifier] Les tueries du Brabant et Westland New Post
Selon la commission parlementaire, « au cours des années 1980, le pays a été secoué par une série d’événements inquiétants, voire tragiques, dont les tueries, dites du Brabant wallon (19 attaques contre des individus, établissements de grandes surfaces, 27 morts), les attentats des Cellules communistes combattantes (2 morts), la découverte d’une organisation d’extrême droite (Westland New Post) infiltrée ou manipulée par la Sûreté de l’Etat, la mise au jour d’un réseau secret, dit Gladio, opérant avec l’appui des services de renseignements belges et étrangers. De nombreuses rumeurs et accusations ont alors circulé au sujet du fonctionnement des services de police et des services de renseignements. La collaboration et la coordination entre ces services, et finalement l’efficacité de ceux-ci, ont posé de nombreux problèmes et suscité de nombreuses critiques[1]. » Celles-ci ont abouties à la création d'un comité parlementaire de surveillance.
Paul Latinus, le fondateur de Westland New Post et lui-même officier de réserve de la Force aérienne, qui fréquentait l'association militaire anti-communiste « Brabant Reserve Officer Club » (BROC), déclarait au journaliste René Haquin:
« J'ai été recruté à l'âge de 17 ans par une organisation étrangère dont le but est de lutter par tous les moyens contre le communisme soviétique. J'ai été initié en 1973 au contre-espionnage et aux techniques de renseignement par un officier de l'OTAN à Tongres. En 1977, j'ai reçu l'ordre de m'introduire dans la sphère du Front de la jeunesse. Ma mission en 1980 fut alors de créer en Belgique un groupe revanchard nazi calqué sur la Waffen-SS. » [2]
[modifier] De nouvelles révélations éclate en 1996
En 1996, un article du quotidien Le Soir fit un scandale en révélant qu'un plan de base de la défense militaire de la Belgique, composé en août 1995, déclarait qu'« il n'existe aucune menace ouverte en Belgique mais il existe bien une menace clandestine permanente » émanant des « communautés immigrées ». Le plan de l'ITC (commandement territorial interforces) prévoyait la constitution d'un réseau d'espionnage afin d'infilter la société civile, pour empêcher des actions de subversion d'« agents ou sympathisants » issus « des milieux diplomatique, culturel, commerciaux et religieux » étrangers en Belgique. Confrontées aux accusations de racisme, les autorités militaires belges ont par la suite affirmé qu'elles modifieraient le plan.
Tout comme l'affaire du Département d'études stratégiques antiterroriste (DSSA) en Italie, ce plan de 1995 incline à croire que les réseaux stay-behind n'ont pas été complètement démantelés depuis la révélation de Giulio Andreotti. En Italie, c'est en juillet 2005 que la presse apprend l'existence du DSSA, une « structure de police parallèle » mise en place par deux dirigeants de l'Union nationale des forces de police (Unpf), un syndicat présent dans tous les différents services des forces de l'ordre. Les deux chefs, Gaetano Saya] et Riccardo Sindona, ont dit être d'anciens membres de Gladio. Apparemment, Fabrizio Quattrochi, assassiné en Irak après avoir été pris en otage, était là-bas « pour le compte du DSSA », selon le site internet - désormais fermé - du DSSA. Selon les enquêteurs, le DSSA tentait de se faire reconnaître internationalement afin d'obtenir des financements pour ses activités parallèles.
[modifier] Références
- ↑ Comité permanent de contrôle des services de renseignement, onglet 'Présentation', puis 'Historique'
- ↑ Cité par René Haquin, Des taupes dans l'extrême-droite : la sûreté de l'État et le WNP, postface de Walter De Bock , EPO , 1984 (cité dans Le Soir du 8 septembre 2006, « L'armée, ce nid de choix pour l'extrême-droite », p.4
[modifier] Voir aussi
- Bloed-Bodem-Eer en Trouw (BBeT)
- Stay-behind
- Gladio
- Stratégie de la tension
- Tueries du Brabant
- Westland New Post fondé par Paul Latinus
- Théories du complot
[modifier] Liens externes
- Comité permanent de contrôle des services de renseignement (« Comité R ») (avec une section historique détaillant les raisons de la création de ce Comité et l'histoire des tueries du Brabant)
- Réseau terroriste démantelé en Belgique, Portrait d'une mouvance néonazie active depuis bien longtemps, par Manuel Abramowicz sur le site de la revue RésistanceS
- Complot néonazi dans l’armée, RFI, 8 septembre 2006 (avec une interview audio d'André Dumoulin, attaché à l'école royale militaire à Bruxelles, maître de conférence à l'université de Liege et de Bruxelles)
- Douze mandats d’arrêt, Le Soir, 9 septembre 2006 (une personne interrogée affirme que B.T. n’est pas le chef de BBTE, et que l’organisation ne compterait pas 20 membres comme l’affirme Le Figaro, mais de 100 à 200 personnes).
- Inacceptable et intolérable, Le Soir, 8 septembre 2006 (le ministère de la Défense se porte partie civile)
- Le complot néonazi couplé à un trafic d’armes, Le Soir, 9 septembre 2006 (« Par ailleurs, le parquet fédéral n'a ni confirmé ni infirmé les affirmations de certains quotidiens qui ont fait état de la possibilité que des hommes politiques aient été visés par les projets du groupuscule d'extrême-droite. Il s'est borné à relativiser ces affirmations. »)