Brigade irlandaise
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La Brigade irlandaise est une brigade constituée des régiments irlandais qui se sont mis au service de Louis XIV après la défaite de Jacques II à la bataille de la Boyne. Les irlandais exilés à cette époque ont été appelés les "Wild geese", les "Oies sauvages" en français.
[modifier] Origine de l'exil
Le 16 novembre 1688, Guillaume d’Orange débarque à Torbay en Angleterre pour s’opposer au roi d’Angleterre le catholique Jacques II. Le parlement anglais lui propose, avec sa femme Mary, de prendre la couronne des trois royaumes, Angleterre, Ecosse et Irlande.
Après la bataille de la Boyne et la chute de Limerick fin 1691, l’Irlande est perdue pour Jacques II qui se réfugie en France et s'installera au chateau de Saint-Germain-en-Laye. Il est suivi par les soldats irlandais qui avaient combattu à ses côtés et que la tradition a pris l’habitude de désigner comme les "Wild Geese", les "Oies sauvages".
Pour le Roi-Soleil, les troupes irlandaises constituent un apport militaire non négligeable. Pour Jacques II, elles maintiennent un espoir de restauration. Pour les soldats irlandais, le maintien des régiments sur le continent était le symbole de la poursuite de la lutte pour la cause jacobite et, d’une certaine manière, pour la cause irlandaise. Le bloc des régiments irlandais passés en France est devenu un morceau d’Irlande rapporté sur le continent.
[modifier] L’arrivée des régiments irlandais en France
Avant la bataille de Limerick, suite à l'envoi de renforts en Irlande sous le commandement du duc de Lauzun, Louis XIV exigea en échange que cinq régiments d’infanterie irlandais passent à son service en France.
Ces troupes furent regroupées en trois régiments, Mountcashel, O’Brien et Dillon, qui formèrent la Brigade Mountcashel. La brigade comptait à l’origine 5371 hommes et elle comptait 6039 hommes en 1698. Chaque régiment se composait de deux bataillons comprenant en tout quinze compagnies de cent hommes et la compagnie propre du colonel.
Les régiments de la brigade Mountcashel furent rejoints après la défaite de Limerick par d'autres soldats partisans de Jacques II qui se battaient encore sous le commandement de Patrick Sarsfield. La guerre sur le continent semblait offrir aux Irlandais le moyen le plus direct de lutter contre les ennemis de leur roi et de contribuer à sa restauration et il y eut beaucoup de volontaires pour l'exil.
En septembre 1697, après la paix de Ryswick, les vingt-cinq bataillons irlandais durent réduire le nombre de leurs compagnies de seize à quatorze et licencier la moitié des effectifs. Une refonte générale eut lieu en février 1698. Seuls les trois régiments de la brigade Mountcashel (Lee, Clare et Dillon) ainsi que le régiment de marine, désormais régiment d’Albemarle, échappèrent à cette réforme. Les régiments de Limerick et Dublin furent supprimés, les autres intégrés dans cinq nouveaux régiments : Sheldon, Dorrington, Galmoy, Lutrell (puis Bourke) et Berwick.
[modifier] Le recrutement des régiments irlandais
Depuis l’Irlande, l’exil des "Oies sauvages" ou "Wild Geese" a été brutal et limité dans le temps, sous la forme de vagues massives en 1690 et fin 1691-début 1692. Le nombre total des exilés a été estimé à 19 000 hommes. Il y eut ensuite une émigration permanente estimée à environ 1000 individus par an jusqu'en 1783.
Après 1697, le recrutement « français » direct se faisait d’une part auprès des Irlandais installés en France et des Irlandais nés en France, la deuxième génération des Wild Geese mais ils ne furent pas nombreux.
[modifier] D'autres installations au travers de l'europe
A l’instar du duc de Berwick, les Irlandais s’implantèrent avec succès et en nombre en Espagne qui leur offrait également un asile où ils jouissaient des mêmes privilèges que les espagnols. Certains réussirent de brillantes carrières à la cour de Philippe V, à l’exemple de Simon Connock qui devint brigadier général et officier des gardes du corps puis gouverneur de l’Infant, ou de Patrick Lawless, lieutenant général, qui devint ambassadeur d’Espagne à Londres après 1713. D’autres gagnèrent l’Empire ou la Russie.
[modifier] Intégration progressive dans la société française
Les régiments irlandais permettent aux exilés de maintenir un fort sentiment identitaire et de protéger leur particularisme. Rapidement, une légende nationale s’érigea autour de quelques hauts faits des Irlandais sur le continent et de la figure de Patrick Sarsfield. Sa mort précoce sur le champ de bataille de Neerwinden priva la communauté irlandaise d’une figure prestigieuse auprès de la cour de Saint-Germain-en-Laye, mais elle lui assura définitivement le statut de héros national.
Le particularisme irlandais se nourrissait d'une animosité farouche envers les membres en exil des deux autres nations britanniques Angleterre et Ecosse. Les soldats irlandais refusaient tous les officiers britanniques autres que leur compatriotes irlandais.
[modifier] Les exploits de la brigade irlandaise
Les victoires des régiments irlandais ont été l’occasion d’exalter leur fierté nationale.
De nombreux poèmes et chansons jacobites saluèrent la « surprise de Crémone » le 1er février 1702. Les deux bataillons du régiment Dillon, sous le commandement du major Daniel O'Mahony, résistèrent, au prix de lourdes pertes (223 tués sur 600 hommes), à une attaque du prince Eugène contre la ville que tenait Villeroy avec des troupes françaises et irlandaises et le contraignirent à se retirer.
Dans les contributions les plus importantes de la brigade irlandaise, on peut rappeler une participation décisive à la bataille de Fontenoy le 11 mai 1745, avec un gros sacrifice, ce qui leur valut une grande estime et des récompenses de la part du Roi Louis XV et du commandant militaire Maurice de Saxe.
Les régiments irlandais ayant participé à la bataille de Fontenoy sont les suivants :
- Régiment Bulkeley
- Régiment Dillon
- Régiment Rooth
- Régiment Berwick
- Régiment Lally
- Régiment Clare
[modifier] La belle réussite de Dillon
Arthur Dillon, qui commandait le régiment de son nom, fut l’un des officiers irlandais jacobites passés en France le plus renommé.
Après la défaite de Limerick, il subit la confiscation de ses terres dans les comtés du Mayo, Roscommon et Westmeath. Il est promu brigadier après la victoire de Crémone de 1702, devient lieutenant général en 1706 et se distingue aux côtés du duc de Berwick lors de la campagne de 1714. Lorsqu’il se retire du service actif en 1730, il transmet son régiment à son fils aîné, établissant ainsi de manière définitive les Dillon comme une des grandes familles d’officiers en France.
On peut signaler également la carrière ecclésiastique du plus jeune fils, Arthur, qui devint abbé de Saint-Étienne de Caen puis archevêque d’Evreux, archevêque de Toulouse et archevêque de Narbonne.
[modifier] Des relations anciennes entre la France et l'Irlande
L’arrivée des "Oies sauvages" en France fut une nouveauté par ses motifs politiques et religieux et surtout par son ampleur. Cependant, le mouvement s’inscrivait dans une tradition plus ancienne et solidement ancrée entre la France et l’Irlande. Un nombre important des officiers avaient déjà servi dans les armées françaises. L'enrôlement d’Irlandais dans les troupes françaises pour des raisons économiques était attesté depuis le début du XVIIe siècle.
De véritables dynasties de soldats se constituèrent parmi les grandes familles aristocratiques dont étaient issus les colonels propriétaires des régiments, à l’exemple des Bourke, Dillon, Rooth. Cependant le nombre des régiments irlandais diminua progressivement au cours du XVIIIe siècle jusqu’à la réforme de 1763, où ils furent réduits à une brigade de 4 000 hommes.
[modifier] Naturalisation française
Les régiments irlandais se révélèrent le meilleur processus d’assimilation en France en offrant aux exilés les conditions de réussite sociale.
La coupure avec l'engagement jacobite de la deuxième génération se marque symboliquement par l’octroi le 30 novembre 1715 de la naturalisation, assimilable à une adoption, à tous les soldats étrangers depuis plus de dix ans en France, donc à tous ceux qui avaient appartenu au vol des "Wild Geese" ou "Oies sauvages".
Progressivement, au cours du XVIIIe siècle, l’engagement jacobite des irlandais devient plus symbolique, avec l’exaltation de sentiments idéalisés dans le cadre des traditions familiales, mais les grandes familles aristocratiques irlandaises sont déjà parfaitement intégrées à la société française et ils auront même leurs émigrés tel Arthur Richard Dillon ou leurs martyrs de la révolution française comme Arthur Dillon.
[modifier] Liste des "Oies sauvages" avec leur descendants
- Jacques Fitz-James, duc de Berwick, (1670-1734), maréchal de France,
- François de Fitz-James, (1709-1764), évêque de Soissons,
- Charles de Fitz-James, pair et Maréchal de France,
- Comte Arthur de Dillon, (1670-1733), maréchal de camp,
- Arthur Richard Dillon, (1721-1806), archevêque, primat des Gaules, fils du précédent,
- Arthur Dillon (1750-1794), petit-fils de Arthur Dillon, général français,
- Théobald Dillon, petit-fils de Arthur Dillon, général français,
- Jean-François O'Mahony, Daniel O'Mahony et Barthélemy O'Mahony,
- Charles-Antoine-Augustin de Walsh-Serrant, colonel français,
- Jean Raymond Charles Bourke, général français,
- Jean O'Neill, général français,
- Comte Thomas Arthur de Lally-Tollendal,
- Marquis Gérard de Lally-Tollendal,
- Peter de Lacy, maréchal de camp russe,
- Franz Moritz von Lacy, maréchal de camp autrichien,
- Comte Ulysses Browne,
- Maréchal Maximilian Ulysses von Browne, maréchal de camp autrichien,
- Thomas Lynch, Jean-Baptiste Lynch maire de Bordeaux, Thomas-Michel Lynch,
- Maréchal Patrice de Mac-Mahon, président de la République française,
On peut aussi compter dans les descendants actuels :
- Les familles des exploitants des vins de Bordeaux tels que Château Clarke, Château Dillon, Château Kirwan, Château Mac Carthy, Pontac-Lynch, Marquis de McMahon, Hennessy, etc...
[modifier] Liens externes
- Les oies sauvages sur le site Gaeltacht
- Service historique de la Défense, Article sur les "Wild Geese" par Nathalie Genet-Rouffiac.
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