Une forme de guerre
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Une forme de guerre (titre original Consider Phlebas) est un roman de science-fiction écrit par l'auteur britannique Iain M. Banks en 1987. Ce roman fait partie du Cycle de la Culture.
Sommaire |
[modifier] Argument
Pendant la guerre intergalactique qui oppose la race des Idirans aux humanoïdes de la Culture, un vaisseau de la Culture s'autodétruit pour échapper à une interception ennemie. Les derniers signaux émis par le vaisseau laissent penser que, poussé par la nécessité, le supercalculateur intelligent et conscient qui le commandait a découvert une nouvelle technologie lui permettant de se réfugier instantanément sous la surface de la planète Schar. Les Idirans chargent alors Bora Horza Gobuchul, un Métamorphe, de s’emparer du supercalculateur, tandis que la Culture envoie un agent pour essayer de l'en empêcher.
[modifier] Présentation de l'œuvre
Publié en 1987, Une forme de guerre est le premier volume paru du Cycle de la Culture de l'auteur écossais Iain M. Banks. Ce Cycle de science-fiction qui regroupe six romans et quelques nouvelles décrit le monde de la Culture, une société humanoïde dotée d'une très haute technologie. Si l'univers de la Culture est le fonds commun de tout le cycle, chaque roman peut se lire indépendamment.
Une forme de guerre est paru en France en 1993 avec une préface de Gérard Klein. Le roman se compose formellement d'un prologue, d'un récit divisé en 14 chapitres et d'un appendice qui se présente sous la forme d'une brève encyclopédie de la guerre Idirans-Culture. Les annexes exposent les raisons et le bilan de la guerre qui oppose les deux civilisations, proposent un dramatis personae, qui raconte la vie des personnages qui ont survécu aux événements du récit, et un épilogue.
[modifier] Style
Une forme de guerre est un space opera qui raconte de manière linéaire et chronologique les aventures du Métamorphe Bora Horza Gobuchul, un espion humanoïde génétiquement modifié à la solde des Idirans. Le récit d'aventures est ponctué de quelques chapitres-bilans où interviennent des personnages de la Culture à la recherche du Métamorphe. Mais la perspective de narration est toujours subjective (en focalisation interne). Les événements sont racontés par le héros du roman et ce que le lecteur apprend de l'univers de la Culture ou des Idirans est toujours raconté par les protagonistes du roman. C'est à l'occasion de longs monologues intérieurs ou de dialogues animés entre les personnages que Iain M. Banks propose au lecteur une réflexion sur la place de l'individu, de la technologie, des valeurs morales et de la mort dans les sociétés technologiquement hyperdéveloppées tout en opposant le fanatisme religieux des Idirans au libéralisme bien pensant de la Culture.
Le développement narratif des aventures du Métamorphe fait quelques emprunts aux ressources traditionnelles de la science-fiction (combats interstellaires, combats terrestes au laser, combinaisons-armures intelligentes, modifications génétiques, matrices intelligentes à la William Gibson, anneaux artificiels habitables inspirés du cycle de l'Anneau-monde de Larry Niven, etc.) et à l'univers plus récent du jeu vidéo (pilotage périlleux d'un vaisseau spatial dans un labyrinthe complexe, perte d'une vie pendant une partie de jeu, gain progressif de « points de vie » qui permettent de retrouver un bon état physiologique, etc. ).
Si Une forme de guerre est le premier roman du Cycle de la Culture écrit par Iain M. Banks, la société de la Culture en elle-même y est à peine présentée. Toujours évoquée, mais jamais réellement mise en scène, la Culture semble un peu fantomatique, n'apparaissant - pour y être critiquée - que dans les longues tirades haineuses du héros ou dans les réflexions parsemées de doutes des agents de la Culture.
[modifier] Résumé
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Ce qui suit dévoile des moments clefs de l’intrigue.
Un vaisseau de la Culture commandé par un Mental - un supercalculateur intelligent et conscient - quitte son unité-usine et se propulse dans l'hyperespace. Construit en pleine guerre Idirans-Culture, l'engin spatial est bientôt piégé par la flotte des Idirans. Le vaisseau s'autodétruit pour éviter toute interception ennemie, mais le Mental qui le commande découvre in extremis une nouvelle technologie lui permettant de quitter l'hyperespace pour se réfugier sous la surface de la planète Schar.
Pendant ce temps, Bora Horza Gobuchul, un Métamorphe au service des Idirans, croupit dans une cellule-égoût du Palais-Prison de la planète Sorpen. Démasqué par Pérosteck Balvéda, un agent féminin de la Culture, et condamné par les Gérontocrates de la planète Sorpen à la peine capitale pour avoir assassiné le Ministre de l'Extérieur et pris sa place au gouvernement, le Métamorphe attend son exécution. Mais après une ultime visite du Ministre de la Sécurité et de Pérosteck Balvéda, les Idirans débarquent sur Sorpen, libèrent le Métamorphe et le transportent à bord de leur vaisseau dénommé Main de Dieu 137.
À bord du vaisseau, Xoralundra, un officier idiran, charge Horza d'une nouvelle mission : retrouver un Mental de la Culture qui s'est réfugié sous la surface du Monde de Schar. Soudain, le vaisseau idiran est attaqué par un gigantesque vaisseau de la Culture. L'officier idiran donne à Horza une combinaison de survie et l'expédie dans l'espace en l'assurant que le reste de la flotte viendra le récupérer dès que possible. Mais une fois seul dans l'espace, Horza est arraisonné par un vaisseau pirate. Après sa capture, Horza est contraint de se battre en duel contre l'un des mercenaires de l'espace pour trouver sa place parmi les pirates. Il se fait ensuite enrôler par Krayklin, le chef de la Libre Compagnie de Krayklin, et embarque à bord de la TAC (Turbulence Atmosphérique Claire), le viel astronef de la compagnie.
Après l'attaque désastreuse du Temple de la Lumière sur la planète Marjoin, l'équipage met le cap sur l'Orbitale Vavatch, une anneau articifiel en rotation créé par la Culture, car Krayklin compte piller un vieux mégavaisseau désaffecté pour y trouver les lasers qui manquent à son astronef. Mais pendant l'exploration du bâtiment, le navire entre en collision avec un gigantesque iceberg. Alors que d'autres mercenaires sont piégés, Horza réussit à s'enfuir à bord de la navette pilotée par Mipp, mais ils font tous deux rapidement naufrage au large d'une petite île perdue au milieu de le mer circulaire de Vavatch. Lorsque Horza s'échoue sur la plage de l'îlot, il est fait prisonnier par les membres de la secte des Mangeurs. Après avoir réussi à empoisonner le gourou de la secte qui lui a mangé un doigt, Horza s'échappe à bord d'une navette de la Culture et rallie la cité astroportuaire d'Évanauth. Il retrouve la trace du chef des mercenaires de la Libre Compagnie en suivant une partie de « Débâcle », un jeu de cartes psychédélique et cruel. À l'issue de la partie, il suit Krayklin sur les docks du port et le tue pour prendre sa place au sein de la Libre Compagnie grâce à ses talents de Métamorphe.
Une fois à bord du vaisseau de la Libre Compagnie, Horza retrouve les survivants de l'équipage et rencontre la dernière recrue de Krayklin qu'il identifie immédiatement comme étant l'agent de la Culture Pérosteck Balvéda. Subodorant l'imminence d'un danger, Horza-Kayklin décide de quitter les hangars de réparation où se trouvait la TAC et de s'envoler sans délai pour la planète Schar. Au loin, l'Orbitale de Vavatch explose, détruite par un gigantesque vaisseau de la Culture afin d'éviter que les Idirans ne fassent de l'Orbitale une base militaire. Au cours du voyage, Horza est contraint par Pérosteck Balvéda d'avouer à tout l'équipage sa véritable identité et les raisons de sa mission sur Schar, la planète des Morts.
Sur Schar, Horza, les membres de la Libre Compagnie, Pérosteck Balvéda et un drone dénommé Unaha-Closp descendent dans les galeries souterraines du Complexe de Commandement de la planète et partent à la recherche du Mental. C'est un véritable carnage qui les attend à leur arrivée : tous les Métamorphes qui travaillaient dans les souterrains de la planète ont été sauvagement massacrés par une troupe d'Idirans et de Medjels. Après des échanges de tirs nourris et un spectaculaire carambolage ferroviaire provoqué par un Idiran à l'agonie, le Mental, effrayé, sort enfin de sa cachette. Pourtant, la mission se solde par un véritable désastre : Yalson - enceinte de Horza - est tuée par un Idiran, puis écrasée par un wagon, les autres membres de la Libre Compagnie sont tous morts et Horza s'effondre sous les coups de poing féroces de Xoxarle, le dernier Idiran survivant. Seuls Perosteck Balvéda et le drone Unaha-Closp échappent à la mort. Ils ramènent le Mental et le corps de Horza à bord de la TAC, puis s'envolent pour le monde de la Culture.
[modifier] Personnages
Les personnages sont regroupés par communauté et les communautés sont classées par ordre alphabétique :
Agents de la Culture
- Pérosteck Balvéda démasque l'imposture de Horza sur Sorpen, se fait engager par Krayklin et tente d'empêcher le Métamorphe de retrouver le Mental.
- Fal' Ngeestra, « Référente » de la Culture. Elle guide les recherches de Pérosteck Balvéda grâce à ses capacité de prémonition.
Drones
- Jase, drone qui accompagne l'agent de la Culture Fal'Ngeestra.
- Uhana-Closp, drone intelligent-conscient qui accompagne contre son gré la Libre Compagnie sur Schar. Il se bat contre les Idirans et sauve la vie de Horza.
Gérontocrates de Sorpen
- Amahain-Frolk, Ministre de la Sécurité de la Gérontocratie de Sorpen.
- Egratin, Ministre de l'Extérieur de la Gérontocratie de Sorpen, assassiné par Horza.
Idirans
- Quayanorl, officier idiran dépêché sur Schar pour retrouver le Mental. Il met en marche le train qui provoquera un gigantesque carambolage dans les souterrains de Schar.
- Xoralundra, officier idiran, contact de l'espion Bora Horza Gobuchul. Il commande le vaisseau appelé la Main de Dieu 137 et délivre Horza des prisons de Sorpen.
- Xoxarle, Idiran atterri sur Schar pour retrouver le Mental. Assassin de Yalson et de Horza.
Jeu de Débâcle sur l'Orbitale de Vavatch
- Ghlassel, commandant d'une célèbre Libre Compagnie de mercenaires.
- Ishlorsinami, race intègre et incorruptible qui fournit des arbitres lors des parties de Débâcle.
- Sarble l'Oeil, journaliste indépendant qui fait un reportage sur la partie de Débâcle.
- Tengayet Doy-Suut, champion incontesté du jeu de Débâcle.
- Wilgre, joueur alien.
- Neeporlax, jeune joueur talentueux qui fait généralement don de ses gains.
- Vivants, esclaves volontaires qui meurent lorsque un joueur perd sa mise.
Libre Compagnie de Krayklin (LCK)
- Aviger, le mercenaire le plus âge de la troupe.
- Bratsilakins, trois monstres clonés et velus, à la peau grise.
- Dorolow, mercenaire dévote, adepte du culte du "Cercle de la Flamme". Elle adresse ses prières à la déesse Chicel-Horhava.
- Gow, jeune mercenaire lesbienne.
- Jandraligeli, Mondlicien. Il quitte la compagnie sur Vavatch.
- Kee-Alsoforus, jeune mercenaire lesbienne.
- Krayklin, chef de la Libre Compagnie de Krayklin.
- Lamm, vétéran des guerres galactiques qui porte toujours une ceinture d'explosifs.
- Lénipobra, cadet de la compagnie qui s'est fait tatouer la langue.
- Mipp, pilote alcoolique à la peau noire.
- Neisin, mercenaire alcoolique.
- Rava Gambol, mercenaire.
- Tzbalik Odraye, informaticien autodidacte du bord.
- Wubslin, mécanicien de bord.
- Yalson, mercenaire. Elle a une liaison avec Bora Horza Gobuchul et porte son enfant.
- Zallin, jeune recrue. Horza doit le tuer pour être autorisé à entrer dans la Libre Compagnie.
Métamorphes
- Bora Horza Gobuchul, héros du roman, Métamorphe au service des Idirans et farouche opposant aux valeurs de la Culture.
- Sro Kiérachell Zorant, femme Métamorphe en poste sur Schar. Ancienne liaison de Bora Horza Gobuchul.
Secte des Mangeurs
- Fwi-Song, dit le Prophète, homme adipeux qui mangent ses victimes à l'aide d'appareils dentaires métalliques et sophistiqués.
- M. Premier, homme de main du Prophète.
[modifier] Univers de la Culture
[modifier] Société
La Culture compte 18 trillions d'habitants répartis dans toute la galaxie. Elle est présentée dans le roman comme une société humanoïde semi-démocratique et semi-anarchique, hédoniste et libérale qui a confié une large part de son fonctionnement à des supercalculateurs intelligents et conscients appelés les Mentaux. Les citoyens de la Culture peuvent ainsi se consacrer librement à leurs loisirs.
La Culture est présentée comme une société éprise de justice, égalitaire et normative. Elle dispose de lois qui définissent la nature humaine, le degré d'intelligence, et la durée souhaitable de l'existence humaine. Les citoyens de la Culture décident eux-mêmes du moment de leur mort. La section militaire de la Culture s'appelle Contact et sa section d'espionnage et de renseignement "Circonstances spéciales".
Le monnaie en cours dans le monde de la Culture sont les crédits Aoïens. Les Crédits sont échangeables contre un élément stable quelconque, une surface d'Orbitale disponible ou contre un Ordinateur de rapidité et de puissance données. La langue de la Culture est le marain.
[modifier] Technologie
La Culture dispose d'une très haute technologie et maîtrise l'anti-matière. Ses constructions se distinguent par leur gigantisme. On compte au nombre de ses réalisations techniques :
- Drones
- EAM, armes à Effondrement Anti-Matière
- Effecteur, instrument qui neutralise les équipements électroniques
- Mental, supercalculateur intelligent et conscient, poids : 15.000 tonnes, composition : millions de composants, dimensions : L 15 m x l 3 m
- Mégavaisseaux, paquebots gigantesques qui pèsent un milliard de tonnes
- Mémoformes, petits objets qui peuvent changer de formes et devenir des armes
- Microdrones, drones de très petite taille, souvent en formes d'insectes
- Orbitales, des anneaux-planètes artificiels en rotation, entourées d'un Mur-Limite, parcourues par une mer circulaire
- SOERC, Système Offensif à Emission de Rayonnement Cohérent, arme laser
- Unités-gauchisseurs pour se déplacer dans l'hyperespace
- UOR, Unités Offensives Rapides
- VSG, Véhicules-Systèmes Généraux, immenses vaisseaux spatiaux
[modifier] Métamorphes
Les Métamorphes sont des humanoïdes génétiquement modifiés capables d'entrer dans un état de transe leur permettant de modifier leur apparence physique. Peu nombreux, ils vivent sur l'astéroïde Heibohre. Ils sont considérés comme une race ancienne, une sous-espèce conçue autrefois pour les besoins de guerres aujourd'hui oubliées. Les « Métamorphes dormants » sont des Métamorphes qui n'ont pas suivi d'entraînement particulier pour exercer leurs talents ou bien n'éprouvent pas le désir de les utiliser. Les Métamorphes ne peuvent pas se reproduire avec des humains non Métamorphes, sauf génofixage spécialisé en reproduction interespèces.
Les Métamorphes sont formés à l'Académie des Arts Militaires d'Heibohre et parfois dotés de particularités génétiques qui en font de redoutables ennemis. Bora Horza Gobuchul, le héros du roman, possède par exemple des glandes toxiques sous les ongles et ses dents sont remplies d'un poison. Il est capable de tuer un ennemi par simple griffure ou morsure et de l'aveugler en lui crachant son venin. Sa sueur sécrète également un acide corrosif.
[modifier] Univers des Idirans
[modifier] Physiologie
Les Idirans sont des aliens biologiquement immortels. Ce sont des tripèdes de très grande taille recouverts d'écailles de kératine et leur tête triangulaire arbore un visage en creux.
Les Idirans sont hermaphrodites : ils s'autofécondent en couple et perdent leurs organes sexuels après leur premier ou deuxième enfant. Cette modification majeure de leur corps entraîne un renforcement physiologique de leur musculature et de leur vitalité : ils grandissent d'un mètre et doublent de poids. Psychologiquement, cette transformation de leur métabolisme leur fait gagner en cruauté et en logique, ce qu'ils perdent en imagination et en sensibilité.
[modifier] Société
La société des Idirans est basée sur des fondements religieux et structurée de manière rigide. Les Idirans ne connaissent pas le concept d'individualité ou d'intérêt particulier. Ils se considèrent comme des élus de Dieu et conçoivent leurs guerres de conquête interstellaire comme une sorte de djihad. La religion-philosophie unique qui gouverne leur mode de vie est la foi dans l'ordre et dans l'existence d'une place pour chacun dans l'univers. C'est la raison pour laquelle ils vénèrent leur planète Idir et croient en la prédétermination des lieux : lorsque chacun aura trouvé sa place dans l'univers, Dieu - content de l'ordre rétabli - apportera la paix.
Cette race de guerriers révère des valeurs comme la bravoure, le sacrifice, le sens de l'honneur et la gloire de la mort au combat. S'ils subissent une grave humiliation ou sont victimes d'une lourde infamie, ces immortels peuvent se mettre en transe pour se suicider. Contrairement aux citoyens de la Culture, ils ne se protègent pas contre la douleur afin de mieux affirmer leur mépris pour les souffrances physiques.
Les Idirans vivent en symbiose sociale avec les medjels, des lézards à six pattes au service des Idirans.
[modifier] Technologie
La très haute technologie des Idirans est d'un niveau légèrement inférieur à celui de la Culture, ce qui ne les empêchent pas de considèrer les autres races humanoïdes avec mépris. Ils disposent d'une espèce d'animal-gauchisseur : le chuy-hirtsi.
[modifier] Jeu de Débâcle
Le jeu de « Débâcle » est un jeu de cartes amélioré qui ressemble plus ou moins au Poker et se joue traditionnellement à la Veille d'un Désastre, comme par exempe quelques heures avant la destruction de l'Orbitale de Vavatch par un vaisseau de la Culture. Les arbitres sont les Ishlorsinami, l'ethnie considérée comme la plus honnête et la moins corrompue de la galaxie.
Le jeu consiste à jouer des combinaisons de cartes et à miser des crédits ou des biens matériels. Par l'intermédiaire d'un champ électronique disposé tout autour de la table, les joueurs peuvent altérer les émotions d'un ou plusieurs partenaires en jouant certaines combinaisons de cartes, provoquant des sentiments de Peur, d'Angoisse, de Deséspoir, d'Espoir, d'Amour, de Paranoïa, d'Exaltation, etc. pour désorienter leurs adversaires. Les retombées perceptibles de ces combinaisons émotionnelles profitent aux « émotomanes », des spectateurs drogués aux émotions fortes.
Chaque joueur dispose de Vivants, des humanoïdes sortis de prisons ou volontaires. Chaque mise perdue au cours de la partie provoque la mort immédiate d'un Vivant. Le gagnant est le dernier joueur qui possède encore des Vivants. Un joueur peut mettre en jeu sa propre vie s'il veut poursuivre sans Vivant.
[modifier] Commentaires thématiques
[modifier] Souvenir de Phlébas
Le titre original du roman de Iain M. Banks, Consider Phlebas, est emprunté à un poème de T. S. Eliot : La terre vaine (The Waste Land). Un extrait de ce poème - datant du début du XXe siècle - est proposé dans les toutes premières pages du roman : le souvenir de la mort du marin phénicien Phlébas.
Le titre original tiré du poème fait une nouvelle apparition comme titre de l'ultime chapitre du roman : Considère Phlébas. Ce chapitre raconte le rapatriement de la dépouille mortelle du héros par l'agent de la Culture Pérosteck Balvéda. Le lecteur est ainsi conduit à faire un subtile parallèle entre la destinée tragique du marin phénicien du poème et la mort du Métamorphe dans le roman : c'est toute la thématique baroque du memento mori et de la vanité [1]qui transparaît en filigrane. Le sens des actions individuelles se perd dans les méandres incontrôlables de l'histoire des civilisations. Un individu peut-il avoir un impact réel sur le destin d'une civilisation ? Bora Horza Gobuchul aurait-il pu - à lui tout seul - faire perdre la guerre à la Culture ?
Iain M. Banks s'est d'ailleurs exprimé lui-même à ce sujet : « Une forme de guerre raconte l'histoire d'une grande guerre dont différents groupes ou individus tentent de modifier l'issue. Cependant, même lorsqu'ils sont capables d'intervenir sur le cours des événements, rien ne change vraiment. À la fin du roman, j'ai écrit une annexe qui explique ce qui s'est passé après la guerre pour essayer de poser la question suivante : « À quoi est-ce que tout cela a servi ? » J'imagine que cette approche est directement liée à ma propre réaction face au cliché SF du héros solitaire. Vous connaissez cette idée selon laquelle un simple individu pourrait déterminer la direction que prennent des civilisations entières. Une personne seule ne peut vraiment y arriver. Cela donne à réfléchir à ce qui serait arrivé si Jésus Christ, Karl Marx ou Charles Darwin n'avaient jamais existé. Nous n'en savons rien du tout. »[2]
[modifier] Omniprésence de la mort
Comme le souligne Gérard Klein dans sa préface : « Un spectre hante le texte. C'est celui de la mort. »[3]. En effet, la mort rôde à chaque chapitre du livre, à l'occasion de chaque nouvelle aventure du héros.
Bora Horza Gobuchul est doublement confronté à la mort : il risque la mort à chacune de ses nouvelles missions et tue lui-même pour prendre la place de ses victimes. La mort est à la fois une menace ultime et une arme indispensable.
Au cours du roman, le héros est impliqué dans un nombre impressionnant de situations où il risque sa vie. Bora Horza Gobuchul
- est au départ condamné à la mort par noyade sur la planète Sorpen,
- échappe à la destruction du vaisseau idiran qui l'a recueilli,
- tue un mercenaire pour survivre dans la Libre Compagnie de Krayklin,
- échappe à la mort dans l'attaque du Temple de la Lumière sur la planète Marjoin,
- échappe de nouveau à la mort dans la collision du mégavaisseau avec l'iceberg sur Vavatch et à l'explosion de la ceinture d'explosifs d'un autre mercenaire,
- tue le prophète de la secte des Mangeurs pour échapper à son propre sort : être dévoré vivant,
- tue le commandant Krayklin pour le remplacer et accomplir sa mission,
- est confronté à la mort des siens, les Métamorphes de Schar,
- assiste à la mort atroce de sa compagne enceinte de lui,
- succombe à ses blessures lors d'un ultime combat qui l'oppose à un Idiran.
Au-delà de la mort individuelle, c'est bien la mort des civilisations qui est suggérée dans le roman. À la fin du roman, les protagonistes se retrouvent sur une « Planète des morts », une planète dont la population s'est autodétruite lors d'une guerre bactériologique et qui est devenue un sanctuaire à la mémoire des civilisations disparues. Lorsque le héros trouve une carte géographique de la planète Schar telle qu'elle était 11.000 ans plus tôt, il découvre une planète qui ressemble en tous points à la planète Terre, avec ses continents, ses vastes océans, ses paysages et climats variés, ses deux calottes glacières. C'est donc le fantôme inquiétant d'une lointaine civilisation terrienne qui semble hanter la fin du roman, une civilisation terrienne dont le souvenir même a disparu de la mémoire collective, ne faisant place qu'au néant d'une planète déserte. Plus tragique encore pour le héros du récit, Iain M. Banks suggère également la lente mais inéluctable disparition de la population des Métamorphes, de moins en moins nombreux, accusés de toutes les infamies par les autres races humanoïdes de l'univers. En arrivant sur la planète Schar, Bora Horza Gobuchul est doublement confronté au destin : celui de sa propre mort héroïque, mais désespérément inutile, et celui de sa propre race vouée à l'oubli.
[modifier] Choc des civilisations
Le Métamorphe Bora Horza Gobuchul voue une haine tenace aux humanoïdes de la Culture. Tout au long du roman, il expose les raisons de son mépris en comparant la civilisation de la Culture à celle des Idirans.
Comparaison Idirans / Culture :
- créatures biologiquement immortelles / citoyens artificiellement immortels
- race unique à l'histoire linéaire / race bâtarde aux origines et croisements obscurs
- refus de modifier son code génétique / interventions dans son propre patrimoine génétique
- 45.000 ans d'histoire sur une même planète / diaspora intergalactique
- régime théocratique / anarchie libérale
- primauté de la communauté / primat de l'individualisme
- postulat de la supériorité de la race idirane / égalité de droit de toutes les races de l'univers
- croyance en une mission divine de la race toute entière / destinée de la Culture déléguée aux machines (Mentaux)
- stabilité et rigidité immuable des critères dictés par la religion / flou des lois et règlements soumis aux aléas démocratiques
- aucun doute sur le sens de leur vie / doutes existentiels, recherche du moyen de ne pas se sentir inutile
- effacement de soi et foi dans les sacrifices / attachement à l'individualité
- mépris de la douleur / recherche du plus grand confort, crainte de la douleur
Si Bora Horza Gobuchul oppose tous ces éléments, c'est toujours pour souligner son admiration pour la conception de la vie défendue par les Idirans. Pour Horza, ces créatures tripèdes se battent du côté de la vie biologique, du côté de la vraie vie, celle qui est « malodorante, désuète et faillible »[4]. Le relativisme et la déliquescence des valeurs morales qui caractérisent d'après lui la société de la Culture - qu'il perçoit comme anarchique et décadente - sont à ses yeux la négation même du processus évolutionniste qui devrait être à l'œuvre dans toute civilisation : la distinction de valeurs individuelles mises au service de la communauté. Pire encore, la communauté de la Culture s'est dépossédée de sa propre destinée en confiant son avenir aux machines. Le héros du roman ne se bat pas contre une race ou un État, il lutte contre une idéologie, contre un choix de civilisation qu'il considère comme suicidaire et délétère.
Ces considérations, mêlées au biologisme défendu par le héros du roman, rappellent avec force les critiques du philosophe Friedrich Nietzsche à l'encontre de l'égalitarisme délétère des sociétés modernes, de la démocratie et du socialisme, distinguant finalement une morale des faibles et une morale des forts. C'est justement l'aspect dionysiaque de la vie que défend le héros du roman, quoi qu'il lui en coûte finalement.
[modifier] Critiques
- Philippe Curval, Le Magazine littéraire, n° 313, septembre 1993 : « [...] une Forme de guerre est le plus séduisant des romans de Banks, le plus direct, le plus aventurier. Il puise au space opera quelques-uns de ses grands archétypes, conflits raciaux, approche de l'Autre, monstres et caprices de la Nature, psychologie des extraterrestres, technologie dantesque, combats d'envergure mythologique. Et surtout, quête métaphysique de l'ego chez le héros plongé au sein du grouillement des espèces. »[5]
[modifier] Références des éditions
Une Forme de guerre, de Iain M. Banks, traduit de l'anglais par Hélène Collon, a connu différentes éditions françaises[6] :
- Robert Laffont, Coll. « Ailleurs et demain », 1993 (rééditions en 2004, 2006) ;
- Librairie Générale de France, Coll. « Le Livre de Poche », n° 7199, 1997 (réédition en 2003), ISBN 2-253-07199-4.
[modifier] Citations
Les numéros de page des citations suivantes font référence à l'édition mentionnée en bibliographie :
- « Je me moque des sentiments vertueux de la Culture, et du nombre de gens que tuent les Idirans. Ils sont du côté de la vie, cette bonne vieille vie biologique, ennuyeuse et désuète ; Dieu sait qu'elle est malodorante, faillible et peu perspicace, mais c'est la vraie vie. », p. 46
- « Ces imbéciles ne comprenaient même pas qu'un jour les Mentaux commenceraient à trouver bien inutiles et bien inefficaces les sujets humains de la Culture. », p. 56
- « On lui vaporisa un anesthésique sur les parties génitales et Horza songea : Dieu merci elles ne sont pas rétractiles. », p. 66
- « L'individualité, ce trésor que les humains chérissaient plus que tout autre en eux-mêmes, se trouvait d'une certaine manière rabaissée par la facilité avec laquelle un Métamorphe en méprisait les limites pour l'utiliser comme travestissement. », p. 69
- « Là, dans la pénombre, sur un petit lit imprégné d'odeurs étranges et plein de textures inconnues, ils rejouèrent une scène éternelle qui, dans leur cas - et ils le savaient pertinemment - représentait une hybridation presque inéluctablement stérile entre deux espèces, deux cultures que séparaient des milliers d'années-lumières. », p. 119
- « On avait d'ailleurs quelques raisons de soutenir que la Culture était ses machines, qu'au fond, celle-ci la représentait plus fidèlement que les sujets humains, considérés individuellement ou en groupe. », p. 122
- « [...] la culture avait parié sur la machine plutôt que sur le cerveau humain. La raison en était que cette société se percevait comme consciencieusement rationnelle ; or les machines (même conscientes) étaient davantage à même de parvenir à ce but ultime et, à partir de là, d'en faire un usage plus efficace. », p. 123
- « L'expérience et le bons sens prouvaient que le meilleur moyen d'éviter l'anéantissement de l'espèce était de ne pas se doter au départ des moyens le permettant. », p. 130
- « Les Idirans ne comptaient que sur eux-mêmes, au lieu de se reposer [...] sur des machines ; ils appartenaient donc encore pleinement au règne du vivant. », p. 221
- « Telle une cellule maligne, un cancer génétiquement, constitutionnellement privé d'interrupteur "marche-arrêt", la Culture continuerait de s'étendre tant qu'on le lui permettrait. », p. 222
- « Tu n'es qu'un tas de viande et le prophète n'est un tas de viande un peu plus gros que toi, c'est tout », p. 224
- « [La Culture cherchait] à dépouiller l'existence de toutes les injustices, à supprimer toutes les erreurs possibles dans ce message éternellement transmis qu'était la vie, erreurs, qui, pourtant, donnaient à celle-ci sa raison d'être et de progresser. », p. 372
- « La guerre, dans le silence qu'ils traversaient à grande vitesse et dans le rythme jour-nuit artificiel qui composait leur environnement factice, la guerre semblait être le produit de leur imagination collective, une espèce de cauchemar inexplicable que, pour une raison ou pour une autre, ils avaient partagé, ou peut-être fui. », p. 399
- « Nous tuons des immortels, nous altérons afin de préserver, nous faisons la guerre au nom de la paix... et nous nous adonnons sans réserve à une chose à laquelle nous prétendions avoir complètement renoncé, pour de bonnes raisons que nous avons nous-mêmes proclamées. », p. 458
- « Tout ce qui nous concerne, tout ce qui nous entoure, tout ce que nous savons et tout ce qui est à notre portée se compose de néant ; voilà le fond du problème, la vérité finale. », p. 464
- « La compétition joue toujours un rôle formateur ; l'affrontement doit être considéré comme une épreuve à remporter, la guerre fait partie intégrante de la vie et du processus évolutionniste. Une fois parvenu à son degré extrême, c'est alors qu'on se trouve soi-même... », p. 476
[modifier] Notes et références
- ↑ Cf. la préface de Gérard Klein.
- ↑ There's a big war going on in Consider Phlebas, and various individuals and groups manage to influence its outcome. But even being able to do that doesn't ultimately change things very much. At the book's end, I have a section pointing this out by telling what happened after the war, which was an attempt to pose the question, 'What was it all for?' I guess this approach has to do with my reacting to the cliche of SF's 'lone protagonist.' You know, this idea that a single individual can determine the direction of entire civilizations. It's very, very hard for a lone person to do that. And it sets you thinking what difference, if any, it would have made if Jesus Christ, or Karl Marx or Charles Darwin had never been. We just don't know. Entretien publié en ligne sur un site allemand.
- ↑ Cf. Préface, p. 7.
- ↑ Cf. p. 46.
- ↑ Citation disponible sur le site 42.
- ↑ Voir à propos des éditions françaises le site Index SF.
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