André Labarthe
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- Pour l’article homonyme, voir André S. Labarthe.
André Labarthe, né en 1902, mort en 1970, est un ingénieur et un homme de presse français.
Docteur ès sciences, il est assitant de physique mécanique à la faculté de Paris en 1931, puis attaché au département des recherches du ministère de l'Air. Antifasciste et sympathisant communiste, il se lie avec Pierre Cot, leader du Rassemblement universel pour la paix (RUP), à la suite d'un voyage en Espagne en août 1936. Ingénieur en chef du génie maritime, il est directeur du service technique de l'armement au ministère de l'Air entre 1936 et 1938, dans le cabinet de Pierre Cot[1]. Il fait la connaissance de Jean Moulin au ministère et, d'après certains, se lie d'amitié avec lui[2]. Directeur du groupe des laboratoires de Bellevue (CNRS) et de la station nationale de recherches et d'expériences techniques avant la guerre, il publie en 1939 La France devant la guerre. La balance des forces, essai comparatif sur le potentiel économique et militaire de la France et de l'Allemagne.
Nommé directeur de l'Office des recherches et des inventions en 1940, il rejoint Londres et s'engage dans la France libre. En juillet, le général de Gaulle le nomme directeur du service de l'armement, dans son cabinet civil (composé de 7 services), poste qui lui est retiré le 14 septembre. L'amiral Muselier le fait alors nommer président du comité de perfectionnement des écoles de marine, poste qu'il quitte rapidement. Au même moment, avec deux anciens du RUP, Martha Jansen-Lecoutre et Stanislas Szymanczyk (bientôt rejoints par Raymond Aron[3]), et l'appui financier de l'Intelligence Service, il fonde la revue mensuelle La France Libre (domiciliée au 15 Queensbury Place, à Londres), qui est publiée de septembre 1940 à décembre 1945. Devenant progressivement un opposant à de Gaulle, il est l'un de ceux qui conseillent à l'amiral Muselier, en septembre 1941, de forcer de Gaulle à modifier le fonctionnement du comité national français[4]. Après l'échec de cette tentative, il évolue vers un antigaullisme virulent, profitant du prestige de sa revue pour intriguer contre le chef de la France libre. Au printemps 1943, avec Muselier, il choisit Giraud, qui le nomme secrétaire de l'Information, contre de Gaulle. En juillet 1943, il gagne les États-Unis, où il tente de créer une revue en anglais et mène une campagne de dénigrement contre de Gaulle jusqu'à la fin de la guerre.
A la Libération, il se consacre à la vulgarisation scientifique. Il dirige Constellation, un concurrent de Sélection du Reader's Digest, à partir de 1948, puis le mensuel Sciences et Vie.
Selon ses propres dires en 1940, Labarthe entretenait des rapports avec les services de renseignement soviétiques dès 1935. Depuis sa mort, ces relations sont régulièrement évoquées par des témoins et des historiens. Les archives déclassifiées du projet VENONA mentionnent que Labarthe et sa secrétaire Martha Lecoutre auraient été des agents soviétiques[5].
[modifier] Liens externes
- Christian Malis, « Après le Blitszkrieg : le réveil de la pensée militaire française (juin 1940-mars1942), Le rôle de la revue La France Libre ».
- Alphonse Lenormand « André "Jérôme" Labarthe », biographie écrite à partir des Mémoires de Raymond Aron et du témoignage de « madame veuve Jehanne d'Eaubonne Jean-Charles ».
[modifier] Bibliographie
- Dictionnaire historique de la Résistance et de la France libre (sous la direction de François Marcot), Robert Laffont, 2006
- Dictionnaire de Gaulle (sous la direction de Claire Andrieu, Philippe Braud et Guillaume Piketty), Robert Laffont, 2006
[modifier] Notes
- ↑ Selon Guillaume Piketty, auteur de l'article « André Labarthe (1902-1970) », dans le Dictionnaire historique de la Résistance et de la France libre, Labarthe est nommé chef de cabinet du sous-secrétaire d'État à l'Air en juin 1937, chargé des questions sociales, « avant d'être mis en sommeil » à cause « de son activisme débridé et de son comportement partisan ».
- ↑ Voir notamment « Jean Moulin : l'enquête rebondit », interview de Jacques Baynac par François Dufay, parue dans la magazine Le Point, n° 1795, 8 février 2007, p. 108.
- ↑ Sur les circonstances de l'entrée de Raymond Aron à La France Libre, voir ses Mémoires, Robert Laffont, 2003, p. 168-170.
- ↑ Raymond Aron, Mémoires, Robert Laffont, 2003, p. 182-184.
- ↑ (en) Voir [1] et [2].