Cheval dans l'art
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
![]() |
Cet article manque de sources. Améliorez sa qualité à l'aide des conseils sur les sources ! |
L'art occidental a toujours accordé au cheval une place de choix. Jusqu'à la récente mécanisation des activités de transport, le cheval était présent partout sur les routes, à la ferme et sur les champs de bataille. Le rôle utilitaire du cheval ne suffit cependant pas à lui seul à expliquer sa prééminence dans les œuvres majeures qui contribuent largement au patrimoine mondial de l'histoire de l'art.
Sommaire |
[modifier] L'avènement du "cheval-piédestal"
Les premières représentations d’équidés sont celles des chevaux nus que l'on peut encore admirer sur les parois des grottes ornées par l'Homo Sapiens il y a 20 000 ans
La domestication du cheval a fait du cheval un animal de trait, puis un animal de selle. Le cheval devient l'allié de toutes les guerres. Le sculpteur Phidias, au Ve siècle av. J.-C., s'est plu à mettre autant d'enthousiasme dans le traitement énergique des chevaux sur les frises du Parthénon que dans celui des éphèbes. C'est Rome, avide de conquête, qui mit la première, l'avantage politique de représenter un empereur vainqueur sur son cheval plutôt qu'à pied. Les artistes romains inventèrent alors le concept de "cheval piédestal", dont la Statue équestre de Marc-Aurèle à Rome (restaurée par Michel-Ange) est le prototype. Donatello, Verrocchio et bien sûr Léonard de Vinci porteront à la perfection ce type de représentation à la Renaissance : un cheval majestueux, une fois et demi plus grand que la taille normale, un antérieur levé. De nombreuses études préparatoires étant indispensables à la fabrication de ces statues équestres monumentales, les artistes de l'époque, même si leur goût pour le cheval était modéré, se devaient d'être experts tant en anatomie qu'en science du mouvement équin. Léonard s'est particulièrement engagé dans ces recherches comme en témoignent les nombreux dessins qu'il a légués.
- Article connexe : Statue équestre.
[modifier] Gouverner les hommes comme on monte à cheval
A partir du milieu du 15e siècle, le portrait à cheval devient un genre pictural à part entière dans lequel tous les artistes dignes de ce nom doivent s'illustrer. De François 1er à Napoléon Bonaparte, même si la mode et le style évoluent au fil des temps, le message politique est le même : gouverner les hommes comme on monte à cheval. Dans son ouvrage "L'homme et les animaux domestiques" Jean-Pierre Digard rapporte ces quelques mots du Duc de Newcastle (1592-1676), écuyer réputé : "Un Roy, étant bon cavalier, saura mieux gouverner ses peuples, quand il faudra les récompenser ou les châtier, quand il faudra les aider doucement ou en quel temps il sera raisonnable de les éperonner." Cette symbolique du pouvoir de l'homme et de sa monture ne s'arrête pas avec l'abolition de la monarchie. Quand au 19e siècle la bourgeoisie montante s'oppose à la noblesse, c'est encore à cheval qu'elle aime que l'on fasse son portrait dans les allées du Bois de Boulogne. Les belles amazones de De Dreux et les dandys à la Maupassant ne chevauchent plus les ronds chevaux espagnols d'Antoine de Pluvinel ou de La Guérinière, mais des pur-sang anglais taillés pour la vitesse ou des arabes au regard de braise.
[modifier] Des siècles d'élevage "en peinture"
Les oeuvres du passé sont une mine de renseignements sur les types de chevaux appréciés selon les époques et sur la façon dont ils étaient conduits et montés. Le moyen-âge et ses chevaliers munis d'armures si lourdes que leur porteur ne pouvait se relever s'il était désarçonné, réclamaient des chevaux sans doute peu aptes au grand galop mais capables de subir l'assaut des tournois et des combats. Ces destriers, campés sur leurs quatre pieds, sont magnifiquement rendus par Ucello, dont la scène de bataille à la composition géométrique et aux couleurs tranchées ont inspiré les cubistes bien plus tard. A la Renaissance, les armes à feu et nouvelles techniques de guerre ayant remisé aussi bien les château forts que les lourds équidés médiévaux, on s'est mis à la recherche de chevaux plus vifs et surtout plus beaux pour remonter les rois. Le cheval d'Espagne, appelé aussi genêt, connut là son apogée jusqu'à l'arrivée du cheval d'Orient au 18e siècle et surtout son avènement au 19e siècle, après la campagne d'Egypte. Paré de toutes les qualités -noble, vaillant, fougueux, endurant et rapide-, mis en avant par Napoléon 1er qui n'aima que lui, cet ardent petit cheval, appelé souvent "arabe" par commodité, enflamma toute une génération d'artistes : Géricault, Delacroix, Gros, Vernet, Chasseriau, Fromentin...
[modifier] Portrait de cheval
Compagnon de tous les instants, mille fois mis en scène, le cheval n'a pas pour autant été souvent peint pour lui-même. Les artistes, si grands furent-ils, avaient besoin de commandes pour vivre et si les riches demandeurs de l'histoire aimaient être représentés à cheval, ils faisaient rarement réaliser des portraits de leurs montures. Ceci doublé du fait que la peinture animalière a longtemps été considérée comme un genre mineur. Pourtant, au 17e siècle, l'école flamande a vu éclore quelques talents proches de la nature. Parmi eux, Paulus Potter a réalisé un curieux tableau où un petit cheval inconnu à la robe tachetée jette un regard vif à celui qui l'observe. Bien que sans beauté particulière avec son encolure renversée et sa croupe haute, le cheval de Potteur est d'une grande poésie. L'impact de ce modeste tableau est d'ailleurs toujours sensible de nos jours : au Louvre où il est exposé, sa reproduction en carte postale est l'une des plus en vue, même si presque tous ont oublié l'auteur ! Un siècle plus tard, l'anglais George Stubbs, dédia sa vie au cheval et à sa peinture. Contrairement à la plupart des artistes de son temps, Stubbs n'avait qu'une médiocre formation artistique. Mais il aimait les chevaux passionnément et avait un goût sûr pour la science, puisqu'en 1766 il publia une "Anatomie du cheval" que Léonard de Vinci n'eut pas manquée. Stubbs, au fil des années, devint un portraitiste de chevaux hors pair, peignant à la commande tel vainqueur de grands prix ou tel étalon célèbre. Jugé à tort comme peindre de second plan à cause de son sujet de prédilection -le cheval !- Stubbs méritait que l'on regarde ses tableaux sans préjugé et qu'on y découvre la phrase qu'il aimait dire de son vivant : "Un cheval vivant est déjà une oeuvre d'art". Rares sont les peintres qui, comme Stubbs, ont eu le courage et l'envie de se consacrer entièrement au cheval nu. Quelle que fût la perfection atteinte, il fallait que le cheval soit inscrit dans un scénario pour que le talent de l'artiste soit pleinement reconnu. Ainsi, au 19e siècle, les maîtres de la peinture romantique, tels que Géricault et Delacroix, furent plus estimés pour leurs tableaux historiques ("Officier des chasseurs à cheval" ou "Radeau de la Méduse") que pour les multiples hommages qu'ils rendirent au cheval. Le premier, notamment, s'intéressa aussi bien aux pur-sang arabes de l'empereur Napoléon 1er qu'aux chevaux lourds tirant les wagons de charbon. Encore fidèle à l'anatomie, il n'hésita pas à donner une importance capitale à la couleur et à entraîner sa peinture dans la fougue romantique que Delacroix porta à son paroxysme. Pour ce dernier, le cheval représente le mouvement et la force. Tantôt incontrôlable, voire effrayant, comme ces "Chevaux se battant dans une écurie" (1860), tantôt en osmose avec l'homme, renouant avec le mythe du centaure.
[modifier] Sur un pied d'égalité ?
Délivré des contingences anatomiques et dégagé de toute histoire, le cheval apparaît dans l'oeuvre des artistes de plus en plus calme et sûr de lui, force tranquille dansant dans la profonde chaleur d'aplats intenses préfigurant la peinture abstraite. Avant lui, Gauguin avait montré la voie avec son célèbre "Cheval blanc" s'abreuvant calmement, tandis que derrière lui deux cavaliers chevauchent nus des montures sans mors ni bride. Chez, Paul Gauguin comme chez Franz Marc, le cheval perd en fougue ce qu'il gagne en harmonie. L'oeuvre de Picasso, l'un des peintres les plus emblématiques du XXe siècle, témoigne de ce nouveau visage du cheval contemporain. Même si dans "Guernica", image de guerre, le cheval destructuré est encore compagnon d'infortune de l'homme, dans "Le meneur de cheval", Pablo propose une vision rare d'un homme tenant son cheval par une bride invisible. Le cavalier est alors descendu de sa monture et tous deux marchent dans la même direction.
![]() |
Portail de l'histoire de l'art – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'histoire de l'art. |