Corée du Nord et stalinisme
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En Occident, la désignation de la Corée du Nord comme un État stalinien, ou plus précisément comme "le dernier État stalinien au monde" se base sur un faisceau d'observations :
- des violations systématiques, massives et graves des droits de l'homme […] notamment : la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, les exécutions publiques, l'imposition de la peine de mort pour des raisons politiques, l'existence d'un grand nombre de camps pénitentiaires et le recours très fréquent au travail forcé [1] ;
- des similitudes entre l'organisation politique, d'une part, économique et sociale, d'autre part, de la Corée du Nord et celle de l'URSS d'avant 1953, en particulier une économie centralisée basée sur l'industrie lourde et tournée en priorité vers la satisfaction des besoins militaires ;
- l'accession au pouvoir de Kim Il-sung en 1945, avec le soutien de l'URSS alors dirigée par Staline, accession qui coïncide avec la mise en place d'autres dirigeants dans les démocraties populaires d'Europe de l'Est ;
- la continuité politique [2] entre Kim Il-sung et son fils Kim Jong-Il et le culte de la personnalité qui les entoure, ce qui vaut au pays la qualification de « première dynastie stalinienne » par certains observateurs occidentaux.
Le fait que la Corée du Nord n'ait pas suivi l'URSS dans ses réformes internes après la publication du rapport Khrouchtchev en 1956, puis les réticences de Pyongyang face à la perestroïka et à la glasnost dans les années 1980 ont conforté une telle analyse du régime nord-coréen par une majorité d'observateurs occidentaux.
Nonobstant le caractère volontiers polémique du qualificatif "stalinien" (perçu comme un terme dépréciatif), l'analyse ne doit pas occulter que les dirigeants nord-coréens ne se sont jamais réclamés explicitement du "stalinisme" [3]: on ne trouve pas de portrait de Staline en Corée du Nord et ses écrits ne font pas l'objet d'une étude comparable à ceux de Marx, Lénine et Engels ; plus précisément, la Corée du Nord insiste sur la spécificité du Juche qui, sur un certain nombre de points, s'éloigne explicitement du marxisme : ce sont des différences majeures avec, par exemple, l'Albanie d'Enver Hodja .
Par ailleurs, dans les différents courants au sein du Parti du travail de Corée après 1945, Kim Il-sung appartient à la tendance identifiée comme issue de la guérilla, par opposition au courant national(iste), dont un certain nombre de dirigeants étaient d'origine sud-coréenne, et aux courants explicitement pro-soviétiques et pro-chinois : ce sont ces deux courants (pro-soviétique jusqu'en 1953, puis pro-chinois maoïste à partir de la fin des années 1950) que l'on pourrait davantage qualifier de "staliniens" ou "stalinistes".
[modifier] Notes
- ↑ Résolution de la commission des droits de l’homme des Nations unies, 16 avril 2003
- ↑ cf. Philippe Pons, La Corée du Nord inaugure le communisme dynastique, Le Monde du 10 octobre 1997)
- ↑ On peut remarquer cependant que le régime de Staline non plus ne s'est jamais explicitement réclamé du stalinisme, mais qu'il a toujours prétendu se référer aux principes mêmes du marxisme-léninisme (cf. stalinisme)
