Témoins de Jéhovah et caractère sectaire
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L'assimilation des Témoins de Jéhovah à une secte fait l'objet de débats en France, impliquant diverses disciplines (histoire, sociologie, droit…), en fonction de la définition utilisée de ce terme.
Sommaire |
[modifier] Définition étymologique
Du point de vue étymologique, ils peuvent correspondre à l'origine latine du mot (sectare) en tant que groupe schismatique se séparant sur le plan doctrinal d'un mouvement bien établi, à savoir le second adventisme, lui-même issu du protestantisme.
[modifier] Sens sociologique
Le sens sociologique conforme à la typologie webero-troeltschienne de secte protestante repliée sur elle-même, en opposition à l'Église coextensive à la société[1], semble le plus approprié pour caractériser les Témoins de Jéhovah.
[modifier] Typologie de la secte (Weber et Troeltsch)
Au XIXe siècle, les sociologues Max Weber et Ernst Troeltsch définissent la secte comme un groupement religieux extrémiste, intransigeant et en rupture avec la société. L'Église est alors l'alternative sociale de la religion qui prend sa place au milieu des institutions profanes.
Bryan Wilson, sociologue d'Oxford, a défini huit critères qui permettent de reconnaître un tel groupe :
- C'est un groupe auquel on adhère volontairement, sachant que celui-ci se réserve le droit de refuser des candidats ;
- Les membres doivent, par l'excellence de leur conduite, mériter leur appartenance au groupe ; celui-ci peut d'ailleurs expulser quiconque transgresse ses règles.
- Le groupe est exclusif et se considère comme un peuple à part.
- Il propose à ses adeptes un modèle de perfection personnelle.
- Il est majoritairement composé de laïcs.
- Il est en conflit avec l'ensemble de la société dont il rejette les normes.
- Il constitue un groupe élistique et réclame une très grande participation de ses membres.
- Il exerce une très forte emprise sur ses membres et les maintient en dehors du monde.
Régis Dericquebourg[2] a estimé que ces huit critères correspondaient bien aux Témoins de Jéhovah, qu'il a étudiés de 1973 à 1979.
Selon Nathalie Luca[3] (ethnologue, chercheur au CNRS), qui replace cet idéal-type de la secte essentiellement dans le contexte du protestantisme, considère qu'avec le temps la secte se " routinise ", commence à faire des concessions ou des compromis, et se rapproche finalement du type Église.
[modifier] Éventuelle évolution vers la dénomination
Dans une analyse plus fine, des sociologues relèvent des évolutions qui montreraient que les Témoins de Jéhovah perdraient de leur radicalité et correspondraient de plus en plus à la " dénomination ", étape de passage de la secte vers l'Église. Ayant été amené à examiner à nouveau la question des Témoins de Jéhovah, Régis Dericquebourg[4] a noté des changements de comportements depuis son étude menée dans les années 70 :
- Action humanitaire : Les Témoins de Jéhovah ont plusieurs fois apporté leur aide aux populations victimes d'inondations. Certains participent à des actions sociales, par exemple au sein des Restaurants du cœur. Le siège national des Témoins de Jéhovah a apporté une aide humanitaire aux populations d'Afrique (notamment lors du génocide au Rwanda).
- Service national : Suite à des négociations avec le ministère de la Défense en février 1995, les Témoins de Jéhovah ont accepté d'accomplir un service civil en remplacement du service militaire.
- Refus des transfusions sanguines : Des structures d'information hospitalières ont été mises en place à partir de 1982, pour favoriser le dialogue et la collaboration avec les médecins et leurs équipes médicales.
- Discussions avec l'État : Les Témoins de Jéhovah ont entrepris diverses démarches pour être reconnus comme association cultuelle.
Quant à Nathalie Luca[5], outre cet arrangement avec le ministère de la Défense en 1995 et l'acceptation aujourd'hui de la " journée citoyenne ", elle relève que les Témoins de Jéhovah accordent une plus grande place aux études supérieures, qui irait dans le sens d'une meilleure intégration sociale.
D'un autre côté, l'historien Bernard Blandre, spécialiste de ce mouvement ayant analysé la récente résolution adoptée aux assemblées d'été de 2006, se demande s'ils " franchiront un jour ce pas "[6] :
« On sait qu’avec le temps une secte s’assagit pour devenir une dénomination. Si l’on tient compte de l’époque de leurs précurseurs, les Témoins de Jéhovah ont au moins deux siècles d’existence ; ils ne sont toujours pas passés d’un stade à l’autre - s’ils franchissent un jour ce pas. Cette résolution marque peut-être un durcissement contre une amorce d’évolution : connu comme n’étant pas témoin de Jéhovah, je suis en relation avec plusieurs par Internet. On sait par ailleurs que dans certaines circonstances des congrégations françaises de témoins de Jéhovah ont fait des dons à des centres communaux d’action sociale, ce qui est condamné par le cinquième point de la résolution. »
[modifier] Sens moderne
En dehors de ces définitions non péjoratives, la classification des Témoins de Jéhovah en tant que secte au sens moderne de groupe spirituel dangereux reste très polémique.
[modifier] Associations antisectes
Depuis des années, ils sont dénoncés comme mouvement sectaire par les principaux organismes de lutte contre les sectes, notamment par des acteurs de la lutte anti-sectes en France, tels que Didier Pachoud [7] ou Jean-Pierre Brard qui dénoncent la dangerosité de l'organisation des Témoins de Jéhovah en évoquant leur refus dogmatique de la transfusion sanguine. Didier Pachoud a par exemple déclaré durant le colloque national organisé à Marseille par le GEMPPI [8] :
« C’est pour cette raison, que nous avons choisi de terminer ce colloque en traitant les effets de la doctrine farfelue et absurde des témoins de Jéhovah consistant à sacrifier sa vie ou la vie de ses enfants (c’est possible dans certains pays à législation laxiste sur ce point) par l’abstention de transfusions sanguines vitales dans certains cas pour respecter le symbole de vie qu’est le sang dans la Bible. Si l’on faisait le compte des personnes ainsi sacrifiées sur l’autel du fanatisme doctrinal sectaire des témoins de Jéhovah, nous dépasserions sans doute le nombre de victimes, suicidées ou assassinées, de l’Ordre du Temple Solaire. Mais rassurez-vous, les témoins de Jéhovah ne troublent pas l’ordre public, ils se laissent mourir en silence, d’ailleurs leurs conducteurs-surveillants spirituels qui les encadrent de près dans ces moments là, y veillent. »
[modifier] Refus des amalgames
Néanmoins, alors qu'ils ont été classés comme secte par la Commission parlementaire sur les sectes en France, au même niveau que tous les groupes censés répondre à au moins un des dix critères de dangerosité définis par les renseignements généraux, des avis plus modérés s'accordent pour dire que les Témoins de Jéhovah doivent être séparés des groupes dangereux actuels. Le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir, ayant enquêté sur le phénomène sectaire en général et sur les Témoins de Jéhovah en particulier[9], dénonce d'ailleurs les problèmes liés à ces amalgames conséquents à la publication de telles listes et à l'utilisation de mots fortement connotés, qui englobent des mouvements très divers avec des niveaux de dangerosité différents[10].
[modifier] Missions interministérielles
Par la suite, l'étude des comportements des mouvements sectaires a conduit la MILS à classer ceux-ci dans trois catégories principales, qu'elle définit dans son rapport 2001 [11]. Dans la continuité de ce rapport, l'ancien président de l'ex-MILS Alain Vivien a indiqué que les Témoins de Jéhovah n’appartiennent pas à la catégorie des " sectes absolues ", c'est-à-dire des " mouvements qui visent à substituer aux valeurs universelles des contre-valeurs qui remettent en cause les principes fondateurs de toute démocratie et les droits de la personne consacrés par l'ensemble des Déclarations ", mais à une " association religieuse qui a des aspects de dérive sectaire "[12], " dont certains aspects du comportement sont inacceptables dans la mesure où ils remettent en cause des droits fondamentaux de la personne humaine ".
En mai 2006, Catherine Katz, secrétaire générale de la Miviludes, a déclaré à propos de l'organisation des Témoins de Jéhovah [13]:
« C'est un groupe qui donne lieu à des dérives sectaires répertoriés dans les deux rapports parlementaires et tous les rapports de toutes les missions françaises et européennes. »
[modifier] Point de vue des Témoins de Jéhovah
Les Témoins de Jéhovah, quant à eux refusent cette appellation sous toutes ses formes.
En 1983, la Tour de Garde s'opposait à ce que ce terme soit appliqué aux Témoins « car ils ne sont pas les disciples d’un enseignant ou d’un maître humain, ni la ramification d’une Église ou d’une autre confession » sans toutefois que l'article s'interroge particulièrement sur les origines historiques du mouvement. Puis le numéro du 15 février 1994 affirme que les Témoins ne sont pas une secte parce qu'ils sont « une religion connue », « se consacrent à leur prochain », suivent « fidèlement la Bible » et n'ont « pas de chefs humains » mais c'est en son sens de groupe dangereux que le terme de secte est alors rejeté.
[modifier] Rapports parlementaires en France
[modifier] Rapport parlementaire sur les sectes de 1995
Les Témoins de Jéhovah ont été mentionnés en France parmi les mouvements sectaires par la commission d'enquête parlementaire sur les sectes de 1995. Le rapport classe les Témoins de Jéhovah parmi les " mouvements apocalyptiques " qui prédisent la fin du monde régulièrement. Il évoque une affaire judiciaire en rapport avec des " violations de certaines obligations familiales ", et le classe parmi les 57 mouvements où la commission aurait constaté " une rupture de l'adepte avec l'environnement d'origine ". De plus il l'évoque à propos de " l'embrigadement des enfants sous une forme plus ou moins insidieuse " et le classe parmi les 26 mouvements qui provoqueraient des " troubles à l'ordre public ", sans en préciser la teneur[14].
S'il est clair que la commission a classé les Témoins de Jéhovah parmi les 173 mouvements sectaires, des doutes persistent sur le contenu du rapport fourni par la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) à la commission. Cela vient surtout du fait que le rapport parlementaire traite à plusieurs reprises les Témoins de Jéhovah à part. C'est en particulier ce que l'on peut remarquer dans la répartition géographique sur les 3 cartes reproduites dans le rapport[15] : la première représente les organisations-mères des 172 mouvements recensés par la DCRG ; la deuxième inclut les filiales ; la troisième y adjoint l'influence représentée par les Témoins de Jéhovah.
Diverses raisons sont avancées pour justifier cette distinction :
- Les opposants aux Témoins de Jéhovah affirment que ce serait simplement pour ne pas occulter les données en raison de leur grand nombre, que l'évaluation les met à part, en citant le chapitre traitant de l'évaluation par les Renseignements généraux, dans le rapport parlementaire :
« 1.- L'évaluation par les Renseignements généraux (…) L'analyse très complète et très fine à laquelle ont procédé les Renseignements généraux retient une définition de la secte fondée sur la dangerosité supposée des différents mouvements, elle-même déduite de l'existence d'un ou plusieurs indices parmi les suivants : déstabilisation mentale, exigences financières exorbitantes, rupture avec l'environnement d'origine, atteintes à l'intégrité physique, embrigadement des enfants, discours antisocial, troubles à l'ordre public, démêlés judiciaires, détournements des circuits économiques, infiltration des pouvoirs publics. Sur ces bases, ont été recensés, dans le cadre de chaque département métropolitain, les associations remplissant l'un au moins de ces dix critères. Ils ont de surcroît distingué, pour chaque mouvement, " l'organisation mère " des différentes " filiales " qui gravitent autour d'elle, que celles-ci soient " officielles " (antennes locales portant le nom de la secte), ou " masquées "(associations diverses, voire sociétés civiles ou commerciales). Les différentes " organisations-mères " ont, de plus, fait l'objet d'une évaluation quantitative permettant de les répartir entre celles qui comptent moins de 50 adeptes, entre 50 et 500 adeptes, entre 500 et 2 000 adeptes, plus de 2 000 adeptes. Il est à signaler que seul le mouvement des Témoins de Jéhovah dépasse en France les 10 000 fidèles (leur nombre est évalué à 130 000).[16] »
- Des défenseurs des Témoins de Jéhovah considèrent plutôt qu'ils ne feraient pas partie des 172 sectes recensées par les Renseignements généraux, en relevant plus loin dans le même chapitre cette explication précédent la cartographie :
« Le nombre de mouvements recensés par la DCRG et répondant à l'un des critères de dangerosité indiqués ci-dessus s'élève aujourd'hui à 172 pour les " organisations-mères " . L'inclusion des " filiales " dans l'étude permet de constater l'existence, en France, d'une véritable " nébuleuse sectaire " comptant plus de 800 satellites. […] Cette impression est encore accrue si l'on adjoint à cette dernière représentation cartographique l'influence représentée par les Témoins de Jéhovah[17] »
Divers articles de presse séparent de cette manière les Témoins de Jéhovah des 172 sectes recensées par le rapport des RG, comme le journal Le Monde du 11 janvier 1996 :
« Les chiffres entre parenthèses correspondent à une répartition par « type dominant » des 172 sectes recensées dans le rapport, auxquelles s'ajoutent les Témoins de Jéhovah »
On peut aussi lire dans une dépêche de l'AFP du 13 novembre 1996 :
« Le rapport parlementaire faisait état d'une liste de « mouvements sectaires » établie par les renseignements généraux, soit 172 sectes regroupant 160 000 adeptes et 100 000 sympathisants, sans compter quelque 130 000 membres des Témoins de Jéhovah. »
Le Quid[18] aussi fait clairement la distinction entre les 172 mouvements répondant à l'un des dix critères de dangerosité définis par les RG et les Témoins de Jéhovah :
« Nombre de sectes. 173 dont 172 associations remplissant au moins 1 de ces 10 critères sont considérées comme des sectes + les Témoins de Jéhovah »
L'appréciation faite par la Cour administrative d'appel de Paris lors du recours des Témoins de Jéhovah pour l'accès aux documents fournis par les Renseignements généraux suscite également des questions sur le contenu de ce rapport des RG à propos des Témoins de Jéhovah.
Le 18 décembre 2006, les Témoins de Jéhovah en possession des documents ont tenu une conférence de presse sur ce sujet, déclarant que les documents se contentent d'une liste de leurs lieux de culte, et de diverses remarques qui ne peuvent être pris pour une analyse. Par contre, ils n'ont pas communiqué sur le fait de savoir si les Renseignements Généraux les avaient inclus dans la liste des sectes remise à la commission.
[modifier] Conséquences juridiques
Le gouvernement français a rappelé à diverses reprises que les rapports parlementaires sur les sectes n'avaient pas force de loi et ne pouvaient justifier aucune mesure discriminatoire à l'encontre des groupes qui s'y trouvent listés. Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, par exemple, a bien établi que le rapport de 1995 " n'a aucune valeur juridique "[19]. Quant au ministre de l'Intérieur, il a clairement expliqué aux préfets : " Ces rapports parlementaires ne constituent qu'un élément d'information et de proposition, ils ne prétendent pas avoir valeur normative et ne sauraient fonder ni des distinctions entre les associations qualifiées de "sectaires" et celles qui ne le sont pas au regard desdits rapports ni des sanctions quelconques. "[20]
Les juridictions administratives ont confirmé que la présence dans le rapport parlementaire sur les sectes ne peut justifier toute entrave à la pratique d'un culte. C'est ainsi que le Tribunal administratif de Rennes a annulé le refus du maire de Lorient de mettre à la disposition d'une association locale de Témoins de Jéhovah une salle municipale. Dans le cadre du référé-liberté, le Président du tribunal a estimé " que le refus présentement opposé à la demande de ladite association est exclusivement fondé sur l'appréciation portée par le maire sur son activité, qualifiée par lui de sectaire ; qu'une telle décision, qui refuse par principe à une association tout accès aux salles municipales ordinairement mises à leur disposition, porte une atteinte grave aux libertés d'association et de réunion ; […] qu'en l'absence de toute invocation de faits précis dont il ressortirait que les activités réelles de l'association porteraient atteinte à l'ordre public, la décision prise par le maire de Lorient, qui ne saurait trouver un fondement dans un rapport parlementaire dépourvu de valeur normative, est manifestement illégale "[21]. Pareillement, le Tribunal administratif de Poitiers a annulé un autre refus communal parce qu'il " ressort des pièces du dossier que, pour rejeter la demande de l'association requérante, la ville de La Rochelle s'est fondée non sur un motif tiré de l'ordre public, mais sur le caractère de secte attribué aux Témoins de Jéhovah par le rapport d'enquête de l'Assemblée Nationale du 22 décembre 1995 ; que ce rapport, dénué de valeur juridique, ne pouvait servir de fondement légal à la décision attaquée "[22].
[modifier] Remise en cause de l'utilisation de listes de sectes
Il faut noter un changement récent de la politique gouvernementale en matière de classification des sectes, comme le montre la circulaire du Premier ministre datée du 27 mai 2005[23] demandant que le recours à des listes de sectes soit évité au profit de l'utilisation de faisceaux de critères. Ce rapport reconnaît que la liste de mouvements, annexée au rapport parlementaire de 1995, devient de moins en moins pertinente, au vu de la complexité du phénomène sectaire. Par sa rigidité, une liste ne permet pas d'appréhender les fluctuations importantes de ces mouvements ; la circulaire évoque cette difficulté, engendrée par la formation de petites structures, diffuses, mouvantes et moins aisément identifiables. Toutefois, ce texte indique que ce changement, loin d’affaiblir l’action menée, est là pour mieux garantir son efficacité, en exerçant une vigilance particulière sur toute organisation paraissant exercer une emprise dangereuse pour la liberté individuelle de ses membres.
De son côté, en tant que président de la MIVILUDES, Jean-Michel Roulet a estimé en 2005 que la liste parlementaire des sectes de 1995 est « complètement caduque » mais a reconnu qu'elle « a permis de cerner le phénomène même si c'était de manière parfois erronée et partiellement incomplète ».
Toutefois, dans un récent communiqué de presse, plusieurs députés porte-parole des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale, ont déclaré que "certains ont cru pouvoir se réjouir d’un soi-disant tournant dans la politique française de défense des libertés individuelles et collectives contre les menées dangereuses des sectes et d’une remise en cause des rapports parlementaires de 1995 et en 1999", à l'occasion de la parution de la circulaire du Premier ministre citée ci-dessus. En réalité, la question posée par le Premier ministre était selon eux, celle du vieillissement des informations collectées en 1995 et 1999. Ils ont ajouté que la création d'une nouvelle commission d’enquête sur les sectes dans le domaine de la santé et de la protection des mineurs va permettre d' "engager un nouvel état des lieux de la mouvance sectaire"[24]
[modifier] Accès aux documents fournis par les Renseignements généraux
S'étant vu refuser l'accès aux documents établis par les Renseignements généraux auxquels se réfère le rapport parlementaire de la Commission d'enquête Gest-Guyard de 1995, les Témoins de Jéhovah ont saisi la juridiction administrative. L'affaire ayant été portée devant elle, la Cour administrative d'appel de Paris a estimé que ces documents avaient bien le caractère de documents administratifs au sens de l'article 1er de la loi du 17 juillet 1978, que les autorités sont tenues de communiquer en réponse à toute demande. Dans son arrêt du 16 juin 2005[25], la Cour a demandé la production de ces documents pour examiner le bien-fondé du refus de ministre, qui invoquait le risque d'atteinte à la sécurité publique. Finalement, suite à cet examen, le juge de fond a décidé que les documents litigieux devaient être transmis à la requérante, apportant son appréciation sur ceux-là dans son arrêt du 1er décembre 2005[26] :
« Considérant qu'il ressort de l'examen des documents litigieux, qui ont été produits par le ministre de l'intérieur en exécution de l'arrêt avant dire-droit susvisé du 16 juin 2005, que les informations qu'ils contiennent, constituées de l'adresse de l'association et de ses filiales, d'appréciations qualitatives très laconiques sur les effets de l'activité de l'association sur les individus et la société et du nombre de ses antennes par département, ne peuvent être regardées, eu égard à leur caractère succinct et anodin, comme comportant des éléments dont la divulgation porterait atteinte à la sûreté de l'Etat ou à la sécurité publique au sens de l'article 6 de la loi du 17 juillet 1978 ; que, par suite, la décision du ministre refusant la communication desdits documents pour le motif invoqué a méconnu les dispositions de la loi du 17 juillet 1978 susmentionnée et encourt l'annulation ; »
Le Conseil d'État a rejeté le 3 juillet 2006[27] le recours du ministre de l'Intérieur, qui se trouve désormais dans l'obligation de communiquer à l'Association les Témoins de Jéhovah les documents détenus par les Renseignements généraux qui la concernent et qui ont servi de base aux travaux de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes.
Pareillement, le Conseil d'État[28] a confirmé le même jour un arrêt rendu en juin 2005 par la Cour administrative d'appel de Paris[29] qui a annulé la décision du ministre de l'Intérieur refusant de communiquer à la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France les documents concernant les demandes et investigations réalisées auprès des témoins de Jéhovah de France par la direction centrale des renseignements généraux au titre de la demande d'assistance de la mission d'enquête parlementaire sur les sectes et l'argent constituée le 15 décembre 1998. La cour a demandé au ministre de réexaminer la demande de communication de ces documents administratifs faite par la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France.
Le 18 décembre 2006, lors d'une conférence de presse à Paris, les Témoins de Jéhovah ont rendu public le dossier préparé par les Renseignements généraux à leur sujet pour la commission d'enquête parlementaire sur les sectes de 1995[30]. Selon le quotidien Le Monde[31], " Cette « note blanche », qui leur a été communiquée après huit années de procédures, comprend uniquement une fiche de présentation et la liste de leurs lieux de culte ".
[modifier] Commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs (2006)
Le rapport parlementaire remis le 19 Décembre 2006 évoque les Témoins de Jéhovah en ce qui concerne le conditionnement et la culpabilisation des enfants (pages 24 et 36), l'emploi du temps chargé des enfants témoins (page 25), le prosélytisme indirect à l'école (pages 26 et 27), les troubles psychologiques qu'engendreraient "la séparation d'avec le monde" (pages 29 et 30), l'incapacité du développement de l'autonomie (page 32), les risques de non-dénonciation d'abus sexuels sur mineurs (pages 39 et 40), les difficultés psychologiques de la sortie du mouvement (page 51), le problème des transfusions sanguines (pages 65 à 68 et 129 et 130) à ce sujet il propose une modification de la loi pour obliger la transfusion même si les parents ne sont pas d'accord (page 184), sur les conditions d'agrément des familles de Témoins de Jéhovah voulant être "famille d'accueil" (Pages 135 à 137) et propose d'intégrer dans la délivrance de la reconnaissance des associations cultuelles une close d'intérêt supérieur des enfants (pages 143 à 152).
À la Une du journal Le Monde (vendredi 20 octobre 2006) a été signalée la querelle opposant le ministère de l'Intérieur à la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs à propos du statut juridique des Témoins de Jéhovah en France. Lors d'une audition publique par la commission constituée en juin 2006, le bureau central des cultes a fait une mise au point sur la reconnaissance du statut d'association cultuelle aux Témoins de Jéhovah (qui serait alors la 5e religion de France) et rejette les arguments des députés antisectes, qui manquent selon lui de consistance du point de vue juridique. L'article rappelle également l'affiliation de 700 ministres du culte des Témoins de Jéhovah à la CAVIMAC, régime de sécurité sociale réservé aux cultes.
Lors de la présentation du rapport à la presse, Georges Fenech, député UMP, président de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes a accusé les pouvoirs publics et particulièrement le bureau des cultes du ministère de l'Intérieur, de "négligence, voire complaisance" à leur égard. "Le chef du bureau des cultes (Didier Leschi) a une position très personnelle qui demande à être clarifiée puisque c'est en contradiction avec ce que dit le ministère de la Santé", a-t-il déclaré le mardi 19 décembre sur France 2 [32]. Le député Jean-Pierre Brard a même accusé Didier Leschi, chef du Bureau des cultes, de « connivence avec les TJ », démontrant que sa position est en contradiction avec celle de son ministre Nicolas Sarkozy, après lecture d'une lettre adressée par celui-ci à son collègue ministre de la Santé, où il fait état des infiltrations des Témoins de Jéhovah dans le milieu médical [33].
[modifier] La "manipulation mentale"
Divers ouvrages tentent de dégager ce qui constitue une secte, par exemple le livre de Steven Hassan Protégez-vous contre les sectes développe l'idée du "contrôle de la pensée". Il émet certains critères :
- Contrôle de la faculté de réflexion et de l'information : perception du monde d'un point de vue manichéen. Utilisation d'un langage codé compréhensible aux seuls adeptes, forcer les membres à ne laisser filtrer aucune information critiquant le groupe. S'obliger à n'avoir que des pensées "positives" envers la vie dans le groupe.
- Contrôle des émotions : utilisation de la culpabilité comme moteur de vie. Le bonheur ne passe que par "l'obéissance" et la "soumission" ou "l'humilité". Contrôle des fréquentations et de la vie sexuelle. Phobie de la sortie du groupe (si je quitte le mouvement je deviendrais condamné) tout en prétendant que « chacun est libre de rentrer et sortir ».
Dans le chapitre l'expérience de la secte, il évoque la doctrine prise comme "La Vérité", une réalité en blanc et noir, le bien contre le mal, une mentalité élitiste, la volonté du groupe plus forte que la volonté individuelle, l'obéissance absolue aux chefs, les manipulations par la peur et la culpabilité, le bonheur conditionné aux bons résultats de prosélytisme, la notion de temps vécu comme une urgence.
Tous ces points se retrouvent chez les Témoins de Jéhovah et de ce fait certains anciens adeptes se sont regroupés en associations de victimes, affirmant que les Témoins de Jéhovah sont endoctrinés et vivent coupés du monde réel.
[modifier] Notes et références
- ↑ Françoise Champion (chargée de recherches au CNRS), " "Sectes", entre guillemets ", Actualité des religions, n° 6, juin 1999, p. 40 :
« Deux sociologues allemands ont en effet défini les notions d'Eglise et de Secte, au tournant du XIXe et du XXe siècle : Weber et Troeltsch. Selon eux, on naît dans l'Eglise, qui est coextensive à la société, mais on entre dans la secte par conversion. Selon eux, également, l'Église accepte un compromis avec le monde, alors que la Secte la récuse. Enfin, dans l'Église, il y a deux catégories de personnes : clercs ou religieux d'un côté, laïcs de l'autre. Aux premiers, une morale exigeante ; aux seconds, une morale plus accessible. Cette distinction clercs-laïcs ne se retrouve pas dans la Secte : tous les membres y sont, en principe, égaux et tous sont soumis à la même morale exigeante. »
- ↑ " Les Témoins de Jéhovah : vers une sortie de la logique sectaire ? ", in Sectes et démocratie, sous la direction de Françoise Champion et de Martine Cohen, Éditions Seuil, Paris, 1999, pp. 105-125.
- ↑ " Sectes : Savoir de quoi on parle ", Réforme, n° 2797, 19-25 novembre 1998, p. 8 :
« Et d'abord la secte dite « wébéro-troeltschienne », définition sociologique proposée au début du XXe siècle par le sociologue allemand protestant Max Weber, et reprise par son compatriote et coreligionnaire, le théologien Ernest Troelstch. L'exemple magistral en est la naissance du protestantisme. À la réforme, un besoin de radicalité s'exprime, pour revenir au plus proche d'un christianisme authentique moins imprégné de la vie sociale. C'est une démarche volontaire et pleinement religieuse de chrétiens engagés. La secte - le mot n'a pas de connotation péjorative - est une force de rupture par rapport à l'Eglise dont elle est issue et qu'elle accuse de se compromettre avec le monde. La réforme a donné naissance à quantité de groupes radicaux, de « sectes ». Mais, à chaque époque, on retrouve ce besoin de radicalité - baptistes, Témoins de Jéhovah, pentecôtistes, charismatiques protestants et catholiques, etc. Et comme la radicalité est difficilement viable à long terme, peu à peu la secte se « routinise », perd de sa ferveur initiale, et devient une Eglise vouée à d'autres réactions sectaires et schismes ! »
- ↑ " Les Témoins de Jéhovah et le rapport ", in Pour en finir avec les sectes - Le débat sur le rapport de la commission parlementaire, sous la direction de Massimo Introvigne et de J. Gordon Melton, CESNUR, Éditions Dervy, Paris, 1996.
- ↑ Sectes, Églises et nouveaux mouvements religieux, in Actes du séminaire " L'enseignement du fait religieux ", 5, 6 et 7 novembre 2002.
- ↑ >Association d'Étude et d'Information sur les Mouvements Religieux, Mouvements religieux, n° 314, juillet 2006, pp. 6-8[1]}}
- ↑ Président du GEMPPI Groupe d’Etude des Mouvements de Pensée en vue de la Protection de l’Individu, vice-président de la FECRIS Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme, membre du conseil d’administration du CCMM Centre de documentation, d’éducation et d’action Contre les Manipulations Mentales
- ↑ Compte rendu du colloque national organisé à Marseille par le GEMPPI le samedi 8 octobre 2005
- ↑ Voir notamment son ouvrage co-écrit avec Nathalie Luca Sectes, mensonges et idéaux, Bayard-Editions, Paris, 1998.
- ↑ Le Monde diplomatique, mai 1999, p. 26.
- ↑ rapport 2001 Rapport 2001 MILS
- ↑ Max Rosereau Ph., " Le président de la MILS souhaite miser davantage sur la prévention ", La Voix du Nord.
- ↑ La lutte contre les dérives sectaires, avec Catherine Katz, secrétaire générale de la Miviludes
- ↑ Rapport fait au nom de la commission d'enquête sur les sectes
- ↑ Rapport fait au nom de la commission d'enquête sur les sectes, 1.- L'évaluation par les Renseignements généraux
- ↑ Rapport fait au nom de la commission d'enquête sur les sectes, 1.- L'évaluation par les Renseignements généraux
- ↑ Rapport fait au nom de la commission d'enquête sur les sectes, 1.- L'évaluation par les Renseignements généraux
- ↑ Quid 2007, p. 717. Article en ligne : Les sectes en France.
- ↑ Courrier juridique des Affaires sociales, mai-juin 1998, p. 2
- ↑ Circulaire du ministère de l'Intérieur du 20 décembre 1999 sur la " Lutte contre les agissement répréhensibles des mouvements sectaires " (Int. 9900262C).
- ↑ Association locale pour le culte des Témoins de Jéhovah de Lorient, Tribunal administratif de Rennes, ordonnance du 21 février 2002, n° 02507.
- ↑ Association locale pour le culte des Témoins de Jéhovah de La Rochelle c. Commune de La Rochelle, Tribunal administratif de Poitiers, 1re chambre, 13 juin 2002, n° 013040.
- ↑ http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=PRMX0508471C
- ↑ COMMUNIQUE DE PRESSE
- ↑ Cour Administrative d'Appel de Paris, 5e chambre - Formation A, 16 juin 2005, 02PA00039.
- ↑ Cour Administrative d'Appel de Paris, 5e chambre - Formation A, 1er décembre 2005, 02PA00039.
- ↑ Conseil d'État, section du contentieux, 3 juillet 2006, n° 284297.
- ↑ Conseil d'État, section du contentieux, 3 juillet 2006, n° 284296.
- ↑ Cour Administrative d'Appel de Paris, 5e chambre - Formation A, 16 juin 2005, 02PA00387.
- ↑ " L'indignation des Témoins de Jéhovah ", communiqué du 18 décembre 2006 du Consistoire des Témoins de Jéhovah.
- ↑ Le Monde, 20 décembre 2006, p. 14. Voir aussi Le Figaro, 19 décembre 2006, p. 12.
- ↑ RAPPORT SUR LES SECTES
- ↑ Présentation du rapport à la presse, MARDI 19 DÉCEMBRE 2006, 11H00 Vidéo
[modifier] Bibliographie
[modifier] Sociologie ou histoire des religions
- Bernard Blandre, Les Témoins de Jéhovah, Éditions Brepols, 1991.
- Françoise Champion, " "Sectes", entre guillemets ", Actualité des religions, n° 6, juin 1999, pp. 40-43.
- Françoise Champion et Martine Cohen (sous la direction de), Sectes et démocratie, Éditions Seuil, Paris, 1999.
- Régis Dericquebourg, Les groupes religieux minoritaires - aspects et problèmes, cahier spécial de l'Association d'Étude et d'Information sur les Mouvements Religieux.
- Régis Dericquebourg, " Les stratégies des groupes religieux minoritaires face à la lutte anti-secte française ", Religiologiques, 22, automne 2000, 119-130.
- Frédéric Lenoir, Controverses passionnées à propos des sectes, Le Monde diplomatique, mai 1999, pp. 26, 27.
- Nathalie Luca, Sectes, Églises et nouveaux mouvements religieux, in Actes du séminaire " L'enseignement du fait religieux ", 5, 6 et 7 novembre 2002.
- Nathalie Luca et Frédéric Lenoir, Sectes, mensonges et idéaux, Éditions Bayard, Paris, 1998.
[modifier] Sources antisectes
- Alain Gest et Jacques Guyard, Rapport n° 2468, commission d'enquête sur les sectes, 22 décembre 1995.
- Jacques Guyard et Jean-Pierre Brard, Rapport n° 1687, commission d'enquête sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers, 10 juin 1999.
- UNADFI, Bulles n° 87, 3e trimestre 2005.
[modifier] Sources diverses
- " Sectes… entre panique et confusion ", hors-série de la revue protestante Réforme, juin 2000.
- Massimo Introvigne et J. Gordon Melton (sous la direction de), Pour en finir avec les sectes - Le débat sur le rapport de la commission parlementaire, CESNUR, Éditions Dervy, Paris, 1996.
- Jean-Paul Willaime, " Débat sur les sectes et perception sociale du religieux en France ", Conscience et Liberté, n° 59, 2000.
[modifier] Livres favorables aux Témoins de Jéhovah
- Philippe Barbey, Les Témoins de Jéhovah - Pour un christianisme original, Éditions L'Harmattan, Paris, 2003.[2]
- Sabine Besson, Droit de la famille, religions et sectes, Éditions EMCC, Lyon, 1997.
- Philippe Goni, Les Témoins de Jéhovah : Pratique cultuelle et loi du 9 décembre 1905, Éditions L'Harmattan, Paris, 2004.[3]
[modifier] Livres défavorables aux Témoins de Jéhovah
- Charline Delporte, Témoins de Jéhovah : Les victimes parlent, Éditions Fayard, 1998[4]
- Raymond Franz, Crise de conscience, Commentary Press[5]
[modifier] Livres de Témoins de Jéhovah réformateurs
- Eddie Smigiel, Théologie quantique, Société des Écrivains, Paris, 2002 (roman).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Commission parlementaire sur les sectes en France
- Méthode des sectes
- Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES)
- Secte
[modifier] Liens externes
[modifier] Sites de sociologie ou d'histoire des religions
- Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité (CNRS/EPHE), Journée d’étude sur les témoins de Jéhovah, 31 mars 2005.
[modifier] Sites officiels des Témoins de Jéhovah
- (fr) Les Témoins de Jéhovah de France
- (en) (fr) Site Internet officiel de la Watchtower Society
- (en) Bureau d'information publique des Témoins de Jéhovah
[modifier] Sites favorables aux Témoins de Jéhovah
- Les Témoins de Jéhovah et le droit (France)
[modifier] Sites défavorables aux Témoins de Jéhovah
- MIVILUDES
- CCMM, Centre Roger Ikor
- UNADFI
- La manipulation mentale et les commissions parlementaires en rapport avec les Témoins de Jéhovah sur Tj-Encyclopédie
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