Capitelle
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Une capitelle est une cabane construite en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier ni autre liant.
Le terme « capitelle » vient de l'occitan : sans doute principalement de la forme gardoise capitèla (fem.), à rapprocher de cap : la tête et par extension ce qui recouvre et protège. Capitèla désigne originellement une cabane de vigne en pierre sèche. Ce mot tend à dépasser les strictes frontières de ce département et son emploi se généralise pour désigner la même construction en d'autres lieux, particulièrement en Languedoc.
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[modifier] Autres appellations
Le nom (et la fonction) attribués à ces cabanes changent selon la région, l'aire géographique ou paysagère, voire simplement la commune.
- On trouve par exemple en France La cabane et la baraque dans de nombreuses régions; la borie est répandue dans le sud de la France, où le terme gardois capitelle connaît une diffusion touristique indéniable. Beaucoup d'autres appellations existent encore (Voir l'article Cabane en pierre sèche).
- Ailleurs dans le monde, on trouve par exemple:
- La barraca, la cabaña, la caseta, dans plusieurs régions d'Espagne.
- La barraca (à gradins) et la garrita aux îles Baléares; mais aussi le pont de bestiar sur l'île de Minorque.
- En Italie: la ciabotte de Ligurie, le trullo de Pouilles, le caprile de l'île d'Elbe, la pineta (orthographe variable) de Sardaigne...
- Le crot en Suisse.
- La hiska en Slovénie.
- La bunja, le trim, et le kazun en Croatie.
- La girna à Malte et à Gozo.
- Le twlc mochyn et le twlc crwn au Pays de Galles.
etc.
Pour en savoir plus: [1]
[modifier] Description et construction
La capitelle est rarement un habitat permanent, c'est plutôt un abri destiné à accueillir temporairement outils, matériaux, ou personnes. Construite sur un terrain souvent ingrat aux époques de grands défrichements (garrigue, maquis, taillis…), le matériau de construction provient normalement de l'épierrement du lieu. Il s'agit très souvent de calcaire mais on trouve aussi, selon la géologie locale, du schiste, du grès, du granit, ou même du basalte…
Les pierres ramassées à terre rendent ainsi le lieu propre à la culture (vigne, oliviers, etc.) ou à l'élevage et sont entassées aux abords du terrain en monticules parfois encore visibles aujourd'hui, que l'occitan désigne sous le terme de « clapas ». Certaines pierres sont sélectionnées et mises à part en vue de l'édification de murets de clôture, terrasses, ou abris.
Toutes les pierres destinées à la construction de la cabane ne sont pas laissées à l'état brut : elles peuvent être dégrossies dans un but fonctionnel ou esthétique, mais il ne s'agit pas d'une véritable maçonnerie de pierres taillées.
Sur un sol éventuellement aménagé pour bloquer l'édifice, les murs sont montés en empilant les pierres sans aucun mortier, et une voûte (qui peut parfois commencer dès le sol) est élaborée pour couvrir le tout.
Différentes techniques très précises et abouties entrent en jeu.
Par exemple :
- Le parement extérieur peut être affecté d'un fruit permettant au mur de résister aux forces qui le poussent vers l'extérieur.
- Les pierres ne sont pas empilées en « piles d'assiettes » mais en « plein-sur-joint » afin d'éviter une fissure ouvrant le mur et d'assurer la cohésion du tout.
- Pour augmenter encore la cohésion de l'ensemble, des pierres sont placées qui traversent toute l'épaisseur du mur (les boutisses parpaignes).
- La solidité et l'étanchéité de la construction sont également assurées par la pose de cales, plus fines, entre les grosses pierres forcément toujours un peu irrégulières.
- L'entrée de la cabane est surmontée par une ou plusieurs grosses dalles horizontales formant linteau. Celui-ci est parfois lui-même chapeauté par un arc de décharge qui le soulage d'une partie du poids venant d'en haut.
- À la place du linteau, certaines entrées possèdent un véritable arc clavé (avec une clef au centre).
- La voûte est montée selon la technique de l'encorbellement : chaque dalle (ou « lausa » dans l'aire occitane) déborde de la précédente vers l'intérieur et est retenue à l'extérieur par le contrepoids formé notamment par une couverture de dalles choisies.
La cabane de pierre sèche offre peu de confort mais peut, selon le savoir-faire de son constructeur, recevoir quelques aménagements:
Quelques rares et étroites fenêtres (les « fenestrons » de l'aire provençale et languedocienne), des niches intérieures, une banquette de pierre sèche accolée au mur ou solidaire de celui-ci, un porte-manteau sous la forme d'une pierre saillante, etc.
On observe aussi des décorations sur les cabanes les plus sophistiquées : une frise de pierres obliques courant autour de l'édifice, une couverture conique exagérée sans fonction pratique évidente, voire même plus rarement la date de construction gravée sur le linteau ou sous la dalle faîtière (dalle refermant le sommet de la voûte)…
La capitelle est assez souvent accompagnée d'autres constructions liées à l'activité du propriétaire : cuve en pierre sèche aménagée dans le sol ou solidaire de l'abri, enclos, terrasse, puits, siège (dont les fameux « fauteuils de berger » abrités du vent dominant), four à chaux, ou encore trace brûlée d'une ancienne charbonnière…
[modifier] Morphologie
Les cabanes en pierre sèche affectent des formes variées suivant les régions, le matériau, et peut-être l'« école » du bâtisseur:
- Cabane circulaire, en forme de yourte ou d'igloo.
- Cabane cylindrique (avec son toit conique, ou délestée de celui-ci par des pilleurs).
- Cabane carrée ou rectangulaire.
- Cabane en obus.
- Cabane à degrés, à gradins, avec une apparence de ziggourat.
- Cabane incluse dans un muret ou dans une terrasse.
- Cabane isolée ou au contraire intégrée dans un ensemble (parfois complexe) d'édifices accolés les uns aux autres.
- Cabane associée à un escalier proche ou intégré à l'édifice...
etc.
[modifier] Bâtisseurs
Les cabanes de pierre sèche actuellement debout ne sont pas d'époque préhistorique, ni attribuées aux Gaulois, aux Romains ou aux hommes du Moyen Âge. Elles datent d'une période qui s'étend à peu près du XVIIe siècle jusqu'à nos jours.
Elles sont l'œuvre de paysans, vignerons, cultivateurs, charbonniers, voire simples ouvriers accédant à la propriété de quelques arpents d'une pauvre terre à défricher. Certains sont devenus des spécialistes connus et sollicités, des sortes de maçons de la pierre sèche, et ont pu user de ce savoir-faire comme d'une activité secondaire.
Cette architecture vernaculaire, œuvre de bâtisseurs sans diplôme, n'est pas une architecture improvisée ou approximative. Elle est le témoin d'une maîtrise technique très précise.
Actuellement, en France comme dans d'autres pays d'Europe, s'affirme de plus en plus la volonté de conserver, restaurer, en un mot sauvegarder ce patrimoine fragile.
Des associations, en général issues du monde rural, naissent et mènent une action pédagogique, même en direction des plus jeunes.
[modifier] Bibliographie
- Christian Lassure (texte et dessins) et Dominique Repérant (photos), Cabanes en pierre sèche de France. Edisud, Aix-en-Provence, 2004.
[modifier] Galerie de photos
[modifier] Voir aussi
- Cabane en pierre sèche
- Cabanes du breuil
- Borie
- Cadole
- Gariotte
- Orri
- Le « clochan » irlandais (Wikipedia)