École nationale des chartes
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L'École nationale des chartes est un grand établissement public français d'enseignement supérieur qui forme des archivistes paléographes.
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[modifier] Historique
L’École fut fondée par une ordonnance du 22 février 1821, mais elle fut supprimée dès 1823. Sa réouverture intervint par ordonnance du 11 novembre 1829. Les premiers postes d'archivistes dévolus aux élèves de l'École le furent en mars 1834, le premier major en étant Alexandre Teulet. L'École a toujours été installée à Paris, mais dans des bâtiments différents. À sa création, elle fut hébergée dans les locaux de la bibliothèque royale (actuel site Richelieu de la BNF). Elle déménagea, en 1862, à l'hôtel de Breteuil, à proximité des Archives nationales. Elle a ensuite été transférée à la Sorbonne, dans des locaux initialement prévus pour la faculté de théologie, supprimée par les lois laïques. Les projets d'installation à proximité de l'Institut national d'histoire de l'art constitueraient un « retour aux sources » pour l'École, qui ne serait pas loin de son implantation primitive.
[modifier] Missions
Elle est régie par le décret no 87-832 du 8 octobre 1987, modifié par le décret no 2005-1751 du 30 décembre 2005.
Aux termes de l'article 3 de ce décret, « L'École nationale des chartes a pour mission la formation de personnels scientifiques des archives et des bibliothèques. Elle concourt à la formation de tous les personnels qui contribuent à la connaissance scientifique et à la mise en valeur du patrimoine national. Elle participe à la formation, et à la recherche, des étudiants en sciences de l'homme et de la société, particulièrement dans les disciplines relatives à l'étude critique, l'exploitation, la conservation et la communication des sources historiques. La compétence spécifique de ses diplômés est leur capacité à mobiliser des savoirs très variés, distribués au contraire de manière fragmentée et segmentée dans les cursus universitaires. La formation de l'École des chartes permet de réagir, avec un minimum de compétence, aussi bien devant une église romane que devant une charte du XIIe siècle, devant un tesson, devant une lettre d'un intendant de Louis XIV ou devant un film de Patrice Chéreau.
L'unité régionale de formation à l'information scientifique et technique (URFIST) de Paris et le comité des travaux historiques et scientifiques lui sont rattachés.
Cette école, longtemps critiquée pour son conservatisme, est entrée dans une période de mutation, sous la direction d'Yves-Marie Bercé (1992-2001) puis celle d'Anita Guerreau-Jalabert (2001-2006). L'actuel directeur, Jacques Berlioz, se place dans cette même conception des choses, créant notamment un master lors de la rentrée 2006. Une formation solide aux nouvelles technologies appliquées à l'étude et à la conservation de l'héritage culturel, d'une part, des relations beaucoup plus étroites et structurées avec les institutions analogues dans les autres pays européens, d'autre part, sont les deux axes principaux du développement actuel.
[modifier] Recrutement
Ses élèves (« chartistes ») sont recrutés sur concours, divisé en deux sections :
- A pour les « classiques » dont le programme comporte entre autres matières de l'histoire médiévale et moderne et du latin ;
- B pour les « modernes » dont le programme comporte entre autres matières de l'histoire moderne et contemporaine et des langues vivantes.
Les trois programmes d'histoire de France sont repartis ainsi :
- histoire médiévale: de la période gauloise à 1484 ;
- histoire moderne: de 1483 à 1815 ;
- histoire contemporaine: de 1815 à nos jours.
Ce concours est préparé dans des classes préparatoires littéraires. Pour la section A, il existe trois classes préparatoires spécifiques, au lycée Henri-IV à Paris, au lycée Pierre-de-Fermat à Toulouse et au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg ; la préparation à la section B a lieu dans certaines classes de lettres supérieures et de première supérieure (« hypokhâgnes » et « khâgnes » de Dijon, Toulouse, Strasbourg, Rennes, etc.). En outre, un concours d'accès direct en deuxième année est ouvert aux candidats justifiant du niveau minimum de la licence en théorie; en pratique, le recrutement pour ce concours s'adressent à des candidats déjà engagés dans un parcours de recherche avancée, l'École porte son attention par exemple sur des lauréats du concours de l'agrégation ou des doctorants.
Le nombre de places aux concours est très limité (environ 25 par an pour le total des trois concours), bien inférieur au nombre de postes vacants dans les établissements publics d'archives.
Les élèves recrutés par ces concours bénéficient du statut d'élèves fonctionnaires-stagiaires et, à ce titre, sont rémunérés. D'autres élèves, recrutés à titre étranger, suivent le même cursus sans être rémunérés mais bénéficient de bourses d'études à peu près équivalentes au traitement de base des élèves fonctionnaires-stagiaires. La scolarité dure trois ans, à l'issue desquels les chartistes doivent rédiger une thèse d'établissement, donnant droit au diplôme d'archiviste paléographe. Ce titre donne accès, pour les fonctionnaires, à des emplois réservés aux titulaires (possibilité d'accéder, sur concours, à l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques [ENSSIB] ou à l'Institut national du patrimoine). À ce titre, la direction de l'École nationale des chartes insiste tout particulièrement pour que les élèves s'orientent vers ces deux écoles, débouchés naturels des chartistes et complément indispensable de leur formation initiale. Après leur scolarité dans ces écoles dites d'application, ils deviennent conservateurs du patrimoine ou conservateurs des bibliothèques. D'autres s'orientent vers la recherche ou l'enseignement.
Certains cours peuvent être suivis par des auditeurs libres ou par des étudiants inscrits dans des cursus universitaires. De plus en plus, l'École des chartes, à l'instar d'autres écoles comme l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, souhaite institutionnaliser cette ouverture en faveur d'étudiants issus de l'Université. Les enseignements dispensés à l'École des chartes peuvent s'inscrire dans les composantes des masters ; cela est rendu possible par le nouveau cadre de la réforme dite LMD (licence, master, doctorat).
La Société de l'École des chartes regroupe les élèves et anciens élèves qui le souhaitent. Avec l'appui de l'École, la Société édite, deux fois par an, la Bibliothèque de l'École des chartes. Cette revue scientifique, fondée en 1839, est l'une des plus anciennes de France.
[modifier] Anciens étudiants
Voir la Catégorie:Chartiste
[modifier] Historiens
- Michel Antoine, historien moderniste
- Marcel Aubert
- Ernest Babelon, numismate
- Jean-Pierre Babelon, moderniste, historien du bâti, ancien directeur du château de Versailles
- Bernard Barbiche, historien moderniste
- Fernand Benoit, archéologue
- Yves-Marie Bercé, historien moderniste
- André Berthier, archéologue
- Robert-Henri Bautier, historien sigillographe et diplomatiste
- Jacques Berlioz, historien médiéviste
- Henri Bordier, archiviste et historien
- Robert Bossuat
- Michel de Boüard, historien et archéologue
- Augustin Cochin, historien
- Claude Dulong, historienne moderniste
- Gustave Dupont-Perrier
- Camille Enlart
- Alain Erlande-Brandenburg, historien de l'art et conservateur de musée
- Jean Favier, historien
- Paul-Albert Février, historien de l'Antiquité
- Robert Fossier, historien médiéviste
- Paul Fournier
- Bernard Gille, historien de l'économie
- Bertrand Gille, historien
- Arthur Giry, médiéviste et diplomatiste
- Roger Grand, historien et homme politique
- Félix Grat, historien et homme politique
- Serge Gruzinski, historien
- Benjamin Guérard, historien médiéviste
- Olivier Guyotjeannin, historien médiéviste
- Hubert Landais, historien de l'art et conservateur de musée
- Charles-Victor Langlois, historien médiéviste
- Paul Lacombe, historien
- François Lesure, ancien conservateur à la Bibliothèque nationale, directeur d'études à l'EPHE (IVe section)
- Ferdinand Lot, historien, médiéviste
- Jean-Berthold Mahn, historien médiéviste, mort pour la France en 1944
- Marianne Mahn-Lot, historienne, spécialiste de Bartolomé de Las Casas
- Henri-Jean Martin, ancien directeur d'études à l'EPHE (IVe section) et professeur à l'Ecole nationale supérieure des bibliothèques
- Paul Meyer, philologue
- Auguste Molinier, historien médiéviste
- Émile Molinier, historien de l'art
- Alfred Morel-Fatio
- Gaston Paris, historien médiéviste
- Michel Pastoureau, historien médiéviste
- Régine Pernoud, historienne médiéviste
- Emmanuel Poulle, historien de l'astronomie, professeur de paléographie et directeur de l'Ecole
- Maurice Prou
- Jules Quicherat, historien et archéologue
- Jean-Claude Schmitt, historien
- André Vernet
[modifier] Bibliothécaires
- Anne-Marie Bertrand, conservateur des bibliothèques
- Paul Boudet
- Ernest Coyecque, bibliothécaire et archiviste
- Léopold Delisle, historien et ancien administrateur de la Bibliothèque nationale
- Frantz Funck-Brentano, directeur de la Bibliothèque de l'Arsenal et historien
- Henri Omont
[modifier] Archivistes
- Jean Adhémar, ancien conservateur à la Bibliothèque nationale
- Henri d'Arbois de Jubainville
- Marcel Baudot, inspecteur général des Archives de France, historien et résistant
- Henri Bourde de La Rogerie
- Georges Bourgin, ancien directeur des Archives nationales
- Edgard Boutaric
- Charles Braibant, archiviste et romancier
- Jean-Auguste Brutails
- André Chamson, écrivain, directeur des Archives de France
- Henri-François Delaborde
- Pierre Durye, ancien conservateur en chef aux Archives nationales
- Lucie Favier, inspectrice générale des Archives de France
- Léon Gautier
- Arthur Le Moyne de La Borderie
- Léonce Lex
- Saliou M'baye, ancien directeur des Archives nationales du Sénégal
- Albert Mirot
- Paul Raymond (1833-1878), archiviste départemental des Basses-Pyrénées
- Yves Pérotin
- Joseph Poux
- Charles Samaran, directeur des Archives de France
- Noël Valois
[modifier] Écrivains
- Georges Bataille, écrivain
- Daniel Bernard, écrivain et critique
- René Girard, philosophe
- Gustave Kahn, poète et critique d'art
- Roger Martin du Gard, écrivain
- Louis Martin-Chauffier, journaliste et écrivain
- Éphraïm Mikhaël, poète
- Jacques Normand, poète et écrivain
[modifier] Hommes politiques
- Gabriel Hanotaux, diplomate, historien et homme politique
- Ngo-Dinh Nhu, homme politique vietnamien, frère de Ngo Dinh Diem
- Camille Pelletan, journaliste et homme politique
[modifier] Autres
- Frank Giroud, scénariste de bande dessinée
- Jacques Haumont, éditeur
- Jeanne Laurent, ancienne sous-directrice des spectacles et de la musique
- Valérie Mangin, scénariste de bande dessinée
- Alfred Métraux, anthropologue
- Auguste Poulet-Malassis, éditeur des Fleurs du mal de Baudelaire
- Lucien Romier, journaliste et ancien directeur du Figaro
François Mauriac, José-Maria de Heredia ou André-Ferdinand Herold, anciens élèves, n'ont jamais achevé leur scolarité. Charles Baudelaire a raté le concours d'entrée.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- École nationale des chartes, Livre du centenaire (1821-1921), A. Picard, Paris, 1921, 2 vol. Le vol. 1, rédigé par Maurice Prou, est une histoire et une présentation de l'École.
- École nationale des chartes, Livret de l'École des chartes (1821-1966), École nationale des chartes, Paris, 1967. Contient les textes appliqués à l'établissement depuis 1821 et la liste des diplômés jusqu'en 1967. Dernière édition donnant tous les anciens élèves.
- L'École nationale des chartes : histoire de l'école depuis 1821, G. Klopp, Thionville, 1997. (ISBN 2-911992-05-9).
[modifier] Lien externe
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