Vitalisme
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Le vitalisme est une conception philosophique définissant la vie comme de la matière dans laquelle se trouve un principe ou force vitale. Selon cette conception, c'est cette force vitale qui insufflerait la vie à la matière.
En biologie, ce cadre théorique a été très présent avant d'être remplacé petit à petit par une conception matérialiste de la vie, où les règles physico-chimique des êtres vivants sont les mêmes que ceux régissant la matière inanimée. Depuis la synthèse accidentelle de l'urée par Friedrich Wöhler en 1828, à partir de composés inanimés, le vitalisme a été définitivement abandonné par la communauté scientifique.
Dans plusieurs médecines alternatives, le vitalisme est encore employé. C'est un des aspects, avec la non utilisation la méthode expérimentale, qui fait que ces médecines sont considérées comme pseudo-scientifique.
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[modifier] Histoire
En biologie, ce cadre théorique a été un moment fécond, car il dégageait le vivant du mécanisme et des explications causales réductrices du cartésianisme (XVIIe), sans pour autant revenir au surnaturel. Au sens strict, le terme désigne l'école de Montpellier (Barthez (1734-1806)).
Le recours à une force vitale perd de son utilité scientifique à partir de 1828 avec la naissance de la chimie organique (synthèse accidentelle de l'urée par Friedrich Wöhler). Les expériences de Louis Pasteur (1822-1895) sur les microbes et la génération spontanée sont un deuxième seuil. Enfin la connaissance moléculaire de la cellule et la découverte de la structure de l'ADN (1953) permet d'affirmer la réductibilité de la vie à la matière.
[modifier] Définition
Vitalisme : Doctrine métaphysique d'après laquelle il existe en chaque individu un "principe vital", distinct à la fois de l'âme pensante et des propriétés physico-chimiques du corps, et gouvernant les phénomènes de la vie.
[modifier] Vitalisme et mécanisme
Le mécanisme est le double inversé du vitalisme : selon les doctrines mécanistes, la vie n'a aucune spécificité, le monde organique étant entièrement réductible aux lois de la matière. La deuxième partie de la Critique de la faculté de juger d'Emmanuel Kant présente l'opposition entre mécanisme et vitalisme comme une antinomie (Dialectique de la critique de la faculté de juger téléologique, §69-78). La solution que propose Kant au conflit entre ces deux doctrines est la suivante :
- penser l'animal comme organisé en vue d'une fin, car on ne peut pas le comprendre autrement ;
- connaître l'animal seulement en tant que produit du mécanisme, car la finalité n'est pas un concept issu de l'expérience.
[modifier] Le vitalisme de Barthez
Les mérites et les inconvénients de ce vitalisme sont exaxtement inverses de ceux du mécanisme. Les mérites, tout d'abord: le vitalisme met en lumière ce à quoi le mécanisme était aveugle, l'originalité des phénomènes biologiques. Les inconvénients ensuite: l'invocation d'une "force vitale" est le type meme de la fausse explication de cette originalité.
[modifier] Le matérialisme Vitaliste de Diderot
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[modifier] Vitalisme et animisme
S'il ne peut être confondu avec le mécanisme, le vitalisme ne doit pas davantage être identifié à l’animisme : l’animiste ne se contente pas de subordonner la matière à la vie, mais, qui plus est, il soumet la vie à la pensée. Les philosophes d'inspirations vitalistes considèrent au contraire l'activité intellectuelle comme fondamentalement subordonnée à la "vie".
[modifier] Postérité du vitalisme : les sciences et la philosophie
Le vitalisme a mauvaise réputation auprès de nombreux biologistes modernes qui l’identifient à une introduction en contrebande de l’anthropomorphisme et du finalisme dans l’explication physico-chimique de la vie.
Dans son Histoire de la Biologie (publiée en 1984), Ernst Mayr déclare ainsi : « depuis plus de cinquante ans, le vitalisme est tombé en désuétude chez les biologistes. » De son côté, François Jacob associe le vitalisme à une position fondamentalement dualiste, et par conséquent, périmée : "Reconnaître l’unité des processus physico-chimiques au niveau moléculaire, c’est dire que le vitalisme a perdu toute fonction."
Pourtant, à en croire Georges Canguilhem, le vitalisme serait, en tant que position de principe, quasi irréfutable. Il incarne à ce titre la "confiance […] dans la vitalité de la vie" et "la méfiance permanente de la vie devant la mécanisation de la vie." Le vitalisme médical de l’école de Montpellier serait ainsi "l’expression d’une méfiance, faut-il dire instinctive, à l’égard du pouvoir de la technique sur la vie."
Si peu de biologistes actuels se disent "vitalistes", un certain nombre de philosophes contemporains - comme Georges Canguilhem, Gilles Deleuze ou Hans Jonas - se réclament encore de cette doctrine.
[modifier] Bibliographie
- What is Life, de Erwin Schrödinger
- La connaissance de la vie, de Georges Canguilhem, 1952, art. "Aspects du vitalisme" (réédition Vrin, Paris, 1998).
[modifier] Voir aussi
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