Uxellodunum
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Uxellodunum est le nom d'un oppidum gaulois, situé dans le Quercy actuel. Il est surtout connu pour avoir été le lieu de la dernière bataille de la guerre des Gaules, en – 51.
Son nom signifie la « forteresse élevée » (uxel, élevé, et dunum, latinisation du gaulois dunon, forteresse - voir Dun (forteresse).
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[modifier] L'état des régions Cadurque et Rutène sous César
[modifier] La bataille d'Uxellodunum
Un an après la reddition de Vercingétorix à Alésia, deux chefs gaulois, Lucterius et Drappès, suivis de quelques milliers d'hommes et poursuivis par le légat Caninius, se réfugièrent dans cette place forte des Cadurques, peuple dont Lucterius était originaire. Malgré la capture de leurs deux chefs, les assiégés tinrent tête aux Romains, et il fallut que César en personne s'en mêlât.
Ayant obtenu la reddition de la citadelle en détournant la source qui l'alimentait en eau, le chef romain fit couper les mains à tous les combattants adverses, afin de décourager de nouvelles révoltes.
[modifier] L'épisode décrit par Aulus Hirtius
César était chez les Carnutes quand il reçoit coup sur coup plusieurs lettres de Caninius l’informant de ce qui avait été fait concernant Drappès et Luctérios, et de la résistance à laquelle s’obstinaient les habitants d’Uxellodunum. Bien que leur petit nombre lui parût méprisable, il estimait cependant qu’il fallait châtier sévèrement leur opiniâtreté,//...quant à lui, avec toute la cavalerie, il va rejoindre Caninius à marches forcées.
Son arrivée à Uxellodunum surprit tout le monde ; quand il vit que les travaux de fortification entouraient complètement la place, il jugea qu’à aucun prix on ne pouvait lever le siège ; et comme des déserteurs lui avaient appris que les assiégés avaient d’abondantes provisions de blé, il voulut essayer de les priver d’eau. Une rivière coulait au milieu d’une vallée profonde qui entourait presque complètement la montagne sur laquelle était juché Uxellodunum. Détourner la rivière, le terrain ne s’y prêtait pas : elle coulait, en effet, au pied de la montagne dans la partie la plus basse, si bien qu’en aucun endroit on ne pouvait creuser des fossés de dérivation. Mais les assiégés n’y avaient accès que par une descente difficile et abrupte : pour peu que les nôtres en défendissent l’abord, ils ne pouvaient ni approcher de la rivière, ni remonter, pour rentrer, la pente raide, sans s’exposer aux coups et risquer la mort. S’étant rendu compte de ces difficultés que rencontrait l’ennemi, César posta des archers et des frondeurs, plaça même de l’artillerie sur certains points en face des pentes les plus aisées, et ainsi il empêchait les assiégés d’aller puiser l’eau de la rivière.
Alors ils se mirent à venir tous chercher de l’eau en un seul endroit, au pied même du mur de la ville, où jaillissait une source abondante, du côté que laissait libre, sur une longueur d’environ trois cents pieds, le circuit de la rivière. Chacun souhaitait qu’il fût possible d’interdire aux assiégés l’accès de cette source, mais César seul en voyait le moyen il entreprit de faire, face à la source, pousser des mantelets le long de la pente et construire un terrassement au prix d’un dur travail et de continuelles escarmouches. Les assiégés, en effet, descendant au pas de course de leur position qui dominait la nôtre, combattent de loin sans avoir rien à craindre et blessent un grand nombre de nos hommes qui s’obstinent à avancer ; pourtant, cela n’empêche pas nos soldats de faire progresser les mantelets et, à force de fatigue et de travaux, de vaincre les difficultés du terrain. En même temps, ils creusent des conduits souterrains dans la direction des filets d’eau et de la source où ceux-ci aboutissaient ; ce genre de travail pouvait être accompli sans aucun danger et sans que l’ennemi le soupçonnât. On construit un terrassement de soixante pieds de haut, on y installe une tour de dix étages, qui sans doute n’atteignait pas la hauteur des murs (il n’était pas d’ouvrage qui permît d’obtenir ce résultat), mais qui, du moins, dominait l’endroit où naissait la source. Du haut de cette tour, de l’artillerie lançait des projectiles sur le point par où on l’abordait, et les assiégés ne pouvaient venir chercher de l’eau sans risquer leur vie si bien que non seulement le bétail et les bêtes de somme, mais encore la nombreuse population de la ville souffraient de la soif.
Une aussi grave menace alarme les assiégés, qui, remplissant des tonneaux avec du suif de la poix et de minces lattes de bois, les font rouler en flammes sur nos ouvrages. Dans le même temps, ils engagent un combat des plus vifs, afin que les Romains, occupés à une lutte dangereuse, ne puissent songer à éteindre le feu. Un violent incendie éclate brusquement au milieu de nos ouvrages. En effet, tout ce qui avait été lancé sur la pente, étant arrêté par les mantelets et par la terrasse, mettait le feu à ces obstacles mêmes. Cependant nos soldats, malgré les difficultés que leur créaient un genre de combat si périlleux et le désavantage de la position, faisaient face à tout avec le plus grand courage. L’action, en effet, se déroulait sur une hauteur, à la vue de notre armée, et des deux côtés on poussait de grands cris. Aussi chacun s’exposait-il aux traits des ennemis et aux flammes avec d’autant plus d’audace qu’il avait plus de réputation, voyant là un moyen que sa valeur fût mieux connue et mieux attestée.
César, voyant qu’un grand nombre de ses hommes étaient blessés, ordonne aux cohortes de monter de tous les côtés à l’assaut de la montagne et de pousser partout des clameurs pour faire croire qu’elles sont en train d’occuper les remparts. Ainsi fait-on et les assiégés, fort alarmés, car ils ne savaient que supposer sur ce qui se passait ailleurs, rappellent les soldats qui assaillaient nos ouvrages et les dispersent sur la muraille. Ainsi le combat prend fin et nos hommes ont vite fait ou d’éteindre l’incendie ou de faire la part du feu. La résistance des assiégés se prolongeait, opiniâtre et, bien qu’un grand nombre d’entre eux fussent morts de soif, ils ne cédaient pas à la fin, les ruisselets qui alimentaient la source furent coupés par nos canaux souterrains et détournés de leur cours. Alors la source, qui ne tarissait jamais, fut brusquement à sec, et les assiégés se sentirent du coup si irrémédiablement perdus qu’ils virent là l’effet non de l’industrie humaine, mais de la volonté divine. Aussi, cédant à la nécessité, ils se rendirent.
//...En conséquence, il fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes et leur accorda la vie sauve, pour qu’on sût mieux comment il punissait les rebelles. Drappès, qui, je l’ai dit, avait été fait prisonnier par Caninius, soit qu’il ne pût supporter l’humiliation d’être dans les fers, soit qu’il redoutât les tourments d’un cruel supplice, s’abstint pendant quelques jours de nourriture et mourut de faim. Dans le même temps Luctérios, dont j’ai rapporté qu’il avait pu s’enfuir de la bataille, était venu se mettre entre les mains de l’Arverne Epasnactos : il changeait, en effet, souvent de résidence, et ne se confiait pas longtemps au même hôte, car, sachant combien César devait le haïr, il estimait dangereux tout séjour de quelque durée : l’Arverne Epasnactos, qui était un grand ami du peuple Romain, sans aucune hésitation le fit charger de chaînes et l’amena à César.
[modifier] Où se trouve le site ?
Tout comme pour Alésia, l'emplacement exact de l'oppidum antique a fait l'objet d'âpres disputes entre différentes communes désireuses de s'approprier la gloire d'avoir été le dernier village à résister à l'envahisseur.
Certaines enluminures de manuscrits du Moyen Âge désignent Capdenac, ensuite les géographes du siècle des lumières ont deux versions : les Hollandais comme Ortelius et Blaeu le situent sur la Dordogne, mais ignorent les rivières Lot et Aveyron, cette disposition sera mise à jour par un géographe français en 1692, et la version classique sur la rivière Lot est beaucoup plus diffusée.
Il semble que l'on ait là deux sites d'exceptionnelle importance ;
- Capdenac de fort gaulois se transforme en fort et ville médiévale fortifiée et correspond géographiquement à la description de la topographie du texte latin. Jacques-Joseph Champollion concluait dans son ouvrage de 1820 : Nouvelles recherches sur la ville gauloise d'Uxellodunum que Capdenac-le-haut était l'antique Uxellodunum;
- le Puy d'Issolud qui par son importance archéologique et sa situation peut faire penser au lieu de cet illustre siège et peut aussi correspondre au point de chute d'hommes armés en déroute poursuivis par Caninius Rebilus qui sécurisait la zone de toute la vallée du Lot en bouclant tous les accès des vallées débouchant de l'Aubrac à partir d'Andéritum et Adsilanum à l'Est pour les empêcher d'atteindre la Narbonnaise, les obligeant, eux les rescapés d'Alésia, à passer à l'ouest du massif central où les Cadurques de Lucterios d'avant Alésia avaient plus d'une place forte. Des fouilles récentes ont été entreprises sur le site en 1997 à la Fontaine de Loulié sous la direction de Jean-Pierre Girault archéologue bénévole.
Alors le débat est ouvert à la description : Capdenac l'emporte d'après ceux qui préfèrent ce site. Au choix officiel : Vayrac l'emporte, mais pourquoi pas non plus Saint-Céré, Luzech ou autre ? D'autres citent les recherches menées par André David, l'inventeur de la grotte préhistorique du Pech Merle et son compagnon René Brondel. Elle permettraient de proposer une localisation au plus près du texte : le roc de Colonjat dans la vallée du Vers, oppidum avéré à proximité de celui de Murcens mais un peu en aval sur l'autre rive. En tous cas, selon les écrits, seul un oppidum rocheux, haut perché à l'emplacement d'une boucle d'une rivière formant une presqu'île, où la largeur maximum côté terre est de 300 pieds (environ 90 m) avec une source en son milieu à mi-hauteur, saura révéler son secret.
Le 26 Avril 2001 à Toulouse, faisant suite aux découvertes sur les fouilles de JP Girault, le ministère de la Culture a annoncé officiellement que le site du Puy d'Issolud (Vayrac et St Denis lès Martel) était celui d'Uxellodunum. Toutefois, d'autres prétendants ne s'avouent pas vaincus et peuvent espérer d'autres expertises et que de nouvelles fouilles permettront un jour de prouver leurs dires, sachant que depuis la fin du XVIe siècle : Cahors, Luzech, Capdenac, et le Puy d'Issolud (Vayrac) sont en lice.
[modifier] Liens externes
- http://www.ancientlibrary.com/gazetteer/0365.html Encyclopédie du monde Antique
- http://www.uxellodunum.com/ le site officiel du Puy d'Issolud
- http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=07711220 topographie du puy d'Issolud en 1690
- http://uxello.dunum.free.fr/polemique.htm les arguments avancés par Capdenac pour montrer qu'Uxellodunum se situait sur son territoire
- L'institut Vitruve reprend l'étude de l'implantation dans son ensemble
- http://www.localetv.com/html/ltv46.php reportage de la télé locale du Lot sur Capdenac et Uxellodunum
- http://www.magister.msk.ru/library/babilon/latin/caesar01.htm le texte en latin
- http://www.uxellodunum.org Site de l'association Pour Uxellodunum à Capdenac
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